aide demandée Gravure half-speed
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le rat

Bonjour,
J'ai vu que ceux qui proposent des services de gravure de vinyl à l'unité peuvent faire la gravure en half-speed. J'aurais voulu savoir cétait quoi le principe.
Merci

laurend

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le rat

Parce que c'est plus neutre de demander ici, plutôt que de se voir offrir un service avec un surcoût.
J'en ai déjà fait gravé un par le passé en half-speed et comme ce que j'avais fourni n'était pas génial je peux pas dire si ça avait été un plus ou pas.
D'après ce qu'on peut lire sur internet, ça permet d'atteindre un meilleur niveau et une restitution plus "fidèle". Après ça dépend de la matière, du matériel et de l'expérience de la personne qui l'utilise donc ça fait beaucoup de variables comme d'habitude.
Sinon comme son nom l'indique le principe de base c'est de graver à la moitié de la vitesse :)

EraTom


le rat

Merci pour les liens :)
Pour ceux qui lisent l'anglais et qui s'intéressent à la gravure sur disque je recommande la lecture de Basic Disc Mastering de Larry Boden réédité en fin d'année dernière avec un ajout d'annexes conséquent.
Il y a une page sur le mastering half speed (qui corrobore les informations contenues plus haut). A savoir faire "tourner" le son deux fois moins vite et le graver deux fois moins vite.
En résumé il écrit que dans les années 50, 60 c'était une pratique courante voir une nécessité car c'était les débuts de la gravure stéréo et pour s'assurer d'un meilleur rendu des hautes fréquences il valait mieux y avoir recours. Il explique brièvement l'influence sur le matériel (ampli, tête de gravure, pointe de gravure..etc), les inconvénients (usure de la pointe de gravure , monitoring, temps nécessaire). Par la suite avec l'évolution et les progrès du matériel le mastering half speed était plutôt utilisé pour la quadriphonie.

rroland



le rat

Ouais ça serait sympa d'avoir un retour de quelqu'un qui pratique régulièrement la discipline. D'ailleurs il me semble que dans un sujet fleuve sur le mastering tu avais dit que vous possédiez une VMS66 ou 70 (je me souviens plus précisément du modèle désolé). Sauf requête particulière de clients fortunés, j'imagine qu'il doit pas souvent graver en half-speed :)

