Compositeurs de musiques de films : aidez-moi à analyser leurs techniques (accords, mélodies.)
- 82 réponses
- 20 participants
- 5 382 vues
- 25 followers
Neverland
j'écoute beaucoup de musiques de films, et j'aimerai que vous m'aidiez à analyser les techniques de certains compositeurs.
Je sais que ma question est extrêment large, mais toutes les contributions sont les bienvenues.
Ce que je cherche à savoir, c'est la manière dont certains compositeurs construisent leurs progressions harmoniques, la manière dont est composée leur mélodie, leur rythme... bref les trucs qui dont leur particularité
Je vous met une liste d'exemples (pris complètement au hasard) :
"Hans Zimmer, dans ## exemple, utilise la progression d'accords suivante : # | # | # | #. C'est ce qui donne ce côté dramatique à sa musique."
ou aussi par exemple :
"sa mélodie (#, #, #, #, #, #) est mise en valeur car elle semble appartenir à telle tonalité, alors que c'est telle autre tonalié..."
ou alors :
"Thomas Newman utilise souvent cette méthode dans ses mélodies au piano : il décortique un accord avec main gauche la basse, et main droite une tierce ou une quarte qui joue les notes en même temps... par exemple sur telle ou telle musique"
ou bien encore :
"Danny Elfman utilise dans telle musique une progression d'accords en changeant habilement de tonalité, #mineur puis #majeur, c'est ce qui crée le côté fantastique..."
"James Newton Howard utilise du 5/4 sur telle partie pour donner un côté tribal..."
niveau mélodie / accords / harmonie, ceux qui m'intéressent le plus sont Hans Zimmer et James Newton Howard

merci à tous ceux qui contribueront à mon sujet, et qui donneront de l'inspirations à tous ses futurs lecteurs
oryjen
Citation : Ceci dit, je pense qu'à un moment ou à un autre la théorie est là pour aider à "mettre des mots" sur les notions
Ca ne me paraît pas indispensable. "Mettre des mots", nommer, consiste essentiellement à trouver une formule pour ce qui nous habite en forme entière, et ce faisant, à le réduire pour en faire un objet manipulable, sans doute essentiellement afin de n'en être plus manipulé.
C'est la maladie de l'occidental, du civilisé, qui est quelqu'un qui a un problème avec le vivant; dans la mesure où je sens la musique comme quelque chose qui vit en nous, qui profite de notre énergie pour se développer selon ses propres buts.
Citation : Vrai, mais ce "bagage médiocre" est peut-être simplement de la théorie assimilée de façon empirique à force d'écouter
A mon humble avis, ce que l'on assimile en écoutant intensément, si l'on n'a pas dans la tête un calculateur électronique à la place de la sensibilité, ce n'est pas de la théorie, même en bribes, mais de l'élan, du vivant, du vrai, du rayonnement primordial.
De nombreuses cultures musicales se passent du code, de la "formule" (éthymologiquement "petite forme", version réduite de la chose entière) sans pour autant en être moins musique.
Même dans le cadre civilisé d'une musique se faisant à plusieurs, On peut se passer tout à fait de la formule, si l'on cultive sa réactivité au son.
J'ai joué pendant 9 ans en groupe (guitares, basse, batterie, violon, synthés, chant) sans la moindre notion de solfège ou d'harmonie théorique.
Nous ne jouions que des compos.
Ok je savais nommer la note de base d'un accord simple, mais j'étais incapable (et le suis toujours) de dire les autres notes d'un accord.
Une vieille blague circule selon laquelle un bon musicien serait aussi un bon matheux.
Tout ça parce qu'il est en effet possible de se faire chier à assécher suffisamment la chose pour l'attraper du côté intellectuel, combinatoire, logique etc...Ou pousser à l'extrème et devenir un jazzeux savant et distingué, bourré de grilles et de modes, jamais pris au dépourvu, ho non!
Combien de gamins sensibles à la musique ont tout laissé tomber, écoeurés de solfège? J'en connais au moins cinq dans mon entourage immédiat.
J'appelle ça du gaspillage, mais c'est absolument conforme à l'ensemble de "valeurs" sèches et castratrices qui régissent nos sociétés de la surabondance: Si tu prétends profiter du gâteau, tu te coules dans le moule, ou tu coules à pic.[quote]
--------------------------------------------------------------------------------
L'artiste entrouvre une fenêtre sur le réel; le "réaliste pragmatique" s'éclaire donc avec une vessie.
Laurent Juillet
oryjen
--------------------------------------------------------------------------------
L'artiste entrouvre une fenêtre sur le réel; le "réaliste pragmatique" s'éclaire donc avec une vessie.
newjazz
Hors sujet : Je suis globalement d'accord avec toi oryjen.
