Il y a presque 4 années de cela, Apogee sortait une interface audionumérique FireWire, la Duet, proposant deux entrées et deux sorties analogiques. Entre temps, la concurrence a fait parler d'elle, notamment RME avec sa Babyface qui a plus d'un tour dans son sac. La marque au logo violet se devait donc de riposter en sortant une deuxième version améliorée. Verdict.
Le FireWire, qui avait disparu un temps des MacBook pour réapparaître quelques mois plus tard, devenait pour Apogee plus qu’incertain. Il faut en effet rappeler que les interfaces conçues par la marque sont uniquement compatibles avec les ordinateurs pommés et restent donc tributaires des décisions de Steve Jobs et de ses amis. Avec la petite interface One, Apogee avait donc sauté le pas et intégré un contrôleur USB à son interface audio. La Duet 2 que nous testons aujourd’hui fait de même et remplace donc le FireWire par de l’USB. Est-ce le seul changement ? Non, mais avant de découvrir les autres nouveautés, commençons par déballer la Duet nouveau cru.
Déballage
Il faut dire ce qui est, lors du premier déballage, la Duet 2 impressionne. Son look est très réussi, le tout fait très pro et semble très robuste. Nous sommes loin du côté un peu plastique de la One et nous sommes même un cran au-dessus de la Babyface qui à côté fait un peu ringarde et cheap. Bref, c’est beau et c’est rassurant, un peu à la manière de ce que peut faire Apple avec ses ordinateurs… Pour ce qui du poids et des dimensions, la Duet est un tout petit peu plus grosse et lourde que sa concurrente la BabyFace de RME, mais cela reste infime.
Dans la boîte nous retrouvons l’épanoui permettant d’obtenir les entrées micro et instrument disponibles sur de gros (trop gros !) connecteurs combos XLR/Jack 6,35 mm, ainsi que les sorties pour relier les enceintes au format Jack 6,35 mm TRS. Sachez qu’un petit boîtier en aluminium est disponible afin d’avoir les sorties au format XLR, et les entrées micro et instrument séparées. L’intérêt ? Avoir une installation sédentaire un peu plus propre. Le coût ? 81,33€ TTC. À vous de voir…
Sur le devant de l’interface nous retrouvons la sortie casque, pratique, et derrière le connecteur permettant de brancher l’épanoui fourni, l’USB et la prise secteur. L’adaptateur secteur est fourni, mais nous n’en avons pas eu besoin, notre MacBook Pro étant suffisant pour alimenter la Duet 2. Cette dernière est donc très simple côté connectique et pour cause : il n’y a ni entrées/sorties numériques ni MIDI… Dommage, d’autant que la BabyFace en propose.
Installation et utilisation
L’installation du driver Maestro 2, uniquement compatible Mac, est très simple, tout comme son utilisation. Au démarrage, l’écran OLED nous impressionne par son contraste, ses couleurs et sa lisibilité. L’interface se démarque de ce point de vue de la concurrence : c’est beau et toutes les informations nécessaires sont là. Les Vumètres sont précis et l’on contrôle les volumes de sortie et les gains en entrée en tournant le gros encodeur. Un clic sur ce dernier permet de changer son affectation (volume général, du casque, gain des entrées…), un peu à la manière de la One ou de la Babyface. Deux boutons sensitifs sont situés au-dessus de l’encodeur et pourront être affectés à différentes fonctions, comme le dim, sum to mono, mute ou encore changer la source du casque. C’est pas mal et chacun fera comme il lui plaira, en fonction de l’activité (enregistrement ou mixage).
