Profitant de ces dernières semaines, où j’ai pu m’entraîner à quelques doigtés sur une naine blonde et acoustique, je continue sur ma lancée et cette fois, c’est une solid body que je vais tester pour vous.
Ajoutez à cela quelques frettes et un préampli deux bandes : de quoi se faire, en synthèse, un avis sérieux sur ce que propose la marque en mini-diapason. Attention, la lecture du test précédent est obligatoire, car ici, nous rentrerons dans le vif du sujet !
Prête au lancer
La sub se vend aussi en housse, la même qu’en acoustique et ça c’est toujours bien, même si de visu cette solid body inspire un peu plus la solidité que sa sœur. Le modèle que j’ai choisi pour ce test est de 18 euros plus cher que la précédente. Vous me direz que vingt euros ne sont pas grand-chose, pourtant cette différence est assez paradoxale à mes yeux et je vais vite vous expliquer pourquoi.
Parlons d’abord des essences utilisées sur la basse du jour, dont le corps est en peuplier (la SSMHG était faite d’acajou et d’épicéa massif) et le manche en érable (l’autre était en acajou). Les touches sont bien similaires sur les deux basses, toutes de palissandre revêtues ; le chevalet est aussi du même bois. L’électronique est bien différente sur la SUB : il semble que le capteur soit de même nature et marque, à savoir un électro-statique de chez Shadow, mais le préampli embarqué n’est pas le même. Il s’agit ici d’un égaliseur à deux bandes et d’un volume, au lieu du NFX EQ-T équipant la première Ubass testée. On regrettera donc et sur un délai très court, l’absence d’accordeur intégré. Outil bien nécessaire, quand on joue sur ce type de cordes. Mais on se consolera peut-être avec l’égaliseur à bandes, qui proposera des ajustements plus aisés pour les musiciens amateurs d’actif.
Sur le point des essences utilisées, comme de l’électronique embarquée, je ne vois pas vraiment de raisons légitimant une augmentation des tarifs. Mais cette contradiction va encore plus loin : considérant la finition de l’instrument et les qualités de son assemblage (au demeurant plus simples sur une solid body vissée que sur une électro-acoustique collée), j’ai un peu de mal à comprendre comment la marque peut justifier que la Sub soit plus chère. J’avais trouvé le modèle acoustique vraiment bien fini : le bending était propre, aucune faute de réalisation à reporter (mis à part le couvercle mal ajusté au dos), c’était un instrument qui suggérait une belle facture.
Malheureusement, je ne pourrais en dire de même de la Sub que l’on m’a envoyée et vous présente une liste de ce que j’ai trouvé à redire :
- Le frettage est vilain : toutes les frettes ne sont pas bien ajustées, leur biseautage est inégal, certaines sont tachées par un faux bending de touche (qui ressemble plus à un cache-misère qu’autre chose) et il y a même des traces d’outil sur le palissandre. À ce prix là, un tel travail est difficile à tolérer, j’ai vu des touches de Ukulélé à 100 € bien mieux traitées ! (voir photos)
- Le bobinage des cordes sur ce modèle est inexploitable, il faut débobiner toutes les cordes pour les couper et les rembobiner correctement. (voir photos).
- L’instrument craque au niveau de la jonction du manche, j’ai dû revisser chaque vis pour atténuer la chose, mais le phénomène persiste. Un peu comme si un ouvrier avait eu la mauvaise idée de laisser de la peinture et du vernis sur le sabot du corps et le talon du manche… La chose est assez dérangeante quand on joue : même si personne d’autre ne l’entend, cela n’a rien de rassurant.
- En allant faire un tour sous le capot pour voir comme la Sub était alimentée, j’ai eu une drôle de surprise en trouvant une grosse pile de 9 volts attachée au circuit imprimé par une sorte de clip en métal. Voilà une drôle d’idée en soi, surtout que la pile n’est vraiment pas facile à enlever ou à placer : il faut soit tirer ou pousser fort. Je doute que cette solution soit tout à fait pérenne pour le préampli.
