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Fender 60th Anniversary Precision Bass (2011)
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Test de la Fender 60th anniversary Precision Bass Limited Edition

Basse électrique 4 cordes de la marque Fender

Prix public US : $1,999 incl. VAT
Test écrit
22 réactions
La soixantaine ultra-sexy

On n’a pas tous les jours soixante ans, ni l’occasion de fêter l’avènement de notre espèce sur cette planète : “l’Homo sapiens bassistus-electricus”. Car si Leo Fender n’a pas inventé la basse électrique, il a su faire du concept oublié d’Audiovox déposé quatorze ans plus tôt, un véritable succès commercial. Permettant à notre instrument préféré de s’emparer de la scène internationale, pour finir entre nos mains vernies, enfants gâtés que nous sommes par les soixante années qui nous précèdent.

Pater­nité oubliée

 

Eh oui les amis, la basse est bien née en 1937 et non en 1951, des mains du même homme qui fut à l’ori­gine du premier micro élec­tro­ma­gné­tique pour instru­ment de musique (conçu en 1932 et utilisé à l’ori­gine pour ampli­fier les cithares, les pianos et les guitares espa­gnoles). Un génie oublié, un bon sama­ri­tain qui prit en pitié l’iso­le­ment des contre­bas­sistes, toujours contraints à voya­ger seuls, car victimes de l’en­com­bre­ment de leur instru­ment : une fois la contre­basse rentrée dans une voiture de l’époque, il ne restait plus que la place du conduc­teur de libre. Le pauvre bassiste devait donc prendre le volant et goûter aux joies de la route en soli­taire, au contraire des autres membres de l’or­chestre qui voya­geaient géné­ra­le­ment dans le même véhi­cule. Ce grand inven­teur s’ap­pe­lait Paul Tutmarc et bien qu’il fut en avance de plus d’une décen­nie sur les autres acteurs du marché de la musique élec­trique, son entre­prise fut un échec commer­cial cuisant. Il ne put jamais dépo­ser son brevet de micro élec­tro­ma­gné­tique au début des années 30, car l’en­tre­prise Bell avait la main mise sur l’ex­ploi­ta­tion de l’in­duc­tion depuis le dépôt de brevet du télé­phone en 1875 par Alexan­der Graham Bell. Et les instru­ments qu’il mit au point ne rempor­tèrent qu’un succès local (sa compa­gnie Audio­vox était située à Seat­tle) pour être vite oubliés. Nous lui recon­naî­trons la première contre­basse élec­trique, la Bass Fiddle de 1933 (au format d’un violon­celle) et sa petite sœur de 1936 : la bass fiddle “model 736”, première réduc­tion du genre (à peine plus d’un mètre de longueur) et surtout, la première basse à se tenir à l’ho­ri­zon­tale.

Leo Fender n’a donc pas inventé la basse élec­trique, ni son aînée à six cordes. La première guitare ampli­fiée étant offi­ciel­le­ment attri­buée à Georges Beau­champ en 1931, juste avant qu’il ne fonde la compa­gnie Ro-Pat-In Corpo­ra­tion avec Adolph Ricken­ba­cker. Appe­lée “elec­tro spanish guitar”, c’était une hollow body équi­pée d’un système piézo-élec­trique.

 

La première solid body conçue, fut le proto­type du grand Les Paul baptisé “The log” (en 1940) et jamais commer­cia­lisé.

Voilà, c’était juste pour remettre aux Césars ce qui ne revient pas à Leoni­das.

Ce qui ne réduit en rien le prétendu génie de l’homme de Fuller­ton, qui a su traduire les inno­va­tions tech­no­lo­giques, déve­lop­pées avant lui, en véri­tables succès commer­ciaux, ouvrant ainsi la voie aux courants musi­caux élec­triques.

Leo Fender a véri­ta­ble­ment créé le marché de la guitare élec­trique et osa le premier la produc­tion de masse, dans un secteur jusque-là sous-estimé par ses pairs. Son succès est donc tout à fait mérité puisqu’il a réussi là où la plupart de ses prédé­ces­seurs ont échoué. Sans la popu­la­rité de la guitare Broad­cas­ter de 1950 (rebap­ti­sée très vite “Nocas­ter” pour deve­nir "Tele­cas­ter”), les huiles de Gibson n’au­raient jamais rappelé Les Paul qui donnera son nom à la première Solid Body de la marque en 1952. Idem côté basse : Sans la Preci­sion Bass de 1951 et l’en­goue­ment qu’elle provoqua sur le vif, Gibson n’au­rait pas sorti l’EB-1 en 1952 ; exit aussi la Ricken­ba­cker 4000 (première basse produite par la compa­gnie), qui voit sa concep­tion moti­vée par le triomphe de la Préci­sion de 1957.

