Et si la série H de Zoom rencontrait sa série R ? Et si vous pouviez disposer au creux de votre main d’un 4 piste complet ? Et si l’idée avait finalement germé chez le constructeur japonais et que son distributeur nous avait envoyé le Zoom R4 à tester ? Avec des si, vous le savez, on referait le monde. On va toutefois se contenter d’en faire un article…
Leader incontesté du dictaphone pour musicien avec sa série H dont les différentes versions se sont même imposées dans le petit monde du court-métrage, Zoom est aussi l’un des rares, avec Tascam, à toujours proposer des studios intégrés matériels pour ceux que l’informatique rebute. Après les Zoom R16, R24, R12 et R20, voici donc que nous arrive le petit poucet de la bande, le Zoom R4, dont le concept diffère quelque peu. Avec ce dernier, l’idée n’est plus de proposer un combiné qui fasse studio intégré, surface de contrôle et interface audio, mais bien d’aller vers un studio ultraportable pour ceux qui voudraient maquetter en vadrouille sans pour autant avoir à se trimballer un ordinateur portable et une interface avec toute la câblasse que cela implique…
Tout est mini dans notre vie…
Le R4 est donc un petit appareil gérant quatre pistes et s’avérant capable d’en enregistrer deux en simultanée… Son premier abord est plutôt engageant dans la mesure où il concilie petite taille (on est à peu près sur le gabarit d’un Zoom H4) et des commandes parfaitement lisibles et organisées.
En vis-à-vis d’un écran LCD couleur de 2 pouces et non tactile, on trouve ainsi quatre boutons pour la navigation et quatre petits faders pour les volumes, trois boutons pour accéder aux différents modes d’édition (Input, Effect et Rhythm) et tout le nécessaire pour contrôle la lecture et l’enregistrement en dessous : Lecture, Arrêt, Enregistrement, Avance et Retour rapides, Bounce et Undo. Tout en bas, un commutateur permet de choisir l’entrée : soit le micro omnidirectionnel intégré, soit les deux entrées XLR disponible sur la tranche.
Faisons d’ailleurs le tour de l’appareil où nous attendent sur le côté droit le bouton d’alimentation, la trappe pour la carte microSD et le connecteur USB-C qui servira autant pour dialoguer avec un ordinateur que pour alimenter l’appareil sur secteur (via un transfo de type smartphone). Sur le côté opposé, on dispose de la prise casque et de deux boutons pour incrémenter ou décrémenter son volume. Sans surprise, le dessous de l’appareil, on dispose d’un pas de vis pour éventuellement le mettre sur pied, mais aussi de l’accès au logement des éventuelles piles (4 piles AA nécessaires). Bref, tout cela est extrêmement logique et bien pensé, à tel point qu’on se sent d’allumer l’appareil sans avoir à en passer par le manuel…
Avant cela toutefois, il convient de s’arrêter sur quelques specs importantes, comme la résolution audio. Travaillant en 48 kHz mais surtout en 32 bits, le R4 vous offre la garantie de ne pas saturer le signal à l’enregistrement (du moins pas à cause des convertos de l’appareil) tandis que vous pourrez utiliser une carte SD / SDHC / SDXC d’une capacité d’1 To maximum, ce qui laisse de la marge sachant que dans cette résolution, un morceau de 4 minutes sur 4 pistes occupera à peu près 185 Mo. Autant dire que sur 1 To, vous pouvez donc enregistrer ainsi de plus de 5000 morceaux : on peut dire que ça va !
