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Steelcore
« Soldano SLO100 : la machine ultime des puristes »
Publié le 10/05/19 à 19:12
Rapport qualité/prix :
Correct
Cible :
Les utilisateurs avertis
Comme souvent au départ, il y a un Marshall. Dans ce cas précis, le type qui joue sur ce brave mulet britannique n'est pas satisfait du tout parce que le son qu'il cherche ne s'obtient qu'à très fort volume. Le type en question, Mike de son prénom, s'y connaît un peu en amplis à lampes, quand même. Lorsqu'il était petit, il a lu beaucoup de vieux bouquins sur le sujet. Des livres qu'il a récupérés avant que la bibliothèque où sa mère travaille ne les mette à la poubelle. Et comme il se fabrique tout ce dont il a besoin, il se lance dans l'aventure. Mais comment obtenir le high gain articulé à faible volume?
D'abord en travaillant sur un préampli aux canaux totalement séparés et avec un taux de compression contenu pour conserver le sustain à faible volume. Et surtout, ne pas sursaturer les lampes mais stacker les étages de saturation pour arriver à la somme, le high gain, alors que les autres fabricants de l'époque faisaient saturer la première lampe au maximum. Cette technique permet d'éviter le côté muddy de la distorsion et de conserver l'articulation du son. Le preamp est donc ici la machine à sons.
Ensuite, placer l’EQ après l’étage de gain. Alors qu’à l’époque Mesa Boogie, spécialiste du high gain, plaçait l’EQ avant le contrôle du gain.
Puis, concevoir l’étage de puissance comme un ampli haute-fidélité avec une réponse large. Voilà pourquoi on ne trouve pas d’EL34 dans l’étage de puissance de l'ampli du petit Mike, mais des 6L6 de qualité militaire : les 5881. Elles ne compressent pas et permettent des basses amples comme sur un Fender.
Enfin, comme toujours en amplification, mettre le paquet sur les transfos. Le petit Mike s’adresse alors à DeYoung Manufacturing pour fabriquer des transformateurs sur mesures répondant à un cahier des charges très serré. Ces transformateurs sont la raison pour laquelle les copies de cet ampli ne sonneront jamais pareil.
Voilà comment, au lieu de concrétiser son rêve de devenir une rockstar, le petit Mike a trouvé la recette magique qui a fait le succès du plus iconique de tous les amplis à lampes : le Soldano Super Lead Overdrive 100. Le SLO100, à ne surtout pas prononcer comme un acronyme (Slo) mais bien S.L.O. Un ampli en avance sur son temps.
On est au beau milieu des années 80 (Mike construit le prototype en 1986, le seul qu'il réalise cette année-là). Seul Randall Smith a véritablement compris la notion de high gain avec ses Mark I et Mark II. Mais Mike Soldano ne cherche pas le son Mesa Boogie. Il veut plus d’articulation. Son high gain à lui est bright’n’bite. Mike Soldano n’aime pas le son Boogie qu’il trouve trop lisse et ces amplis bourrés de switchs. Sa philosophie c’est plutôt : le minimum fait le maximum. Il opte pour un câblage point à point de composants ultra haut de gamme aux normes militaires assemblés dans un design minimaliste de puriste qui deviendra hybride à la commercialisation (il y a deux boards blancs de très haute qualité pour tenir le tout).
Si vous parlez espagnol (ou pas) et que vous voulez voir comment c'est bien fichu, allez donc regarder cette vidéo d'Alejandro Silva (un excellent shredder chilien qui joue dans le Alejandro Silva Power Cuarteto) qui détaille une célèbre polémique : Randall Smith aurait totalement copié le préamp du SLO pour designer son Rectifier, tandis que le Peavey 5150 et l'EVH sont juste des copies du SLO :
Pour le look, Mike Soldano reste dans l’univers des hotrods, des automobiles qui le passionnent. Évidemment ça aussi, il sait les fabriquer. A l’extérieur c’est donc ZZ Top, avec des couleurs flashy, le mauve principalement (le mien est en imitation peau de serpent), des grilles et des lampes rougeoyantes. Mais dans le châssis, la sobriété règne. Le SLO100 c’est propre et classe, la Rolls Royce de l’ampli à lampes.
Pour commercialiser un tel engin, c'est très mal barré. Mike Soldano est à Seattle alors que ses potentiels clients sont à Los Angeles. Alors il déménage et s'installe à Melrose. Côté finances, l'ampli coûtant une fortune à fabriquer, il doit s'endetter et pendant deux ans, de 1985 à 1987, c'est la galère. Mais dans l’entourage, ce bolide de compétition commence à faire parler de lui. Vient alors le coup de pub qui change tout.
Ce n’est pas un secret, Steve Lukather a tout essayé, absolument tout. Forcément, quand on lui propose de jouer un ampli qui surpasse les autres, la curiosité l’emporte. Et comme la réputation dudit ampli n’est pas usurpée, le Steve tombe sous le charme. Il fait un chèque, on est en 1987, pour acheter la numéro 4 ou 5 (Mike Soldano ne se souvient plus).
Voilà comment le SLO devient l’ampli à Toto. On peut l’entendre sur l’album "The Seventh One" (1988). Pour les plus jeunes d’entre vous qui n’ont pas connu les années 80, allez donc googeliser l’album "Toto IV" (1982) et vous comprendrez l’impact pour Mike Soldano. Steve Lukather c’est quand même le mec qui assure des rythmiques quand Michael Jackson enregistre en studio.
La suite ? Et bien tous les grands noms du rock et du blues des années 80 veulent un SLO. L’ampli se fait particulièrement remarquer dans la sphère du hard rock. Son côté mordant est ici très apprécié. Alors quand Eddie Van Halen s’en empare en février 1990 (il commande trois têtes non moddées mais au tolex custom, utilisées pour l'album F.U.C.K), c’est la folie. Mike Mars de Motley Crue, Richie Sambora de Bon Jovi et Matthias Jabs des Scorpions sautent le pas, entre autres. Pour les connaisseurs, Warren de Martini (Ratt) également. Mais ce n’est pas un effet de mode. Van Halen a demandé à Peavey de lui construire un Soldano pour le plus grand nombre. C’est comme ça qu’est née la tête 5150. Tandis que Randall Smith a répliqué en fabriquant la Dual Rectifier, mon ampli favori (vous trouverez ma review ici: https://fr.audiofanzine.com/tete-d-ampli-guitare-tout-lampe/mesa-boogie/dual-rectifier-2-channels/avis/r.125177.html).
A l’époque j’ai découvert le SLO avec Marc Knopfler de Dire Straits. Et on pouvait voir Eric Clapton jouer live avec deux têtes. Et Stevie Ray Vaughan qui s’y mettait aussi (juste avant sa disparition tragique). J’ai craqué quand j’ai vu mon maître George Lynch y passer avec son groupe Lynch Mob au début des années 90. Sans aucun doute, la grâce divine a touché cet ampli hors du commun. Et pour les gens normaux, ça fonctionne aussi ? Témoignage :
Pas besoin de sortir de Polytechnique pour savoir comment ça se conduit. Un gain pour le clean, un gain pour l’overdrive. Vient ensuite un EQ trois bandes qui est commun aux deux canaux. Pour faire la différence, le canal clean dispose d’un switch redoutable qui booste les mediums. Perso, je ne peux pas m’en passer si bien que je n’utilise jamais le switch permettant de passer le canal clean en canal crunch (je préfère le canal blue du Bogner Ecstasy pour ça, et j'explique ça ici : https://fr.audiofanzine.com/tete-d-ampli-guitare-tout-lampe/bogner/ecstasy-20th-anniversary/avis/r.180510.html ). Vient ensuite le volume pour le clean et le volume pour l’overdrive. On termine avec une présence, là encore un réglage commun aux deux canaux.
Une égalisation commune, c’est loin d’être parfait. Mais c’est le prix à payer pour une qualité optimale du son. Je préfère les amplis avec EQ et présence pour chaque canal. C’est d’ailleurs une des raisons pour laquelle le Dual Rectifier est mon ampli number one devant le SLO. Mais le SLO offre ce que le Rectifier n’a pas : un son lead agressif qui perce le mix et, à mon humble avis, le meilleur son clair au monde. Et pourtant, j’en ai des amplis à lampes. Après c’est une question de goût. Je tente une explication.
