Quand Gretsch, qui a fêté son 125e anniversaire l’année dernière, sort une série limitée et signature de sa Corvette, on est intrigué. Alors quand le signataire en question n’est autre que Norbert «Nono» Krief de Trust, on est pressé de voir ce que ça donne!
L’Electromatic Corvette G5135, sortie en juillet 2006, est une réédition fabriquée en Chine d’un modèle des années 60 qui eut une durée de vie assez brève. Cette guitare électrique est une solid body dotée d’un corps en acajou assez fin avec double échancrure, des micros double bobinage, une finition « bourgogne » et un pickguard noir qui font inévitablement penser à la fameuse Gibson SG. Elle se démarque par ses micros (des Mega’Tron) et son vibrato Bigsby. Son diapason est de 625 mm, la largeur au sillet est de 43 mm, le manche collé est en acajou avec une touche en palissandre surmontée de 21 frettes et de repères « dot » et le vernis Uréthane est brillant. La prise en main est parfaite, la guitare étant relativement légère et équilibrée, et l’accès aux aigus est aisé. Le manche est en revanche assez épais, ce qui pourra déplaire à certains. On est loin des guitares de shredders au manche plat comme un hareng saur ! Pour ce qui est de la tenue d’accord, rien à signaler, elle est bonne pour une guitare encore neuve et dotée d’un vibrato Bigsby.
Au niveau de l’accastillage chromé, la Corvette est dotée d’un Bigsby B50, d’un chevalet Adjusto-Matic et de mécaniques de style vintage. Gretsch nous gratifie d’attaches courroie qui se vissent et qui empêchent la sangle de se détacher facilement, un bon point!
Pour ce qui est des réglages, on reste dans le classique avec un switch trois positions, deux potards de volume (un pour chaque micro) et un potard de tonalité générale. Chaque potard est frappé du « G » de Gretsch, sympa.
La guitare que nous testons aujourd’hui est donc une Gretsch Corvette Nono Signature. Cool ! Mais au fait, c’est qui Nono ?
Qui est Nono ?
Norbert Krief, dit « Nono », est né le 17 juillet 1956 et a commencé sa carrière de musicien au club med (!). Il crée en 1977 avec le chanteur Bernie Bonvoisin (qui est maintenant aussi cinéaste) le groupe de Hard Rock Trust, qui s’est fait connaître grâce à de très bonnes performances en premières parties de groupes comme AC/DC et au fameux tube « Antisocial », qui reste leur hymne. Ils ont vendu par la suite des millions d’albums en délivrant une musique énergique portée par des paroles souvent engagées. Entre deux reformations de Trust, Nono a continué son petit bonhomme de chemin en jouant, notamment aux côtés de Johnny Hallyday et de Jean-Jacques Goldman.
Nono n’en est pas à son coup d’essai concernant les guitares signature, puisqu’il a été commercialisé chez Fender, quelques années auparavant, une Stratocaster Mexicaine Nono Signature.
Reste la question qui nous intéresse le plus aujourd’hui : qu’apporte la signature Nono par rapport à cette Corvette classique ?
The Nono’s Touch
La G5135N se démarque de la Corvette classique tant au niveau cosmétique qu’au niveau sonore.Premier point qui saute aux yeux : la finition noire. Étant un amoureux des finitions « cerise », je suis un peu déçu par ce changement de couleur, mais tous les goûts étant dans la nature, je me console en me disant que la Nono trouvera son public. Le deuxième changement se situe au niveau de l’accastillage qui est entièrement plaqué or, des mécaniques (des mini precision) en passant par le Bigbsy, le chevalet, les attaches sangles, les potards et le sélecteur de micros. Il en va de même pour les micros qui sont, contrairement à la Corvette classique, des TV Jones Power’Tron (qui coûtent pas loin de 300€ la paire!), ce qui s’entendra à coup sûr lorsque la guitare sera branchée. L’accastillage doré fait son effet et la finition de l’instrument est très bonne. Même avec une couleur noire finalement assez sobre, la guitare en jette !