Après, je pense qu'il faut plus envisager le solfège comme un outil, qui peut permettre quand même de gagner bcp de temps dans bien des cas.
Le vrai problème en occident, AMHA, c'est qu'on finit par confondre le but et les moyens.
Ex: le but dans la vie de plein de gens est d'avoir une maison et une voiture, en oubliant qu'il ne sagit que de "moyens" (et encore
)...
Pour le solfège, c'est pareil: connaître des règles pour connaître des règles, c'est absolument idiot, mais c'est ce que bcp de gens recherchent! Mais ces gens-là, on est d'accord, ne seront jamais musiciens.
Par contre je trouve dommage de se priver de la connaissance de ces règles comme outil.
De toutes manières, quelqu'un de réellement créatif se nourrit de tout.
Laurent Juillet
Citation : Citation de formes reconnaissables
Sauf qu'en musique de film, la forme est donnée par le film. Ensuite, si on parle de musique savante, la forme doit s'étudier, et pour étudier la forme, il faut connaître l'harmonie. Nous sommes d'accord sur l'idée que toutes ces choses ne sont que des outils. Alors mettre en compétition la théorie et l'inspiration n'a pas de sens pour moi. Encore une fois, tout dépend de la musique que l'on veut écrire.
oryjen
Je mets en compétition la théorie collective et intellectuelle qui sévit dans la musique occidentale, et l'espèce de "théorie sensible et intuitive" qu'on développe forcément chacun à sa manière quand on ne veut pas recourir à la première.
Nuance...
Remarquons que la théorie occidentale n'a pas inventé les rapports harmoniques de tierce, quarte, quinte, octave, etc...Ils ressortent de la physique, et elle ne fait que les utiliser.
--------------------------------------------------------------------------------
L'artiste entrouvre une fenêtre sur le réel; le "réaliste pragmatique" s'éclaire donc avec une vessie.
Wolfen
D'une manière générale, je ne peux tout simplement pas comprendre le rejet de la connaissance, le plus souvent sous prétexte qu'un tel n'en a jamais eu besoin et qu'il a fait des trucs de malades, ou qu'une grosse partie de la théorie est constituée de choses qu'on sent déjà, qui sont issus de la physique (oui mais quelle partie hein ?). Prenons l'exemple de Jimi Hendrix (en caricaturant un peu), puisque je suis guitariste. Il est toujours cité comme celui qui a jamais fait de théorie, et qui a tout appris sur le tas. Conclusion, pour être aussi bon que Jimi Hendrix, il faut faire pareil... Ben non ça marche pas comme ça ! Tout ce qu'il a appris, c'est en écoutant les autres, et en apprenant autant que possible des rencontres musicales qu'il faisait. En gros, les deux points importants, c'est qu'il se construisait une structure personnelle à l'inspiration, et qu'il ne rejetait aucune forme de connaissance. Certains disent souvent que l'année après sa mort, il était censé collaborer à un projet jazz... Aurait-il d'un coup découvert la théorie ou voulu s'y mettre ?
Donc, je ne comprends pas qu'on rejette le solfège, sous prétexte que ça corrompe l'inspiration. Rien n'empêche les gens de n'en récupérer qu'une partie, celle qu'on a vraiment envie de mettre en pratique, pour élaborer une structure plus personnelle que celui qui se tape 15 ans de conservatoire. Et il faut aussi savoir que chacun a déjà plus ou moins une structure prédéfinie, qui s'est acquise par l'écoute (elle se construit par l'écoute et par la théorie, cf Hendrix), et que celle-ci a déjà ses limites. Il suffit d'essayer d'imaginer celles d'Yngwie Malmsteen ou de Florent Pagny pour s'en rendre compte
Après, tout dépend de ce qu'on fait de ces nouvelles informations. Est-ce qu'on va les utiliser rapidement pour faire de nouvelles choses, en s'appuyant sur les anciennes ? Sans s'appuyer sur les anciennes ? Est-ce qu'on va rejeter une partie du savoir que l'on avait avant ? Toute la question est là. Par contre, pour moi, rejeter le solfège c'est aussi con qu'arrêter d'écouter un style de musique entier pour ne pas être influencé. Ou alors c'est juste une histoire de flemme avec des excuses en bois
En tout cas, les génies de la musique quelque soit l'époque sont ceux qui avaient la meilleure gestion de leur structure, au service de l'inspiration, et la structure la plus solide, étendue. Mozart avait parfaitement intégré très tôt une quantité de connaissances démentes, et Devin Townsend a un style de musique avec une personnalité très forte car melting pot réussi de ses influences, structure au service de l'inspiration, et inspiration au service de la musique.