Sur un Mark II de chez Mesa, vous obtenez le « pristine clean », donc un son de piano. C’est très beau, synonyme de perfection pour beaucoup. On est dans l’univers Fender. On retrouve ça sur le canal 1 du Diezel VH4 par exemple. Et bien le SLO propose un son beaucoup plus dynamique et sexy. Sans le médiator, aux doigts, c’est absolument fabuleux. Au médiator, c’est une machine à distribuer les claques. C’est d’une puissance phénoménale avec une réponse de formule 1. Les possibilités de nuances sont démultipliées, offrant ainsi un terrain de jeu vaste comme jamais soupçonné auparavant. Ce son clair, que les anglophones appellent "spanky clean" ouvre de nouveaux horizons. Si vous cherchez quelque chose de plus vintage et rond, je conseille le Bogner Ecstasy monté en 6L6. Si vous cherchez un son clair qui ne passe pas inaperçu, alors il vous faut un Soldano.
Avant d’acquérir un SLO à prix exorbitant, je me suis contenté du préampli SP77 qui, lui aussi, dispose d’un switch bright. Et bien on obtient le même genre de son clair avec cette unité rackable (2U), avec cette fois un EQ par canal, qui à l’époque coutait dans les 5000 francs. Le problème c’est qu’avec le préamp, on n’a pas les transfos et les 5881 qui font une énorme différence. Donc pas le low end caractéristique de la 6L6. A l'époque on couplait ça à un ampli VHT ou Mesa Boogie. Mais on s'en tirait bien avec un Marshall 9200 équipé de 5881.
J'intercale à cette review commencée début 2019 une vidéo que le producteur Michael Nielsen vient de sortir (26 décembre 2020). C'est LA vidéo pour comparer le son de l'ampli avec son étage de puissance et les préamps Soldano. Et comme on peut le constater ici, le son high gain du SP77 version américaine dont je vous parle plus haut n'a pas le même low end que la tête qui bénéficie d'un étage de puissance optimisé. Il s'agit ici d'une tête SLO de 1989, donc une pièce de musée qui n'a pas de prix, une des premières et qui est moddée avec le potard de depth (réglage des basses au niveau de l'étage de puissance) ajouté (d'où l'absence de sérigraphie autour) et un mid scoop (cut) sur le canal 1 quand il est en mode crunch. Allez, je vous lance ça à la manière de "The Collection" par Gibson TV. "Attention, ce que vous vous apprêtez à voir va peut-être vous choquer" :
Sur le canal overdrive du SLO, Mike Soldano joue avec le gain sur 7. Certains le préfèrent plus soft, vers 4 où l'ampli crunch déjà beaucoup. Personnellement je trouve le sweet spot à 8,5. Sachant que vous pouvez aller jusqu'à 11. Oui vous avez bien lu, cet ampli fait un gros clin d’œil à Nigel, dans Spinal Tap. "It goes to eleven!" Mais pour de vrai cette fois. Le son reste toujours articulé. Ce qui fait de cet ampli une arme pour le tir chirurgical. Plus vous êtes bon, plus l'ampli vous le rendra, moins bien vous jouez, plus ça s'entendra. Il ne pardonne rien et n'offre pas d'endroit où se cacher. Jouez un SLO demande une grande confiance en soi, parce que vous êtes à poils! Débutants guitaristes s’abstenir. Les habitués du Plexi devraient apprécier. Si je poursuis la comparaison avec le monde de l'automobile, hotrod dehors, Rolls Royce dedans et côté son, le SLO c'est un dragster!
D'ailleurs, je n'irai pas dire qu'on joue en high gain à faible volume sur cet ampli. Non, clairement non. Avec le gain du préamp à 8,5 j'explose tout en étant à 1 sur le volume… Et ça va jusqu'à 11. Oui parce qu'ici le potard de gain du préamp joue sur le volume général. Donc je dirais qu'il faut être à 7 sur le préamp et à 2 sur le volume pour une distorsion au top. Mais ça sera déjà trop fort chez soi. Si vous cherchez le high gain, il faut monter à 4 ou 5 sur le volume et être à 9 sur le préamp. Du coup, un atténuateur de puissance devient indispensable en club ou chez vous. J'utilise le Rivera Rockcrusher Recording.
Attention, tout est relatif. Mike Soldano a réussi son pari d'obtenir le son d'un vieux Marshall poussé à fond, mais cette fois à un volume acceptable. Ceci ne veut pas dire qu'un SLO ne fait pas de boucan. C'est fort, mais supportable en comparaison avec ses glorieux ancêtres qui faisaient saigner les tympans en rivalisant avec des avions à réaction !
D'habitude je ne linke pas de vidéos YouTube parce que, dans la majorité des cas, le son n'est pas exactement celui de l'ampli en situation réelle. Et bien pour le SLO, j'ai trouvé une vidéo qui sonne comme chez moi. Sûrement parce que Reza utilise ici la même guitare que moi sur ce genre d'ampli : ESP Horizon custom shop corps acajou / manche érable, montée en Seymour Duncan, un sH1H et un TB14 pour ma part. Si je joue high gain ça donne exactement ça (allez à 2 minutes 50). Je n'ai pas le même son clair (à 5 minutes 40) parce que je change les réglages de l'EQ, ce qui n'est pas le cas sur cette vidéo :
Et pour bien comprendre comment le son Soldano se démarque, voici un joli comparatif avec deux autres têtes que je joue également. Attention, ici le Bogner Ecstasy est un 101B donc monté en EL34. J'utilise le 101A monté en 6L6 qui sonne plus ricain et qui se rapproche de Matchless ou de Boogie. Quant au Friedman BE100, c'est ce qu'il vous faut si vous cherchez le son des deux premiers albums de Van Halen ou le côté nerveux d'AC/DC. Il s'agit d'une réplique de Marshall Super Lead de 1968 (donc le meilleur Marshall jamais construit) mais sous stéroïdes. Bogner comme Friedman sont des super Marshall alors que le Soldano SLO est un pionnier du high gain. Ce qu'on entend pas ici, c'est que lorsque je pousse mon Friedman ou mon Bogner en territoire high gain, ça souffle au taquet. Il faut impérativement un noisegate. Ils ne sont pas fait pour ça. Alors que le Soldano, lui, encaisse sans broncher. Il a ouvert la voie au Mesa Boogie Dual Rectifier et au Peavey 5150 et ça s'entend ici :
Pour finir sur le son, un dernier mot sur, à mon avis, le gros point fort de cet ampli : l'EQ qui est à tomber. On retrouve ça avec l'EQ du Dual Rectifier 2 canaux des années 90. Aujourd'hui les EQ ne sont plus comme ça et je le regrette. Je déteste l'EQ du Mesa MkIIC+ JP-2C, par exemple, ce n'est pas naturel. Alors qu'avec un SLO on a une réserve de basses gargantuesque et les potards sont très progressifs. J'adore cette efficacité couplée à une grande musicalité. Cet EQ est plaisant et il permet de corriger, pour ma part, le côté mordant pour me diriger vers des sons plus gras. Plus Rectifier 2 canaux. Le potard de présence est aussi très progressif. En son clair il mérite d'être poussé à 13/14h. En saturation plutôt à 11h mais on peut en abuser contrairement à la présence d'une tête Rectifier totalement "insane". Je ne vais pas au delà de 10h avec le Recto sous peine de perdre ce son qui le caractérise.
Et pour le cab avec un SLO, je privilégie un Bogner 412 monté en V30. Les baffles Bogner ont un côté très chaleureux qui vient adoucir la hargne du SLO. Mon vieux Engl Richie Blackmore qui va si bien aux Rectifiers sonne trop analytique ici. Pourquoi pas de baffle Soldano me direz-vous? Et bien parce que la marque, de type "boutique amps", n'a jamais pu se payer des stocks chez Celestion. Et les baffles montés en Eminence, marque américaine, bah c'est pas du tout mon truc.
Enfin en face arrière on retrouve ce minimalisme. Un sélecteur d'impédance pour les deux sorties HP : 4, 8 ou 16 ohms. Les prise jack mono send et return de la boucle en série, et la prise pour le footswitch. Une line out avec un potard de niveau de sortie. Et puis basta.
Certaines têtes SLO100 ont été modifiées par l'atelier Soldano à la demande des utilisateurs. On peut donc trouver des boucles avec un potard de send ou un potard de mix si elles ont été passées en parallèle. Et ils ont dû racker un max ces heureux propriétaires. Parce que si vous devez envoyer un ampli aux USA, au retour, vous allez encore payer la TVA et les droits de douane sur un ampli déjà coûteux. J'aurais adoré faire passer la boucle en parallèle mais payer la TVA deux fois, ça fait trop mal au c...
