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Korg Dw-8000
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aurélien chubilleau aurélien chubilleau

« L'hybride made by Korg »

Publié le 13/06/14 à 23:54
Rapport qualité/prix : Excellent
Cible : Tout public
Le DW-8000 fait son apparition en 1985, en même temps que son petit frère le DW-6000. Ces deux synthétiseurs reposent sur une architecture assez originale, peu courante à l'époque : ce sont des hybrides, tout comme d'ailleurs l'américain Ensoniq ESQ-1. Si le filtre, les enveloppes et le LFO restent analogiques, les oscillateurs, eux, sont numériques. Là où l'ESQ-1 emploie des formes d'ondes échantillonnées, Korg à choisi une technique un peu plus complexe, nommée Digital Waveform Generator System (DWGS). Il ne s'agit pas tout à fait de samples, mais d'échantillons calculés de forme d'onde produite par synthèse additive (vous suivez ?) Il en résulte un son assez particulier tout à fait propre à la famille des DW, et resté inédit depuis.

Là ou le DW-6000 propose huit formes d'ondes calculées, le 8000 double la mise, et propose de surcroit les formes classiques des synthés analogiques. Attention toutefois, on ne retrouve pas pour autant toutes les formes d'ondes du 6000 sur le 8000.

Parmi les formes disponibles sur le DW-8000, on note comme une prédominance de formes d'onde au rendu assez métallique, ou cuivrée. On voit bien là la volonté de Korg d'aller chercher le Yamaha DX7 sur son terrain supposé de prédilection.
A noter : un défaut récurrent sur les Korg de cette époque, il n'y a pas de modulation ni de synchronisation possible entre les oscillateurs.

Le DW 8000 est l'un des derniers avatars de Korg avant le rachat par Yamaha en 1987, et se signale donc par son filtre analogique de grande qualité, qui a fait la réputation de la marque. Ce filtre développé par Korg est un "pseudo SSM", et sonne du coup particulièrement bien ! A noter : la résonance atteint l'auto-oscillation, et la fonction "keyboard squaling" propose une échelle à quatre degrés contre trois pour le 6000.

Quant aux générateurs d'enveloppe, un pour le filtre et le générateur de bruit blanc, l'autre pour les oscillateurs, ils sont à six étages tels que ceux inaugurés sur le Poly-800 (1984), mais contrairement à ce dernier, on est étonné de ne pas disposer d'un générateur d'enveloppe par oscillateur.

D'ailleurs, là ou le DW-6000 reprend trait pour trait le LFO du Poly-800, le 8000 apporte des modifications bienvenues : on dispose de quatre formes d'onde au lieu de deux, mais pas de sample/hold, et c'est bien dommage.

Petite particularité du DW-8000 par rapport au 6000 : outre un portamento, on trouve un "auto-bend" paramétrable : il s'agit d'introduire un glissando à l'attaque de chaque note. Là encore, on sens la volonté de s'aligner sur le DX7, qui lui propose carrément un générateur d'enveloppe dédié au pitch.

Le DW-8000 est polyphonique huit voix, au lieu de six pour le 6000, propose deux modes polyphoniques, et deux modes unisson puissants, d'une influence différente sur le déclenchement des enveloppes à l'attaque des notes.

Enfin, terminons par ce qui distingue nettement le 8000 du 6000 : d'abord sont delay numérique, qui fait aussi office de chorus et offre en plus un LFO numérique bien utile pour seconder celui du circuit principal. Toutefois, la valeur de temps de delay n'est pas graduelle comme sur le Poly-800 II, mais ne propose que sept valeurs. Du coup, on passe à côté des supers effets de flanging du Poly-800 II. Dommage...

Ensuite, bien sûr, l'arpégiateur, avec sa fonction Latch, qui le transforme en petit séquenceur. On est dans la lignée des Polysix et Poly 61, mais... Si on a bien le mode Up/down, les mode Up et Down sont remplacés par un mode Assign quand même moins groovy dans certains cas. Il est dommage d'avoir supprimé ces deux modes.

Grande nouveauté, le joystick permet sur le 8000 de commander en direct l'ouverture du filtre, comme sur les Roland.

Enfin, terminons par le clavier, différent de celui du 6000 : là il est sensible au toucher, et propose un after touch. Pour ceux qui connaissent le Korg M1, eh bien... ce n'est pas le même clavier, car le M1 emploi la mécanique du DX7 là ou le DW-8000 utilise un clavier spécifique, dont l'amortissement est moins agréable.