Enfin, Laurent parlait du rapport entre la théorie et le style de musique. Je suis d'accord pour dire que le solfège et la théorie de la musique classique sont importants pour la musique classique, de films. Mais c'est pareil pour n'importe quel autre style de musique, sauf que les connaissances ne se transmettent pas de la même façon, elles sont moins théorisées et s'acquièrent plutôt par l'écoute que par la lecture de traités. Ca empêche pas que tous ces styles de musique demandent au compositeur d'avoir une structure optimale pour composer des pièces / morceaux intéressants dans ce style là. Le rejet de ce principe, c'est un truc classique qu'on voit chez certains diplomés de conservatoire qui se disent sans jamais avoir essayé être capables de composer du reggae, du rock, ou un morceau de R'N'B quand ils veulent. Ils considèrent que leur enseignement leur a donné une structure universelle, au dessus de toutes les autres. C'est absolument faux. Toutes les méthodes qui permettent d'étendre la structure sont complémentaires.
Autre sujet de réflexion à méditer, à propos des musiques dont les caractéristiques se transmettent oralement. Pourrait-il exister un manuel équivalent aux traites de solfège qui couvriraient toutes les connaissances qu'on peut avoir sur la musique électronique ? Sur le rock / métal ? Elément de réponse : les premiers traités d'orchestration sont arrivés bien après qu'on fasse... de l'orchestration.
Développeur de Musical Entropy | Nouveau plug-in freeware, The Great Escape | Soundcloud
oryjen
Citation : Je pense que la théorie permet de mieux structurer l'inspiration
C'est aussi mon avis. On théorise instinctivement, c'est-à-dire que l'esprit opère un tri entre ce qui "marche" et ce qui ne "marche" pas: nous sommes équipés pour ça, aucun effort particulier à faire. Tout apprentissage marche à l'intention, c'est mystérieux mais c'est comme ça, et non à l'application...appliquée de règles apprises. Ca ça fonctionne, mais c'est laborieux et peu efficace, et finalement seuls quelques esprits spécialement dénaturés sont à l'aise là-dedans.
Citation : D'une manière générale, je ne peux tout simplement pas comprendre le rejet de la connaissance
Moi non plus, mais ne confondons pas "savoir" et "connaissance", ou "connaissance" et "connaissances".
Citation : Conclusion, pour être aussi bon que Jimi Hendrix, il faut faire pareil... Ben non ça marche pas comme ça ! Tout ce qu'il a appris, c'est en écoutant les autres, et en apprenant autant que possible des rencontres musicales qu'il faisait. En gros, les deux points importants, c'est qu'il se construisait une structure personnelle à l'inspiration, et qu'il ne rejetait aucune forme de connaissance
Il n'est certes pas le seul à "opérer" de cette manière, puisqu'il suffirait apparemment de faire des rencontres, de bien écouter, de tâcher d'assimiler les influences, etc...bref, d'être "ouvert sur l'extérieur".
Bin non, ça marche pas comme ça non plus.
Ce qui fait UN Jimi Hendrix, et pas 50000, c'est probablement qu'il avait une façon spéciale d'être aussi "ouvert sur l'intérieur", aptitude qui probablement ne se travaille ni ne s'acquiert. C'est horriblement injuste mais c'est comme ça.
Citation : Donc, je ne comprends pas qu'on rejette le solfège, sous prétexte que ça corrompe l'inspiration
Je ne sais pas si ça corrompt l'inspiration, mais il est un fait que beaucoup de gens attirés par la musique sont rapidement rebutés par le solfège. Ce n'est pas qu'ils soient bêtes ou paresseux, je pense...C'est juste qu'ils ressentent l'effort intellectuel requis par l'apprentissage du code comme constitutionnellement antinomique par rapport à ce qu'ils trouvent dans la musique et sentent à son propos.
Souvent des gens intériorisés, intravertis, d'ailleurs. Ca n'en fait pas par nature de mauvais musiciens je pense...Juste de mauvais élèves.
Citation : Rien n'empêche les gens de n'en récupérer qu'une partie, celle qu'on a vraiment envie de mettre en pratique, pour élaborer une structure plus personnelle que celui qui se tape 15 ans de conservatoire
Je suis tout à fait d'accord, mais ceci demande aussi une tournure d'esprit particulière dont l'absence n'est en rien rédhibitoire. C'est juste, pour certains, une manière de réussir.
Citation : Du coup, ce qui peut être intéressant pour la composition, c'est tout ce qui peux ouvrir cette structure, l'agrandir
Mais aussi l'approfondir, c'est-à dire aller plus loin dans la même étroite direction. Prenons Tom Waits par exemple. Tous ses morceaux sont construits sur une grille de Blues.Tous chantées avec la même voix rauque et brisée. Cependant on note une réelle recherche au long de sa carrière, à l'intérieur de ces limites étroites, recherche sur les "détails", considèreront certains, mais dans ces "détails" se trouve le ressort d'une expression toujours plus touchante, toujours plus juste, et par conséquent, faux paradoxe, toujours plus universelle, c'est à dire propre à parler à un grand nombre de personnes de cultures différentes.