Côté tarifs, ah ben parlons-en, c’est de pire en pire. On tape ici dans le quasi inabordable. Mike Soldano a toujours mis un point d’honneur quant au contrôle qualité de ses produits. Je l’ai entendu à de multiples reprises dire que le SLO n’a pas été conçu pour être fabriqué en grand nombre, contrairement au 5150 et au Rectifier. Conséquence de ce mode de production et de la qualité des matériaux employés : l’ampli était grosso modo vendu entre 4500 et 5000 euros. Je dis bien 'était' parce que tout a changé fin 2018.
Mike Soldano a annoncé qu’il prenait une semi-retraite. Disons qu’il arrête la production et qu’il se concentre sur le design. Il a confié la fabrication du nouveau SLO100 à http://www.boutiqueampsdistribution.com/ Une société qui s’occupe déjà de Friedman et de Bogner. Les futurs SLO seront fabriqués en Californie, et non plus à Seattle. Le changement de localisation de la production n’est pas un drame puisque Mike Soldano s’est, pendant un temps, installé à Los Angeles où il a fabriqué des SLO jusqu’à ce qu’un tremblement de terre ruine son stock de lampes et le décide à revenir à Seattle.
La véritable question viendra du contrôle qualité. On sait juste pour l’instant que des baffles équipés en Celestion sont prévus et surtout que la boucle d’effets sera retravaillée. Pourquoi ? Ah ben messieurs dames, c’est qu’elle est intolérante à beaucoup d’effets cette saleté ! Un comble pour un ampli qui se veut au sommet. Mike Soldano ne s’en est jamais caché : il n’a pas modifié le design du SLO entre 1987 et 2018. Du coup la boucle, qui a été conçue pour les effets en rack des années 80, passe très mal avec les pédales. Quand on est en son clair, aucun problème, mais quand on engage l’overdrive, soit l’effet ne s’entend pas, soit il bouffe le son du SLO. Heureusement, j’ai trouvé quelques exceptions.
Parmi les delays analogiques qui ne passent pas, on tombe sur des standards comme l’Electro Harmonix Deluxe Memory Man et le Boss Dm-2 Waza Craft. Même mes chouchous que sont le JHS PantherCub et le Way Huge Echo Puss (delay préféré de Joe Barresi qui a mixé Tool et Soundgarden) sont recalés. Avec les Way Huge, c’est pire que tout : j’ai essayé aussi le Supa Puss, rien à faire le son est violement mis en sourdine. Pourtant ces pédales sont hyper tolérantes, elles passent avec tout ce que je joue… sauf le SLO.
J’ai trouvé une alternative au Boss Dm-2 avec le Recoil de chez Mojohand FX. C'est le meilleur delay pour le SLO100 et de loin. Après, j'ai eu d'agréables surprises : le DOD Rubberneck s’entend très bien avec le SLO alors qu’il fonctionne mal avec le Rectifier. Encore plus surprenant, le Chase Bliss Tonal Recall, qui passe très mal avec les distos de mes autres amplis, s’accommode très bien du SLO. Enfin reste une valeur sûre : le Seymour Duncan Vapor Trail qui passe sans casser, mais dont le rendu est moins bon que dans un Rectifier par exemple.
Mais pas de panique. Pas besoin de faire modifier l'ampli si on dispose d'un line mixer pour passer la boucle en parallèle. J'utilise un PL1 de chez Steen Skrydstrup. C'est cher, c'est du custom shop avec votre nom dessus, mais ça ne casse pas le grain de l'ampli, contrairement à des line mixers deux fois moins cher mais que je ne citerai pas ici. Pas besoin, parce que seul le Skrydstrup PL1 est à la hauteur du Soldano SLO100. C'est par ici : https://skrydstrup.com/audio-tools/loop-boxes/ Et bien vous savez quoi? Grâce à cette boi-boite magique je peux jouer mon Boss Dm-2 adoré dans la boucle du SLO. Youpi. Merci Steen!
En attendant une nouvelle boucle d’effets, et tant que le son de la nouvelle version du SLO n’est pas connu, les guitaristes qui voudraient s’offrir un SLO neuf vont devoir faire péter la banque. A l’heure où j’écris ces lignes, il ne reste en vente que les quelques derniers modèles fabriqués à Seattle puisque la production est stoppée. Ils sont les derniers à être passés dans l’atelier du petit Mike. Leur prix grandit de jour en jour. 6600 euros pour une version standard début 2019. Et si vous tombez sur une version modifiée ça donne encore plus le tournis. Une tête moddée façon SRV est actuellement en vente en Allemagne à 7000 euros. Et cette spéculation se répercute sur les amplis d’occasion. On les trouve désormais à des prix délirants. Si vous tombez sur un SLO en dessous de 5000 euros, c’est dur à dire, mais c'est une affaire.
PS Nous sommes le 24 novembre 2020, j'ajoute cette info destinée aux collectionneurs et fans de Bon Jovi : la tête Soldano SLO100 boa skin construite pour Richie Sambora en 1990 est actuellement en vente aux USA à 9995 dollars, soit grosso modo 8500 euros hors taxes et sans frais de port. Certificat de Mike Soldano dans la boite, bien entendu. Cette tête est dépourvue de sortie slave.
Review suite, ajoutée le 1er août 2020 :
J'en sais maintenant bien plus sur la nouvelle version du Soldano SLO 100 sortie en 2019. Mike Soldano et Peter Arends, directeur technique de Boutique Amps Distribution qui assure maintenant la fabrication, jurent qu'il s'agit du même ampli. Mouais, bon ça c'est le discours officiel pour continuer de vendre une tête quasi parfaite. Ils ne veulent pas parler de SLO MkII. Ils conservent le nom de l'ampli pour insister sur la continuité d'un produit approuvé depuis des décennies. On peut juste lire à l'intérieur du châssis des têtes produites en 2019 : Soldano SLO-100 RevD. Donc il s'agit de la révision D du SLO 100, et non pas d'une version 2 ou d'un Mark II. Identique alors? Pas tant que ça. Sur le papier voilà les modifications apportées et pour lesquelles j'ai eu confirmation :
1 - L'alimentation de l'étage de préampli se fait désormais au moyen de courant direct et non plus de courant alternatif. Mike Soldano explique que les lampes du XXe siècle étaient de bien meilleure qualité que les lampes actuelles, et que passer d'une alimentation AC à une alimentation DC permet au SLO d'être bien plus tolérant avec des lampes de piètre qualité. Pour être précis, Mike devait jusqu'ici passer des heures à sélectionner les lampes 12AX7 les moins noizy pour le premier étage de saturation. Désormais, cette sélection est inutile puisqu'on n'entendra pas le bruit de fond d'une lampe tout juste correcte. Donc, c'est une amélioration, mais c'est aussi un aveu : avant, c'était mieux !
2- C'est la modification la plus importante : Peter Arends explique que DeYoung ne fabrique plus les transformateurs du SLO original. Boutique Amps Distribution a donc fait des recherches pour fabriquer des transfos les plus proches possible. Je reste dubitatif. Ce n'est pas la faute de Boutique Amps ou de Mike Soldano, c'est la faute à la mondialisation. Mais j'ai déjà connu un changement de transfos sur le Mesa Boogie Dual Rectifier, et ce changement a eu un impact majeur sur le son de cette tête. Donc, tant que je n'aurai pas testé (mais ça va venir!!!) le SLO 100 RevD, je ne me prononcerai certainement pas sur ce qui peut s'avérer être un succès... ou une catastrophe.
3 - La boucle d'effet a enfin été améliorée. Pas besoin de tester l'ampli, vous avez lu ce que j'ai écrit plus haut : pas difficile de faire mieux! Et il était temps. Ici, Dave Friedman, lui aussi chez Boutique Amps, est venu conseiller Mike Soldano. Je serais prêt à parier que la boucle du nouveau SLO fonctionne comme celle du Friedman BE100. D'abord parce qu'elle est bufferisée comme la boucle Friedman. Je me base aussi sur ce que Mike Soldano dit dans plusieurs vidéos : le send peut servir d'extra master volume. Voilà, ça c'est très utile. Il s'avère que je joue le Friedman BE100 et que je peux vous assurer que sa boucle enclenchée, même sans effet, peut faire office d’atténuateur de puissance sans toucher à la dynamique du son, ni au grain. Si la boucle du SLO-100 RevD fonctionne bien comme ça, c'est un très bon point pour un ampli qui, jusque ici, ne pouvait être joué qu'à très fort volume. Alors que l'original était un véritable sauvage, le nouveau a visiblement été dompté. Techniquement la boucle est placée après le master volume et elle a été rendue compatible avec les pédales vintage. Elle peut désormais être totalement bypassée. Du coup, le réglage de volume peut aussi servir de solo boost simplement en enclenchant la boucle au pied.
