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- Steelcore
La tête à Toto !
Publié le 06/01/21 à 21:546 photosQuand la rigueur germanique rencontre l'esprit du pioneering à l'américaine pour servir les guitaristes sans compromis aucun, il ne peut en sortir que des produits d'une redoutable efficacité. Et si ce matos prend forme dans la tête d'un grand type loufoque qui se caractérise par son originalité, alors on peut s'attendre à des outils d’exception destinés à propulser l'art à un niveau stratosphérique.
Les lignes qui suivent sont écrites sans considérations budgétaires. Si vous lorgnez sur les inventions de Reinhold Bogner, c'est soit pour rêver, soit parce que vous avez bossé dur et que vous estimez mériter le top du top sans pour autant déshabiller un compte en banque déjà bien fourni.
L…Lire la suiteQuand la rigueur germanique rencontre l'esprit du pioneering à l'américaine pour servir les guitaristes sans compromis aucun, il ne peut en sortir que des produits d'une redoutable efficacité. Et si ce matos prend forme dans la tête d'un grand type loufoque qui se caractérise par son originalité, alors on peut s'attendre à des outils d’exception destinés à propulser l'art à un niveau stratosphérique.
Les lignes qui suivent sont écrites sans considérations budgétaires. Si vous lorgnez sur les inventions de Reinhold Bogner, c'est soit pour rêver, soit parce que vous avez bossé dur et que vous estimez mériter le top du top sans pour autant déshabiller un compte en banque déjà bien fourni.
Les produits Bogner ne sont pas donnés, alors quand on parle de l'étendard de la marque, la tête Ecstasy, XTC si vous préférez, on ne chipote pas à quelques centaines d'euros près. Et si on s'attarde sur la plus poussée des versions de cet ampli, on tombe sur le plus couteux des amplis dits "boutique". Quand il faut passer à la caisse, l'Ecstasy 20th anniversary est tout juste talonné par le Soldano SLO100 qui reste la référence dans cette catégorie. Stop, je vous vois venir avec vos gros sabots : j’exclu ici les productions anecdotiques d’Alexander Dumble, un cas très à part. A 200 000 euros l’ampli, ce n’est plus du « boutique », hein. Bon bah du coup 5000 balles pour un Bogner, une bagatelle.
Bien, maintenant que vous avez digéré la note, oublions les euros et causons un peu technique. Reinhold Bogner, après avoir quitté sa Bavière natale, a lancé sa marque en 1989 avec pour objectif d'équiper les guitaristes à onze doigts de Los Angeles. Il débute donc avant la création des Mesa Boogie Dual Rectifier et Peavey 5150. A l'époque les clients qu'ils visent jouent soit sur des Marshall modifiés, soit sur le Soldano SLO100, star incontestée de la fin des années 80.
Mais Bogner ne va pas, comme Randall Smith et son Rectifier, ou Mike Soldano, se lancer dans la course au high gain. Il va plutôt tenter de créer un ampli capable de délivrer le meilleur du son Marshall tout en concurrençant Fender sur le terrain du son clair. Disons que Reinhold Bogner aime le challenge. Il part directement sur un ampli trois canaux. Aujourd'hui c'est quasiment la norme, mais à la fin des années 80, ce n'était pas si courant.
Le tout premier Ecstasy prend la dénomination de 100B ou 100A. Le chiffre 100 décrit évidemment la puissance en watts. Le B signifie British quand le A veut dire American, comprenez donc EL34 ou 6L6 pour le choix des lampes de puissance.
Cet ampli rencontre immédiatement du succès pour la chaleur des sons qu'il produit et pour sa versatilité. Les musiciens de studio y trouvent un véritable couteau suisse. Dans les années 90, le Bogner Ecstasy vient faire de l'ombre au Soldano SLO100. Van Halen s'y met et la rumeur circule vite dans tout LA : il y a un nouveau bad guy dans la ville.
Les musiciens de la vague nu metal ne succombent pas. Eux vont être servis par Mesa Boogie et Diezel. Ici on parle plutôt des célébrités des années 70 et 80. Parce que le Bogner Ecstasy est finalement un super Marshall et un super Fender mis dans la même boite. Il touche un public traditionnel.