La fenêtre du logiciel Maestro 2 est claire et le tout fait moins usine à gaz que le TotalMix de RME. Mais il n’y a pas le même nombre d’entrées/sorties non plus ! De plus, la BabyFace propose des traitements (EQ, réverbe) et les possibilités de routing restent plus élaborées. Néanmoins, les néophytes apprécieront le côté plus accessible de la Duet 2. L’utilisateur ne disposera que d’une seule table de mixage virtuelle, dont il pourra assigner sa sortie au casque ou aux enceintes connectées. On pourra donc router les sorties 1–2, 3–4, ou le mixer au casque ou aux enceintes. En règle générale, on enverra, lors du tracking, le mixer dans le casque et la première paire de sorties 1–2 dans les enceintes. Pour nos amis DJ : sachez qu’il sera possible d’envoyer un mix différent dans le casque et dans les enceintes, heureux ?
On accède aux différents panneaux de configuration via les onglets situés en haut de l’interface. Côté entrées, on choisira leur niveau (-10dBV, +4dBu, instrument ou micro), et on pourra enclencher le soft limiter (pour éviter toute saturation numérique, ce qui est bien !), l’alimentation fantôme 48 V ou encore l’inverseur de phase. Sous l’onglet « Device Settings », on affectera une fonction aux deux boutons situés sur l’interface, et dans « System Setup » on choisira certains paramètres comme la fréquence d’échantillonnage ou le comportement des Vumètres. On termine avec la page « Mixer » qui permettra de mélanger, avec une faible latence, les signaux entrants (votre micro par exemple) avec les retours de votre logiciel (votre séquenceur généralement).
Voilà, c’est à peu près tout, vous savez vous servir d’une Duet 2. Les possibilités sont donc plus limitées que sur la BabyFace, mais Maestro a au moins l’avantage d’être très accessible.
Écran
Le gros point fort de l’interface reste son écran OLED qui permet d’indiquer précisément les différents niveaux sur la page principale : entrée micro et instrument, sortie casque et enceinte. Si l’on touche au jog wheel, l’écran affichera la valeur du gain d’entrée ou du volume de sortie suivant la page sur laquelle on se trouve. On changera de page en cliquant sur le gros encodeur : simple et efficace. Voici une petite vidéo afin de voir la Duet 2 en action :
Côté données techniques, sachez que vous pourrez enregistrer en 24 bit/192 kHz, avec une latence minimale de 3,6 ms (buffer sur 32 samples, 96 kHz). Les préamplis disposent d’une plage de gain confortable de 75 dB et l’interface est compatible CoreAudio, et donc avec la plupart des logiciels audio sous Mac.
Du son !
Afin de tester la bête, nous avons utilisé notre guitare classique, notre micro statique Audio-Technica AT-4040 et un câble Y afin d’envoyer le signal vers la Duet 2, mais aussi la BabyFace de RME. Chacune des interfaces est branchée sur un Mac doté de Cubase 6, vous ne pourrez donc pas faire de comparatif Mac/PC ou encore Logic/Cubase/Pro Tools, mais vous pourrez comparer les deux interfaces ce qui est déjà bien ! Nous avons calibré les gains des préamplis (30 dB sur la BabyFace et 39 dB sur la Duet) afin d’avoir à peu près le même niveau en entrée.
Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il est difficile de les départager sur le plan strictement sonore. Les deux interfaces s’en sortent très bien et disposent d’un bon headroom. C’est largement suffisant pour la majorité des musiciens ! Afin de vous faire votre propre idée, voici les exemples audio :
- apogee guitare00:23
- rme guitare00:23
Il est à noter que nous n’avons pas subi de décrochage ou de plantage lors de l’enregistrement, un bon point.
Conclusion
Dans la cour des interfaces nomades haut de gamme, l’Apogee Duet 2 possède quelques arguments de poids face à la concurrence comme son look, sa qualité de fabrication, son écran OLED, son soft limiter ou encore la qualité de ses préamplis et convertisseurs. On regrettera cependant l’absence d’entrées/sorties numériques, de MIDI et de traitements (EQ, réverbe) alors que certaines autres (la Babyface pour ne pas la nommer) le proposent pour le même prix (608,76€ prix public TTC). De plus, comme d’habitude avec Apogee, les utilisateurs PC devront passer leur chemin. Cela fait pas mal de points faibles, mais certains utilisateurs Mac pourront être séduits par la simplicité du logiciel Maestro.