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Sujet Gravure half-speed

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Sujet de la discussion Gravure half-speed

Bonjour,

J'ai vu que ceux qui proposent des services de gravure de vinyl à l'unité peuvent faire la gravure en half-speed. J'aurais voulu savoir cétait quoi le principe.

Merci

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Oui, mais à l'instar de ce qu'à montré Eratom sur la courbe RIAA, la réponse en fréquence du magnéto n'est pas correcte si on se contente de passer en demi-vitesse. Idéalement, il faudrait réaliser une correction adaptée à cette utilisation "bizarre", et qui ne sera pas ce qu'elle est normalement.

Pour ajouter au débat sur ce qui explique la supposée supériorité du vynile sur le CD, mon épouse et moi avions fait une comparaison entre un son provenant d'un tuner numérisé en 44,1 et en 96kHz sur une carte son de bonne qualité, mais pas TTHG. Pour mémoire, la bande passante d'un tuner s'étend de 40Hz à 15kHz. Pourtant, même si elle était très subtile, la différence entre les deux était audible. C'est cette expérience qui me fait penser que la coupure n'est pas seule responsable, mais que les effet collatéraux de cette coupure (notamment les rotations de phase et suroscillations en limite de bande) sont aussi la cause de ce "défaut".

JM

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Le battement c'est ça :
https://fr.wikipedia.org/wiki/Battement

C'est un phénomène que l'on rencontre dans la partie "mécanique" de notre oreille interne.

Pour être honnête, je n'ai jamais regardé en détails toute la mécanique et les techniques déployées pour la gravure d'un vinyle. Là je suis dans la réflexion à partir de ce que je sais des "systèmes dynamiques" dans un cadre général.
Peut-être que je vais me planter mais il y aura ici des personnes pour me corriger :-p.


Le graveur n'est pas parfait (évidement), si tu lui envoies une sinusoïde parfaite, qui fait un beau pic dans le spectre des fréquences, à la gravure / relecture tu noteras que ce pic est devenu une cloche (c'est un phénomène que l'on retrouve aussi dans des systèmes d'autres natures mais attention, si tu en as entendu parler dans le cas de l'analyse spectrale c'est un autre mécanisme qui est en jeu même si l'effet est similaire).

Cet étalement entraîne une limite de résolution en fréquence : 2 pics de fréquences proches dans le spectre sont étalés et ils peuvent alors se chevaucher et former une "seule grosse cloche" (là où on devrait voir 2 pics ; la résolution d'un système est sa capacité à discerner 2 "mesures", la limite c'est quand il n'y arrive plus, tout simplement).


C'est là que je soupçonne un effet indésirable de la gravure halfspeed :

Imagine que tu as un système de gravure avec une limite de résolution de 5Hz (je prends une valeur au pif qui n'est sans doute pas représentative) constante sur tout le spectre.

Tu lui envoies un signal à graver avec 2 sinusoïdes l'une à 110Hz et l'autre à 120Hz en vitesse normale : elles sont espacées de 120-110 = 10Hz et donc seront résolues (tu pourras les retrouver distinctement dans l'enregistrement).

Maintenant tu fais le même travail mais en half-speed sur le même système : une sinusoïde se retrouve à 55Hz et l'autre à 60Hz : il n'y a plus que 5Hz d'écart ce qui correspond à la limite de résolution du système de gravure. Elles sont superposées et forme une cloche (assez large) dont le maximum est à 57,5Hz.
En relecture à vitesse normale c'est mort, tu as perdu les 2 sinusoïdes et tu n'en trouves qu'une seul à 2*57,5 = 115 Hz avec, certainement, un phénomène de battement.


La résolution de notre oreille n'est pas constante sur tout le spectre (c'est la largeur de bande critique dont je te parlais), elle est plus fine dans le bas du spectre.
Dans le haut du spectre ça ne doit pas être trop gênant parce que notre oreille mélange les sinusoïdes "d'elle-même", mais dans le bas du spectre j'imagine que ceci peut produire des artefacts audibles.


Si l'on grave à vitesse normale ou à vitesse réduite avec le même graveur, alors on obtient 2 résolutions fréquentielles différentes.
Pour graver en halfspeed il faut donc s'assurer que la résolution du système soit 2 fois plus fine que ce que peut distinguer notre oreille en bas du spectre.

[ Dernière édition du message le 21/01/2013 à 20:10:42 ]

13
Citation :
Pour graver en halfspeed il faut donc s'assurer que la résolution du système soit 2 fois plus fine que ce que peut distinguer notre oreille en bas du spectre.


C'est le célèbre théorème de Niquist-Eratom :mdr:

(bien entendu une plaisanterie car j'ai trouvé ton texte très intéressant)

Studio de Mastering en ligne http://www.lvmastering.com/

14
Haha ! :mdr:

[ Dernière édition du message le 22/01/2013 à 17:13:18 ]

15

rroland> As-tu des infos sur la gravure à l'envers?