4 - Un switch supplémentaire fait son apparition en face avant. Il permet de passer d'overdrive à normal. Donc de changer de canal sans utiliser le footswitch. A priori, c'était une demande des utilisateurs habitués des studios. On trouve toujours cette fonction au pied sur le nouveau footswitch qui se voit adjoindre un deuxième switch pour engager ou désactiver la boucle d'effets. Personnellement j'aurais préféré une entrée pour un switch relais permettant d'engager le bright ou de le bypasser au pied ou par le biais d'un RJM Amp Gizmo par exemple. Le canal clean du SLO est une excellente plateforme à pédales. Un Klon Centaur fait des merveilles sur cet ampli qui est prisé par les fondus de stoner et de doom qui l'utilisent avec des superfuzz. Essayer la Black Arts Toneworks Pharaoh Supreme avec un Soldano, c'est juste titanesque. Mais ça ne va pas du tout quand le bright est engagé. Donc quand votre pédalier midi commande à votre switcher looper d'engager la boucle dans laquelle le Klon est connecté, ce serait bien que le pédalier puisse aussi, en même temps, désactiver le bright. Et bah non, c'est toujours pas possible. En studio ce n'est pas un problème, en live si. Et permettre le on/off du bright au pied, c'est comme donner un troisième canal à cet ampli. Vraiment dommage.
5 - Un potentiomètre de depth apparaît lui aussi en face avant. Tant que je n'ai pas testé l'ampli je ne me prononcerai pas ici. D'autant que les vidéos de test que j'ai pu voir jusqu'ici me donnent l'impression que l'EQ a été changé. Ce potar de depth existe depuis longtemps sur des versions modifiées. Donc sur le papier je l'accueille à bras ouverts. C'est juste que les (mauvaises?) vidéos vues sur YouTube me donnent un a priori négatif. A vérifier donc.
6 - Concernant le volet cosmétique, la headshell (coquille en bois donc) a perdu ses cornières de protection. Le site web de la marque vient d'être totalement refait : on y trouve la série classic en finition standard noire, et la série custom avec le choix des couleurs de tolex. Et heureusement, le mauve et le snake skin sont toujours au catalogue. Et sur la version snake skin (anciennement appelée boa skin), les cornières chromées sont bien là.
7 - Le prix a été revu à la baisse. On trouve, en 2020 en Europe, le SLO RevD standard autour des 4200 euros. Les versions custom seront disponibles dans quelques mois (fin 2020 ? début 2021 ?). La snake skin est affichée à plus de 4500 euros. Ce qui place cette tête, côté budget, au niveau des têtes Friedman et Mesa Boogie. La rationalisation de la production chez Boutique Amps y est pour quelque chose. Donc c'est un bon point. Mais cette baisse est aussi liée aux changements cités plus haut. Je croise les doigts et je me dis que "Non quand même, ils n'ont pas osé rogner sur le prix en sélectionnant des composants de moins bonne qualité ?!" Là encore, je vous en reparlerai dès que j'aurai mis la main sur cette tête SLO-100 RevD.
8 - Boutique Amps Distribution propose désormais les baffles Soldano customs montés en Celestion. Au choix : Vintage 30, Greenback, Creamback, G12 Heritage 30 et G12K100. Je ne peux qu'applaudir. En version noire classique à près de 1300 euros le 4x12, ils sont montés en Vintage 30 qui est le meilleur choix pour cette tête. Donc encore bravo. Le 4x12 custom est à plus de 1600 euros, ce qui le place en concurrence avec les baffles Mesa Boogie qui restent les plus coûteux.
Je dispose d'un de ces nouveaux cabs, un custom shop à pant incliné (slant) en finition snake skin avec cornières chromées. Il est monté avec quatre Celestion Vintage 30. Ce cab, qui côute plus de 1600 euros, est plus petit que la moyenne avec seulement 71 cm (hauteur et largeur) quand la norme est à 75/76 cm (Marshall, Engl, Friedman, Bogner, Mesa Boogie, etc...). Ce qui ne veut pas dire qu'il est léger...
Surtout, avec ma tête SLO originale, il booste les mediums. C'est un avantage pour le son clair de type spanky et pour encore plus percer le mix en solo. C'est, en revanche, pénalisant pour les grosses rythmiques joufflues. Soldano étant prisé dans le monde du stoner, là, il vous faudrait plutôt un 4x12 Orange à 1000 euros ou un Matamp mieux réalisé mais un peu plus cher. Je reste donc sur mon premier choix : le meilleur cab en V30 pour le SLO est le Bogner 412 à 1300 euros qui permet de tout jouer avec cet ampli.
Si vous voulez vraiment ce nouveau cab Soldano, peut-être qu'une version montée en Celestion Heritage serait plus adaptée pour un son conventionnel (Van Halen, Hendrix, etc). Ces HP sonnent plus sombre que les V30. Par contre, compte tenu du côté hargneux de ce cab, je ne me risquerais pas à le commander monté en Celestion Greenback. Pour ces HP typés AC/DC, mieux vaut un cab Friedman.
9 - Ce ne sont plus les mêmes techniciens qui fabriquent le SLO. Ah, ça explique peut-être le prix "contenu"? Du coup j'aimerais bien connaître les qualifications des techniciens en charge du bestiau. Et surtout j'aimerais savoir si le contrôle qualité est le même qu'à l'atelier de Seattle. Bon, la garantie est toujours annoncée lifetime. Mais je ne sais pas si elle se transmet toujours de vendeur à acheteur quand l'ampli passe sur le marché de l'occasion.
Voilà pour les news. A très bientôt pour la suite de la suite quand j'aurai mis la main sur ce Mark II. Oui, j'assume, avec un changement de transfos, ce n'est plus le même, c'est un SLO V2, faut arrêter de nous prendre pour des imbéciles.
Et je vous laisse avec la seule bonne vidéo du SLO MkII que j'ai pu trouver sur cet ampli en ce début août 2020. Attention, il s'agit d'un test sans baffle mais avec une loadbox. Donc je sais que l'ampli ne sonnera pas comme ça chez moi. Et le son clair n’est pas du tout exploité ici. Le bright n'est enclenché qu'à 8:15 min et jusqu'à 8:59 sans jouer aux doigts (c'est en mode Mark Knopfler qu'il fallait jouer ici), puis à 14:27 min. Tout ce qui a été joué avant 14:27 minutes sonne classique et ne montre pas ce pourquoi le SLO se démarque. C'est tout le problème avec les youtubers à qui la marque ou l'importateur prêtent des amplis pour un temps trop court. Ils passent à côté de l'essentiel. Ici on peut tout de même avoir un élément de comparaison pour le son high gain à 24:45 min. Et à partir de 28:15, avec la LesPaul en drop C, là je reconnais un peu mon SLO original. C'est encourageant. Petite précision concernant cette vidéo : j'ai posté un commentaire plus nuancé en comparant avec l'ancien modèle. Mon commentaire, qui n'est autre qu'une comparaison avec le son du SLO original, a été censuré. Bah oui, l'ampli est prêté, donc il ne faut en dire que du bien. On a compris, il ne faut surtout pas que des types comme moi parlent de l'ancien SLO. Il faut que tout le monde gobe que le nouveau, c'est le même que l'ancien qu'il faut absolument ranger aux oubliettes.
Septembre 2021 : crise sanitaire du covid oblige, les délais sont maintenant interminables. Pas de date donnée pour une commande. Tandis que le magazine japonais Young Guitar vient de poster une vidéo sur les amplis de George Lynch. A 4:46, il parle de son SLO100 utilisé sur l'album "Wicked Sensation" au début des années 90. Une de mes références. Et il lance la phrase qui nous intéresse ici : "Some of these old Soldanos are just magic. And they don't make anymore of them." Ce qui vient confirmer mes doutes, malheureusement.