Suite de l’histoire

Un an après la seconde guerre mondiale, à la suite d’une courte asso­cia­tion avec Clay­ton Orr « Doc » Kauff­man, un inven­teur ancien­ne­ment employé par la société Ricken­ba­cker (on lui doit l’an­cêtre du cheva­let vibrato) ; Leo se lance en solo et baptise sa nouvelle entre­prise “Fender Elec­tric Instru­ment Company”. Il passe de la répa­ra­tion de maté­riel audio à la concep­tion de guitares lap steel et d’am­pli­fi­ca­teurs. L’en­tre­pre­neur voit les choses en grand, il  a compris qu’à une certaine échelle, produire est plus rentable que répa­rer.

Entre 1946 et 1948, l’en­tre­prise met sur le marché de solides ampli­fi­ca­teurs (le Prin­ce­ton et le Champ). Consi­dé­rés comme les plus puis­sants de l’époque, leur commer­cia­li­sa­tion est un succès. En 1948, l’en­trée de Georges Fuller­ton à plein temps dans la compa­gnie marquera les jalons déci­sifs dans l’éta­blis­se­ment de sa réus­site. Dès lors, il conçoit avec Leo les plans d’une guitare solid-body élec­trique. Pour cela, les deux concep­teurs ne s’ins­pirent ni de l’Elec­tro Spanish Guitar de Ricken­ba­cker, ni de la bûche de Les Paul, mais d’un concept bien plus récent. En 1947, le grand Merle Travis (un nom incon­tour­nable de la Coun­try et du guitar picking) à lui même dessiné les plans d’une guitare, qu’il fait construire par Paul Bigsby. Cette première Solid-body de l’his­toire consti­tue la première influence offi­cielle de ce qui devien­dra l’Esquire de Fender : La première produc­tion en série de ce nouveau genre de guitare, qui débute dès 1950.

Puis les choses se préci­pitent : l’Esquire devient Broad­cas­ter (un truss rod est ajouté en série dès 1950), puis Nocas­ter et dès 1952, la célèbre Tele­cas­ter fait son appa­ri­tion triom­phante (il s’agit juste d’un chan­ge­ment de nom de la Nocas­ter, pour rendre hommage au média télé­vi­suel montant). Mais reve­nons à nos moutons à quatre cordes, puisque la Préci­sion Bass est née à la même époque, plus préci­sé­ment en novembre 1951. Lancé par le succès de ses guitares, Leo inscrit alors son entre­prise dans la légende et engendre par la même occa­sion, une nouvelle géné­ra­tion de musi­ciens : La nôtre.

Donc Joyeux anni­ver­saire mamie ! Qui prend du gâteau ?

L’ins­tant d’une rencontre

Fender 60th anniversary Precision Bass Limited Edition

Comme à mon habi­tude, je flânais sur Pigalle (Rue Victor Massé, bien sûr…) ; cher­chant  l’ins­pi­ra­tion pour mes dix doigts entre deux instru­ments d’ex­po­si­tion.

Le vendeur du mago débal­lait quelques cartons pendant que j’of­fi­ciais à salir, de mes empreintes digi­tales, moult fini­tions High­gloss.

Je fais partie de ces gens qui aiment le travail, surtout quand il s’agit de regar­der les autres trimer. Et le faire dans ce maga­sin dans lequel j’ai moi-même déballé plusieurs tonnes de matos, ajoute un petit plus, un je-ne-sais-quoi jubi­la­toire. J’étais donc là, assis avec une basse entre les mains, le regard un peu vide, me confon­dant dans des appré­cia­tions dignes du Geek que je suis, quand le facto­tum sortit machi­na­le­ment une basse de son étui pour l’ex­po­ser. Si vous l’aviez vue les amis ! Si seule­ment vous aviez été derrière mes yeux à cet instant, je suis certain qu’aujour­d’hui, vous rédi­ge­riez cet article à ma place…

Une superbe blonde au look vintage, belle au point d’illu­mi­ner toute une scène plon­gée dans le noir. Le genre d’ins­tru­ment que l’on entend déjà sonner avant même de le jouer. Dans le bon sens du terme bien sûr (parce que ça marche aussi avec les pelles pour­ries, que l’on trouve moches et qui ne sonnent pas).