EraTom

L'action mécanique de la gravure sur le support n'est pas instantanée ; si tu veux laisser un sillon avec les bonnes caractéristiques il faut donner le temps à la tête de gravure de laisser son empreinte et de déplacer correctement la matière.
En plus de la courbe d'équalisation RIAA (qui, en gros, renforce les aigus pour ne pas les perdre dans le bruit de fond) réduire la vitesse de gravure permet également de décaler les fréquences (vers le bas, plutôt comme une "homothétie" que comme une translation du spectre, si ça te dit quelque chose) et donc de réduire les vitesses et accélérations de déplacement à imprimer à la tête.
Le bénéfice direct c'est que les hautes fréquences seront "mieux tracées" et plus fidèles à la restitution.
L’inconvénient c'est que des fréquences trop proches dans le bas du spectre risquent de devenir indiscernables (2 pics basses fréquences du spectre trop proches seront gravés comme 1 seul gros pic, ou de faire apparaître artificiellement des phénomènes de battements).
Si tu ajoutes la stéréophonie, la tête de gravure doit réaliser encore plus de déplacements rapides, ce qui rajoute des difficultés à l'étape de gravure... il faut même les prendre en compte au moment du mastering en limitant certains placement de fréquences vis-à-vis de la spatialisation et de la dynamique.
Réduire la vitesse de gravure permet ici encore de moins contraindre le mastering sur certains aspects (mais pas tous, un mastering mal fait pourrait obliger la tête de gravure à croiser des sillons... ce qui est bien sûr impossible :P)
En vinyle, il me semble que l'on arrive à obtenir des enregistrements de qualité acceptable (i.e. sans trop de distorsions) sur une bande 60Hz-36kHz (j'ai quelques doutes sur les chiffres, à vérifier) avec cette technique.
Au-delà, les contraintes mécaniques sont telles que la gravure fera "n'importe quoi" pour donner une... bouillie.
Ceci dit, vu que l'oreille humaine ne monte pas au-dessus de 20kHz environ (et encore, quand on a moins de 20ans) et étant donner que la largeur de bande critique est de près de 7kHz à ces fréquences, d'un point de vu psycho-acoustique ça suffit amplement.
(la bande critique caractérise la capacité de notre oreille à discerner deux sons de fréquences proches ; autour de 20kHz, tout ce qui est espacé de moins de 7kHz sera entendu comme un seul et même son. Par exemple une sinusoïde à 17kHz et une autre à 19kHz seront entendues comme une seule sinusoïde à 18kHz environ. C'est l'un des phénomènes de "masquage" exploité dans le mp3 ou le mini-disc par exemple pour réduire la quantité d'information à encoder).
Sans vouloir déclencher une polémique que l'on a vu maintes fois sur ce forum, c'est à rapprocher des formats numériques actuels.
Un CD audio avec une fréquence d'échantillonnage de 44,1kHz couvre une bande audio de 0Hz à 20kHz (22,05kHz théorique mais une marge de 2kHz est prise en compte pour le filtre d'antialiasing qui ne peut pas être "d'une raideur infinie" : on laisse 2kHz pour sa pente d'atténuation... aujourd'hui on trouve mieux ; on sait faire plus raide).
Comme le vinyle monte plus haut, mais dans une bande qui est juste au-dessus de la limite d'audition, on peut imaginer qu'une petite différence peut se faire entendre (la "froideur" du son numérique peut lui être imputable).
Là c'est un domaine que je connais assez bien : je n'ai lu aucune publication sérieuse sur le sujet qui permet de le mettre clairement en évidence.
En plus, pour être honnête, il faudrait aussi s'intéresser aux problèmes de phases que pourrait introduire le filtre d'antialiasing, etc. et là il en existe tellement que ça devient impossible à répertorier.
Donc certains disent percevoir une différence. Possible, mais on n'a pas réussi à la montrer ou à l'expliquer clairement, ce qui est finalement assez étonnant parce que cette différence est souvent déclarée "largement notable" par les détracteurs du CD et que c'est un champ d'étude et de recherche très actif.
Du coup d'autres se demandent s'il ne s'agit que d'une illusion (on sait que c'est sur un vinyle... donc c'est "mieux", etc.)
Bref, la question reste ouverte, le débat devient souvent stérile, oh et puis moi, perso, je m'en tape parce que j'accorde plus d'importance à d'autres aspects.

(par exemple j'aime bien entendre certaines réverb bien travaillées qui donnent une ampleur incroyables et elles sont souvent (pour ne pas dire tout le temps)... numériques. Bon :P)
Mais à la limite, on peut s'en foutre vraiment et pour une bonne raison : les "nouveaux" formats numériques (nouveaux depuis plus de 10 ans maintenant) permettent de couvrir une bande de fréquences sonores qui va au-delà des 40kHz.
Ça laisse une marge plus que suffisante pour traiter cette bande 20kHz - 36kHz qui ferait la supériorité (suspectée) du support vinyle (et c'est pour ça que l'on a très peu de chance de voir sortir un jour une publi sur ce thème aujourd'hui, à mon avis).
Tout ça pour suggérer cette idée :p : Tu pourrais peut-être comparer tes gravures avec une production numérique qui monte au-delà de 20kHz pour faire cette comparaison.
[ Dernière édition du message le 21/01/2013 à 01:37:39 ]