Aujourd'hui l'Ecstasy a beaucoup de concurrence et les rockstars qui le jouent encore se font rares. Mais cet ampli a gagné le cœur d'un des plus exigeants guitaristes : Steve Lukather. Et voilà un paquet d'années que le bonhomme ne lâche pas ses deux têtes Ecstasy alors qu'il est courtisé par les marques. Que doit-on en retenir ?
Que si vous cherchez le meilleur ampli polyvalent au monde et surtout que vous ne transigez pas sur la qualité de chacun de ses trois canaux, alors la tête Ecstasy est peut-être la seule tête à lampes qui vous rendra addict.
Il m'est ici très difficile de vous décrire les sons que cette tête procure tout simplement parce qu'ils sont extrêmement nombreux. Tout va dépendre de la manière dont vous allez utiliser les switchs en façade (y en a dix !!!). Il s'agit principalement de cuts ou de boosts dans l'égalisation. Regardez les photos jointes ici et vous verrez comment je les positionne.
Ensuite tout va dépendre de la version que vous choisirez. Cette tête a été revue et prend depuis longtemps la dénomination 101B ou 101A. Le B équipé en EL34 vous emmènera en territoire Marshall, le 101A aura une dominante plutôt Fender. Le chiffre 101 signifie que le préampli est capable d'aller plus loin dans la saturation que l'original.
En fait, il m'est beaucoup plus facile de vous dire ce que l’Ecsatsy ne sait pas faire. N'allez pas croire que vous pourrez concurrencer un Soldano SLO100 ou un Mesa Boogie Dual Rectifier sur le terrain du high gain. Le Bogner Ecstasy est taillé pour la fusion, le rock, la pop, tout ce que vous voulez comme style mais vous ne jouerez pas du Cannibal Corpse ou du Napalm Death avec cet ampli, certainement pas. D'ailleurs Bogner a ensuite sorti la tête Ubershall dont la mission et de mettre au tapis les bestiaux à deux canaux des années 90. Sur ce dernier point, un de mes amis guitariste allemand de thrash metal ne jure que par certaines versions de l'Ubershall. Moi, je trouve que le Rectifier est très au dessus et Bogner reste à mes yeux une marque rock plus que metal. Ce n'est pas pour rien que l'Ecstasy demeure son flagship.
Il n'empêche que l'Ecstasy peut produire du high gain. Mais dans un registre très spécialisé qui m'a attiré : le shredding qui ne nécessite pas forcément de pousser le preamp pour garder une certaine articulation et finalement un son assez open. On est donc bien sur le segment du Marshall super modifié. Steve Vai a joué cet ampli. J'adore Steve Lukather mais ce n'est pas lui non plus qui m'a fait prendre ma première dose. En 1995 j'ai succombé en écoutant l'album Dysfunctional du groupe Dokken :
George Lynch étant mon maitre absolu, le son de ce disque étant le meilleur de tous les albums de Dokken, il fallait absolument que je teste l'ampli ! Ce que j'ai fait chez Backstage Music, rue de Douai à Pigalle dans les mois qui ont suivi. La tête que j'ai testée étaient montée en EL34 et il s'agissait du modèle standard. J'y ai trouvé un côté JCM800 sous stéroïdes et j'ai été bluffé par le son clair d'une chaleur incroyable. A l'époque je ne m'étais pas attardé sur le canal crunch (je vais y revenir plus loin) mais sur la saturation du canal 3 qui m’a convaincu.
Les rockstars que je mentionne ici jouent (ou jouaient) la version standard montée en EL34. Inconditionnel du son américain, lorsque j'ai appris que cet ampli était disponible en 6L6, j’ai tout de suite su quelle version il me fallait. Mais je ne me suis pas précipité. On n'achète pas un ampli comme ça à la légère. Et à l'époque je chassais les premières versions du Rectifier qui est pour moi l'ampli absolu, la priorité. Une fois ma collection complétée, je me suis à nouveau tourné vers Bogner. La marque avait entre-temps (en 2009 si mes calculs sont bons) sorti cette version anniversaire. Quitte à taper dans le matos ultime, j'ai évidemment plongé tête baissée. L'ampli dont je vous parle ici est donc un 101A 20th anniversary, monté en 6L6 pour du bon gros low end ricain. Il a été fabriqué sur commande en 2014.
