Tout en continuant de perfectionner l’OS du Montage, Yamaha présente une version abordable de son synthé phare : le MODX. Mêmes moteurs de synthèse, arpèges, motifs rythmiques, multieffets et un encombrement réduit… la bonne affaire ?
C’est au NAMM 2016 que le Montage a été présenté. Il succédait à la série Motif débutée en 2001, tout en faisant évoluer le concept : au revoir la workstation, avec notamment la disparition du séquenceur et du sampling ; bonjour la synthèse, avec un moteur FM additionnel et plein de commandes pour faire évoluer le son en temps réel. Le Montage, dont l’OS vient une nouvelle fois d’évoluer, est un instrument de haute volée, où l’accent est mis sur la qualité à tous les étages : son, contrôle, construction. Nous avions pu l’apprécier dans ces colonnes à l’occasion d’une évolution majeure d’OS. Mais le Montage est un instrument onéreux et volumineux. Il y avait donc la place et la demande potentielle pour une version plus abordable, compacte, qui en conserve toute l’essence. C’est donc au MODX que cette tâche vient tout juste d’être confiée. Voyons comment il s’en sort…
Montage light
Les premiers éléments qui contrastent avec le Montage, c’est la taille et le poids. Le MODX est compact (les molettes sont placées au-dessus du clavier) et léger (il est construit tout en plastique, avec un dessous allégé). Il est décliné en trois versions : 61 touches semi-lestées, 76 touches semi-lestées et 88 touches lourdes GHS. Chaque modèle pèse deux fois moins lourd (6 – 7 – 14 kg) et mesure 10 cm de moins (94 – 114 – 133 cm) que son équivalent dans la série Montage. Les claviers répondent à la vélocité mais pas à la pression. Sur le modèle 61 touches testé, le clavier est d’entrée de gamme, comme sur le MOXF, donc un peu mou et assez bruyant. Dans le logo « MODX », la police utilisée pour le « DX » est un clin d’œil non feint au DX7.
La façade est relativement couverte de commandes : à gauche, 2 molettes, 3 potentiomètres de volume (global, USB, entrée A/N), 2 interrupteurs de modulation assignables, 4 touches pour le pilotage des motifs et 2 touches de transposition (par octave ou par demi-ton, avec la touche Shift). Au centre gauche, la section de mixage offre 4 tranches constituées chacune d’un encodeur, un curseur linéaire et un sélecteur. Elles ont différentes fonctions : réglage des paramètres de synthèse, d’effets et de motifs ; mixage des canaux multitimbraux ; accès aux éléments PCM ou opérateurs FM ; appel de 8 scènes par programme (réglages complets). En conjonction avec d’autres sélecteurs et la touche Shift, on peut appeler de 8 à 16 tranches de réglages, suivant le mode d’opération. C’est donc moins classieux et confortable que les 8 tranches physiques du Montage, avec leurs LED circulaires et verticales du plus bel effet. À proximité immédiate, le Super Knob tout en couleur cerclé de diodes rouges et ses deux interrupteurs de position (cf. ci-après), les commandes de transport du séquenceur et la touche de motif rythmique (nouveauté par rapport au Montage, voir ci-après).
Au centre, on trouve le même écran tactile couleur haute définition 7 pouces que sur le Montage. Les menus sont identiques, très soignés, faisant la part belle aux graphiques, onglets, zones de sélection, ascenseurs, repères en couleur… La partie droite comprend un pavé d’édition avec un grand dial circulaire et des sélecteurs de mode de jeu (Performance, Live Set, catégorie, système global) ; un unique bouton Part Select/Mute Solo ouvre une boite de dialogue à l’écran, permettant alors de sélectionner/couper/isoler des différents canaux/éléments PCM/opérateurs FM ; c’est beaucoup moins pratique et immédiat que le pavé physique du Montage. Dommage, car on sent que Yamaha a fait des efforts sur l’ergonomie, qui s’avère parfois un peu mise à mal vu la complexité de la machine (par exemple pour supprimer une partie, importer rapidement un kit de percussions, initialiser tous les réglages… tout est prévu mais encore faut-il savoir où chercher).