En ce qui concerne le magnéto spécial, je pense que c'est probablement lié au fait qu'en général il faut fournir certains signaux à un "ordinateur de pitch" et qu'en halfspeed il faut rallonger le delay (d'où emploi d'un magnéto particulier) En numérique je pense que la question est rapidement réglée.

ex de photo de magnéto pour le mastering :

http://www.totalsonic.net/image/mci.jpg

EraTom> merci pour le lien et l'explication sur le battement

Je vois le concept et du coup c'est vrai que ça sème le doute et amène de nouvelles interrogations :)

Pareil pour l'application de la courbe RIAA en halfspeed qu’évoquait Jan.

 

16
Je voulais juste rajouter quelque une réflexion que la remarque de Jan a amorcée.
Citation :
C'est cette expérience qui me fait penser que la coupure n'est pas seule responsable, mais que les effet collatéraux de cette coupure (notamment les rotations de phase et suroscillations en limite de bande) sont aussi la cause de ce "défaut".
Tu parles des retards de groupe qui arrivent quand le filtre n'est pas "à phase linéaire" et du "phénomène de Gibbs" ?

Aujourd'hui on trouve tout de même des filtres d'antialiasing numériques qui arrivent à proposer des pentes à la coupure assez raides en limitant ces phénomènes ; mais dans le cas d'un vinyle le signal passe aussi dans un filtre passe-bas avant la gravure, non ?
Du coup on peut les retrouver aussi.

Il y a autre chose qui peut venir perturber la phase du signal retranscrit : le "jitter" (ou la "gigue" en français).
https://fr.wikipedia.org/wiki/Gigue_%28%C3%A9lectronique%29

Dans le cas du signal numérique, il va s'agir du jitter de l'horloge du système, la fréquence d’échantillonnage ne fait pas Fe pile mais Fe + ΔFe où ΔFe est une petite perturbation aléatoire (ou quasiment aléatoire) de moyenne nulle.
Quand un CD numérique est lu, il tourne à une certaine vitesse, un buffer est rempli d'un côté et vidé de l'autre. Même si le CD "saute" ou si sa vitesse n'est pas très précise c'est de toute façon l'horloge qui cadence la lecture du buffer qui compte (sauf cas extrême où l'on n'arrive même plus à remplir suffisamment vite ce buffer). On arrive à obtenir des ΔFe très petits.

Dans le cas d'un vinyle, le jitter est directement lié à la vitesse de rotation du disque. Or on ne peut pas obtenir les même précisions que ce que propose le numérique avec un système mécanique : c'est un peu comme si l'on comparait les précisions des horloges à quartz avec celles des horloges à balancier (même si ma comparaison est très grossière, ça donne une idée du problème que je veux évoquer).

Le jitter d'un disque vinyle peut être vu comme un décalage entre le point de lecture sur le disque et "le signal réel". Par exemple, pour une sinusoïde de puslation w :
s(t) = sin(w.t)

Sauf que l'on a un léger décalage Δt, on lit :
s(t+Δt) = sin(w.(t+Δt)) à la place

Ce décalage Δt peut être causé par :
- un défaut de concentricité de la rotation du disque, Δt suit alors une sinusoïde de petite amplitude (qui dépend elle-même de la distance entre le centre de rotation "parfait" et le centre de rotation "réel").
- des défauts de transmission quelconques causés par des frottements, à l'usure, etc. que l'on pourrait modélisé par une processus stochastique (un bruit) de moyenne nulle et de variance faible (c'est à souhaiter en tout cas !).


Pour se faire une idée de l'impact du jitter (me revoilà parti dans les math :oops: )
s(t+Δt) = sin(w.(t+Δt)) = sin(w.t + w.Δt)

Comme sin(a+b) = ... haha = sin(a).cos(b) + cos(a).sin(b)
s(t+Δt) = sin(w.t)*cos(w.Δt) + cos(w.t)*sin(w.Δt)

Si Δt = 0 (pas de jitter) w.Δt = 0, et comme cos(0) = 1 et sin(0) = 0 on retrouve :
s(t+0) = sin(w.t)*1 + cos(w.t)*0 = sin(w.t).

Si w.Δt est petit, on peut faire un développement limité à l'ordre 1 :
- cos(w.Δt) ≈ 1
- sin(w.Δt) ≈ w.Δt
Ce qui donne :
s(t+Δt) ≈ sin(w.t) + w.Δt*cos(w.t)

Ca revient à avoir le signal réel + un "bruit" (qui à tout ce même une forme bien particulière). Si Δt est vraiment aléatoire ça devrait donner un bruit rose.

Le truc c'est que Δt est multiplié par w = 2π*f, donc même si Δt est petit, dans le haut du spectre f est grand, donc w.Δt ne peut pas forcément être considéré petit.
Si ça reste pas trop grand, on peut faire un DL à l'ordre 2 :
- cos(w.Δt) ≈ 1 - (w.Δt)²/2
- sin(w.Δt) ≈ w.Δt

s(t+Δt) ≈ (1 - (w.Δt)²/2)*sin(w.t) + w.Δt*cos(w.t)

Si on calcule l’espérance mathématique de ce bidule (en considérant Δt aléatoire) :
E[s(t+Δt)] ≈ (1 - w².(σ(Δt))²])/2)*sin(w.t)

Où je note (σ(Δt))² la variance de Δt.