J'ai d'abord contacté Bogner par mail parce que mon revendeur habituel de l’époque (Aux Guitares, en Alsace, magasin qui n'existe plus depuis que ses sympathiques patrons ont pris leur retraite), n'avait jamais traité avec eux. Et c'est là que j'ai découvert que toutes les customisations étaient possibles moyennant finances, y compris les plus délirantes. Voilà ce qu'ils m’ont répondu : "On est un custom shop, demande ce que tu veux, et si on n'arrive pas à te le faire, alors il faut qu'on arrête de se prendre pour un custom shop". Ampli boutique donc, et assumé à 200%.
Il y avait bien ce tolex zebra qui me faisait de l’œil mais j’avais déjà un SLO façon peau de serpent. J’ai ici voulu rester sur les années 60/70, classique et vintage d’autant que les potards de type chicken head donnent un look retro à cet ampli. Et bien entendu j'ai demandé la seule chose que l’atelier Bogner refuse : un changement de couleur du châssis que je voulais noir. Ils m'ont expliqué que pour ne pas perturber le marché de l'occasion, ils s'étaient fixé une ligne directrice permettant de distinguer les versions. Le 20th anniversary est donc cantonné au gold plexi. Et vous ne pourrez jamais l'avoir en blanc comme les originaux, en chromé comme le classic ou en noir comme le standard. Pour le reste, c'est open bar.
Je suis resté sur le tolex black comet et la grille salt and pepper qui sont standard chez Bogner. Mais j'ai choisi de placer le châssis dans la petite headshell, celle de l’Ecsatsy standard, parce que je préfère le format des têtes Rectifier et SLO100 plutôt que ces têtes trop longues que sont les Marshall, Friedman, Diezel etc. Bref la taille originelle de la tête 20th anniversary ne me convenait pas. Le format Rectifier, c'est plus facile pour racker des têtes et pour les transporter.
Problème : la grille salt and pepper sur un châssis gold, ah bah... c'est moche ! En 2014 ça n'existait pas encore. J'ai pris ma décision en comparant plusieurs versions que j'avais réalisées sur Illustrator. Mais comme tous les goûts sont dans la nature, par la suite, plusieurs têtes comme ça on été commandées. Je vous met une photo pour que vous puissiez juger par vous même. L'autre possibilité consistait à choisir la façade metal au look moderne et industriel. Pour un ampli vintage je trouve que c'est trop décalé. Bref, vous comprenez maintenant pourquoi je voulais un châssis noir ? Il faut pouvoir conserver du contraste entre le gold du châssis et celui de la grille.
Bogner a donc fabriqué une façade spéciale avec un bandeau de tolex black comet intercalé entre la grille et le châssis. Il a fallu adapter le pipping, mais rien de bien méchant. Ils ont fait des tests pour ne pas perturber la dissipation de la chaleur des lampes. C'est important sur cet ampli qui n'a pas de baie d'aération supérieure à côté de la poignée. Il faut maintenir un flux d'air entre face avant et face arrière. Ce qui d'ailleurs est un gros avantage si vous voulez utiliser une deuxième tête d'ampli par-dessus. Le Bogner Ecstasy ne fait pas chauffer ce qui est posé sur lui. Je joins ici quatre photos, la tête recto verso, et la tête et son baffle, rear et front là aussi, pour vous donner une idée de l'engin.
Quant au choix de la version 20th anniversary, il s'est fait sur les capaciteurs (condensateurs en français mais tout le monde dit capa, donc je mélange). La version standard est équipée en Wima allemand. Vous pouvez les reconnaitre à leur couleur rose. Ils sont très répandus. La 20th anniversary est montée en capaciteurs américains Sozo pour des sonorités plus vintage. Et c'est exactement pour ça que je voulais une tête Ecstasy. A quoi bon essayer d'obtenir le même son qu'avec mes autres amplis ? Côté option, j’ai pris le switch class A/class AB (j’en parlerai après). Enfin, le sélecteur de puissance pour passer de 100w à 50w est proposé dès le modèle de base. Pratique même si le send de la boucle d'effets peut jouer le rôle d'extra master volume.