Sur le panneau arrière, on trouve l’ensemble de la connectique : sortie casque (jack 6,35 stéréo), 2 sorties audio LR (jacks 6,35 TS), 2 entrées pour pédales continues, 2 entrées pour pédales interrupteurs (dont une de maintien), 2 entrées audio LR (jacks 6,35 TS permettant d’utiliser des sources externes à envoyer vers les effets, le vocodeur, le suiveur d’enveloppe ou le générateur de synchro audio automatique du séquenceur), 2 prises Midi DIN (entrée/sortie commutable en Thru), 2 prises USB 3 (pour connecter le MODX à un PC et à une unité de sauvegarde flash, type clé USB) et une borne pour alimentation externe (type bloc extrême, bof bof…). Les commandes ont astucieusement été placées en retrait du panneau arrière, ce qui permet d’appuyer le MODX contre un mur. Bien pensé !
Héritage direct
Les instruments de la série MO embarquent le moteur sonore de la précédente génération des séries haut de gamme de la marque. Le MODX reprend logiquement les mêmes moteurs AWM2 et FM-X que le Montage. Du sérieux ! Doté d’un processeur et d’une carte audio spécifiques, le MODX boote en 15 secondes. Il opère uniquement en mode Performance, où sont organisés jusqu’à 16 canaux sonores, chacun faisant appel à l’un ou l’autre moteur, mais sans connexion ou interaction entre les deux. Chaque canal possède ses propres réglages de volume, panoramique, effets d’insertion A et B (limités à 13 unités au total, une restriction par rapport au Montage), départs vers les 2 effets maîtres, tessiture, fenêtre de vélocité, sortie audio (sortie stéréo analogique ou USB mono/stéréo), mode de jeu (mono/polyphonie), pitch, portamento, gamme microtonale, zone clavier (canal Midi séparé sur les 8 premiers canaux, cf. paragraphe « Liaisons externes ») et tout ce qui bouge (arpèges, séquences de mouvements, modulations… nous y reviendrons plus tard). On peut moduler de nombreux paramètres en même temps à l’aide de trois sources macro (contrôleurs de mouvement), baptisées Super Knob, Motion SEQ et Envelope Follower (nous y reviendrons aussi) et tous les contrôleurs physiques. On peut aussi assigner rapidement des paramètres à des contrôleurs et les sauvegarder immédiatement sous forme de scènes. Une fonction d’édition rapide permet de modifier sur une même page écran une trentaine de paramètres, liés à une ou plusieurs parties sonores.
La sortie audio n’a pas la qualité et la puissance sonore exceptionnelle de la carte analogique du Montage, mais le MODX s’en sort très bien, avec une belle bande passante et un bon équilibre. Il est livré avec environ 2 000 Performances et 256 Live Sets (favoris) Presets, en grande majorité repris de la banque Montage. Il peut par ailleurs mémoriser 640 Performances et 2 048 Live Sets (et autant dans chacune des 8 bibliothèques utilisateur), de quoi voir venir. Parmi les sons d’usine, on retrouve en très large partie les sons du Montage et l’ensemble des voix du Motif-XF. Les Performances font aussi honneur aux nouvelles sonorités développées pour l’occasion, dont des multiéchantillons d’instruments acoustiques et électriques généreux tirant parti d’une mémoire PCM identique à celle du Montage. On apprécie la musicalité et la polyvalence de l’ensemble des sons, sans doute ce qui se fait de plus homogène parmi les lecteurs d’échantillons du marché. On peut citer plus particulièrement le piano CFX de concert, le CP80, les Rhodes, les Wurlitzer, le Clavinet, les orgues, les guitares, les cordes, les instruments à vent, les voix et les kits de percussions (donc tout !). Un soin particulier est porté aux articulations pour les instruments « réels ».
On apprécie également la large panoplie de sons de synthèse, basés soit sur des échantillons passés à travers les filtres, soit sur le moteur FM-X à 8 opérateurs ; deux mondes parfaitement complémentaires et intéressants à mélanger de manière dynamique, ce dont le MODX est spécialiste, compte tenu de ses possibilités de modulation très poussées. Il excelle dans les textures complexes évolutives, pilotées via les contrôleurs physiques ou les séquences de mouvement. S’y ajoutent la puissance et la musicalité de la section effets intégrée (parmi lesquels de superbes modélisations d’effets vintage). Les changements de Performance se font sans coupure du son, tant que celles-ci ne dépassent pas 4 parties (contre 8 pour le Montage, là aussi plus puissant). Du très bon son !