le rat

Salut EraTom,
Le but du sujet n'est pas de lancer un débat qui comme tu le dis serait stérile :)
Je m'intéresse à la gravure sur vinyle plus par "matérialisme", "fétichisme" qu'autre chose. D'un point de vue pragmatique la question est aussi vite tranchée, tout coûte une fortune (achat d'un système décent, disques blancs, remplacement pointe de gravure..etc). Et puis la restitution ne peut rester fidèle que dans une certaine mesure.
Je ne suis pas physicien et je ne sais pas si je vais utiliser la terminologie correcte mais je vais essayer de partager ce que j'ai retenu de mes lectures en anglais.
Par rapport à la question du déplacement du spectre vers le bas, il y a un double avantage. Pour les systèmes qui ont une tête de gravure qui en utilisation normale ont une réponse en fréquence limitée dans les hautes fréquences cela permet donc d'avoir une meilleure définition. Pour les standards professionnels comme les Neumann VMS, cela peut permettre de "contourner" le problème de l'échauffement de la tête de gravure qui en temps normal est refroidie à l'hélium. Donc je pense qu'il y a plus de liberté au niveau des hautes fréquences et cela devait probablement avoir une influence pour la gravure pour la quadriphonie.
En ce qui concerne le problème des basses fréquences trop proches, je n'ai jamais rien lu là dessus. Qu'appelles tu un phénomène de battement? Dans la pratique il y a utilisation d'un filtre coupe bas et aussi souvent d'un EQ elliptique. Pour éviter les problèmes de gravure à cause des basses fréquences certains ont recours à cette EQ qui force le signal en MONO en dessous d'un certain seuil (150Hz,300Hz par exemple) et selon une pente prédéfinie. D'où la question est-ce que l'équalisation est différente en halfspeed?
Pour la bande 60Hz-36kHz, je pense que ce sont les limites atteignables au maximum dans des conditions de gravure pour quadriphonie. Dans une utilisation normale je crois plutôt qu'il y a un filtre coupe-haut vers les 15/16khz.
De manière générale et de ce que j'ai retenu de mes lectures, le facteur qui limite le plus au final c'est le système de reproduction chez l'auditeur lambda. Les graveuses pro sont capables de prouesses mais il faut rester réaliste et penser à l'auditeur. Après tout c'est le but du mastering non? pouvoir être lu sur le plus grand nombre de systèmes possibles.
Je tiens à préciser que j'ai jamais vu de graveuse en vrai donc corrigez moi si je dis des bêtises :)

rroland

Le travail n'est possible que si l'on dispose d'un enregistreur à bandes, et cela coûte plus cher car le travail est plus long. C'est un des multiples bidouillages qui sont parfois utilisés pour "sauver les meubles", comme la gravure à l'envers qui permet d'augmenter les transitoires.

Anonyme

Oui, mais à l'instar de ce qu'à montré Eratom sur la courbe RIAA, la réponse en fréquence du magnéto n'est pas correcte si on se contente de passer en demi-vitesse. Idéalement, il faudrait réaliser une correction adaptée à cette utilisation "bizarre", et qui ne sera pas ce qu'elle est normalement.
Pour ajouter au débat sur ce qui explique la supposée supériorité du vynile sur le CD, mon épouse et moi avions fait une comparaison entre un son provenant d'un tuner numérisé en 44,1 et en 96kHz sur une carte son de bonne qualité, mais pas TTHG. Pour mémoire, la bande passante d'un tuner s'étend de 40Hz à 15kHz. Pourtant, même si elle était très subtile, la différence entre les deux était audible. C'est cette expérience qui me fait penser que la coupure n'est pas seule responsable, mais que les effet collatéraux de cette coupure (notamment les rotations de phase et suroscillations en limite de bande) sont aussi la cause de ce "défaut".
JM