Nous sommes le 24 octobre 2024 et voilà que Mike sort une vidéo avec mon héro : Bob Bradshaw. Forcément ça parle de racks. Celui que je n'ai jamais pu acheter parce que Mike en a produit trop peu. Et là même si c'est un SLO100 MkII, même si ce nouveau mauve est un peu trop sombre par rapport au mauve pétant de la grande époque, et bien j'ai envie de faire péter la banque. Parce que le rack en alu mauve anodisé, ça me file trop la banane. Seulement voilà : pas de volume de send sur la boucle, pas de potard de depth, mais juste un switch 3 positions. Et puis le switch de power me perturbe : au milieu c'est off, en bas en standbye et en haut c'est on.... vraiment bizarre de passer par le OFF pour aller du Standbye au ON.
D'abord en travaillant sur un préampli aux canaux totalement séparés et avec un taux de compression contenu pour conserver le sustain à faible volume. Et surtout, ne pas sursaturer les lampes mais stacker les étages de saturation pour arriver à la somme, le high gain, alors que les autres fabricants de l'époque faisaient saturer la première lampe au maximum. Cette technique permet d'éviter le côté muddy de la distorsion et de conserver l'articulation du son. Le preamp est donc ici la machine à sons.
Ensuite, placer l’EQ après l’étage de gain. Alors qu’à l’époque Mesa Boogie, spécialiste du high gain, plaçait l’EQ avant le contrôle du gain.
Puis, concevoir l’étage de puissance comme un ampli haute-fidélité avec une réponse large. Voilà pourquoi on ne trouve pas d’EL34 dans l’étage de puissance de l'ampli du petit Mike, mais des 6L6 de qualité militaire : les 5881. Elles ne compressent pas et permettent des basses amples comme sur un Fender.
Enfin, comme toujours en amplification, mettre le paquet sur les transfos. Le petit Mike s’adresse alors à DeYoung Manufacturing pour fabriquer des transformateurs sur mesures répondant à un cahier des charges très serré. Ces transformateurs sont la raison pour laquelle les copies de cet ampli ne sonneront jamais pareil.
Voilà comment, au lieu de concrétiser son rêve de devenir une rockstar, le petit Mike a trouvé la recette magique qui a fait le succès du plus iconique de tous les amplis à lampes : le Soldano Super Lead Overdrive 100. Le SLO100, à ne surtout pas prononcer comme un acronyme (Slo) mais bien S.L.O. Un ampli en avance sur son temps.
On est au beau milieu des années 80 (Mike construit le prototype en 1986, le seul qu'il réalise cette année-là). Seul Randall Smith a véritablement compris la notion de high gain avec ses Mark I et Mark II. Mais Mike Soldano ne cherche pas le son Mesa Boogie. Il veut plus d’articulation. Son high gain à lui est bright’n’bite. Mike Soldano n’aime pas le son Boogie qu’il trouve trop lisse et ces amplis bourrés de switchs. Sa philosophie c’est plutôt : le minimum fait le maximum. Il opte pour un câblage point à point de composants ultra haut de gamme aux normes militaires assemblés dans un design minimaliste de puriste qui deviendra hybride à la commercialisation (il y a deux boards blancs de très haute qualité pour tenir le tout).
Si vous parlez espagnol (ou pas) et que vous voulez voir comment c'est bien fichu, allez donc regarder cette vidéo d'Alejandro Silva (un excellent shredder chilien qui joue dans le Alejandro Silva Power Cuarteto) qui détaille une célèbre polémique : Randall Smith aurait totalement copié le préamp du SLO pour designer son Rectifier, tandis que le Peavey 5150 et l'EVH sont juste des copies du SLO :
Pour le look, Mike Soldano reste dans l’univers des hotrods, des automobiles qui le passionnent. Évidemment ça aussi, il sait les fabriquer. A l’extérieur c’est donc ZZ Top, avec des couleurs flashy, le mauve principalement (le mien est en imitation peau de serpent), des grilles et des lampes rougeoyantes. Mais dans le châssis, la sobriété règne. Le SLO100 c’est propre et classe, la Rolls Royce de l’ampli à lampes.
Pour commercialiser un tel engin, c'est très mal barré. Mike Soldano est à Seattle alors que ses potentiels clients sont à Los Angeles. Alors il déménage et s'installe à Melrose. Côté finances, l'ampli coûtant une fortune à fabriquer, il doit s'endetter et pendant deux ans, de 1985 à 1987, c'est la galère. Mais dans l’entourage, ce bolide de compétition commence à faire parler de lui. Vient alors le coup de pub qui change tout.
Ce n’est pas un secret, Steve Lukather a tout essayé, absolument tout. Forcément, quand on lui propose de jouer un ampli qui surpasse les autres, la curiosité l’emporte. Et comme la réputation dudit ampli n’est pas usurpée, le Steve tombe sous le charme. Il fait un chèque, on est en 1987, pour acheter la numéro 4 ou 5 (Mike Soldano ne se souvient plus).
Voilà comment le SLO devient l’ampli à Toto. On peut l’entendre sur l’album "The Seventh One" (1988). Pour les plus jeunes d’entre vous qui n’ont pas connu les années 80, allez donc googeliser l’album "Toto IV" (1982) et vous comprendrez l’impact pour Mike Soldano. Steve Lukather c’est quand même le mec qui assure des rythmiques quand Michael Jackson enregistre en studio.
La suite ? Et bien tous les grands noms du rock et du blues des années 80 veulent un SLO. L’ampli se fait particulièrement remarquer dans la sphère du hard rock. Son côté mordant est ici très apprécié. Alors quand Eddie Van Halen s’en empare en février 1990 (il commande trois têtes non moddées mais au tolex custom, utilisées pour l'album F.U.C.K), c’est la folie. Mike Mars de Motley Crue, Richie Sambora de Bon Jovi et Matthias Jabs des Scorpions sautent le pas, entre autres. Pour les connaisseurs, Warren de Martini (Ratt) également. Mais ce n’est pas un effet de mode. Van Halen a demandé à Peavey de lui construire un Soldano pour le plus grand nombre. C’est comme ça qu’est née la tête 5150. Tandis que Randall Smith a répliqué en fabriquant la Dual Rectifier, mon ampli favori (vous trouverez ma review ici: https://fr.audiofanzine.com/tete-d-ampli-guitare-tout-lampe/mesa-boogie/dual-rectifier-2-channels/avis/r.125177.html).
A l’époque j’ai découvert le SLO avec Marc Knopfler de Dire Straits. Et on pouvait voir Eric Clapton jouer live avec deux têtes. Et Stevie Ray Vaughan qui s’y mettait aussi (juste avant sa disparition tragique). J’ai craqué quand j’ai vu mon maître George Lynch y passer avec son groupe Lynch Mob au début des années 90. Sans aucun doute, la grâce divine a touché cet ampli hors du commun. Et pour les gens normaux, ça fonctionne aussi ? Témoignage :
Pas besoin de sortir de Polytechnique pour savoir comment ça se conduit. Un gain pour le clean, un gain pour l’overdrive. Vient ensuite un EQ trois bandes qui est commun aux deux canaux. Pour faire la différence, le canal clean dispose d’un switch redoutable qui booste les mediums. Perso, je ne peux pas m’en passer si bien que je n’utilise jamais le switch permettant de passer le canal clean en canal crunch (je préfère le canal blue du Bogner Ecstasy pour ça, et j'explique ça ici : https://fr.audiofanzine.com/tete-d-ampli-guitare-tout-lampe/bogner/ecstasy-20th-anniversary/avis/r.180510.html ). Vient ensuite le volume pour le clean et le volume pour l’overdrive. On termine avec une présence, là encore un réglage commun aux deux canaux.
Une égalisation commune, c’est loin d’être parfait. Mais c’est le prix à payer pour une qualité optimale du son. Je préfère les amplis avec EQ et présence pour chaque canal. C’est d’ailleurs une des raisons pour laquelle le Dual Rectifier est mon ampli number one devant le SLO. Mais le SLO offre ce que le Rectifier n’a pas : un son lead agressif qui perce le mix et, à mon humble avis, le meilleur son clair au monde. Et pourtant, j’en ai des amplis à lampes. Après c’est une question de goût. Je tente une explication.
Sur un Mark II de chez Mesa, vous obtenez le « pristine clean », donc un son de piano. C’est très beau, synonyme de perfection pour beaucoup. On est dans l’univers Fender. On retrouve ça sur le canal 1 du Diezel VH4 par exemple. Et bien le SLO propose un son beaucoup plus dynamique et sexy. Sans le médiator, aux doigts, c’est absolument fabuleux. Au médiator, c’est une machine à distribuer les claques. C’est d’une puissance phénoménale avec une réponse de formule 1. Les possibilités de nuances sont démultipliées, offrant ainsi un terrain de jeu vaste comme jamais soupçonné auparavant. Ce son clair, que les anglophones appellent "spanky clean" ouvre de nouveaux horizons. Si vous cherchez quelque chose de plus vintage et rond, je conseille le Bogner Ecstasy monté en 6L6. Si vous cherchez un son clair qui ne passe pas inaperçu, alors il vous faut un Soldano.