- MODX_1audio 01 CFX_100:37
- MODX_1audio 02 S700_100:28
- MODX_1audio 03 Imperial1_100:31
- MODX_1audio 04 Imperial2_100:49
- MODX_1audio 05 Imperial3_100:38
- MODX_1audio 06 CP80_100:33
- MODX_1audio 07 Rhodes_100:41
- MODX_1audio 08 Chick MkV1_100:51
- MODX_1audio 09 Chick MkV2_100:41
- MODX_1audio 10 Chick MkV3_100:41
- MODX_1audio 11 Wurly_100:31
- MODX_1audio 12 Clavinets_100:24
- MODX_1audio 13 B31_100:24
- MODX_1audio 14 B32_100:23
- MODX_1audio 15 Guitars1_100:19
- MODX_1audio 16 Guitars2_100:32
- MODX_1audio 17 Strings1_100:26
- MODX_1audio 18 Strings2_100:32
- MODX_1audio 19 Orch Brass_100:19
- MODX_1audio 20 Horns_100:29
- MODX_1audio 21 Woodwinds_100:40
- MODX_1audio 22 Bright Horns_100:16
- MODX_1audio 23 Cathedral_100:42
- MODX_1audio 24 Choubidouwap_100:16
- MODX_1audio 25 Real Kit_100:37
- MODX_1audio 26 Oak Kit_100:23
- MODX_1audio 27 Hiphop Kit_100:37
- MODX_1audio 28 Brachial_100:31
- MODX_1audio 29 Plastic Beat_100:16
- MODX_1audio 30 Ocean Pad_100:32
- MODX_1audio 31 FM Linear_100:39
- MODX_1audio 32 FM Marimba_100:23
- MODX_1audio 33 Multi Saw_100:32
- MODX_1audio 34 FM EP Pad_100:25
- MODX_1audio 35 EDM Chords_100:31
- MODX_1audio 36 EDM Sidechain_100:21
- MODX_1audio 37 Motions_100:40
- MODX_1audio 38 Solo Synth_100:27
- MODX_1audio 39 Wave Surfer_100:47
- MODX_1audio 40 Tektonic Dub_100:27
AWM2 toujours…
C’est donc la synthèse AWM2 remusclée pour le Montage qui est intégrée au MODX, dans son intégralité. Cela signifie 128 voix stéréo et 5,67 Go d’échantillons PCM en équivalence linéaire (6 347 multiéchantillons et échantillons). Le MODX offre par ailleurs 1 Go de mémoire Flash pour charger les samples utilisateur ou ceux développés par des tierces parties (voir encadré). Passons maintenant à la synthèse : une partie AWM2 (jusqu’à 16 par Performance) peut contenir un multiéchantillon (type Normal) ou un kit de percussions (type Drum).
Le type Normal offre jusqu’à 8 éléments sonores simultanés, chacun composés d’un ensemble multiéchantillon stéréo –> filtre –> ampli et les modulations associées (détaillées plus tard). On commence donc par choisir le multiéchantillon (interne ou importé), sa tessiture, sa fenêtre de vélocité, son articulation de jeu (legato, staccato, cycle, aléatoire, effet de relâchement) permettant de rendre les instruments réels plus réels, son accordage et son routage vers les deux effets d’insertion. Le pitch est modulable par la vélocité, un générateur aléatoire, le suivi de clavier et une enveloppe 5 temps / 5 niveaux, elle-même modulable par la vélocité (temps et niveaux) et le suivi de clavier (temps). On peut descendre au niveau des zones du multiéchantillon (Key Bank) et redéfinir leur tessiture et leur vélocité, sympa !