Je ne sais pas si Waits connaît et utilise ou non le solfège...A mon avis c'est une question secondaire.
Citation : En tout cas, les génies de la musique quelque soit l'époque sont ceux qui avaient la meilleure gestion de leur structure, au service de l'inspiration, et la structure la plus solide, étendue
Oui comme tu les as tous étroitement fréquentés, ils ont pu t'en faire la confidence. D'ailleurs ça tombe super-bien par rapport à ton argumentaire précédent, la nature est bien faite tout de même...
Citation : et Devin Townsend a un style de musique avec une personnalité très forte car melting pot réussi de ses influences
En quoi l'étalage de sa "forte personnalité" a-t-il un quelconque intérêt artistique ou seulement musical?
Comprends pas...
Citation : Ca empêche pas que tous ces styles de musique demandent au compositeur d'avoir une structure optimale pour composer des pièces / morceaux intéressants dans ce style là
Pas nécessairement. Les accidents, les hasards sont aussi très fertiles.
Citation : Ils considèrent que leur enseignement leur a donné une structure universelle, au dessus de toutes les autres. C'est absolument faux. Toutes les méthodes qui permettent d'étendre la structure sont complémentaires.
Ha là je suis d'accord. ils peuvent certainement reproduire les structures et en effet composer des rocks, des reggaes, mais ce qui fait un bon rock ou un bon reggae ne se trouve pas dans la structure, mais dans le sentiment qu'on met à jouer. Je ne doute pas qu'on puisse à présent produire par des méthodes informatiques des rocks ou des reggaes très justes d'un point de vue harmonique, structurel ou rythmiques, et très mauvais du point de vue expressif...
Je dirais pour conclure que je ne remets nullement en cause l'existence du solfège, mais seulement cette attitude hégémonique qui consiste en gros à prétendre "hors du solfège point de salut".
Je dis juste qu'on peut y parvenir autrement, et qu'ils nous les brisent un peu dans les conservatoires et autres écoles de musique municipales avec leurs méthodes obligatoires et intellectuelles.
Faites du solfège si ça vous convient, si ça vous donne des billes pour avancer.
Personnellement, même dans la vie, rien ne passe par un savoir intellectuel, parce que mon esprit est ainsi fait. Je trouve aussi, comme les dégoûtés trop tôt de la musique, que cet apprentissage intellectuel du son n'a pas grand chose à voir avec l'univers dans lequel me plonge l'écoute et la pratique de la musique. C'est mon droit de le penser, et c'est mon droit de le dire sans être d'office gratifié de ce genre d'agréable commentaire: "excuses en bois".
Tu trouves que la musique a qqch à voir avec les maths? tant mieux pour toi, un horizon particulier t'est ouvert.
Je suis incapable par conformation mentale de t'accompagner sur cette voie, mais ça ne me gêne pas d'explorer sans relâche les 20 même accords, parce que souvent ils me parlent de choses nouvelles, je ne les joue jamais de la même manière, ce ne sont pas les mêmes en fait, contrairement aux apparences.
Il est possible de saisir que le même n'existe pas, et qu'à l'intérieur de limites en apparence étroites, un univers entier peut se cacher, ce qui t'est peut-être inaccessible...
Et voilà qu'un monde se tisse de visions diverses, non pas antinomiques mais sans doute complémentaires.
Un monde large, en fait, et même si tous ne prétendent pas se faire aussi gros que le boeuf en avalant et en régurgitant les plus larges champs possibles, il est fait de diversités de points de vue, de regards sur les deux mondes, et je sais, c'est un scandale que tout le monde n'aille pas toujours dans le même sens, d'un même pas.
--------------------------------------------------------------------------------
L'artiste entrouvre une fenêtre sur le réel; le "réaliste pragmatique" s'éclaire donc avec une vessie.
Laurent Juillet
Citation : Je ne sais pas si ça corrompt l'inspiration, mais il est un fait que beaucoup de gens attirés par la musique sont rapidement rebuté par le solfège. Ce n'est pas qu'ils soient bêtes ou paresseux, je pense...C'est juste qu'ils ressentent l'effort intellectuel requis par l'apprentissage du code comme constitutionnellement antinomique par rapport à ce qu'ils trouvent dans la musique et sentent à son propos.