Avant d’acquérir un SLO à prix exorbitant, je me suis contenté du préampli SP77 qui, lui aussi, dispose d’un switch bright. Et bien on obtient le même genre de son clair avec cette unité rackable (2U), avec cette fois un EQ par canal, qui à l’époque coutait dans les 5000 francs. Le problème c’est qu’avec le préamp, on n’a pas les transfos et les 5881 qui font une énorme différence. Donc pas le low end caractéristique de la 6L6. A l'époque on couplait ça à un ampli VHT ou Mesa Boogie. Mais on s'en tirait bien avec un Marshall 9200 équipé de 5881.
J'intercale à cette review commencée début 2019 une vidéo que le producteur Michael Nielsen vient de sortir (26 décembre 2020). C'est LA vidéo pour comparer le son de l'ampli avec son étage de puissance et les préamps Soldano. Et comme on peut le constater ici, le son high gain du SP77 version américaine dont je vous parle plus haut n'a pas le même low end que la tête qui bénéficie d'un étage de puissance optimisé. Il s'agit ici d'une tête SLO de 1989, donc une pièce de musée qui n'a pas de prix, une des premières et qui est moddée avec le potard de depth (réglage des basses au niveau de l'étage de puissance) ajouté (d'où l'absence de sérigraphie autour) et un mid scoop (cut) sur le canal 1 quand il est en mode crunch. Allez, je vous lance ça à la manière de "The Collection" par Gibson TV. "Attention, ce que vous vous apprêtez à voir va peut-être vous choquer" :
Sur le canal overdrive du SLO, Mike Soldano joue avec le gain sur 7. Certains le préfèrent plus soft, vers 4 où l'ampli crunch déjà beaucoup. Personnellement je trouve le sweet spot à 8,5. Sachant que vous pouvez aller jusqu'à 11. Oui vous avez bien lu, cet ampli fait un gros clin d’œil à Nigel, dans Spinal Tap. "It goes to eleven!" Mais pour de vrai cette fois. Le son reste toujours articulé. Ce qui fait de cet ampli une arme pour le tir chirurgical. Plus vous êtes bon, plus l'ampli vous le rendra, moins bien vous jouez, plus ça s'entendra. Il ne pardonne rien et n'offre pas d'endroit où se cacher. Jouez un SLO demande une grande confiance en soi, parce que vous êtes à poils! Débutants guitaristes s’abstenir. Les habitués du Plexi devraient apprécier. Si je poursuis la comparaison avec le monde de l'automobile, hotrod dehors, Rolls Royce dedans et côté son, le SLO c'est un dragster!
D'ailleurs, je n'irai pas dire qu'on joue en high gain à faible volume sur cet ampli. Non, clairement non. Avec le gain du préamp à 8,5 j'explose tout en étant à 1 sur le volume… Et ça va jusqu'à 11. Oui parce qu'ici le potard de gain du préamp joue sur le volume général. Donc je dirais qu'il faut être à 7 sur le préamp et à 2 sur le volume pour une distorsion au top. Mais ça sera déjà trop fort chez soi. Si vous cherchez le high gain, il faut monter à 4 ou 5 sur le volume et être à 9 sur le préamp. Du coup, un atténuateur de puissance devient indispensable en club ou chez vous. J'utilise le Rivera Rockcrusher Recording.
Attention, tout est relatif. Mike Soldano a réussi son pari d'obtenir le son d'un vieux Marshall poussé à fond, mais cette fois à un volume acceptable. Ceci ne veut pas dire qu'un SLO ne fait pas de boucan. C'est fort, mais supportable en comparaison avec ses glorieux ancêtres qui faisaient saigner les tympans en rivalisant avec des avions à réaction !
D'habitude je ne linke pas de vidéos YouTube parce que, dans la majorité des cas, le son n'est pas exactement celui de l'ampli en situation réelle. Et bien pour le SLO, j'ai trouvé une vidéo qui sonne comme chez moi. Sûrement parce que Reza utilise ici la même guitare que moi sur ce genre d'ampli : ESP Horizon custom shop corps acajou / manche érable, montée en Seymour Duncan, un sH1H et un TB14 pour ma part. Si je joue high gain ça donne exactement ça (allez à 2 minutes 50). Je n'ai pas le même son clair (à 5 minutes 40) parce que je change les réglages de l'EQ, ce qui n'est pas le cas sur cette vidéo :
Et pour bien comprendre comment le son Soldano se démarque, voici un joli comparatif avec deux autres têtes que je joue également. Attention, ici le Bogner Ecstasy est un 101B donc monté en EL34. J'utilise le 101A monté en 6L6 qui sonne plus ricain et qui se rapproche de Matchless ou de Boogie. Quant au Friedman BE100, c'est ce qu'il vous faut si vous cherchez le son des deux premiers albums de Van Halen ou le côté nerveux d'AC/DC. Il s'agit d'une réplique de Marshall Super Lead de 1968 (donc le meilleur Marshall jamais construit) mais sous stéroïdes. Bogner comme Friedman sont des super Marshall alors que le Soldano SLO est un pionnier du high gain. Ce qu'on entend pas ici, c'est que lorsque je pousse mon Friedman ou mon Bogner en territoire high gain, ça souffle au taquet. Il faut impérativement un noisegate. Ils ne sont pas fait pour ça. Alors que le Soldano, lui, encaisse sans broncher. Il a ouvert la voie au Mesa Boogie Dual Rectifier et au Peavey 5150 et ça s'entend ici :
Pour finir sur le son, un dernier mot sur, à mon avis, le gros point fort de cet ampli : l'EQ qui est à tomber. On retrouve ça avec l'EQ du Dual Rectifier 2 canaux des années 90. Aujourd'hui les EQ ne sont plus comme ça et je le regrette. Je déteste l'EQ du Mesa MkIIC+ JP-2C, par exemple, ce n'est pas naturel. Alors qu'avec un SLO on a une réserve de basses gargantuesque et les potards sont très progressifs. J'adore cette efficacité couplée à une grande musicalité. Cet EQ est plaisant et il permet de corriger, pour ma part, le côté mordant pour me diriger vers des sons plus gras. Plus Rectifier 2 canaux. Le potard de présence est aussi très progressif. En son clair il mérite d'être poussé à 13/14h. En saturation plutôt à 11h mais on peut en abuser contrairement à la présence d'une tête Rectifier totalement "insane". Je ne vais pas au delà de 10h avec le Recto sous peine de perdre ce son qui le caractérise.
Et pour le cab avec un SLO, je privilégie un Bogner 412 monté en V30. Les baffles Bogner ont un côté très chaleureux qui vient adoucir la hargne du SLO. Mon vieux Engl Richie Blackmore qui va si bien aux Rectifiers sonne trop analytique ici. Pourquoi pas de baffle Soldano me direz-vous? Et bien parce que la marque, de type "boutique amps", n'a jamais pu se payer des stocks chez Celestion. Et les baffles montés en Eminence, marque américaine, bah c'est pas du tout mon truc.
Enfin en face arrière on retrouve ce minimalisme. Un sélecteur d'impédance pour les deux sorties HP : 4, 8 ou 16 ohms. Les prise jack mono send et return de la boucle en série, et la prise pour le footswitch. Une line out avec un potard de niveau de sortie. Et puis basta.
Certaines têtes SLO100 ont été modifiées par l'atelier Soldano à la demande des utilisateurs. On peut donc trouver des boucles avec un potard de send ou un potard de mix si elles ont été passées en parallèle. Et ils ont dû racker un max ces heureux propriétaires. Parce que si vous devez envoyer un ampli aux USA, au retour, vous allez encore payer la TVA et les droits de douane sur un ampli déjà coûteux. J'aurais adoré faire passer la boucle en parallèle mais payer la TVA deux fois, ça fait trop mal au c...
Côté tarifs, ah ben parlons-en, c’est de pire en pire. On tape ici dans le quasi inabordable. Mike Soldano a toujours mis un point d’honneur quant au contrôle qualité de ses produits. Je l’ai entendu à de multiples reprises dire que le SLO n’a pas été conçu pour être fabriqué en grand nombre, contrairement au 5150 et au Rectifier. Conséquence de ce mode de production et de la qualité des matériaux employés : l’ampli était grosso modo vendu entre 4500 et 5000 euros. Je dis bien 'était' parce que tout a changé fin 2018.