La forme d’onde est ensuite envoyée dans le filtre résonant. Il offre 18 modes distincts : passe-haut, passe-bas, passe-bande ou réjection avec différentes pentes (1–2–3–4 pôles) et couleurs (modélisation analogique, numérique agressive à résonance élevée, dure, douce) ; il y a même des combinaisons en série et en parallèle. La vélocité peut moduler la coupure et la résonance ; la coupure peut ensuite être modulée par le suivi de clavier, une enveloppe dédiée 5 temps / 5 niveaux et un générateur de suivi à 4 points. On poursuit par la partie ampli avec son enveloppe dédiée 4 temps / 4 niveaux, un générateur de suivi à 4 points, une modulation de panoramique (suivi de clavier, aléatoire) et un mode Half Damper (avec temps de Decay, utile pour simuler une pédale de piano acoustique avec une pédale compatible, telle que la FC3). Toujours au niveau de l’élément, on trouve un LFO à 3 formes d’onde basiques (dent de scie, triangle, carrée) pouvant agir sur le pitch, le filtre et l’ampli, suivi d’un EQ simplifié (2 bandes semi-paramétriques, 1 bande paramétrique ou boost de +6 / +12 / +18 dB). Tout ça pour un élément !
Passons au type Drum AWM2 : il permet de définir des paramètres séparés pour les 73 touches assignables et ainsi créer un kit de batterie : choix de de l’échantillon, sortie audio (analogique, USB), tessiture, vélocité, pitch (modulable par la vélocité), mode de déclenchement (exclusif, note off, tenue), assignation aux 2 effets d’insertion, niveaux de départ vers les 2 effets globaux, coupure du filtre passe-bas (modulable par la vélocité), résonance, coupure du filtre passe-haut, volume (modulable par la vélocité et une enveloppe 3 temps / 1 niveau), panoramique (fixe, balayage automatique, aléatoire) et EQ. Hélas, on n’accède pas aux différentes couches d’échantillons parfois présentes sur certaines notes. Dommage aussi que les sons de Drum kits soient limités au moteur AWM, cela aurait été bien de pouvoir assigner des sons FM… Pour ne pas partir de zéro, le MODX dispose de près de 200 kits préprogrammés dans différents styles (Pop, rock, jazz, latin, EDM, classique, ethnique, FX…).
…FM aussi !
Le second moteur de synthèse est aussi hérité du Montage. Il porte le doux nom de FM-X, pour synthèse FM étendue. La polyphonie est de 64 notes (2 fois moins que sur le Montage), ce qui reste très confortable. Rappelons à nouveau quelques principes de base de la FM : les oscillateurs sont des opérateurs produisant des ondes cycliques, arrangés en algorithmes. Il y a deux types d’opérateurs : les porteurs (qui produisent le son) et les modulateurs (qui modulent le son). Les opérateurs sont reliés suivant différentes configurations prédéfinies appelés algorithmes : les porteurs sont additionnés, alors que les modulateurs sont multipliés. Il s’agit donc de modulation de phase plutôt que de fréquence. La FM peut se faire suivant un rapport de fréquence (ratio) ou une fréquence fixe sur toute la tessiture (création de formants). Le MODX propose 88 algorithmes à 8 opérateurs. C’est l’algorithme qui définit la nature et l’interaction des opérateurs. Ainsi, on peut avoir 8 porteurs additionnés côte à côte, des porteurs modulés par plusieurs branches séparées de modulateurs, des porteurs modulés par 1 à 4 modulateurs en cascade… Certains opérateurs peuvent s’auto-moduler, seuls ou à plusieurs (feedback). Ce dispositif permet, à partir d’ondes cycliques basiques, de créer des spectres complexes. Sur le MODX, on a plusieurs ondes possibles pour chaque opérateur, ce qui va bien plus loin que les premiers synthés FM comme le DX7, cantonnés aux ondes sinus…
Pour créer une partie FM, on commence par définir les paramètres généraux et communs comme pour une partie AWM2 (volume, panoramique, départ effets, sortie audio, tessiture, fenêtre de vélocité, pitch, enveloppe de pitch, filtre, enveloppe de filtre, ampli, enveloppe d’ampli, panoramique, LFO commun, second LFO commun additionnel…), puis on choisit l’algorithme. Le reste se fait au niveau de l’opérateur : choix de la forme d’onde (7 types, dont sinus, spectre et résonances, mais pas les formants de voix du FS1r), largeur de la base de l’onde, résonance de l’onde, mode de fréquence (ratio/fixe), fréquence (grossière, fine, désaccordage), enveloppe de pitch (2 temps / 2 niveaux), vélocité sur le pitch et redéclenchement (ou pas) du cycle d’onde ; tout cela est bien plus puissant que sur un DX7, qui agit sur le pitch global de tous ses opérateurs. On passe ensuite aux paramètres de niveau de l’opérateur : niveau initial, vélocité sur le niveau, enveloppe 4 temps / 4 niveaux, suivi de clavier (temps, niveaux, courbes, point central). Rappelons ici qu’un niveau correspond à un volume sur un opérateur porteur et à une intensité de modulation (timbre) sur un opérateur modulateur… On apprécie l’ergonomie de l’éditeur FM, très visuel, que ce soit sur le choix de l’algorithme ou les courbes d’enveloppe. Ça donnerait presque envie !