Là on touche une chose importante, c'est que la musique est aussi un art savant. Et là, nous ne sommes pas tous égaux face à l'effort. La musique possède aussi le défaut de ses qualités, on peut s'amuser avec peu, mais dès que l'on souhaite rentrer dans le vif du sujet, c'est autre chose. Il faut élaborer un langage, quelque soit le discours. Ce travail demande des efforts et est fastidieux. Tout le monde n'est pas près à cela, tout dépend du rapport que l'on entretien avec la musique. Mais se cacher derrière le ressenti ou l'inspiration sert juste à se mentir à soi-même lorsque l'on se pose déjà cette question. Surtout que dans ce domaine est plus que subjectif. Les gens heureux de ce qu'ils ont, ne se la pose pas. Il jouent. Ce n'est que mon avis.
oryjen
Musique est aussi d'autres choses.
Les stances des aborigènes australiens, c'est aussi de la musique.
Non?
Et pas forcément fastidieux, donc. Aussi "habité", parfois...
Citation : Et là, nous ne sommes pas tous égaux face à l'effort. La musique possède aussi le défaut de ses qualités, on peut s'amuser avec peu, mais dès que l'on souhaite rentrer dans le vif du sujet, c'est autre chose. Il faut élaborer un langage, quelque soit le discours. Ce travail demande des efforts et est fastidieux.
Et attention à ce genre de rhéthorique. Tu ne t'es sûrement pas demandé d'où elle sort, par ta bouche...
--------------------------------------------------------------------------------
L'artiste entrouvre une fenêtre sur le réel; le "réaliste pragmatique" s'éclaire donc avec une vessie.
Laurent Juillet
Citation : Les stances des aborigènes australiens, c'est aussi de la musique.
Et si tu peux les nommer, et par conséquent les différencier de la valse viennoise, c'est qu'il y a un code, un langage lié à cette musique particulière. Si tu veux écrire cette musique, il faut bien en apprendre les codes. Peu importe la manière, mais pour un occidentale dont ce n'est pas la culture, je ne vois pas d'autre moyen que l'analyse, et cette analyse tu vas, au départ, devoir la faire à partir de ton langage. On en revient au point de départ.
Ceci dit, pour le sujet qui nous intéresse à savoir les techniques de la musique de film (accords, mélodies,...), j'ai plutôt l'impression qu'on évolue dans le langage classique et tonal la plupart du temps, même si il y a bien sûr des exceptions. Si on parle du cinéma occidental évidement.
Laurent Juillet
Citation : Et attention à ce genre de rhéthorique. Tu ne t'es sûrement pas demandé d'où elle sort, par ta bouche...
D'où?
djali
Les plus ardents défenseurs pro ou anti theorie ne m'ont pas emballé plus que ça (désolé). Soit qu'il y ait une recherche exagérée d'originalité pour les premiers ou au contraire un goût pour les clichés musicaux pour les seconds. Je carricature peut être un peu mais c'est l'impression générale que ça m'a laissé.
Maintenant je ne suis pas contre revoir mon opinion si vous avez d'autre morceaux à proposer.
Muh Nods
Wolfen
Oryjen >
Citation : Ce qui fait UN Jimi Hendrix, et pas 50000, c'est probablement qu'il avait une façon spéciale d'être aussi "ouvert sur l'intérieur", aptitude qui probablement ne se travaille ni ne s'acquiert. C'est horriblement injuste mais c'est comme ça.
Là on est d'accord. Après y a la spécificité de chaque personne, en particulier sa sensibilité et sa façon de la transmettre. Tout le monde peut devenir un bon musicien ou un bon compositeur, en faisant les efforts qu'il faut et en appliquant la méthodologie qui va bien, mais après il y a la dimension personnelle à considérer. M'enfin, ça se situe dans les choses qui n'ont pas vraiment d'utilité à mon sens, OK on ne naît pas tous égaux à ce niveau là, mais on essaie de jouer du mieux qu'on peut avec les cartes qu'on a, et tant pis si le voisin à de meilleures cartes.
Citation : Je ne sais pas si ça corrompt l'inspiration, mais il est un fait que beaucoup de gens attirés par la musique sont rapidement rebutés par le solfège. Ce n'est pas qu'ils soient bêtes ou paresseux, je pense...C'est juste qu'ils ressentent l'effort intellectuel requis par l'apprentissage du code comme constitutionnellement antinomique par rapport à ce qu'ils trouvent dans la musique et sentent à son propos.
Souvent des gens intériorisés, intravertis, d'ailleurs. Ca n'en fait pas par nature de mauvais musiciens je pense...Juste de mauvais élèves.
Je ne dis pas le contraire. Le mieux c'est quand même de ne pas se forcer à faire quelque chose si ça ne nous convient pas. On ne peut pas non plus forcer n'importe qui à devenir musicien ou à apprécier certaines choses.