Alors pour faire venir cette tête en France, mon revendeur a demandé un coup de mains à des copains voisins : Servette musique à Genève, revendeur officiel Bogner. J’ai juste payé 100 euros pour le transitaire et l’ampli est arrivé à bon port. Aujourd’hui, je vous conseille de passer par Musik Produktiv en Allemagne. Ils fonctionnent très bien avec Bogner. Je leur ai acheté des baffles Bogner et Friedman, c’est livré sur palette.
Maintenant, le cœur du dossier. Et pour rendre les musiciens accros comme ça, elle sonne comment cette tête ? Ah, la réponse est compliquée…
L'adjectif qualificatif du son qui revient dans toutes les bouches, y compris chez Bogner, c'est : boisé. Comprenez chaleureux, chaud, confortable, agréable. Cet ampli, c'est un smoothie géant pour se faire du bien.
Le son clair, le green channel, est warm à souhaits. Rien en commun avec le pristine clean d'un Boogie Mark II ou le spanky clean d'un Soldano SLO100. On est bien sur de la tonalité vintage. Pas très loin de ce que propose Matchless, autre marque boutique que je vous conseille vivement. Ce canal bénéficie d'un EQ indépendant des autres canaux.
Alors avec tous ces switchs auxquels s'ajoute un sélecteur old/new sur le panneau arrière, vous pouvez largement sculpter le son à votre convenance et en fonction de la guitare utilisée. Disons que pour la pop, la country, le blues et le rock, vous serez comblés. Peut-être moins pour du rock progressif aux ambiances glaciales ou des arpèges à la Metallica... Ce n'est pas un Roland Jazz Chorus ! Si on passe en class A, on perd évidemment de la puissance, mais l’ampli se transforme et rendra heureux ceux qui cherchent un son encore plus chaud pour du blues ou du jazz des débuts de l’amplification à lampes.
Côté saturation, red channel donc, on trouve vite les limites de cette tête. Si vous poussez trop le preamp, disons avec le gain à plus de 16h, vous obtenez un abominable souffle. Pas gênant tant que vous jouez, mais il va vous falloir un noisegate dans la boucle. Du coup, on a plutôt tendance à remonter le potard de gain vers 13/14h. Cet ampli délivre un overdrive et une saturation exceptionnels, mais à condition de rester raisonnable sur le gain. Attention, ça souffle comme un Marshmal, ooops pardon, un Marshall, mais on est bien au-délà du gain anglais. Ampli américain et donc qui répond à la maxime : "think big". Et dans mon cas les 6L6 donnent un côté encore plus heavy avec un low end généreux qui permet de jouer du hard rock sans problème. Si ce canal ne vous suffit pas, il vous faut un Bogner Ubershall. Si vous n'êtes pas attaché à la marque Bogner, alors je vous oriente directement sur une tête Mesa Rectifier des années 90 ou un Soldano SLO 100. Ils sont taillés pour ça. J'ai posté mes avis ici :
https://fr.audiofanzine.com/tete-d-ampli-guitare-tout-lampe/mesa-boogie/dual-rectifier-2-channels/avis/r.125177.html
https://fr.audiofanzine.com/tete-d-ampli-guitare-tout-lampe/soldano/SLO-100-Super-Lead-Overdrive/avis/r.169555.html
Du coup, je me suis dit que j'allais exploiter cet Ecstasy pour des sons plutôt rock/fusion à la Richie Kotzen et j'ai commencé à le redécouvrir en sculptant son canal 2. Le blue channel. Et au fil du temps, après avoir vu Toto plusieurs fois sur scène, je me suis rendu compte que c'est justement pour ce fameux blue que les rockstars jouent la tête Ecstasy.
L'ampli est complexe. Nous sommes en janvier 2021 et j'écris seulement cette review alors que je joue le bestiau depuis sept ans. Il a tellement de réglages qu'il faut vraiment prendre son temps avant qu'il vous rende vraiment heureux. Une fois qu'on a trouvé le bon équilibre sur le blue channel, voilà, c'est ... l'extase. Et je serais prêt à affirmer que je n'ai jamais entendu meilleur crunch que ça. L'EQ commun aux canaux blue et red n'est pas un souci, grâce aux nombreux switchs justement.