Voilà de quoi se poser des questions sur la pertinence du catalogue de la marque : tandis que la Ubass acoustique témoignait d’une fabrication chinoise irréprochable, la Sub est bardée de défauts que je jugerais de critiques. À se demander si les deux basses sortent de la même usine. Un détail semble corroborer mes dires : les mécaniques de la sub sont du même format, mais pour ce coup, ce sont bien des licences Hipshot. Bien sûr, je ne fais que le supposer, mais tout est là pour suggérer que ces deux instruments ne sont pas fabriqués sur une même chaîne et par les mêmes mains. En tout cas, cela prouve bien une chose : tous les « Made in China » ne se valent pas.
Moins bruyante, mais plus puissante
Dépourvue de caisse de résonance, la sub ne souffre pas des percussions indésirables lors du jeu. Mais c’est un plus qui se fera sentir sur le grain de l’instrument : le son est plus droit et bien moins compressé que sur l’acoustique. Autre point notable : le gain de la sub est bien plus puissant que celui de la SMHG.
Vive les frettes !
J’adore les basses fretless mais il faut avouer que sur un diapason de 21 pouces, certains repères ne font pas de mal ! Pour avoir eu l’une et l’autre pendant trois semaines, je peux dire que je préfère de loin avoir quelques frettes sous les doigts ! Surtout qu’avec les cordes en polyuréthane, le frettage se fera vite oublier. Il est ainsi plus aisé de jouer des accords : placer une quinte est bien plus simple et efficace sur la Sub que sur la SSMHG.
On la branche
Passée directement dans mon UR22, voilà ce que cela donne :
- 1 Bass 2:3 aigus 1:3 01:19
- 2 Bass 2:3 aigus 1:3 + COMP 01:19
- 3 Bass 2:3 Aigu 2:3 00:35
- 4 Bass 2:3 Aigu 2:3 + COMP 00:35
Je vous propose à nouveau les prises en doublon, une version avec et sans compresseur, j’ai gardé les réglages de compression du premier test. Comme je l’ai écrit un peu plus haut, le son est plus droit sur la solid body : avec un peu moins de médiums et de galbe dans les graves que sur l’électro-acoustique. Il est facile d’ajouter des graves en usant de la bande appropriée, mais ils restent un poil moins chargés d’harmoniques à mon goût. Le signal est naturellement moins plantureux, mais plus précis une fois « taillé » par les deux bandes. À chacun de choisir sa préférence, entre un grain généreux, mais grossier et un second, plus artificiel mais chirurgical. Le format étant réellement petit, on a tendance, lorsque l’on est assis, à se recroqueviller sur sa Ubass. Avec l’épaisseur en moins de la solid body, j’ai eu un peu plus de mal à caler proprement la mini-basse sur moi. Il y a donc des notes que j’ai ratées, comme sur les deux premiers extraits (à 15 secondes, je rate mon Mi à vide). Je préfère pour cette raison l’ergonomie de l’acoustique ainsi que le dos de son manche satiné.
Je me suis tout de même bien amusé sur la Sub, dont les frettes permettent certaines fantaisies comme ce qui suit, le Rockabilly n’est pas tout à fait loin et avec un peu plus d’entraînement, ça ferait presque illusion !
- 5 Slap 00:22
- 6 Slap + COMP 00:22
Comme sur la première, la sub présente quelques déséquilibres de volume entre ses cordes, chose que l’on pourra compenser avec une bonne compression.
Mimi pas Mathy !
Je trouve que la Sub est un peu chère pour ce qu’elle propose. Si le concept de l’électro-acoustique fonctionne très bien en solid-body, la qualité de réalisation ne justifie absolument pas que cette dernière se vende plus cher que la première. Je serais donc enclin à préférer la SMHG et de loin, mais avec des frettes ! Il appartient donc à la marque d’effectuer le travail nécessaire pour éliminer les quelques défauts de la Sub, qui à presque 500 €, font de ce modèle un choix difficile pour une clientèle exigeante. Je vérifierai en boutique, étant peut-être tombé sur un cas particulier et je vous dirai, plus bas, si les points négatifs sont une série. Je conclurai tout de même cette suite de tests par une constatation évidente : la taille de l’engin ne fait plus le bassiste !
Et j’imagine que pour quelques-uns, c’est une sacrée bonne nouvelle !