Mike Soldano a annoncé qu’il prenait une semi-retraite. Disons qu’il arrête la production et qu’il se concentre sur le design. Il a confié la fabrication du nouveau SLO100 à http://www.boutiqueampsdistribution.com/ Une société qui s’occupe déjà de Friedman et de Bogner. Les futurs SLO seront fabriqués en Californie, et non plus à Seattle. Le changement de localisation de la production n’est pas un drame puisque Mike Soldano s’est, pendant un temps, installé à Los Angeles où il a fabriqué des SLO jusqu’à ce qu’un tremblement de terre ruine son stock de lampes et le décide à revenir à Seattle.
La véritable question viendra du contrôle qualité. On sait juste pour l’instant que des baffles équipés en Celestion sont prévus et surtout que la boucle d’effets sera retravaillée. Pourquoi ? Ah ben messieurs dames, c’est qu’elle est intolérante à beaucoup d’effets cette saleté ! Un comble pour un ampli qui se veut au sommet. Mike Soldano ne s’en est jamais caché : il n’a pas modifié le design du SLO entre 1987 et 2018. Du coup la boucle, qui a été conçue pour les effets en rack des années 80, passe très mal avec les pédales. Quand on est en son clair, aucun problème, mais quand on engage l’overdrive, soit l’effet ne s’entend pas, soit il bouffe le son du SLO. Heureusement, j’ai trouvé quelques exceptions.
Parmi les delays analogiques qui ne passent pas, on tombe sur des standards comme l’Electro Harmonix Deluxe Memory Man et le Boss Dm-2 Waza Craft. Même mes chouchous que sont le JHS PantherCub et le Way Huge Echo Puss (delay préféré de Joe Barresi qui a mixé Tool et Soundgarden) sont recalés. Avec les Way Huge, c’est pire que tout : j’ai essayé aussi le Supa Puss, rien à faire le son est violement mis en sourdine. Pourtant ces pédales sont hyper tolérantes, elles passent avec tout ce que je joue… sauf le SLO.
J’ai trouvé une alternative au Boss Dm-2 avec le Recoil de chez Mojohand FX. C'est le meilleur delay pour le SLO100 et de loin. Après, j'ai eu d'agréables surprises : le DOD Rubberneck s’entend très bien avec le SLO alors qu’il fonctionne mal avec le Rectifier. Encore plus surprenant, le Chase Bliss Tonal Recall, qui passe très mal avec les distos de mes autres amplis, s’accommode très bien du SLO. Enfin reste une valeur sûre : le Seymour Duncan Vapor Trail qui passe sans casser, mais dont le rendu est moins bon que dans un Rectifier par exemple.
Mais pas de panique. Pas besoin de faire modifier l'ampli si on dispose d'un line mixer pour passer la boucle en parallèle. J'utilise un PL1 de chez Steen Skrydstrup. C'est cher, c'est du custom shop avec votre nom dessus, mais ça ne casse pas le grain de l'ampli, contrairement à des line mixers deux fois moins cher mais que je ne citerai pas ici. Pas besoin, parce que seul le Skrydstrup PL1 est à la hauteur du Soldano SLO100. C'est par ici : https://skrydstrup.com/audio-tools/loop-boxes/ Et bien vous savez quoi? Grâce à cette boi-boite magique je peux jouer mon Boss Dm-2 adoré dans la boucle du SLO. Youpi. Merci Steen!
En attendant une nouvelle boucle d’effets, et tant que le son de la nouvelle version du SLO n’est pas connu, les guitaristes qui voudraient s’offrir un SLO neuf vont devoir faire péter la banque. A l’heure où j’écris ces lignes, il ne reste en vente que les quelques derniers modèles fabriqués à Seattle puisque la production est stoppée. Ils sont les derniers à être passés dans l’atelier du petit Mike. Leur prix grandit de jour en jour. 6600 euros pour une version standard début 2019. Et si vous tombez sur une version modifiée ça donne encore plus le tournis. Une tête moddée façon SRV est actuellement en vente en Allemagne à 7000 euros. Et cette spéculation se répercute sur les amplis d’occasion. On les trouve désormais à des prix délirants. Si vous tombez sur un SLO en dessous de 5000 euros, c’est dur à dire, mais c'est une affaire.
PS Nous sommes le 24 novembre 2020, j'ajoute cette info destinée aux collectionneurs et fans de Bon Jovi : la tête Soldano SLO100 boa skin construite pour Richie Sambora en 1990 est actuellement en vente aux USA à 9995 dollars, soit grosso modo 8500 euros hors taxes et sans frais de port. Certificat de Mike Soldano dans la boite, bien entendu. Cette tête est dépourvue de sortie slave.
Review suite, ajoutée le 1er août 2020 :
J'en sais maintenant bien plus sur la nouvelle version du Soldano SLO 100 sortie en 2019. Mike Soldano et Peter Arends, directeur technique de Boutique Amps Distribution qui assure maintenant la fabrication, jurent qu'il s'agit du même ampli. Mouais, bon ça c'est le discours officiel pour continuer de vendre une tête quasi parfaite. Ils ne veulent pas parler de SLO MkII. Ils conservent le nom de l'ampli pour insister sur la continuité d'un produit approuvé depuis des décennies. On peut juste lire à l'intérieur du châssis des têtes produites en 2019 : Soldano SLO-100 RevD. Donc il s'agit de la révision D du SLO 100, et non pas d'une version 2 ou d'un Mark II. Identique alors? Pas tant que ça. Sur le papier voilà les modifications apportées et pour lesquelles j'ai eu confirmation :
1 - L'alimentation de l'étage de préampli se fait désormais au moyen de courant direct et non plus de courant alternatif. Mike Soldano explique que les lampes du XXe siècle étaient de bien meilleure qualité que les lampes actuelles, et que passer d'une alimentation AC à une alimentation DC permet au SLO d'être bien plus tolérant avec des lampes de piètre qualité. Pour être précis, Mike devait jusqu'ici passer des heures à sélectionner les lampes 12AX7 les moins noizy pour le premier étage de saturation. Désormais, cette sélection est inutile puisqu'on n'entendra pas le bruit de fond d'une lampe tout juste correcte. Donc, c'est une amélioration, mais c'est aussi un aveu : avant, c'était mieux !
2- C'est la modification la plus importante : Peter Arends explique que DeYoung ne fabrique plus les transformateurs du SLO original. Boutique Amps Distribution a donc fait des recherches pour fabriquer des transfos les plus proches possible. Je reste dubitatif. Ce n'est pas la faute de Boutique Amps ou de Mike Soldano, c'est la faute à la mondialisation. Mais j'ai déjà connu un changement de transfos sur le Mesa Boogie Dual Rectifier, et ce changement a eu un impact majeur sur le son de cette tête. Donc, tant que je n'aurai pas testé (mais ça va venir!!!) le SLO 100 RevD, je ne me prononcerai certainement pas sur ce qui peut s'avérer être un succès... ou une catastrophe.
3 - La boucle d'effet a enfin été améliorée. Pas besoin de tester l'ampli, vous avez lu ce que j'ai écrit plus haut : pas difficile de faire mieux! Et il était temps. Ici, Dave Friedman, lui aussi chez Boutique Amps, est venu conseiller Mike Soldano. Je serais prêt à parier que la boucle du nouveau SLO fonctionne comme celle du Friedman BE100. D'abord parce qu'elle est bufferisée comme la boucle Friedman. Je me base aussi sur ce que Mike Soldano dit dans plusieurs vidéos : le send peut servir d'extra master volume. Voilà, ça c'est très utile. Il s'avère que je joue le Friedman BE100 et que je peux vous assurer que sa boucle enclenchée, même sans effet, peut faire office d’atténuateur de puissance sans toucher à la dynamique du son, ni au grain. Si la boucle du SLO-100 RevD fonctionne bien comme ça, c'est un très bon point pour un ampli qui, jusque ici, ne pouvait être joué qu'à très fort volume. Alors que l'original était un véritable sauvage, le nouveau a visiblement été dompté. Techniquement la boucle est placée après le master volume et elle a été rendue compatible avec les pédales vintage. Elle peut désormais être totalement bypassée. Du coup, le réglage de volume peut aussi servir de solo boost simplement en enclenchant la boucle au pied.