Un mot enfin sur la qualité de fabrication. Disons qu’on est dans quelque chose de cohérent avec le prix avec du plastique à tous les étages, et un plastique qui semble un peu moins engageant car un peu plus cheap que celui de la série H jusqu’ici. L’aspect ne doit toutefois pas nous arrêter car rien n’indique que ce R4 soit plus fragile cependant qu’en matière de solidité, Zoom a plutôt bonne presse sur ses enregistreurs portables…
Reste à voir comment cela se passe du côté ergonomie et fonctionnalités…
Nomade in Japan
Comme on le pressentait, le R4 s’avère très intuitif avec son petit écran couleur, ses textes biens lisibles et ses quatre boutons de navigation pour défiler dans les menus et incrémenter/décrémenter les valeurs. Une pression sur Rhythm et nous voici à configurer un métronome ou un groove de batterie, avec possibilité de décompte. Une pression sur Input et on arme sa ou ses pistes en sélectionnant les entrées à privilégier. Il ne reste plus ensuite qu’à presser Record et nous voici déjà en train d’enregistrer notre première piste, en sachant qu’on peut insérer deux effets qui seront enregistrés sur l’entrée 1, mais que chaque piste dispose aussi de son petit EQ 3 bandes, d’un écho et d’une réverbe en plus du volume et du panoramique. On dispose même d’un accordeur intégré…
Bref, on retrouve tout ce qui faisait le charme du bon vieux quatre-piste et même plus, jusqu’au fameux ping pong. Quand les quatre pistes ont été utilisées, il est en effet possible d’enregistrer leur mixage pour libérer des pistes, et c’est d’autant plus pertinent qu’avec le numérique, on n’a plus à subir la dégradation qu’imposait le format cassette. On retrouve en revanche les mêmes limites que sur un 4 pistes : pas question d’editing a posteriori car le R4 n’est pas une STAN : en cela, il est plus proche des enregistreurs de série H que de ses grands frères de série R… Rien ne vous empêche toutefois d’importer vos pistes dans votre STAN car même après un bounce, les pistes demeurent intactes sur la carte SD…
Côté entrées, disons qu’entre les deux combos Jack/XLR commutables en haute impédance pour le premier, l’alim fantôme et le micro intégré, le R4 s’avère un bon tout terrain. On regrettera juste qu’il ne dispose pas des mêmes micros que le H4n au sommet de son crâne, lesquels auraient offert plus de possibilités que son petit omnidirectionnel intégré, mais l’appareil aurait été autrement plus cher et encombrant tout en concurrençant son cousin. Avouons donc que pour une solution d’appoint aussi portable et dans cette gamme de prix, Zoom a très bien pensé son coup, sachant que rien ne l’empêchera de sortir un R4n ou un R4 Pro si le succès est au rendez-vous…
Quant au son, disons que là encore, il n’y a rien à redire en regard du concept et de son prix. Les boucles de batteries sont d’une qualité largement suffisante pour de la maquette, tous comme les effets proposés : vous avez de quoi poser des bases et faire des prises que vous pourrez tout à fait retravailler ensuite sur votre ordi si vous le désirez, d’autant que le R4 comme tous les enregistreurs Zoom peut être utilisé comme interface audio. Voici à titre indicatif une démo enregistrées vite faite avec un des patterns de batterie de l’appareil, une basse et une guitare électrique enregistrée via l’entrée haute impédance, une guitare acoustique doublée enregistrée via le micro Omni. Le tout a été « bouncé » avant d’enregistrer deux voix : la première au SM7 et la seconde à l’Omni.
Que dire de tout cela ? Que ce n’est pas la compo du siècle du chanteur du siècle évidemment, mais que les préamps s’en sortent plutôt bien vu que j’ai pu utiliser le SM7 qui a la réputation d’être exigeant côté gain. Là où le bât blesse le plus selon moi, c’est sur le choix du micro omnidirectionnel qui implique un son de pièce assez conséquent dès que vous l’utilisez. Certes, un petit SM57 permettra d’éviter ça mais il faut alors les trimballer, lui et son câble voire son support. On perd ainsi un peu le côté hyper séduisant du petit tout en un.
Cela nous ramène à le comparer au H4n. Sur ce sujet, disons que si le côté enregistreur de ce dernier est plus abouti fonctionnellement parlant avec ses deux micros orientables et sa résolution audio max, le R4 a pour lui sa petite boîte à rythmes intégrée et ses convertisseurs 32 bits qui permettent de ne pas se soucier du gain au moment de la prise. Il s’avère surtout, grâce à ses petits faders et son écran couleur, bien plus ergonomique à l’usage. Bref, on sent bien que l’enregistreur idéal concilierait les avantages de l’un et de l’autre comme nous l’avons dit, mais que Zoom ne souhaitait pas que les deux produits se concurrencent trop…
Conclusion
Offrant un habile équilibre entre possibilités et simplicité, le Zoom R4 est une très bonne surprise en regard de son prix et de sa petite taille. C’est le genre de compagnon qu’on se voit bien trimbaler dans la housse de la guitare ou du petit synthé qu’on emmène en vacances, histoire de pouvoir creuser un peu une idée qu’on aurait en tête. Avec ses petits faders et son ping pong, il offrira même aux plus nostalgiques un vrai feeling 4 pistes sans les inconvénients des cassettes à trimballer… Le charme opère d’ailleurs à tel point qu’on aimerait bien que Zoom nous en sorte une version un peu plus développée encore, notamment du côté du micro embarqué qu’on troquerait bien pour les capteurs du H4 ou les modules du H6, le choix d’un omnidirectionnel demeurant très discutable pour un appareil tout terrain.
Ceci étant dit, le R4 demeure un chouette outil qui ravira ceux qui sont à la recherche d’une solution d’appoint pour maquetter ou de ceux qui, lassés par les infinies possibilités de la MAO, veulent revenir à une solution minimaliste souvent garante d’une plus grande créativité…