Citation : Mais aussi l'approfondir, c'est-à dire aller plus loin dans la même étroite direction. Prenons Tom Waits par exemple. Tous ses morceaux sont construits sur une grille de Blues.Tous chantées avec la même voix rauque et brisée. Cependant on note une réelle recherche au long de sa carrière, à l'intérieur de ces limites étroites, recherche sur les "détails", considèreront certains, mais dans ces "détails" se trouve le ressort d'une expression toujours plus touchante, toujours plus juste, et par conséquent, faux paradoxe, toujours plus universelle, c'est à dire propre à parler à un grand nombre de personnes de cultures différentes.
Je ne sais pas si Waits connaît et utilise ou non le solfège...A mon avis c'est une question secondaire.
L'évolution de la structure dont je parlais n'est pas une fin en soi. Après il y a un moment où il faut mettre les choses en pratique, avec les outils qu'on a sous la main à un instant donné, une fois qu'on a une structure qui nous permet d'exprimer le contenu de notre inspiration.
Citation : Oui comme tu les as tous étroitement fréquentés, ils ont pu t'en faire la confidence. D'ailleurs ça tombe super-bien par rapport à ton argumentaire précédent, la nature est bien faite tout de même...
Oui bon ça va, j'essaie de donner des exemples à mon argumentaire, mais je ne considère pas détenir la vérité sur tous les points, sinon j'écrirais des bouquins au lieu de discuter sur les forums
Citation : En quoi l'étalage de sa "forte personnalité" a-t-il un quelconque intérêt artistique ou seulement musical? Comprends pas...
Excuse moi de ne pas avoir été clair là dessus, quand je parle de personnalité, je ne parle pas de l'homme mais de sa musique, du fait qu'on a pas l'impression d'entendre du sous Metallica avec du sous Carcass avec du sous Machine Head ou je sais pas quoi, mais seulement du "Devin Townsend". C'est ce que je définis comme étant de la personnalité, au sens musical.
Citation : Pas nécessairement. Les accidents, les hasards sont aussi très fertiles.
Ca c'est les aléas de l'inspiration, que tous les musiciens ont déjà expérimentés
Citation : Je dirais pour conclure que je ne remets nullement en cause l'existence du solfège, mais seulement cette attitude hégémonique qui consiste en gros à prétendre "hors du solfège point de salut".
Je dis juste qu'on peut y parvenir autrement, et qu'ils nous les brisent un peu dans les conservatoires et autres écoles de musique municipales avec leurs méthodes obligatoires et intellectuelles.
Faites du solfège si ça vous convient, si ça vous donne des billes pour avancer.
Personnellement, même dans la vie, rien ne passe par un savoir intellectuel, parce que mon esprit est ainsi fait. Je trouve aussi, comme les dégoûtés trop tôt de la musique, que cet apprentissage intellectuel du son n'a pas grand chose à voir avec l'univers dans lequel me plonge l'écoute et la pratique de la musique. C'est mon droit de le penser, et c'est mon droit de le dire sans être d'office gratifié de ce genre d'agréable commentaire: "excuses en bois".
Tu trouves que la musique a qqch à voir avec les maths? tant mieux pour toi, un horizon particulier t'est ouvert.
Je suis incapable par conformation mentale de t'accompagner sur cette voie, mais ça ne me gêne pas d'explorer sans relâche les 20 même accords, parce que souvent ils me parlent de choses nouvelles, je ne les joue jamais de la même manière, ce ne sont pas les mêmes en fait, contrairement aux apparences.
Il est possible de saisir que le même n'existe pas, et qu'à l'intérieur de limites en apparence étroites, un univers entier peut se cacher, ce qui t'est peut-être inaccessible...
Et voilà qu'un monde se tisse de visions diverses, non pas antinomiques mais sans doute complémentaires.
Un monde large, en fait, et même si tous ne prétendent pas se faire aussi gros que le boeuf en avalant et en régurgitant les plus larges champs possibles, il est fait de diversités de points de vue, de regards sur les deux mondes, et je sais, c'est un scandale que tout le monde n'aille pas toujours dans le même sens, d'un même pas.
Alors d'abord, je tiens à préciser un truc, le seul rapport que j'ai jamais eu avec le solfège c'est deux gros bouquins que je lis plus ou moins régulièrement, j'ai jamais mis les pieds dans un conservatoire, et toutes mes connaissances en solfège ont été acquises en autodidacte. Ca c'est dit.
Ensuite, ma critique vient des commentaires que je lis régulièrement dans les débats pour ou contre le solfège, entre ceux qui ont bouffé 15 ans d'études là dessus qui disent qu'il n'y a point de salut sans solfège, et ceux qui ont jamais ouvert un bouquin de solfège de leur vie, qui savent à peine ce qu'est une tonalité, et qui pourtant savent que le solfège c'est pas pour eux et que c'est le mal. Je ne caricature presque pas. Je précise aussi que je ne mets personne dans les participants de ce thread dans une de ces catégories là. Je voulais juste défendre mon point de vue, à savoir que c'est bien pour moi de prendre des éléments dans chacune des approches, quitte ensuite à en approfondir une en laissant l'autre de côté pour une raison X ou Y. Après, il n'y a pas une façon de voir les choses mieux que l'autre, le plus important c'est de trouver celle qui nous correspond le mieux et qui nous pousse le plus haut possible. Si il n'y a pas la moindre once de solfège là dedans, amen. Mais c'est pas toujours le cas, et souvent ceux qui défendent ce point de vue là le font par manque de connaissances sur le solfège justement. PAS TOUJOURS. Je pense en particulier à certains guitaristes anti solfège que j'ai pu croiser...
