Los Teignos a deux minutes pour vous expliquer la différence entre MIDI et audio. Pas question de traîner donc !
Qu’est-ce que l’audio ?
Si comme l’indique son étymologie, le mot audio définit globalement tout ce que l’on peut entendre (et donc enregistrer), la notion de fichier audio est une abréviation courante pour fichier audionumérique.
Qu’est-ce qu’un fichier audionumérique? C’est tout bêtement un fichier qui contient du son qui a été numérisé grâce à des convertisseurs, tout comme on peut numériser des images avec un scanner.
Vous connaissez probablement plusieurs formats d’image numériques, comme le GIF, le JPG, le PNG, le TIFF ou encore le BMP. Vous ne serez donc pas trop surpris de découvrir qu’il existe plusieurs formats de fichiers audionumériques : le WAV, l’AIFF, le MP3, le M4a, le OGG, entre beaucoup d’autres. Et même s’ils ne le font pas tous de la même manière, tous ces formats servent à consigner du son numérisé. Si vous double-cliquez sur l’un d’eux depuis votre ordinateur, ce dernier décodera ainsi les données numériques pour les transformer de nouveau en son audible par vos oreilles.
Évidemment, tout comme les photos ou les vidéos peuvent avoir plusieurs résolutions, les fichiers audio peuvent eux aussi avoir une définition plus ou moins précise, laquelle jouera sur leur taille, un fichier audio en haute résolution étant plus lourd qu’un fichier audio en basse résolution.
À présent que vous avez une idée de ce qu’est un fichier audio et de ce à quoi il peut servir, voyons ce qu’il en est du fichier MIDI en sachant que cet énigmatique acronyme signifie Musical Interface for Digital Instruments et que ça vous fait une bien belle jambe de le savoir.
Qu’est-ce que le MIDI ?
Contrairement au fichier audio, un fichier MIDI ne résulte pas d’une numérisation du son. De fait, vous ne pourrez jamais enregistrer le son de votre voix dans un tel fichier car là n’est pas son intérêt. Et pourtant, le MIDI comme l’audio servent à faire de la musique. Qu’est-ce qui les différencie donc ?
Il y a de nombreuses analogies qui permettent de comprendre ce qu’est un fichier MIDI et ce qui le différencie d’un fichier audio. À un graphiste, on expliquerait que le MIDI est à l’audio ce que le vectoriel est au Bitmap. À un pâtissier, on dirait que le MIDI est à l’audio ce que la recette est au gâteau. À un couple endetté sur 25 ans, on dirait encore que le MIDI est à l’audio ce que le plan de l’architecte est à la maison dans laquelle ils vivront.
Mais pour faire une comparaison plus musicienne, disons que le fichier MIDI est au fichier audio ce que la partition des 4 saisons de Vivaldi est au disque des 4 saisons de Vivaldi enregistré par l’Orchestre Philharmonique de Londres.
C’est à dire que contrairement au fichier audio, un fichier MIDI ne contient aucun son mais une série de consignes que seul un instrument compatible MIDI peut comprendre, et qu’il va suivre pour savoir quel son jouer à quel moment. Ce n’est donc pas le fichier MIDI qui produit directement le son, c’est l’instrument MIDI d’après les consignes contenus dans le fichier MIDI.
Vous avez déjà vu ces pianos mécaniques ou ces orgues de barbarie qui jouent seuls grâce à des cartes perforées? Dites-vous que la carte en question est le plus parfait ancêtre du fichier MIDI. En fonction de l’emplacement des trous, le piano ou l’orgue vont jouer telle ou telle note à tel ou tel instant sur telle ou telle durée. Or, si la combinaison de la carte et de l’instrument produit bien de la musique, la carte seule ne produit aucun son : ce n’est qu’un bête morceau de carton perforé. Tout comme le fichier MIDI n’est en définitive qu’un bête conglomérat d’instructions informatiques destiné à dire à un instrument électronique ou logiciel quelle note doit être jouée à quel moment et comment elle doit être jouée : fort ou pas fort, avec quel son, à droite ou à gauche dans l’espace stéréo, etc.
