Le H4n n’est plus le fleuron de la gamme d’enregistreurs de Zoom ! Proposant toujours plus d’entrées et des micros interchangeables, voici le H6.
Depuis 2006 et son H4, Zoom est devenu un constructeur incontournable dans la catégorie des enregistreurs portatifs numériques. Poussée par le succès commercial, la firme japonaise a décliné sa gamme avec des modèles plus économiques (H2, H1), des versions revisitées (H2n, H4n) ou encore des appareils affublés de caméra vidéo (Q3, Q3HD). Après avoir annoncé au NAMM un micro pour iPhone (iQ5, bientôt en test sur Audiofanzine), Zoom a décidé d’envoyer du lourd au dernier Musikmesse avec le H6, promettant d’enregistrer pas moins de 6 sources simultanément… Ce dernier né est-il est un H4n avec deux entrées supplémentaires ou un peu plus que cela ? C’est ce que nous allons voir.
H6 bonanga
Le Zoom H6 nous est arrivé dans son carton d’origine, abritant une petite valise en plastique noir qui permettra de transporter le précieux sans risquer de l’abimer, mais aussi les deux micros stéréo. Car oui, la principale nouveauté de ce Zoom H6 est son côté modulaire, permettant d’avoir, en plus des entrées 1 à 4 directement disponibles sur l’unité (niveau micro avec ou sans alimentation fantôme, niveau ligne, mais pas instrument), un micro ou deux entrées XLR supplémentaires. Dans la petite valise, nous découvrons donc le micro MS et le micro XY, mais sachez que sont disponibles en option un micro canon (pour sniper de loin) et deux entrées XLR supplémentaires, si jamais les quatre déjà disponibles ne sont pas suffisantes.
Le H6 garde un look assez discret, entre noir et gris foncé. Son poids et son encombrement sont en revanche légèrement supérieurs au H4n que nous possédons, surtout si vous branchez un des deux micros fournis. Pour « l’unité centrale », nous avons un poids de 280 g (sans les piles) et des dimensions de 77,8 × 152,8 × 47,8 mm, le micro XY pesant 130 g et faisant 78,9 × 60,2 × 45,2 mm et le micro MS 85 g et 58 × 67,6 × 42,1 mm. Donc, l’unité centrale et le micro XY pèsent à eux deux pas moins de 410 g. Le châssis reste malheureusement en plastique, on évitera donc de faire tomber le H6 trop souvent, même s’il reste difficile pour nous de tester véritablement la solidité du produit (nous n’avons pas encore le budget pour !).
Écran placenta
La première chose qui attire l’œil, surtout quand le H6 est allumé, est l’écran LCD couleur doté d’une définition jamais vue sur un enregistreur Zoom (320 × 240 pixels).
Évidemment, la firme japonaise a encore quelques trains de retard (et pas des petits trains de banlieue, nous parlons ici de TGV) par rapport au marché des smartphones ou des tablettes : point de tactile et l’écran, s’il reste supérieur en termes de qualité à celui équipant le H4n, sera loin d’épater n’importe quel possesseur de téléphone pas trop vieux. Comme d’habitude, l’enregistreur se fait surclasser en termes d’ergonomie par rapport aux smartphones/tablettes iOS/Android et reste bien ancré dans les années 90. Car si le H6 dispose d’un meilleur écran que les autres enregistreurs Zoom, on ne peut pas dire qu’il en tire vraiment parti en termes d’ergonomie, et l’on retrouve avec un peu d’amertume cette vieille molette (cliquable !) de navigation placée sur le côté et cette touche « menu ».
Le point positif, s’il faut vraiment en trouver un, c’est que les habitués des produits Zoom ne seront pas dépaysés. Les autres auront la douce impression de voyager dans le temps : avec Zoom pas besoin de DeLorean ! La firme aurait pu aller jusqu’au bout du concept et inclure dans le bundle un sachet de Tang à l’orange ainsi qu’une K7 de Karen Cheryl.
Surplombant l’écran, on retrouve les touches de navigation (play/pause, stop, retour/avance rapide et enregistrement) ainsi que les touches d’armement des pistes : L & R (pour le micro XY ou MS) et 1 à 4. En haut se placent les 4 potards de gain avec leur atténuateur associé. Les 4 entrées combo XLR/Jack TRS 6,35 mm se trouvent sur les côtés, ainsi que le lecteur de carte SD (une carte de 2 Go est incluse et le lecteur reste compatible SD jusqu’à 2 Go, SDHC jusqu’à 32 Go et SDXC jusqu’à 128 Go, de quoi voir venir et les cartes SD sont bon marché), la prise casque, les boutons de volume, le bouton de mise sous tension, de verrouillage des touches et la prise mini USB. On retrouve sur la tranche du devant de l’appareil une sortie ligne au format mini-jack et une prise Remote pour y brancher une télécommande vendue séparément.
Lorsque l’on retourne l’appareil, on retrouve le logement pour les 4 piles LR6 (contre 2 pour le H4n, mais le constructeur promet quand même 21 heures d’enregistrement stéréo 44,1 kHz/16 bit avec le micro XY et 9 h 45 en enregistrant 6 pistes 96 kHz/24 bit, ce qui est très honorable) et le haut-parleur intégré mono qui pourra éventuellement dépanner. On constate aussi la présence d’un pas de vis permettant de fixer le H6 sur un pied photo. Notons l’existence d’un adaptateur permettant de fixer le H6 sur un appareil photo de type reflex.