Voilà
EDIT : sinon je ne vois pas où est le mal à se creuser un peu les méninges, quelque soit son niveau en musique, et à faire partager ses réflexions. C'est même mieux que de poster un pauvre message d'une ligne qui apporte rien à la discussion et aux autres
Développeur de Musical Entropy | Nouveau plug-in freeware, The Great Escape | Soundcloud
a.k.a
Guillaume du HAVRE
Anonyme
1) je ne connais personne qui soit capable de penser sans mots (même les pensées intérieures sont verbalisées)
2) structure... quand elle se voit trop, c'est raté ; mais quand un truc se casse la figure, c'est souvent par absence de structure (même si l'auditeur moyen est souvent incapable de répérer la cause ; il dira que c'est chiant, ou au contraire que ça n'a ni queue ni tête, que ça part dans tous les sens)
3) des gens assez "inspirés" pour pondre un truc d'une heure comme ça, d'un seul jet, j'en connais pas vraiment ; et si le truc est repris plusieurs fois, à intervalles assez longs, ça ne peut pas être par de nouvelles bouffées d'inspiration surgies de nulle part, sous peine d'incohérence ! Il faut se replonger dans le truc, voir où on veut arriver, concevoir un chemin vers cela tout en restant cohérent avec ce qui précède (ou en opposition, ce qui est une autre forme de relation, bien sûr).
Bref, c'est du b.o.u.l.o.t
Laurent Juillet
Hors sujet : Désolé pour mes fautes d'orthographe, j'écris trop vite sans me relire. C'est pas bien!
a.k.a
oryjen
Citation : On ne peut pas non plus forcer n'importe qui à devenir musicien ou à apprécier certaines choses.
Bon là t'es lourd...
Citation : Excuse moi de ne pas avoir été clair là dessus, quand je parle de personnalité, je ne parle pas de l'homme mais de sa musique, du fait qu'on a pas l'impression d'entendre du sous Metallica avec du sous Carcass avec du sous Machine Head ou je sais pas quoi, mais seulement du "Devin Townsend". C'est ce que je définis comme étant de la personnalité, au sens musical.
Ok, et d'accord avec ça.
Citation : Par contre, je pense que tu seras d'accord sur le fait qu'un compositeur expérimenté sera plus à même de faire quelque chose de ses moments de génie qu'un compositeur débutant. On en revient donc à la structure
D'accord aussi, évidemment. Je crois qu'il nous faut juste préciser le sens du mot "structure" que tu emploies, et on ne sera pas loin de tomber d'accord.
Il y a toujours structure, quelle qu'elle soit, dès qu'il y a apprentissage. C'est fatal. Le cerveau pédale tout seul en ce sens, même chez les fous qui répètent des trucs apparemment sans raison, il y structure, structure folle et proliférante, d'ailleurs...
Citation : j'ai jamais mis les pieds dans un conservatoire
Collègue!
Citation : Ensuite, ma critique vient des commentaires que je lis régulièrement dans les débats pour ou contre le solfège, entre ceux qui ont bouffé 15 ans d'études là dessus qui disent qu'il n'y a point de salut sans solfège, et ceux qui ont jamais ouvert un bouquin de solfège de leur vie, qui savent à peine ce qu'est une tonalité, et qui pourtant savent que le solfège c'est pas pour eux et que c'est le mal
Ni l'une ni l'autre ne reflètent mon opinion.
Citation : EDIT : sinon je ne vois pas où est le mal à se creuser un peu les méninges, quelque soit son niveau en musique, et à faire partager ses réflexions. C'est même mieux que de poster un pauvre message d'une ligne qui apporte rien à la discussion et aux autres
Entièrement d'accord à nouveau! Je déplore souvent le peu de fond qu'on trouve dans les opinions à l'emporte-pièce éjaculées ici et là sur les forums, et j'aime bien quand un interlocuteur me suit dans le gras du lard du sujet, vraiment j'apprécie!
Tu vois, sans NOUS vanter, on vient de faire deux bonnes pages où plein d'aspects essentiels sont évoqués.
Djali: je serais curieux de savoir où, à partir d'ici, tu as pu trouver ma musique...
Clichés musicaux, peut-être, mais alors par manque de préoccupations d'ordre référentiel...
