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< Tous les avis Yamaha MODX6
boustrophedon boustrophedon

« très fun mais insupportable marketing »

Publié le 11/01/21 à 17:29
Rapport qualité/prix : Correct
Cible : Tout public
A peu près tout a déjà été dit, aussi je me bornerai à quelques précisions sur des points qui personnellement m'ont agacé, pour ensuite expliquer pourquoi je trouve quand même ce clavier (ou workstation, ou synthétiseur, ou rompler, on ne sait plus trop, finalement, comment le désigner) jouissif, voire indispensable.

Voilà comment est présenté le MODX: clavier multitimbral 16 parties, 1000 ou 2000 sonorités directement issues du farabuleux MONTAGE, 8 arpégiateurs avec la farabuleuse quantité de 10000 motifs...

Alors disons ceci: en tant que clavier maître peut-être, on dispose de 16 zones, mais sinon, on ne dispose véritablement que de 8 parties de multitimbralité, ce qui n'est pas rien, mais pas de 16!
Ensuite, les programmes et leur qualité:
bon, c'est très bien et, effectivement, homogène en qualité: de pas mauvais à très-très bon. Ce qui me chagrine, c'est que l'on trouve toute une ribambelle de variations pour le même son, par exemple ici une guitare avec un trémolo, puis la même avec un chorus, puis encore avec un autre effet, puis en split avec un machin, puis en layer, etc. etc. Peut-être que c'est pratique, je ne sais pas, mais moi j'ai l'impression d'être un peu berné, et surtout ça crée une surabondance de programmes qui nuit à la clarté, et qui peut-être camoufle quelque peu le fait que la bibliothèque sonore d'usine n'est pas si riche que ça... Les catégories très populaires sont surreprésentées, guitares électriques noyées d'effets, saxophones en veux-tu-en-voilà, myriades de pianos électriques, avec encore toutes les déclinaisons d'effets possibles... mais le reste est plutôt réduit à mon goût.
Ça laisse aussi une sensation de produit pas tout à fait fini: les échantillons sont là, mais les programmes ne sont pas tous très soignés (bien sûr il faut se dire qu'une workstation c'est fait pour travailler ses sons et ensuite les assembler, ce n'est pas un arrangeur clés-en-main).
Quant aux arpégiateurs, eh bien... il n'y en a pas! Un générateur de riffs, oui, doté de 8 instances, oui, et de 10000 motifs, admettons, malgré des redondances, et de la possibilité de créer assez facilement ses propres riffs. Le tout avec de grandes possibilités de réglages de transposition, de vitesse de lecture, de mode de déclenchement, de bouclage, etc. C'est vraiment très-très bien, mais ce n'est pas un arpégiateur. (rappelons qu'un arpégiateur ne fait pas qu’égrener les quelques notes de votre accord, mais peut vous emmener très loin, jusqu'à de la musique aléatoire par exemple).
Ceci étant dit, venons-en à ce qui me semble être l'essentiel: enfin une workstation qui se maîtrise étonnamment rapidement, on se surprend à assembler des combinaisons (heu, pardon, chez Yamaha on dit performances) à une vitesse jamais vue, ou bien à trifouiller dans les paramètres de synthèse sans s'arracher les cheveux. Rien n'est caché au fond d'un labyrinthe de sous-menus inextricables, il faut juste un tout petit peu de patience au début, et on progresse très vite dans la connaissance de la machine. Tout se trouve à deux ou trois clics au maximum, tout est rapide, logique, convivial, tout en permettant une grande profondeur de traitement. Tout ou presque, il ne faut pas exagérer, tout de même...

Au final, je dirai donc: malgré un marketing agaçant qui fait passer le MODX pour ce qu'il n'est pas, il reste une excellente machine qui permet de s'initier sans douleur, et en prenant beaucoup de plaisir, ce que ne permet pas un Kronos, par exemple. Et c'est ça qui est intéressant: après avoir "navigué" sur le MODX, peut-être que l'on peut plus facilement aborder une machine plus complexe, austère et professionnelle.

Août 2021: J'ajoute, pour être plus clair: décrire le MODX comme un Montage dans une coque plus légère est illusoire. L'interface est la même, oui, mais le matériau musical lui-même non: un peu de Motif, de Mox, de Montage... avec un côté pèle-mêle qui agace, comme d'autres workstations, d'ailleurs...
Mais le gros plus, c'est justement cette interface, qui nous libère enfin de la frontière entre programme et multi. C'est un des éléments qui facilite la création sur cette machine, en plus du fait que les modifications d'un programme afin de l'intégrer à un multi n'oblige pas à créer et sauvegarder un programme modifié qui sera rappelé par le multi... (c'est ce que je dois faire sur un Kurzweil pc3). Du coup, je le redis, on travaille rapidement et agréablement sur ce MODX...