Je possède un Mesa Boogie Mark II qui a également un crunch fabuleux, mais dans le registre Carlos Santana, donc plutôt si vous vous prenez pour un saxophoniste. J'ai également un Diezel VH4S (2x50w) monté en 6L6 et dont le canal 2 balance carrément le son AC/DC période Razor's Edge si je le joue avec mes 4x12 Friedman montés en Greenbacks.
Avec le Bogner, on tend vers une tonalité agressive à la Marshall, donc plus mordant que le Boogie, pas loin du Diezel, mais les 6L6 et les capaciteurs et transfos orientés vintage viennent équilibrer le son. Et donc ça ne sonne pas vraiment comme un Marshall. Voilà pourquoi je n'arrive pas à vous le décrire précisément. Cet ampli c'est le juste milieu, le meilleur de tous les mondes. Avec une conséquence, il n'a pas de caractère affirmé comme un Rectifier ou un Vox AC30 qu'on reconnait immédiatement à la première note. Mais il est hyper polyvalent. Pour preuve, Justin Derrico, qui assure les guitares pour la chanteuse Pink, a longtemps utilisé cet ampli.
Le cab a beaucoup d'importance ici. Le Bogner 412 standard, celui-là même taillé pour l'Ecstasy que j’ai acheté chez Musik Produktiv, est monté en Vintage30. Il reste à mon humble avis le meilleur choix pour les solistes. Ce cab est tellement chaud que je l'utilise aussi avec mon Soldano SLO100. Le cab Bogner est meilleur qu'un cab Soldano ou qu'un cab Boogie. Il n'est pas slant, mais straight. Seulement voilà, ses HP sont orientés comme sur un baffle à pan coupé. Malin le père Bogner ! Dave Friedman a copié et eu bien raison. Et je viens de tomber sur un 4x12 Engl pro qui reprend la même construction.
Je vous conseille le cab de l'Ecstasy pour tous vos amplis, sauf si vous cherchez un son tranchant pour du thrash old school à la Exodus/Slayer. Là il faut le cab Engl ou du Boogie traditionnal bien droit. Ou si vous jouez du stoner nécessitant un cab Matamp ou Orange. Ces cabs là sonnent déjà très rond, ils ne sont pas faits pour la tête Ecstasy. Les cabs Friedman avec du Greenback conviendront mieux si vous jouez du classic rock.
Bref, vous l’aurez compris, nous voilà en présence d’un ampli chaud et polyvalent à un niveau de qualité exceptionnel. Et donc pour qui cette tête Ecstasy? Je dirais les musiciens de studio, les rockers qui aiment les productions léchées, et même les guitaristes de variété, mais avant tout les solistes. Pourquoi donc ?
Nous y voilà. J’en ai des larmes aux yeux rien que d’y penser : l'arme secrète que cache bien cet ampli... sa putain de boucle d'effets qui enterre toutes les boucles d’effets de toutes les autres supers têtes d'amplis. Mouais, rien que ça.
Amoureux des réverbes et des delays? La Bogner Ecstasy, c'est votre came ! Totalement transparente, sa boucle dispose d'un switch permettant de la déconnecter. Mais non, surtout pas, il faut en profiter !
Quand cette boucle magique est engagée, vous pouvez choisir série ou parallèle. Et vous disposez d'un réglage de send et d'un mix. Et oui, à ce prix vous avez le line mixer intégré. Sachez que le seul line mixer externe que j'ai trouvé à ce niveau est le PL-1 de Skrydstrup (les produits des marques moins chères soufflent comme des porcs, la honte). PL-1 qui est a plus de 400 euros. Mais bon vu que vous voulez un Ecstasy, on s'en fiche du prix. D'autant que vous avez déjà un Eventide H9000 hein? N'empêche avec un line mixer de cette qualité, finalement la tête Ecstasy est moins chère qu'une Soldano SLO100. Et toc.
Cette boucle est tellement réputée que certains fondus de high gain sacrifient même le gain et laissent de côté le Rectifier 3 canaux pour jouer l'Ecstasy. C'est le cas de Frank Post qui tient la boutique LoopersParadise à Sarrebruck.