Vrais mouvements
Le MODX reprend les puissantes capacités de modulation du Montage. En plus des modulations physiques et logicielles déjà évoquées, on trouve des modulations classiques (type LFO global par partie), des modulations automatiques générées par un séquenceur de mouvement et des modulations complexes commandées par des contrôleurs physiques coordonnés. Tout ou presque se synchronise au tempo. On commence par le Super Knob, un gros encodeur lumineux multicolore, dont on peut régler l’évolution de la couleur et le battement en rythme. Il est capable de piloter les encodeurs assignés à des destinations, telles que les paramètres de synthèse ou d’effets. Pour chaque encodeur, on règle les valeurs mini (0–127) / maxi (0–127) correspondant à la plage d’action que doit commander le Super Knob. Tourner le Super Knob fait agir les encodeurs entre n’importe quelles valeurs et dans n’importe quel sens. L’action du Super Knob peut être reproduite par une pédale de modulation (type FC7), histoire de garder les deux mains libres, ce qui est une bonne idée pour ceux qui jouent du clavier. On peut même lui assigner un CC Midi ou le piloter par le séquenceur de mouvements.
Parlons-en, de celui-ci ! Il s’agit d’un générateur de modulations rythmiques de type séquenceur à pas composé de lignes de modulations, à raison de 4 lignes par partie sonore et 8 lignes maximum pour la Performance entière. Chaque ligne est constituée de 1 à 8 séquences de 1 à 16 pas. L’éditeur, très visuel, permet de s’y retrouver dans cette pléthore de paramètres. Une ligne peut moduler une destination, à choisir parmi des centaines de paramètres de synthèse ou d’effets, certains par partie, certains globaux. Dans chaque pas, on définit une quantité de modulation (mono ou bipolaire) et une courbe (différents types éditables, allant de lisses à très agités). Pour la ligne, on définit la vitesse de lecture, la synchronisation au tempo, la synchro à la note, la longueur, le bouclage, la fenêtre de vélocité d’activation, le lissage global entre les pas… Le MODX renferme des lignes de modulation Presets et 256 mémoires par banque Utilisateur. En mode clavier maître, on peut avoir 8 séquences de mouvements qui tournent en même temps, énorme !
Toujours au chapitre des modulations complexes, la matrice de modulation possède 16 cordons par partie sonore. On dispose de 40 sources : molettes, pression, ruban, interrupteurs, pédales, encodeurs, 4 lignes du séquenceur de mouvements et 18 suiveurs d’enveloppe (16 parties sonores, partie A/D, Master). La quantité de modulation est une courbe paramétrable en entrée, sortie, polarité, profil… Les destinations peuvent être communes à chaque partie ou cibler différents éléments d’une partie. Il y en a plus de 250, certaines dépendant du moteur de synthèse utilisé : citons les paramètres des 2 effets d’insertion et des 3 effets globaux (réverbe, variation, maître), les départs vers les 2 premiers effets globaux, les paramètres de synthèse (en descendant jusqu’à l’élément ou l’opérateur suivant le moteur), les encodeurs assignables… Bref, c’est très balaise !
Enfin, signalons la fonction Suiveur d’enveloppe, qui transforme un signal audio en signal de contrôle, avec fonction de synchronisation automatique à un signal audio présent à l’entrée A/D. Pour créer ce signal, on peut utiliser plusieurs sources : la sortie de l’une des 16 parties sonores d’une Performance, la Performance tout entière ou l’entrée audio. Le signal créé devient alors une source de modulations à part entière.