Mais qui dit guitare signature, dit aussi instrument de prestige. Gretsch a donc ajouté quelques goodies qui feront mouche auprès des fans Nono. Les heureux possesseurs de l’instrument seront ainsi ravis d’apprendre que leur guitare est limitée à 50 exemplaires dans le monde entier : ce qui est rare est précieux ! De plus, en retournant l’objet, ils notifieront la présence de la dédicace de leur guitariste préféré sur la plaque de cache Truss Rod, classe ! Aussi sera glissé dans la housse un « mini kit prestige dédicacé » incluant, une photo dédicacée, 2 billets avec un accès au backstage pour un concert de Trust (pensez à apporter votre Corvette pour la faire dédicacer!), un CD avec deux morceaux exclusifs, une carte postale pour envoyer à mamie, une affichette et une pochette de 45 tours (sans disque à l’intérieur…). Tout ceci confirme le fait que la guitare se destine surtout aux fans du guitariste de Trust.
C’est bien beau tout ça, mais avant d’être un objet de collection, la Nono est une guitare ! Alors, branchons-la pour voir comment elle sonne !
Branchez la guitare
La présence de micros TV Jones Power Tron est une bonne surprise et promet un son plein de « twang » tout en gardant un son chaud et puissant. Avec des médiums mis en avant, le son se rapproche de certains PAF des 50’s tout en gardant un son typé Gretsch. Le son du micro chevalet reste plus chaud et épais qu’un TV Jones Classic grâce aux deux bobines plus grandes permettant d’enrouler plus de fils de calibre standard. Le micro manche possède quant à lui des bobines d’une taille normale, mais plus d’enroulements que le TV Jones classic. Le résultat est un son plus sombre et plus chaud. Ce gain d’épaisseur promet à la Nono d’envoyer du lourd et d’être taillée pour le bon vieux rock qui tache ! Sachez qu’il existe une version « plus » du Power’Tron chevalet qui, d’après le constructeur, a un son encore plus chaud et plus lourd (!).
Nous avons vraiment été séduits par les sons clairs et les sons crunchs, qui, tout en gardant une certaine rondeur typique des micros double bobinage, « twanguent » comme des simples bobinages, ce qui donne un résultat très intéressant. Les sons saturés sont aussi très bons (le contraire nous aurait étonnés !), le niveau de sortie étant assez élevé et le son épais et gras comme il faut ! Un sans faute.
Mais trêve de bla-bla, voici les exemples audio faits avec un ampli Brunetti Mercury EL34 et son cabinet 4×12 et un micro M421 de Sennheiser placé devant l’une des gamelles :
- Son clair micro manche
- Son clair position intermédiaire
- Son crunch micro chevalet
- Son crunch micro chevalet 2
- Son crunch position intermédiaire
- Son saturé micro chevalet 1
- Son saturé micro chevalet 2
- Son saturé micro manche
- Son saturé micro chevalet 3
Conclusion
La Corvette étant une guitare plus que sympathique à la base, la Nono était dès le départ vouée au succès. Rajoutez-y un accastillage plaqué or pour le côté « bling bling », des Power’Tron TV Jones pour le côté « blang blang » et vous obtenez une très bonne guitare taillée pour le hard rock, style de prédilection de Norbert, mais pas seulement, la Nono proposant des sons clairs et crunch aussi très intéressants !
Avec un pack rempli de goodies sympathiques qui raviront les fans du guitariste de Trust, la G5135N est proche du sans-faute. Reste son prix, par rapport à une Corvette classique, qui en fait un véritable objet de collection : environ 1500 € TTC prix public contre 750 € TTC pour la Corvette Classique, soit le double. Si l’accastillage plaqué or vous indiffère et que vous n’êtes pas spécialement fan Nono, acheter une Corvette Classique et des micros TV Jones peut être un solution moins onéreuse…
[+] C’est une Corvette
[+] Accastillage plaqué or
[+] Micros Power’Tron TV Jones
[+] Gros son
[+] Bonne finition
[+] 50 exemplaires seulement
[+] 2 billets backstage pour Trust[-] Un prix qui la destine aux fans de Nono
[-] Une housse, mais pas d’étui