EraTom

https://fr.wikipedia.org/wiki/Battement
C'est un phénomène que l'on rencontre dans la partie "mécanique" de notre oreille interne.
Pour être honnête, je n'ai jamais regardé en détails toute la mécanique et les techniques déployées pour la gravure d'un vinyle. Là je suis dans la réflexion à partir de ce que je sais des "systèmes dynamiques" dans un cadre général.
Peut-être que je vais me planter mais il y aura ici des personnes pour me corriger

Le graveur n'est pas parfait (évidement), si tu lui envoies une sinusoïde parfaite, qui fait un beau pic dans le spectre des fréquences, à la gravure / relecture tu noteras que ce pic est devenu une cloche (c'est un phénomène que l'on retrouve aussi dans des systèmes d'autres natures mais attention, si tu en as entendu parler dans le cas de l'analyse spectrale c'est un autre mécanisme qui est en jeu même si l'effet est similaire).
Cet étalement entraîne une limite de résolution en fréquence : 2 pics de fréquences proches dans le spectre sont étalés et ils peuvent alors se chevaucher et former une "seule grosse cloche" (là où on devrait voir 2 pics ; la résolution d'un système est sa capacité à discerner 2 "mesures", la limite c'est quand il n'y arrive plus, tout simplement).
C'est là que je soupçonne un effet indésirable de la gravure halfspeed :
Imagine que tu as un système de gravure avec une limite de résolution de 5Hz (je prends une valeur au pif qui n'est sans doute pas représentative) constante sur tout le spectre.
Tu lui envoies un signal à graver avec 2 sinusoïdes l'une à 110Hz et l'autre à 120Hz en vitesse normale : elles sont espacées de 120-110 = 10Hz et donc seront résolues (tu pourras les retrouver distinctement dans l'enregistrement).
Maintenant tu fais le même travail mais en half-speed sur le même système : une sinusoïde se retrouve à 55Hz et l'autre à 60Hz : il n'y a plus que 5Hz d'écart ce qui correspond à la limite de résolution du système de gravure. Elles sont superposées et forme une cloche (assez large) dont le maximum est à 57,5Hz.
En relecture à vitesse normale c'est mort, tu as perdu les 2 sinusoïdes et tu n'en trouves qu'une seul à 2*57,5 = 115 Hz avec, certainement, un phénomène de battement.
La résolution de notre oreille n'est pas constante sur tout le spectre (c'est la largeur de bande critique dont je te parlais), elle est plus fine dans le bas du spectre.
Dans le haut du spectre ça ne doit pas être trop gênant parce que notre oreille mélange les sinusoïdes "d'elle-même", mais dans le bas du spectre j'imagine que ceci peut produire des artefacts audibles.
Si l'on grave à vitesse normale ou à vitesse réduite avec le même graveur, alors on obtient 2 résolutions fréquentielles différentes.
Pour graver en halfspeed il faut donc s'assurer que la résolution du système soit 2 fois plus fine que ce que peut distinguer notre oreille en bas du spectre.
[ Dernière édition du message le 21/01/2013 à 20:10:42 ]

Lv mastering

Pour graver en halfspeed il faut donc s'assurer que la résolution du système soit 2 fois plus fine que ce que peut distinguer notre oreille en bas du spectre.
C'est le célèbre théorème de Niquist-Eratom

(bien entendu une plaisanterie car j'ai trouvé ton texte très intéressant)
Studio de Mastering en ligne http://www.lvmastering.com/

EraTom


[ Dernière édition du message le 22/01/2013 à 17:13:18 ]

le rat

rroland> As-tu des infos sur la gravure à l'envers?
En ce qui concerne le magnéto spécial, je pense que c'est probablement lié au fait qu'en général il faut fournir certains signaux à un "ordinateur de pitch" et qu'en halfspeed il faut rallonger le delay (d'où emploi d'un magnéto particulier) En numérique je pense que la question est rapidement réglée.
ex de photo de magnéto pour le mastering :
http://www.totalsonic.net/image/mci.jpg
EraTom> merci pour le lien et l'explication sur le battement
Je vois le concept et du coup c'est vrai que ça sème le doute et amène de nouvelles interrogations :)
Pareil pour l'application de la courbe RIAA en halfspeed qu’évoquait Jan.

