B&W 802D

B&W est sans conteste, l'un des fabricants les plus connus dans le monde de la hifi. Ses chiffres de ventes dépassent allègrement tout ses concurrents.

La 802d est l'un des top modèles de la marque. L'enceinte ultime représentant le rêve de pas mal de hifi-istes endurcis. Un peu comme certains, sur ce forum, rêvent d'une Gibson Historic Reissue. On est dans le même genre de rêves liés au hobbies.

Mais ce rêve là n'est pas facilement réalisable. Comptez, au bas mot, 14'000 EUROS !!! Ouaip ! C'est très très cher. Mais en comparant le prix à des ATC SCM50SL et autres Gauder Cassiano ou PMC Fact12, on remarque qu'on zône dans la même catégorie de prix. J'avais déjà parlé des "bonnes affaires" du monde de l'audio haut de gamme, et la B&W n'en fait pas partie, elle reste toutefois une valeur sûre même en revente d'occasion.



---- Finitions et chiffres ----

L'enceinte est annoncée pour couvrir une plage de fréquence 34hz et 28 khz.
Sa sensibilité est annoncée à 90db spl.
Conception 3 voies.
Elle est flanquée de deux hp en rohacel de 8" pour le grave
Un médium en kevlar de 6"
Et le fameux tweeters en diamant de 1"

Le tout assemblé dans un casing en multiplis incurvé et collé.


Autant vous le dire tout de suite, cette enceinte est assez impressionnante dans son ingéniosité de construction. Que ce soit en raison de la machinerie unique, utilisée pour effectuer ce case galbé, comme au niveau des matériaux, très adaptés pour leurs usages respectifs. C'est de la toute bonne came à ce niveau et devrait faire taire les détracteurs du made in asia, qui trouveront, ici, le contre exemple parfait de ce que les asiatiques arrivent à faire quand le prix n'est pas un facteur d'importance.

Les finitions sont parfaites. Amateur de belles choses, j'ai vraiment fait tout le tour de l'enceinte à la recherche d'imperfections dans le multiplis ou j'ai regardé si le laquage n'a pas été chiardé dans un coin ou l'autre, et rien à signaler.

L'enceinte est également disponible dans quelques bois (rosewood, cherry) et le bon vieux piano black. Je reprocherai peut-être simplement aux bois d'êtres quelconques. Quand on a connu la beauté des essences d'un tourne-disque Sota ou d'une enceinte Xavian ; ou simplement, l'excellence de certains placages chez des fabricants de meubles que je ne nommerai ça ici, on se dit que le fabriquant n'a pas été jusqu'au bout de sa logique "très haut de gamme". C'est un bois correct mais, dans la gamme de prix visée, pas irréprochable.

Au niveau du placement, je conseille un placement assez loin des murs, car Madame envoie du grave à full berzingue et n'hésitera pas à activer toutes les ondes modales de ce qui sera placé sous la limite du mètre. Idéalement il faudra viser plus vaste sur les côtés. L'idéal étant probablement un positionnement libre ou proche de la liberté.


---- Sonorités ----

D'entrée, la B&W 802d annonce la couleur... ou plutôt son absence de couleur. J'ai souvent été critique avec B&W pour avoir un grave mushy, un peu chaud, à la manière d'une membrane guitare d'un vieux Celestion. Mais que nenni dans ce cas. Je ne retrouve pas "la voie traditionnelle B&W", mais plus la neutralité d'un moniteur (étrange d'ailleurs, puisque certains studios l'utilisent comme enceinte de mastering).

Sur mon morceau d'étalonnage ultime, le Sigh No More du groupe Mumpford and Sons, je constate un très bel équilibre tonal. Une scène sonore autant vaste que haute avec juste un manquo. Je dis manquo car on est ici en face de l'excellence et que du très bon passera pour un manquo, en effet, la profondeur est standard. Mais il peut s'agir du placement, que je ne pouvais modifier à loisir pour expérimenter sur ce plan. Ce dernier tournait toutefois au niveau d'une bonne enceinte, il n'était, cependant, pas de référence. La chaîne ne pouvant être impactée sur ce point (Accuphase 2420 sur Accuphase A-65 nourris par un DP-410). Je constate que l'aigu est moins râpant que sur beaucoup d'autre matériel. En fait, on est en face d'un aigu doux et contrôlé, très agréable à l'écoute. Le médium délivré par l'ensemble est de toute beauté et les détails transparaissent à plein avec une absence de stress évidente, comme déjà constaté d'ailleurs avec l'excellente ATC SCM50. Seul la tenue du grave peut être perfectible, on sent, ici et là, que certains détails ne sont pas rendus au maximum possible. Que ce soit l'ATC ou l'excellente PMC Fact 8, avaient tendance à être carrément magistrales sur leur développement de fréquence. Ce qui n'est pas totalement le cas ici.$

Qu'on se comprenne, la définition de grave va très loin, et les possesseurs d'atohms Gt2 et autres Audium Comp vont trouver qu'ils ont fait une progression en la matière, mais il y a moyen de faire encore plus net.

J'ai entre-autres, apprécié ce petit plus de grave que l'enceinte offre, posant le médium sur une base chaude et remuante.


Les mêmes constats globaux se sont ensuite poursuivis. Que ce soit sur l'excellent "bombtrack" de Rage against the machine. Le "let it rain" de Tracy Chapman, Le "Nervermind" de Nirvana, le "paranoïd" de Black Sabbath ou le "let go" de Nada Surf.


Notons que l'album de Black Sabbath, avec cet ensemble, était tout à fait particulier. Plus clair, plus aéré. Moins fondamentalement bouché que ce qu'on l'entendrait sur d'autres ensembles. On retrouvait un son qualité "studio".

J'ai aussi noté une évidence dans la reproduction des violons et autres instruments boisés comme les pianos et les guitares. Cette enceinte allié à cet ensemble montrait une aisance évidente en la matière.

En revanche, je m'attendais à plus "d'élan" dans la restitution. Quand vous êtes en face d'une chaine exposure branchée sur du PMC, ou même une accuphase 306 branchée sur une 804d, on a une impression d'élan parfois carrément épique et qui semble fouiller chaque dynamique pour te l'envoyer au full maximum. Sur cet ensemble, j'ai trouvé le résultat un peu trop sage, un peu trop audiophilistiquement artificiel.

(pour la phrase du dessus, je vous autorise à m'offrir un Bescherelle).



---- Constat ----

Globalement j'ai passé un bon moment et me suis bien amusé en écoutant ma musique préférée. Mais, dès que mon cerveau s'est ré-enclenché, j'ai eu du mal à définir "qu'est-ce que cet ensemble avait fait de mieux que sur mes meilleures écoutes". Et, au final et après réflexion, il n'a rien fait de mieux que sur mes meilleures écoutes. La perfection dynamique et sonore de l'ATC SCM50 n'a pas été atteinte. Ni la profondeur et l'agilité des combis exposure/PMC et Accuphse/B&W situées en dessous.

De ce fait, j'éviterai cet investissement, car elle ne correspond pas à mes goûts personnels. Mais, un amateur de musique qui juge les points qui m'ont dérangé comme sa propre tasse de thé, trouvera, au contraire, cette enceinte géniale.

Bienvenue dans la subjectivité de l'objectivité.

Mais, pour faire court, celui qui se décidera pour cette enceinte n'échouera pas sur un mauvais produit si il est de ceux à qui le résultat plaît.