Voici deux morceaux récents dont je suis plutôt satisfait (à part la quelité d'enregistrement: Un vieux K7 début 80's, faut que j'investisse. A part aussi le cafouillage dans le lead aigu du second morceau...).
Les deux morceaux sont enregistrés en une prise live avec 2 micros d'ambiance.
"Abandonner la Terre":
http://repetition.online.fr/sons/Jaswolf_Libre/Abandonner_La_Terre.mp3
"Motorik 13", à partir d'une base rythmique imposée:
http://www.myspace.com/motoriksuite
Alain Naigeon:
Citation : même les pensées intérieures sont verbalisées
D'où tiens-tu cette fable? C'est absolument faux! La neurologie actuelle (Antonio Damasio en particulier) explique au contraire que les pensées sont emmagasinées et produites sous forme d'engrammes de micro-mouvements corporels, de micro-états internes... D'où les souvenirs qui remontent avec une odeur par exemple. La traduction en mots est la dernière étape de la pensée, mais n'est pas obligatoire. par exemple quand tu ranges ta clé à sa place en rentrant à la maison, ce n'est pas du tout, d'un point de vue neurologique, un réflexe! C'est une pensée retranchée au niveau "plus ou moins" inconscient. Une pensée sans mots.
La peinture est une pensée sans mots, comportant pourtant vocabulaire, grammaire, syntaxe.
la musique aussi, donc, évidemment.
--------------------------------------------------------------------------------
L'artiste entrouvre une fenêtre sur le réel; le "réaliste pragmatique" s'éclaire donc avec une vessie.
Laurent Juillet
Citation : Citation : Et attention à ce genre de rhéthorique. Tu ne t'es sûrement pas demandé d'où elle sort, par ta bouche...
D'où?
oryjen, tu n'as pas répondu à cette question.
oryjen
Bin c'est assez typique d'un certain discours sur le mérite, le dur travail, etc...remis à l'honneur par le Petit Nicolas et sa clique. Il ne l'avait bien sûr pas inventé, puisqu'il s'agit d'un typique schéma judéo-chrétien, le genre de truc tellement imprégné dans nos sociétés qu'on le discerne sans peine dans les discours même de gauchistes bon teint.
Souffrir d'abord, obtenir ensuite (si on a bien souffert comme il faut), etc...
Non, pas d'accord, ça peut être joyeux aussi, même en phase de construction, la musique. Joyeux même si ça tombe pas propre tout de suite, etc...
Puis ça peut être aussi un gros délire n'importe-quoi-tesque et ,te prenant au débotté, déboucher sur qqch de vachement bien...
Je veux dire: on n'est quand même pas obligé d'avoir eu mal pour jouir...
Bon, on pourrait laisser ce thread reprendre son cours...Vais encore avoir un blâme, moi.
--------------------------------------------------------------------------------
L'artiste entrouvre une fenêtre sur le réel; le "réaliste pragmatique" s'éclaire donc avec une vessie.
Anonyme
Citation : D'où tiens-tu cette fable?
Ce n'est pas une fable. Si à l'instant même je pense, en silence, aux courses que je dois faire demain après-midi, eh bien, il me vient forcément des mots à l'esprit. Si chez toi ça se passe autrement, c'est que l'un de nous deux est un martien.
Et la biochimie moléculaire n'a rien à faire à ce niveau de discussion, pas plus que le style beethovénien avec l'enveloppe cellulaire d'un neurone du nerf audiftif
Laurent Juillet
Citation : Je veux dire: on n'est quand même pas obligé d'avoir eu mal pour jouir...
Ce n'est pas du tout ce que j'ai voulu dire. Ce que je pense, par expérience, c'est que tout le monde n'est pas égal face à la musique. Il y a d'abord les feignants qui voudraient mais qui n'ont pas le courage. Ceux qui se trompent, qui ont du mal à trouver leur chemin et qui suivent un apprentissage qui ne leur correspond pas. Ensuite, il y a le talent. Certaines personnes, malgré toutes la bonne volonté du monde, n'arrivent pas à avancer malgré leurs efforts. Il y a les laborieux (comme moi!) Et il y a ceux qui sont facile, et qui intègrent très vite le savoir. Et puis il y a l'implication. Je le redis, nous ne sommes pas tous égaux face à la musique. Toujours est-il, que je reste sur mon idée que pour avancer il faut apprendre. Que la musique de film est un monde très particulier dans le paysage musicale pour plusieurs raisons. Et que la musique dite savante est nourrie par une histoire qu'il faut appréhender pour aller de l'avant. Là, nous sommes loin du débat théorie vs inspiration. La règle qui vaut en composition chez les maîtres (les miens) est 1% d'inspiration pour 99% de transpiration.
- < Liste des sujets
- Charte