- L'amplitude moyenne de (1 - (w.Δt)²/2)*sin(w.t) est donc inférieure à 1 (le signal est atténué en moyenne).
- w.Δt*cos(w.t) est plus important.

Le "bruit" devient plus audible d'autant plus que la puissance du "vrai signal" est diminuée en moyenne.


En haut du spectre, on ne peut pas faire ces approximations. Il faudrait vraiment calculer cos(w.Δt) et sin(w.Δt) explicitement en fonction de w et de Δt.

Je n'ai franchement aucune idée des jitter typiques que l'on trouve avec les vinyles ; il faudrait en plus ajouter celui du graveur ET de la platine. Mais même faible, étant donné ce terme en w.Δt, j'imagine que le haut du spectre doit réserver pas mal de surprises sur la phase !


Vous auriez des infos là-dessus ? Ça m'intéresserait vraiment d'avoir les ordres de grandeurs.
On pourrait alors calculer un rapport de puissance théorique en fonction de w et de Δt.


x
Hors sujet :
@le rat : Je m'en rends compte en me relisant... Si tu crains que ma question perturbe ou parasite ton thread n'hésite pas une seconde à me le dire ; j'irais en créer un autre au sujet du jitter des disques vinyles.

[ Dernière édition du message le 24/01/2013 à 19:45:11 ]

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Citation :
rroland> As-tu des infos sur la gravure à l'envers?

Oui, on passe la bande à l'envers et du coup, les attaques seront plus nettes, parce que lorsqu'on passe dans le bon sens, il y a les limites physiques du stylus et de l'opération mécanique de gravure qui ne peut pas toujours rendre les attaques de malade que demande parfois la musique électro (mais je pense qu'on s'en sert dans d'autres styles). En faisant dans l’autre sens, les attaques sont gommées et l'opération est physiquement plus simple.
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Merci pour l explication. Bon à savoir pour expérimenter. Du coup ça se passe comment niveau graveuse? Ça grave de l'intérieur vers l'extérieur non?

Hors sujet :

@EraTom : T'inquiète pas de soucis. Chacun apporte ses idées, ses interrogations, ses corrections. Personnellement je peux pas apporter grand chose de scientifique mais plutôt des éléments de réponse en rapport avec la "technique".

 

En ce qui concerne la rotation du disque, il y a une différence par rapport au CD niveau vitesse angulaire/ linéaire.

Dans le cas d'un disque 33.3RPM par exemple, il tourne à la même vitesse du début à la fin. D'où les problèmes que l'on peut rencontrer en fin de face car il y a moins "d'espace" pour mettre de "l'information". Les spirales sont plus petites. C'est pourquoi dans la pratique en fin de face on met souvent des a capella ou des pistes qu'ont pas trop de patate. C'est lié aux limites de la tête de gravure et aux questions de géométrie du sillon.

Il y a une autre limite qui apporte un tout petit peu "d'erreurs", celle du moteur et du plateau. Mais bon dans le cas d'une graveuse Neumann avec moteur Technics SP-02, c'est un plateau d'une cinquantaine de kilos et des spécifications techniques de l'ordre de "speed drift +/- 0.001 or less, wow&flutter 33.3rpm 0.007% RMS or less, rumble -78dB or less (IEC 98A weighted)..etc". C'est très correct :)

Toujours par rapport à la "fidélité" de restitution il y a encore d'autres problèmes qui peuvent être liés à la matière du disque à graver qui est employé et au niveau du pressage à l'usine.

@EraTom : j'ai pas le temps de chercher de suite là mais de mémoire dans Disk recording vol.1 an anthology de l'AES il y a quelques articles avec des formulations mathématiques. Je reviendrai poster pour dire de quoi ça parle mais il me semble que c'est en relation avec la géométrie du sillon.

 

 

 

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Citation :
Du coup ça se passe comment niveau graveuse? Ça grave de l'intérieur vers l'extérieur non?
Il me semble logique que dans ce cas on grave à l'envers de la fin vers le début... je demanderai à mon collègue, je sais qu'il l'a déjà fait.

Citation :
Toujours par rapport à la "fidélité" de restitution il y a encore d'autres problèmes qui peuvent être liés à la matière du disque à graver qui est employé et au niveau du pressage à l'usine

De fait, il faut idéalement envoyer les disques masterisés au pressage pour le test pressing. Idéalement, le travail doit se faire dans les jours qui suivent. La firme avait une fois "oublié" ce principe élémentaire et lorsque nous avons reçu le test pressing, le son était infâme, et il a fallu refaire le travail.
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AES : Tu veux parler de L'Audio Engineering Society ?