Vous l’aurez compris, le MIDI est donc une sorte de langage descriptif* qui permet à des instruments compatibles MIDI de dialoguer entre eux. Un langage qui prend place au sein d’une norme de communication entre appareils électroniques (avec ses interfaces, ses câbles, etc.). C’est ainsi qu’un clavier MIDI permet d’enregistrer des notes dans un séquenceur MIDI qui, lui-même, va se servir du protocole MIDI pour que les notes soient jouées par un sampler ou un synthétiseur compatibles MIDI.
Mais, me rétorquerez-vous avec audace, puisque le but du MIDI, c’est finalement de produire du son, pourquoi ne pas se contenter de tout enregistrer en audio ?
Tout simplement parce que les données MIDI sont incroyablement plus légères et malléables que les données audio qui sont beaucoup plus lourdes et figées. Au-delà de l’argument du poids qui peut avoir un intérêt dans certains contextes (pendant longtemps, les sonneries de téléphone portable étaient des fichiers MIDI car les téléphones n’avaient pas assez d’espace de stockage pour accueillir des fichiers audio), l’avantage du MIDI tient en effet dans le fait qu’il est très facilement éditable. Si vous enregistrez un pianiste en audio, vous obtiendrez certes un morceau de piano très réaliste mais vous ne pourrez pas après coup décider, parce que ça vous chante, que le pianiste doit jouer deux fois plus vite, une octave plus bas et dans une tonalité mineure ou avec, finalement, un son de cornemuse. Vous ne pourrez pas non plus corriger telle fausse note ou telle erreur de rythme. Alors que le MIDI permet tout cela très facilement via l’usage d’un séquenceur. Aussi facilement qu’un traitement de texte permet par exemple de changer la police de caractère d’un texte ou de remplacer un mot par un autre, autant de fois que nécessaire et sans jamais altérer, au fil des modifications, la qualité du rendu final. Et croyez bien que la qualité du rendu obtenu avec un fichier MIDI peut-être de très belle facture pour peu que le fichier MIDI soit lu par un instrument MIDI de qualité.
En effet, si lorsque vous double-cliquez sur un fichier MIDI sous Mac OS X ou Windows, le son obtenu est relativement mauvais, ce n’est pas tant la faute du fichier MIDI que du générateur sonore utilisé par votre logiciel qui est de bien piètre qualité. Si vous prenez la peine de lire le même fichier MIDI avec des instruments MIDI de haute qualité (qu’ils soient matériels ou logiciel), vous obtiendrez en effet quelque chose d’extrêmement réaliste à la fin… Voici quelques exemples de morceaux réalisés à partir de fichiers MIDI et d’instruments virtuels de qualité :
https://www.synful.com/Sounds/Synful_Plays_Beethoven_Quartet.mp3
Avouez que c’est bluffant, non ? Même si, pour être tout à fait honnête, il convient de préciser que la qualité audio de ces rendus de fichiers MIDI provient également de leur mixage.
Autres usages du MIDI
Au-delà des notes, le MIDI peut aussi recouvrir bien d’autres usages : on l’utilise par exemple pour automatiser certaines opérations lors du mixage d’un titre (faire varier le volume d’un instrument ou changer le placement d’une piste dans l’espace stéréo, modifier le réglage d’un effet ou désactiver ce dernier, etc.) et on peut même s’en servir sur scène pour déclencher des éclairages…
Bref, s’il est tout à fait possible d’enregistrer de la musique sans jamais recourir à la norme MIDI, comme on le faisait avant qu’elle ne soit inventée dans les années 80, force est d’admettre qu’il s’agit d’un outil extrêmement puissant qui simplifie bien des choses une fois qu’on a appris à s’en servir. Et croyez bien que la chose n’a rien de très compliqué.