Gogo gadget au micro
Mais la grosse nouveauté se trouve sur la tranche supérieure de l’appareil : il est possible de changer le micro intégré. En pratique, cela se fait assez facilement et rapidement, et une fois branché, le micro tient très bien en place.
D’office, le H6 est livré avec deux micros stéréo : un XY dont les capsules peuvent être orientées à 90 ou 120 degrés, et un micro MS (Mid/side). Chaque micro propose une molette de gain et le XY dispose aussi d’une entrée ligne et micro au format mini-jack. Pour un peu plus de 100 €, on pourra acheter le micro canon (micro très directionnel), tandis que le module permettant d’ajouter deux entrées XLR/TRS (attention, pas d’alimentation fantôme sur ces deux entrées) en lieu et place du micro coute environ 60 €.
Cela fait du H6 un enregistreur très polyvalent, permettant par exemple d’assumer entièrement la prise de son sur un plateau de tournage : le micro MS inclus, un micro-cravate, des micros d’ambiance, un micro canon, il pourra tout enregistrer grâce à ses 6 pistes. De même pour reprendre un concert, il sera possible d’envoyer la sortie de la console vers deux entrées XLR tout en utilisant le micro XY et deux autres micros supplémentaires grâce aux deux entrées XLR restantes.
Et en plus, il enregistre !
Côté formats pris en charge, pas vraiment de surprise : on retrouve le MP3 et le wav, les enregistrements multipistes seront forcément en wav, le MP3 se cantonnant à l’enregistrement stéréo. Si vous manquez de place sur votre SD (vu le prix, n’hésitez pas à en acheter plusieurs), il sera possible de mixer un projet multipiste en interne et de l’encoder en MP3. La petite console intégrée permet de gérer les niveaux, la panoramique et le pitch, et ce indépendamment pour le retour (monitoring) et la lecture. Ce n’est pas Pro Tools, Logic ou Cubase, mais ça peut dépanner et cela reste pratique si on veut sortir un mixage rapidement et qu’on n’a pas son ordinateur sous le coude, même si mixer avec une molette cliquable n’est pas une mince affaire… Les fichiers wav sont compatibles BWF (Broadcast Wave Format) et on pourra enregistrer jusqu’en 96 kHz/24 bit. Côté édition en interne, cela reste assez maigre : on pourra normaliser, diviser un fichier et couper la fin et/ou le début.
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Le H6 propose quelques fonctions pratiques comme le Pre-Record : il enregistre constamment et donne une sécurité de 2 secondes si jamais vous ratez le début de l’enregistrement. Le Back-Record autorise aussi un filet de sécurité, mais cette fois-ci concernant le niveau d’enregistrement : un fichier avec 12 dB de gain en moins est lui aussi enregistré, afin d’éviter toute saturation. Enfin, l’Auto-Record permet de déclencher automatiquement l’enregistrement en fonction du niveau d’entrée, pratique dans certains cas.
Parmi les traitements internes, on retrouve un filtre coupe-bas (de 80 à 237 Hz), un compresseur/limiteur avec différents présets (vocal, drum, general…), la possibilité d’accélérer/ralentir la lecture et de boucler un fichier. Dans la section « outils », on retrouve un accordeur et un métronome, ça peut toujours servir… Notons aussi la possibilité de tester les performances de la carte SD introduite dans l’appareil, afin d’éviter les mauvaises surprises : toutes les cartes SD ne se valent pas en termes de vitesse de lecture/écriture
Passons maintenant au son à proprement parler.
Check, one, two
Ayant un H4n sous le coude, nous n’avons pas pu résister à comparer les deux enregistreurs. Tout d’abord, nous constatons que le gain disponible sur les entrées micro est sensiblement supérieur sur le H6 : environ 53 dB contre 47 dB sur le H4n, soit 6 dB de différence, ce qui est loin d’être négligeable. Le rapport signal sur bruit est lui aussi meilleur sur le H6, ce dernier n’est donc pas qu’un H4n avec deux entrées supplémentaires et un micro interchangeable. Zoom en a profité pour améliorer les performances audio, ce qui n’est pas un luxe vu le peu de gain disponible sur le H4n.
Voici une prise de son guitare faite simultanément avec le H6 et le H4n. On observe un peu plus de brillance sur le H6.
Exemple audio H6 (fichier wav)
Exemple audio H4n (fichier wav)
Nous avons aussi fait une prise avec un micro Neumann U87 envoyant son signal simultanément vers le H6 et notre interface Metric Halo ULN-8. Ici, le H6 se défend très bien face à une interface audio valant plus de dix fois son prix (mais qui possède aussi bien plus d’entrées/sorties !).
Exemple audio H6 (fichier wav)
Exemple audio U87 + ULN-8 (fichier wav)
Conclusion
Pour moins de 400 € en magasin, le H6 offre beaucoup de choses, à commencer par la possibilité d’enregistrer jusqu’à 6 pistes simultanément. Ajoutez à cela des micros interchangeables XY et MS, une très bonne autonomie et une compatibilité Windows/OSX/iOS et vous obtiendrez une solution nomade qui en fait beaucoup pour un prix finalement très raisonnable. L’écran couleur est sympathique, mais ne comble pas le retard qu’a pris le constructeur vis-à-vis des interfaces tactiles équipant désormais tous les smartphones. L’ergonomie à base de boutons et de molette cliquable reste bien ancrée dans les années 90, un grand écran et une interface tactile auraient par exemple permis une édition plus poussée… Mais le H6 garde un rapport « service rendu/prix » assez imbattable dans sa catégorie. Si vous avez besoin d’un enregistreur nomade 6 pistes et que votre budget est limité, pas besoin d’aller chercher beaucoup plus loin.