Au final, même si on a noté quelques bémols, le DW-8000 s'avérait assez complet en 1985, et de nos jours, il satisfait assez bien les amateurs de synthèse.

UTILISATION

Le seul vrai défaut du DW-8000 est d'appartenir à la génération "calculette", et de ne pas proposer des potards en façades, comme les grands synthétiseurs américains où quelques japonais de légende. Mais ici les commandes sont réellement intuitives, bien pensées, avec le récapitulatif de toutes les fonctions en façade, le tout présenté avec plus d'élégance que sur le DW-6000.

C'est net, c'est clair, et un amateur de synthèse peut se passer de mode d'emploi. Celui-ci, en anglais, ne révèle d'ailleurs pas de grands secret, et pour qui maîtrise l'anglais, il est très didactique. On ne se prend pas la tête comme à la lecture de celui du DX7, synthétiseur autrement plus complexe et complet il est vrai.

En outre le DW-8000 peut s'adresser à un débutant, pour constituer une bonne école.



SONORITÉS

Soyons clair : le DW-8000 est un pur instrument électronique, pour faire de la musique électronique, faire de la recherche, et rien d'autre. Ce n'est pas dans sa personnalité d'aller imiter un instrument acoustique. Ce n'est pas une Workstation gavée au PCM et autres sons General Midi, c'est un véritable synthétiseur. Et, dans son domaine, il a sa personnalité, elle lui est propre, et il ne se confond pas avec un autre. Pour qui aime le son Korg très typique des années 80, son filtre type SSM est à ravir les oreilles.

Les oscillateurs, eux, ne sonnent pas du tout "à l'américaine" comme les SSM des Polysix et Poly 61, et ne sonnent pas non plus comme ceux des Poly-800, même si on sent que tout ce beau monde appartient à la même famille.

Fait étonnant : si on a signalé que l'on ne retrouvait pas sur le DW-8000 toutes les formes d'onde du 6000, quand elles sont communes, eh bien... elles sonnent différemment ! Est-ce dû aux convertisseurs D/A ? toujours est-il que le son du 8000 parait plus lourd que celui du 6000. Du coup, le DW-6000 est capable dans certains cas d'une délicatesse dans les harmoniques, d'un côté plus aérien qu'on ne retrouve pas sur le grand frère, mais celui-ci se montre plus rond et plus cuivré. D'une certaine manière, il se rapproche plus du son d'un Poly-800 par moment, tout en gardant la spécificité de ses timbres inimitables, propre à sa nature hybride.

Bref, le 8000 n'est pas le 6000 et vice-versa. On aime le DW-8000 pour ses basses courtes, impeccables pour les séquences et les arpèges, ses sons progressifs grâce à un filtre de haute qualité, ses cuivres puissants, ces effets spéciaux. Son delay numérique apporte lui aussi une couleur très typée et intéressante.

En clair, le DW-8000 est à la fois très Korg, mais n'a pas d'équivalent. si vous êtes attiré par les instruments dotés d'une personnalité marquée et savez en tirer partie, il trouvera sa place dans votre set, et vos projets de musique électronique.

AVIS GLOBAL

Je possède depuis de nombreuses années des Korg, dont justement un DW-6000. Je me suis muni du 8000 pour ce qu'il apporte de plus en pensant avoir à faire à une partie synthèse absolument comparable. Si c'est le cas sur le papier, à l'écoute en revanche, les deux frères se distinguent assez nettement... et je vais certainement garder les deux !

S'il est par ailleurs clair que le DW 8000 n'atteint pas la puissance de synthèse de certains ténors de l'époque, comme le DX7, ou les Oberheim Matrix autrement plus onéreux, il n'est pas non plus comparable à l'autre hybride de l'époque, l'ESQ-1, très typé US et plus complet.

Pour autant, le DW-8000 n'a rien d'un jouet, et reste performant pour son époque. Et surtout, il y a le son, sa personnalité, sa marque de fabrique inimitable. Avec sa personnalité propre, il est capable de sonorités variées, et s'offre avec facilité à l'exploration.

Le DW-8000 s'adresse donc aux amateurs de synthèse, ceux qui aiment les vrais synthés. Alors ceux-là ont intérêt à aller le découvrir, souvent pour une somme modique, mais attention, la cote monte.

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