J’aime la silhouette des préci­sions dites “à l’an­cienne”.  En fait, j’ai toujours préféré le profil “Tele­cas­ter” à celui de la stra­to­cas­ter qui s’est imposé, au rayon des basses de la marque, dès 1957. Par contre je suis plus fan du micro double Split, que du bobi­nage simple d’ori­gine (plus pour une ques­tion de rayon­ne­ment que de grain). Là, autant dire que la belle joue dans ma cour !

Fender 60th anniversary Precision Bass Limited Edition

Ajou­tez donc à cela : une fini­tion laquée (chose rare chez Fender) irré­pro­chable, une couleur trans­lu­cide (black­guard blonde) se rappro­chant des origines de 51 (le Butters­cotch blonde) en légè­re­ment plus clair, un joli manche en C consti­tué d’érable (avec la touche unie) et un très beau frêne pour le corps, dont les nobles veinures restent appa­rentes pour le plai­sir des mirettes. Il y a là matière à tomber sous le charme, surtout pour ceux qui aiment les belles pépées d’an­tan.

Je me répète pour être tout à fait clair : ce modèle commé­mo­ra­tif n’est pas une Reis­sue mais bien une basse hybride. Look vintage et compo­sants modernes résument la nature de cet instru­ment comme ce cheva­let cordier traver­sant, les renforts de touche en graphite et le truss rod (aussi en graphite) à l’ac­cès contem­po­rain (nos ancêtres de 1951 devaient démon­ter le manche pour le régler, ici une clé longi­forme et un tour de poignet suffisent). Les bords du corps sont arron­dis et chan­frei­nés devant comme derrière (une modi­fi­ca­tion de série dès 1954), ce qui évite d’avoir l’avant-bras droit engourdi par une circu­la­tion sanguine coupée, ou de voir ses nerfs écra­sés pendant les longues heures de jeu.

Fender 60th anniversary Precision Bass Limited Edition

La sortie Jack est tubu­laire (prise de châs­sis) au lieu de la prise de jack d’époque, qui consis­tait en une entrée de table adap­tée à une large défonce d’éclisse. Les méca­niques Hipshot® sont ouvertes et le sillet est en os synthé­tique ; un compo­site remplaçant le tradi­tion­nel sillet de 1953, à l’époque taillé dans de l’os de bolche­vique. Maccar­thysme oblige. Le flight case est lui aussi moderne puisqu’il s’agit du SKB qui accom­pagne aujour­d’hui les stan­dards US et les Deluxe. Moi j’au­rais bien aimé un étui en tweed même si je dois avouer que celui-là est plus pratique et léger.

Pour tout le reste, c’est du bon gros stan­dard passif que je m’ap­prête à faire sonner en passant direc­te­ment dans mon inter­face audio, à l’aide d’un simple jack, d’un potard de volume et d’une tona­lité. J’ai quant-à-moi deux regrets à énon­cer avant de clore ces présen­ta­tions :

Il est visuel­le­ment regret­table de ne pas voir la belle propo­sée avec les “enjo­li­veurs” d’an­tan, à savoir le cache-micro (qui servait surtout de cage de Fara­day) et le cache cheva­let.

Même si ces pièces ne sont pas forcé­ment pratiques quand on joue et voient leur montage option­nel, je leur ai toujours trouvé un charme d’époque tout appré­ciable. Même chose pour le repose-doigt (on y posait l’in­dex, le majeur et l’an­nu­laire), prévu pour le jeu au pouce et placé sous la corde de sol sur la plaque de protec­tion. Très peu de gens utilisent cet acces­soire aujour­d’hui, mais il appar­tient presque au cliché.

Carac­tère élémen­taire

Fender 60th anniversary Precision Bass Limited Edition

Commençons si vous le voulez bien, par la prise en main. Le manche tout d’abord et ses mensu­ra­tions répon­dant aux stan­dards modernes : Un diapa­son de trente-quatre pouces, un radius de 9,5 pouces et un sillet de 41, 3 mm. En gros, c’est un manche de Préci­sion Bass contem­po­raine. Assez épais, mais facile à prendre en main, il se lais­sera exploi­ter par toutes les pognes. Et vu la taille des miennes, je peux parler au nom des moins bien lotis !

Le poids de l’ins­tru­ment me paraît léger, vive le frêne des marais ! Vous remarque­rez que je n’an­nonce pas le poids de la pesée. Par manque de profes­sion­na­lisme (je suis un vil sagouin, vous pouvez donc me jeter des petits cailloux) je n’ai pas pris le temps de peser la bête. Toutes mes excuses amis lecteurs, j’es­saie­rai à l’ave­nir d’être moins subjec­tif et distrait.

