Se connecter
Se connecter

ou
Créer un compte

ou
< Tous les avis Elka EK-22
Ajouter ce produit à
  • Mon ancien matos
  • Mon matos actuel
  • Mon futur matos
Elka EK-22
Photos
1/62
sechouille sechouille

« la belle Italienne qui fait du gros son »

Publié le 31/10/24 à 10:40
Rapport qualité/prix : Mauvais
Cible : Les utilisateurs avertis
J’écris cet avis à chaud, car je viens de faire l’acquisition d’un ELKA EK22, en plutôt bon état esthétique, avec quelques problèmes à résoudre, mais sans gravité (3 touches muettes, pile mémoire à changer).
Je reste méfiant envers les synthés italiens, car je suis déjà l’heureux propriétaire d’un DK80 et d’un DK70, ayant eu, eux même quelques soucis (problème de clavier pour le DK70, avec un phénomène de rebond du son, lors de l’appui sur les touches du clavier, et pour le DK80 un problème sur les sorties A / B).
Qu’on se le dise, la qualité de fabrication des synthés italiens, n’a rien à voir avec celle des synthés japonais, qui restent une référence en la matière.

Je rêvais, depuis plusieurs années, d’acquérir ce synthé, plutôt rare, pour 2 raisons :
- La première étant d’utiliser ce synthé, pour ce qu’il est.
- La deuxième, étant de pouvoir le comparer à l’Oberheim Matrix 6, que je possède également.
En effet, l’EK22 est souvent appelé le « MATRIX 6 Italien », notamment parce qu’il est équipé d’IC CEM3396, mais la comparaison s’arrête là, car toute la partie numérique (Enveloppes / LFO / Matrice de modulation) est spécifique à l’un et l’autres des 2 constructeurs.
Effectivement, le MATRIX 6 et l’EK22 sont tous les 2 équipés d’IC CEM 3396, des composants « All in One » développés par Doug CURTIS. Le circuit intégré est composé de 2 DCO, avec pour chacune des voix 1 forme d’onde carré (dont la largeur d’impulsion est réglable), additionnable avec une autre forme d’onde variable (allant du triangle à la dent de scie), d’un VCF et d’un VCA.
La comparaison s’arrête là car chacun des 2 constructeurs a une architecture qui lui est propre :
- 2 Enveloppes ADBSSR pour ELKA contre 3 enveloppes DADSR pour Oberheim
- 1 unique LFO pour ELKA avec 4 formes d’ondes contre 2 pour Oberheim avec 5 formes d’ondes
- Une gestion de la forme d’onde variable « triangle <=> dent de scie » sur 64 pas pour Oberheim , contre 8 pour ELKA (dans ce cas précis, la forme d’onde est prédéfinie).
- Un chorus analogique à 2 niveaux pour ELKA et rien pour Oberheim.
- Une gestion de la polarité des enveloppes pour ELKA, rien pour Oberheim
- Une matrice de modulation à 10 cordons pour Oberheim, rien pour ELKA (pas nécessaire sur l’EK 22 vu les possibilités de modulation, bien plus faible que sur l’Obi).
Au regard des spécifications, Il est possible d’avoir un petit territoire sonore commun sur les 2 machines, mais les architectures sont quand même très différentes.

Dés les premières minutes, Je suis tombé sous le charme de cette machine, au look très sobre, proposant une carcasse plastique, un clavier lesté vraiment agréable (bien plus que sur l’Oberheim), une interface calculette austère, dans la plus pure tradition des machines middle eighties.
Les sons d’usines, sont pour la plupart bofbof, mais pas très différents de ce que proposaient les concurrents de l’époque. Rappelons qu’ils cherchaient tous a reproduire des sons d’instruments acoustiques….Quelle erreur !!!
Il y a bien une dizaine de sons, tels que Soundtrack / les String 1 à 3 / Jump / Filter Wave et Syn Lead (qui ressemble étrangement au son de la Harpe laser utilisé par JMJ sur le SYNTHEX), qui sortent du lot, mais l’EK22 est capable de beaucoup beaucoup mieux !!!

L’architecture de l’EK 22 est donc assez riche, mais dans la moyenne des bons synthés de la même époque, tel que le JX-8P ou le BIT 99.
Il possède 6 voix de polyphonie. Chacune de ces voix est équipé de 2 oscillateurs, possédant chacun des formes d’ondes additionnables (on retrouve cette fonction sur les JUNO, par exemple, ou bien sur les SIXTRAK / MULTITRAK / AX60 / AX73), un filtre passe bas 24dB/Oct et un VCA.
Coté modulation, comme rappelé précédemment, l’EK22 possède 1 LFO et 2 enveloppes. Elles sont assignables indépendamment a chacun des Oscillateurs et au Filtre, avec une gestion de la polarité pour chacune de ces destinations. A noter que le VCA ne peut être modulé que par l’enveloppe 1.

Il y 64 patchs en ROM (non réinscriptible), mais tous modifiables + 32 patches en RAM.
Il y a un slot pour y insérer une carte ROM ou une RAM. Alors, si l‘EK22 est difficile à trouver, les cartes mémoires sont quasi introuvables.
Visiblement l’EK22 ne supporte pas les Control Change, dont il ne peut pas être piloté en temps réel par un contrôleur…Dommage. Y’a plus qu’a demander à Rob Grieb( TAUNTEK) de refaire une eprom qui puisse accepter cette fonction.

On trouve peu de choses sur cette machine, un manuel utilisateur laconique, et un service manuel avec uniquement les plans, rien de plus. Faut croiser les doigts pour pas qu’il tombe en panne.

Je voulais faire une analogie des CEM 3396 qui se trouvent dans l’EK22, et dont le design me rappelle étrangement celui des CEM 3394 - chips all in one – déjà développés par Doug Curtis 2 ans auparavant. En effet, les CEM 3394, se composent d’un VCO par voix, proposant une forme d’onde carrée avec modulation de la largeur d’impulsion, additionnable avec 1 Triangle ou 1 Sawtooth + 1 VCF + 1 VCA. Les CEM 3396 semblent donc être une évolution logique des CEM 3394.

Voilà pour la fin de l’avis à chaud (je n’ai pas encore ouvert la machine pour voir ses entrailles).
J’ai malgré tout noté quelques bizarreries dans ce beau synthé :
- le filtre (cutoff et resonnance) ne fonctionne pas en temps réel au changement de paramètre. Le changement est pris en compte uniquement au prochain KEY one. J’ai déjà vu ça sur d’autres synthés comme l’ESQ-1 d’Ensoniq, ou le BIT 99 de Crumar. Tous les autres paramètres de l’EK 22 fonctionnent en temps réel.
- le RELEASE des enveloppes à une durée maxi lorsqu’il est à 0, et une durée mini lorsqu’il est à 99 (étrange, normalement c’est l’inverse).
- il n’y a pas de possibilité d’accorder le synthé (pas de fonction TUNE soit par potentiomètre, soit par l’interface numérique).Il y a bien une fonction FINE TUNING, mais elle ne permet pas d’accorder le synthé au sens propre du terme (si on parle d’accordage de la fréquence en Hz).

Je reviendrai sur mon avis dans quelques temps, après avoir manipulé ce bijou.
Il sonne bien, moins gras, moins brut qu’un synthé a VCO, mais il permet d’avoir un territoire sonore assez large. C’est vraiment une belle machine !!!