Gros effets
Tout comme le Montage, le MODX possède une grosse section effets. Elle se décompose en effets d’insertion (liés à chaque canal) et en effets globaux (partagés par tous les canaux). Chaque partie (16 parties sonores + entrée audio A/D) dispose d’un ensemble EQ 3 bandes + Insertion A + Insertion B + EQ 2 bandes. Toutefois, contrairement au Montage, il n’y a que 13 jeux d’effets d’insertion A+B : 8 jeux pour les canaux 1–8, 4 jeux à partager pour les canaux 9–16 et 1 jeu pour l’entrée audio. Il y a donc un arbitrage pour les canaux 9–16, là où le Montage, plus puissant, offre un jeu d’effets d’insertion A+B pour tous ses canaux (17 jeux au total).
Les effets d’insertion sont en réalité de puissants multieffets comprenant 85 algorithmes complexes (jusqu’à 24 paramètres) modulables en temps réel : réverbes, délais, ensembles, compresseurs, simulateurs d’ampli, distorsions, EQ, effets destructeurs de signal, effets Beat et effets en cascade. Les effets d’insertion (A, B) peuvent être placé en série (A -> B ou B -> A) ou en parallèle. On peut y connecter chaque élément d’une partie sonore. Certains algorithmes disposent d’un Side Chain (à partir d’une partie de 1 à 16, du master ou de l’entrée audio externe) : compresseur 376, compresseur classique, compresseur multibande, modulateur en anneau classique, modulateur en anneau dynamique, filtre dynamique, Phaser dynamique, Flanger dynamique… Un effet vocodeur permet de traiter des sons internes (porteurs) via les entrées audio (modulateur) ; on dispose de 10 bandes, avec compression/Gate à l’entrée, décalage des formants, bruit, HPF et gains séparés pour les bandes. Pour nous faire gagner du temps, Yamaha a doté chaque effet d’un certain nombre de Presets prêts à l’emploi, une excellente idée !
Les effets globaux sont constitués d’un effet de variation (multieffet doté de 85 algorithmes, identiques aux effets d’insertion), d’une unité de réverbe spécialisée (12 algorithmes, parmi lesquels différentes simulations de pièces, de plaques et d’ambiances extérieures, certains tirés du SPX2000) et d’un effet maître (23 algorithmes type mastering, tels que distorsion, compression multibande…). Chaque partie dispose d’un départ vers les deux premiers effets, il existe aussi un départ de l’effet de variation vers l’unité de réverbe. Les retours sont ensuite mélangés au signal non traité avec niveaux et panoramiques, avant d’attaquer l’effet maître placé en insertion stéréo. En bout de chaîne opère un ultime EQ 5 bandes (Peaking / Shelving pour les bandes centrales, Shelving pour les bandes extrêmes). Cela fait plusieurs dizaines de multieffets, avec une qualité top niveau !
Motifs arpégés
Le MODX reprend l’arpégiateur du Montage, à savoir un puissant générateur de motifs rythmiques multitimbral 8 canaux. On est loin des modes basiques up & down : on trouve 10 239 motifs Presets classés par catégorie, suivant leur destination ou leur mode de jeu : arpèges générés à partir d’une seule note, motifs rythmiques pilotés par des accords, motifs de batterie, modulations de paramètres, séquences hybrides, Mega Voices (multiéchantillons complexes d’instruments très réalistes, injouables à la main). Chaque arpège dispose de 8 variations de motifs par canal, qu’on sélectionne via l’écran tactile (rappelons qu’on a perdu le pavé de droite du Montage). On peut lancer l’arpège de différentes manières : tant que les notes sont maintenues, dès que les notes sont jouées ou alternativement. 2 des 4 encodeurs peuvent moduler l’arpégiateur en temps réel : swing et temps de Gate.
Parmi les nombreux paramètres de lecture, citons l’ordre des notes, le bouclage, la quantification, la tessiture, la transposition par octave (-3 à +3) ou encore des effets aléatoires (déclenchement de bruits, par exemple les frettes d’une guitare). Le MODX est par ailleurs capable de créer 256 arpèges utilisateur, en les extrayant d’une partie Song. On définit la portion de Song à exporter, le type de notes à générer (suivi, fixe, suivi de la note d’origine) et les pistes de destination dans l’arpège (4 pistes de 16 notes maximum). Petite nouveauté par rapport au Montage, une touche permet d’accéder directement à une piste rythmique, constituée d’un kit à choisir dans la mémoire de la machine et d’un motif tiré des arpèges de batterie. Cette piste est assignée à l’un des 8 premiers canaux ; cela permet notamment, conjugué avec le suiveur d’enveloppe, de créer des effets de pompage en rythme.