4 - Un switch supplémentaire fait son apparition en face avant. Il permet de passer d'overdrive à normal. Donc de changer de canal sans utiliser le footswitch. A priori, c'était une demande des utilisateurs habitués des studios. On trouve toujours cette fonction au pied sur le nouveau footswitch qui se voit adjoindre un deuxième switch pour engager ou désactiver la boucle d'effets. Personnellement j'aurais préféré une entrée pour un switch relais permettant d'engager le bright ou de le bypasser au pied ou par le biais d'un RJM Amp Gizmo par exemple. Le canal clean du SLO est une excellente plateforme à pédales. Un Klon Centaur fait des merveilles sur cet ampli qui est prisé par les fondus de stoner et de doom qui l'utilisent avec des superfuzz. Essayer la Black Arts Toneworks Pharaoh Supreme avec un Soldano, c'est juste titanesque. Mais ça ne va pas du tout quand le bright est engagé. Donc quand votre pédalier midi commande à votre switcher looper d'engager la boucle dans laquelle le Klon est connecté, ce serait bien que le pédalier puisse aussi, en même temps, désactiver le bright. Et bah non, c'est toujours pas possible. En studio ce n'est pas un problème, en live si. Et permettre le on/off du bright au pied, c'est comme donner un troisième canal à cet ampli. Vraiment dommage.
5 - Un potentiomètre de depth apparaît lui aussi en face avant. Tant que je n'ai pas testé l'ampli je ne me prononcerai pas ici. D'autant que les vidéos de test que j'ai pu voir jusqu'ici me donnent l'impression que l'EQ a été changé. Ce potar de depth existe depuis longtemps sur des versions modifiées. Donc sur le papier je l'accueille à bras ouverts. C'est juste que les (mauvaises?) vidéos vues sur YouTube me donnent un a priori négatif. A vérifier donc.
6 - Concernant le volet cosmétique, la headshell (coquille en bois donc) a perdu ses cornières de protection. Le site web de la marque vient d'être totalement refait : on y trouve la série classic en finition standard noire, et la série custom avec le choix des couleurs de tolex. Et heureusement, le mauve et le snake skin sont toujours au catalogue. Et sur la version snake skin (anciennement appelée boa skin), les cornières chromées sont bien là.
7 - Le prix a été revu à la baisse. On trouve, en 2020 en Europe, le SLO RevD standard autour des 4200 euros. Les versions custom seront disponibles dans quelques mois (fin 2020 ? début 2021 ?). La snake skin est affichée à plus de 4500 euros. Ce qui place cette tête, côté budget, au niveau des têtes Friedman et Mesa Boogie. La rationalisation de la production chez Boutique Amps y est pour quelque chose. Donc c'est un bon point. Mais cette baisse est aussi liée aux changements cités plus haut. Je croise les doigts et je me dis que "Non quand même, ils n'ont pas osé rogner sur le prix en sélectionnant des composants de moins bonne qualité ?!" Là encore, je vous en reparlerai dès que j'aurai mis la main sur cette tête SLO-100 RevD.
8 - Boutique Amps Distribution propose désormais les baffles Soldano customs montés en Celestion. Au choix : Vintage 30, Greenback, Creamback, G12 Heritage 30 et G12K100. Je ne peux qu'applaudir. En version noire classique à près de 1300 euros le 4x12, ils sont montés en Vintage 30 qui est le meilleur choix pour cette tête. Donc encore bravo. Le 4x12 custom est à plus de 1600 euros, ce qui le place en concurrence avec les baffles Mesa Boogie qui restent les plus coûteux.
Je dispose d'un de ces nouveaux cabs, un custom shop à pant incliné (slant) en finition snake skin avec cornières chromées. Il est monté avec quatre Celestion Vintage 30. Ce cab, qui côute plus de 1600 euros, est plus petit que la moyenne avec seulement 71 cm (hauteur et largeur) quand la norme est à 75/76 cm (Marshall, Engl, Friedman, Bogner, Mesa Boogie, etc...). Ce qui ne veut pas dire qu'il est léger...
Surtout, avec ma tête SLO originale, il booste les mediums. C'est un avantage pour le son clair de type spanky et pour encore plus percer le mix en solo. C'est, en revanche, pénalisant pour les grosses rythmiques joufflues. Soldano étant prisé dans le monde du stoner, là, il vous faudrait plutôt un 4x12 Orange à 1000 euros ou un Matamp mieux réalisé mais un peu plus cher. Je reste donc sur mon premier choix : le meilleur cab en V30 pour le SLO est le Bogner 412 à 1300 euros qui permet de tout jouer avec cet ampli.
Si vous voulez vraiment ce nouveau cab Soldano, peut-être qu'une version montée en Celestion Heritage serait plus adaptée pour un son conventionnel (Van Halen, Hendrix, etc). Ces HP sonnent plus sombre que les V30. Par contre, compte tenu du côté hargneux de ce cab, je ne me risquerais pas à le commander monté en Celestion Greenback. Pour ces HP typés AC/DC, mieux vaut un cab Friedman.
9 - Ce ne sont plus les mêmes techniciens qui fabriquent le SLO. Ah, ça explique peut-être le prix "contenu"? Du coup j'aimerais bien connaître les qualifications des techniciens en charge du bestiau. Et surtout j'aimerais savoir si le contrôle qualité est le même qu'à l'atelier de Seattle. Bon, la garantie est toujours annoncée lifetime. Mais je ne sais pas si elle se transmet toujours de vendeur à acheteur quand l'ampli passe sur le marché de l'occasion.
Voilà pour les news. A très bientôt pour la suite de la suite quand j'aurai mis la main sur ce Mark II. Oui, j'assume, avec un changement de transfos, ce n'est plus le même, c'est un SLO V2, faut arrêter de nous prendre pour des imbéciles.
Et je vous laisse avec la seule bonne vidéo du SLO MkII que j'ai pu trouver sur cet ampli en ce début août 2020. Attention, il s'agit d'un test sans baffle mais avec une loadbox. Donc je sais que l'ampli ne sonnera pas comme ça chez moi. Et le son clair n’est pas du tout exploité ici. Le bright n'est enclenché qu'à 8:15 min et jusqu'à 8:59 sans jouer aux doigts (c'est en mode Mark Knopfler qu'il fallait jouer ici), puis à 14:27 min. Tout ce qui a été joué avant 14:27 minutes sonne classique et ne montre pas ce pourquoi le SLO se démarque. C'est tout le problème avec les youtubers à qui la marque ou l'importateur prêtent des amplis pour un temps trop court. Ils passent à côté de l'essentiel. Ici on peut tout de même avoir un élément de comparaison pour le son high gain à 24:45 min. Et à partir de 28:15, avec la LesPaul en drop C, là je reconnais un peu mon SLO original. C'est encourageant. Petite précision concernant cette vidéo : j'ai posté un commentaire plus nuancé en comparant avec l'ancien modèle. Mon commentaire, qui n'est autre qu'une comparaison avec le son du SLO original, a été censuré. Bah oui, l'ampli est prêté, donc il ne faut en dire que du bien. On a compris, il ne faut surtout pas que des types comme moi parlent de l'ancien SLO. Il faut que tout le monde gobe que le nouveau, c'est le même que l'ancien qu'il faut absolument ranger aux oubliettes.
Septembre 2021 : crise sanitaire du covid oblige, les délais sont maintenant interminables. Pas de date donnée pour une commande. Tandis que le magazine japonais Young Guitar vient de poster une vidéo sur les amplis de George Lynch. A 4:46, il parle de son SLO100 utilisé sur l'album "Wicked Sensation" au début des années 90. Une de mes références. Et il lance la phrase qui nous intéresse ici : "Some of these old Soldanos are just magic. And they don't make anymore of them." Ce qui vient confirmer mes doutes, malheureusement.
Nous sommes le 24 octobre 2024 et voilà que Mike sort une vidéo avec mon héro : Bob Bradshaw. Forcément ça parle de racks. Celui que je n'ai jamais pu acheter parce que Mike en a produit trop peu. Et là même si c'est un SLO100 MkII, même si ce nouveau mauve est un peu trop sombre par rapport au mauve pétant de la grande époque, et bien j'ai envie de faire péter la banque. Parce que le rack en alu mauve anodisé, ça me file trop la banane. Seulement voilà : pas de volume de send sur la boucle, pas de potard de depth, mais juste un switch 3 positions. Et puis le switch de power me perturbe : au milieu c'est off, en bas en standbye et en haut c'est on.... vraiment bizarre de passer par le OFF pour aller du Standbye au ON.