Debout elle ne pique pas du nez, assis elle se love amou­reu­se­ment contre soi. Côté main droite, on se servira du micro double pour poser son pouce (ou pas). Pour le reste du jeu le long de la table et plus préci­sé­ment près du cheva­let, il ne faudra comp­ter sur aucun support de ce type. C’est normal pour une préci­sion stan­dard, mais cela méri­tait d’être rappelé. En jouant aux doigts, je me limite donc à poser ma main au-dessus du micro ou sur le manche. Au média­tor, pas de soucis de ce genre, on plaque ça main sur les cordes et on se pose où on veut.

Fender 60th anniversary Precision Bass Limited Edition

Côté ramage, je vous laisse appré­cier une varia­tion de Psyche­de­lic Sally, non pour la qualité de jeu de son inter­prète du jour, mais bien pour les quelques tona­li­tés dont elle témoigne. Le choix de ce morceau est un clin d’œil à Lionel Hamp­ton qui, dès 1951, fut le premier à accueillir au sein de son big band la basse élec­trique lors de tour­nées. À l’ori­gine, le compo­si­teur percus­sion­niste imposa l’ins­tru­ment à son contre­bas­siste William “Monk” Mont­go­mery, car il l’en­ten­dait plus faci­le­ment que la contre­basse sur scène. Le remplaçant de Monk, Roy John­son, fut aussi un pion­nier de notre instru­ment préféré.

À l’écoute des prises, on appré­ciera l’iso­la­tion parfaite du signal. Le micro split remplit son office : aucun bour­don­ne­ment ni para­site ne se feront entendre, même en ouvrant complè­te­ment la tona­lité. Voici quatre prises jouées aux doigts, présen­tant le spectre sonore de quatre réglages diffé­rents de tona­lité.

 

Tone = 0
00:0000:27
  • Tone = 000:27
  • Tone = 300:23
  • Tone = 500:31
  • Tone = 1000:16

À fond dans les graves, le grain est bien rond, allant jusqu’à atté­nuer la dyna­mique de la touche en érable. Entre les deux tiers et la moitié de la course du potard, se trouve mon grain préféré ; à la fois grave et assez défini dans les aigus et les hauts médiums pour être quali­fié de précis. Effi­cace pour poser une ligne de groove bien assise, au grain réfé­rencé chez un large public, ce réglage passe presque partout tout en restant sommaire. En ouvrant à fond la tona­lité, on accède à un grain propre et punchy. Proba­ble­ment appré­ciable pour un jeu rock au média­tor, le son obtenu met en exergue les quali­tés percus­sives du bois de la touche.

 

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Pour ce qui est des joies du pouce frappé et de la corde tirée, la Preci­sion Bass montre les limites de son micro grave unique. Pas de miracle donc pour les amateurs de slap qui préfé­re­ront certai­ne­ment la jeune sœur de la Preci­sion, équi­pée de deux micros : la non moins popu­laire Jazz Bass.

 

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Conclu­sion

Je résu­me­rai donc mon appré­cia­tion person­nelle du timbre de la belle en affir­mant, sans l’ombre d’une hési­ta­tion, qu’elle sonne comme une excel­lente Preci­sion. En espé­rant que la simpli­cité de ma sentence trouve écho chez les amateurs de ce clas­sique, qui peuvent courir l’es­sayer une fois cette lecture termi­née. Pour ceux qui n’aiment pas forcé­ment les stan­dards du père Leo ou qui préfèrent la Jazz Bass, il n’y aura pas forcé­ment de quoi se conver­tir. Mais testez-la quand même, ça ne coûte rien ! J’ai pris pour ma part beau­coup de plai­sir à jouer sur cette basse qui lais­sera un brin de nostal­gie à son utili­sa­teur : que de chemin parcouru tech­nique­ment depuis soixante piges, mais les vieilles recettes, mises intel­li­gem­ment à jour, feront toujours mouche. C’est appa­rem­ment avec cette même philo­so­phie que Fender propose une 50th Anni­ver­sary Jazz Bass, qui force aussi ma curio­sité.  Je vous laisse, amis lecteurs, en termi­nant sur le tarif de cette belle préci­sion, qui oscille entre 1350 et 1500 euros, avec l’étui, la sangle et tout ce qu’il faut pour régler l’ins­tru­ment. Je souhaite un bien bel été à tous ceux qui nous lisent !

Points forts
  • Finitions originales
  • Simple et efficace
  • Poids et ergonomie générale
  • Rapport qualité-prix convenable
  • Vendue avec l’étui
  • Isolation de l’électronique et choix du micro double
Points faibles
  • Absence de quelques accessoires chers à mon cœur
  • Les gauchers sont punis, ce sont toujours les mêmes qui trinquent…

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