Le Montage comprend aussi un séquenceur Midi basique 16 pistes, capable de relire ou enregistrer jusqu’à 130 000 notes dans 128 morceaux. On trouve 40 signatures rythmiques (parmi lesquelles des formes quaternaires et ternaires), avec une résolution maximale de 480 PPQN. L’enregistrement se fait uniquement en temps réel (avec ou sans quantification) et suivant trois modes : ajout, remplacement ou punch in/out. À ce jour (OS 1.1), il n’est pas possible de boucler pendant l’enregistrement, mais cela pourrait bien changer ; en revanche, c’est possible en lecture. Impossible également d’éditer la moindre piste une fois enregistrée, ne serait-ce que pour changer une note. Ceci limite le séquenceur à la reproduction de morceaux préétablis ou à un bloc-notes pour immortaliser ses idées ; heureusement, on peut exporter un morceau vers un PC, l’éditer puis le réimporter dans le MODX au format SMF 0 ou 1, via le logiciel MODX Connect, dont nous allons parler sous peu.
Liaisons externes
Si le MODX peut recevoir sur 16 canaux Midi, il est aussi capable de transmettre sur 8 canaux en même temps. Il suffit pour cela d’activer le mode Master Keyboard sur les parties souhaitées, afin de piloter le module sonore interne en conjonction avec des modules Midi externes : les 8 premiers canaux d’une Performance peuvent alors être joués simultanément, en couche, en split, selon la fenêtre de vélocité, avec arpèges et séquences de mouvement multiples. Chaque zone peut aussi transmettre certains messages Midi (numéros de banques/programmes, tessiture, transposition, commandes physiques), avec filtrage précis des données. Les réglages sont sauvegardés au sein des Performances.
Par ailleurs, le logiciel Montage Connect permet d’échanger les Performances et Songs entre le MODX et un ordinateur, soit en autonomie, soit comme plug (VST3 / AU). Dans ce dernier cas, on peut transférer directement les séquences pour les éditer dans sa STAN, par exemple Cubase AI, téléchargeable gratuitement sur le site du constructeur pour les propriétaires de MODX. Il n’est en revanche pas prévu d’éditeur MODX à l’heure actuelle, selon nos informations.
Côté audio, le MODX fonctionne comme une interface USB 4 canaux en entrée (2 canaux stéréo) et 10 en sortie (5 canaux stéréo), donc un peu moins puissant que le Montage. Cela lui permet d’échanger des données à 44 kHz avec une STAN sur PC/Mac. La machine ne peut échantillonner seule, mais peut importer des fichiers stéréo WAV ou AIF, qu’elle relit ensuite en 16–24 bit/44 kHz. Enfin, pour ce qui est des banques sons, le MODX est compatible avec le Montage (Performances, bibliothèques) et les séries Motif pour le moteur AWM2. Quant au moteur FM-X, on peut l’alimenter en banques DX7 / DX7II / TX802 / TX816 une fois converties via l’utilitaire FM Converter, à partir de fichiers (Sysex ou DXC) ou de l’appareil d’origine (via un utilitaire Web Midi sous Chrome). Plus d’informations ici.
Conclusion
Synthé abordable très complet, le MODX reprend l’esprit et la qualité sonore du Montage, avec certes un peu moins de puissance dans certains domaines. La plus grande différence concerne la qualité de construction, puisque les moteurs sonores, l’organisation en Performances multitimbrales, les possibilités de modulation, les effets, les motifs arpégés, le séquenceur (basique) et l’interface audio USB sont quasi identiques. On reste un poil en dessous de la qualité audio exceptionnelle du Montage, mais tout de même sur du très bon niveau. La machine possède à notre sens la banque de sons « réels » la plus homogène du marché et se montre très performante sur les sons synthétiques, en particulier les textures hybrides évolutives mélangeant FM et échantillons. Avec un tarif aussi serré que l’encombrement et le poids, qui le destinent à un plus large public que son aîné, le MODX mérite amplement l’Award Audiofanzine Qualité / Prix 2018 !
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