EraTom

C'est cette expérience qui me fait penser que la coupure n'est pas seule responsable, mais que les effet collatéraux de cette coupure (notamment les rotations de phase et suroscillations en limite de bande) sont aussi la cause de ce "défaut".
Aujourd'hui on trouve tout de même des filtres d'antialiasing numériques qui arrivent à proposer des pentes à la coupure assez raides en limitant ces phénomènes ; mais dans le cas d'un vinyle le signal passe aussi dans un filtre passe-bas avant la gravure, non ?
Du coup on peut les retrouver aussi.
Il y a autre chose qui peut venir perturber la phase du signal retranscrit : le "jitter" (ou la "gigue" en français).
https://fr.wikipedia.org/wiki/Gigue_%28%C3%A9lectronique%29
Dans le cas du signal numérique, il va s'agir du jitter de l'horloge du système, la fréquence d’échantillonnage ne fait pas Fe pile mais Fe + ΔFe où ΔFe est une petite perturbation aléatoire (ou quasiment aléatoire) de moyenne nulle.
Quand un CD numérique est lu, il tourne à une certaine vitesse, un buffer est rempli d'un côté et vidé de l'autre. Même si le CD "saute" ou si sa vitesse n'est pas très précise c'est de toute façon l'horloge qui cadence la lecture du buffer qui compte (sauf cas extrême où l'on n'arrive même plus à remplir suffisamment vite ce buffer). On arrive à obtenir des ΔFe très petits.
Dans le cas d'un vinyle, le jitter est directement lié à la vitesse de rotation du disque. Or on ne peut pas obtenir les même précisions que ce que propose le numérique avec un système mécanique : c'est un peu comme si l'on comparait les précisions des horloges à quartz avec celles des horloges à balancier (même si ma comparaison est très grossière, ça donne une idée du problème que je veux évoquer).
Le jitter d'un disque vinyle peut être vu comme un décalage entre le point de lecture sur le disque et "le signal réel". Par exemple, pour une sinusoïde de puslation w :
s(t) = sin(w.t)
Sauf que l'on a un léger décalage Δt, on lit :
s(t+Δt) = sin(w.(t+Δt)) à la place
Ce décalage Δt peut être causé par :
- un défaut de concentricité de la rotation du disque, Δt suit alors une sinusoïde de petite amplitude (qui dépend elle-même de la distance entre le centre de rotation "parfait" et le centre de rotation "réel").
- des défauts de transmission quelconques causés par des frottements, à l'usure, etc. que l'on pourrait modélisé par une processus stochastique (un bruit) de moyenne nulle et de variance faible (c'est à souhaiter en tout cas !).
Pour se faire une idée de l'impact du jitter (me revoilà parti dans les math