Mesa Boogie faisait d'excellentes boucles dans les Rectifier 2 canaux des années 90. En série en 1992/93 puis en parralèle de 1993/94 à 2000. Mais depuis 2010 et la sortie du Rectifier Multiwatts, ils ont lâché l'affaire et font le minimum. Tout ça parce que la boucle d'effets n'est pas un bon argument de vente face à des guitaristes incultes, c’est-à-dire la majorité des clients potentiels. L'Ecstasy est donc un produit pour les connaisseurs. Pas les snobs, mais les techniciens qui savent comment intégrer les effets à la chaîne audio.
Du coup, la tête Bogner Ecstasy accepte absolument tous les effets de cette fichue planète. Je ne suis jamais tombé sur une contre-performance : pédale vintage, antiquité rouillée, rack des années 80 ou machine à modélisation dernier cri, tout est accueilli à bras ouverts. On ne peut pas en dire autant chez les voisins. Lisez ma review sur la tête Soldano SLO100 (je parle de l'originale, pas la nouvelle version arrivée en 2019) et vous comprendrez le sens du mot intolérant.
Je ne vous parle même pas des pédales branchées en front. L'Ecstasy encaisse tout. Le canal green est une super plateforme à pédales si besoin. Au hasard, je la joue parfois avec une Klon Centaur. Pendant qu'on est sur le board, cette tête est livrée avec un imposant switcher que je n'utilise pas. Je passe par un switcher RJM RackGizmo avec un câble RJM réalisé spécialement pour la tête Ecstasy (toutes versions confondues) qui permet de la raccorder directement en midi au switcher, lui même commandé par un midi foot controller. Ici j'utilise mon bon vieux Rocktron All Access LTD (la version noire réservée au marché US).
Voilà, la tête Ecstasy 20th anniversary n’est pas parfaite parce qu’elle n’a pas un quatrième canal que l’on trouve sur l’Ubershall, mais elle est néanmoins une machine divine, une sorte de super SUV 4x4 pour rouler à 250 km/h sur l’autobahn. Elle rend heureux ses propriétaires. Je lui fais juste un reproche : le switch de power est sur le panneau arrière, séparé du standby qui est devant. Comme je rack souvent mes têtes, celle là doit rester toujours au dessus du flight case, jamais dedans, pour pouvoir accéder à l'allumage.
Est-elle la tête ultime ? Tout dépend de vos goûts et de ce dont vous avez besoin pour votre carrière ou votre plaisir. Y a-t-il un risque d’overdose docteur ? En ce qui me concerne je n’ai pas acheté toutes les versions de cette tête comme je l’ai fait avec le Rectifier deux canaux des années 90 qui m’a rendu beaucoup plus addict par son tempérament très affirmé. La tête Soldano SLO100 a elle aussi un sacré caractère que l’Ecstasy n’a pas. Même combat avec la tête Friedman BE100 ou la Suhr SL68 qui sont faites pour l’EL34 et les fans des deux premiers albums de Van Halen. Donc des Marshall à leur top niveau, des brutes hargneuses. Pas le même univers.
Je dirais que la véritable concurrente de la Bogner Ecstasy est la tête Diezel VH4, elle aussi polyvalente. Mais cette dernière est destinée à des sonorités différentes que beaucoup qualifient de « modern vintage » (écoutez le groupe Alter Bridge), disons orienté metal, entre AC/DC et Metallica et surtout pour de la rythmique (écoutez Tool). Le canal 3 de la Diezel VH4 est au sommet pour exercer l’art du riff. Alors que l’Ecstasy est le choix des solistes, et que dans sa version 20th anniversary, on parlera plutôt de « total vintage ». Son blue channel et sa boucle d’effet sans compromis en font une arme de prédilection des plus fines lames à l’oreille aguerrie.
Il y n'a pas de bonnes vidéos sur le web montrant cet ampli dans de bonnes conditions et avec un son proche de la réalité. Je ne vous linke donc que cette vieillerie qui donne une bonne idée des tonalités des blue et red channels. Pour le green channel, comme je ne joue pas de Fender Strat, je n'ai pas ces sons-là en clean et donc je ne peux pas vous dire si c'est fidèle ou non. Cette vidéo souffre d'une mauvaise prod mais elle m'évite de vous décrire les changements de tonalité quand on permute les modes avec les innombrables switchs. Vous entendrez notamment le mode Plexi du blue channel que je n'utilise jamais :
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