s(t+Δt) = sin(w.(t+Δt)) = sin(w.t + w.Δt)
Comme sin(a+b) = ... haha = sin(a).cos(b) + cos(a).sin(b)
s(t+Δt) = sin(w.t)*cos(w.Δt) + cos(w.t)*sin(w.Δt)
Si Δt = 0 (pas de jitter) w.Δt = 0, et comme cos(0) = 1 et sin(0) = 0 on retrouve :
s(t+0) = sin(w.t)*1 + cos(w.t)*0 = sin(w.t).
Si w.Δt est petit, on peut faire un développement limité à l'ordre 1 :
- cos(w.Δt) ≈ 1
- sin(w.Δt) ≈ w.Δt
Ce qui donne :
s(t+Δt) ≈ sin(w.t) + w.Δt*cos(w.t)
Ca revient à avoir le signal réel + un "bruit" (qui à tout ce même une forme bien particulière). Si Δt est vraiment aléatoire ça devrait donner un bruit rose.
Le truc c'est que Δt est multiplié par w = 2π*f, donc même si Δt est petit, dans le haut du spectre f est grand, donc w.Δt ne peut pas forcément être considéré petit.
Si ça reste pas trop grand, on peut faire un DL à l'ordre 2 :
- cos(w.Δt) ≈ 1 - (w.Δt)²/2
- sin(w.Δt) ≈ w.Δt
s(t+Δt) ≈ (1 - (w.Δt)²/2)*sin(w.t) + w.Δt*cos(w.t)
Si on calcule l’espérance mathématique de ce bidule (en considérant Δt aléatoire) :
E[s(t+Δt)] ≈ (1 - w².(σ(Δt))²])/2)*sin(w.t)
Où je note (σ(Δt))² la variance de Δt.
- L'amplitude moyenne de (1 - (w.Δt)²/2)*sin(w.t) est donc inférieure à 1 (le signal est atténué en moyenne).
- w.Δt*cos(w.t) est plus important.
Le "bruit" devient plus audible d'autant plus que la puissance du "vrai signal" est diminuée en moyenne.
En haut du spectre, on ne peut pas faire ces approximations. Il faudrait vraiment calculer cos(w.Δt) et sin(w.Δt) explicitement en fonction de w et de Δt.
Je n'ai franchement aucune idée des jitter typiques que l'on trouve avec les vinyles ; il faudrait en plus ajouter celui du graveur ET de la platine. Mais même faible, étant donné ce terme en w.Δt, j'imagine que le haut du spectre doit réserver pas mal de surprises sur la phase !
Vous auriez des infos là-dessus ? Ça m'intéresserait vraiment d'avoir les ordres de grandeurs.
On pourrait alors calculer un rapport de puissance théorique en fonction de w et de Δt.
@le rat : Je m'en rends compte en me relisant... Si tu crains que ma question perturbe ou parasite ton thread n'hésite pas une seconde à me le dire ; j'irais en créer un autre au sujet du jitter des disques vinyles.
[ Dernière édition du message le 24/01/2013 à 19:45:11 ]

rroland

rroland> As-tu des infos sur la gravure à l'envers?
Oui, on passe la bande à l'envers et du coup, les attaques seront plus nettes, parce que lorsqu'on passe dans le bon sens, il y a les limites physiques du stylus et de l'opération mécanique de gravure qui ne peut pas toujours rendre les attaques de malade que demande parfois la musique électro (mais je pense qu'on s'en sert dans d'autres styles). En faisant dans l’autre sens, les attaques sont gommées et l'opération est physiquement plus simple.

le rat

Merci pour l explication. Bon à savoir pour expérimenter. Du coup ça se passe comment niveau graveuse? Ça grave de l'intérieur vers l'extérieur non?
Hors sujet :
@EraTom : T'inquiète pas de soucis. Chacun apporte ses idées, ses interrogations, ses corrections. Personnellement je peux pas apporter grand chose de scientifique mais plutôt des éléments de réponse en rapport avec la "technique".
En ce qui concerne la rotation du disque, il y a une différence par rapport au CD niveau vitesse angulaire/ linéaire.
Dans le cas d'un disque 33.3RPM par exemple, il tourne à la même vitesse du début à la fin. D'où les problèmes que l'on peut rencontrer en fin de face car il y a moins "d'espace" pour mettre de "l'information". Les spirales sont plus petites. C'est pourquoi dans la pratique en fin de face on met souvent des a capella ou des pistes qu'ont pas trop de patate. C'est lié aux limites de la tête de gravure et aux questions de géométrie du sillon.
Il y a une autre limite qui apporte un tout petit peu "d'erreurs", celle du moteur et du plateau. Mais bon dans le cas d'une graveuse Neumann avec moteur Technics SP-02, c'est un plateau d'une cinquantaine de kilos et des spécifications techniques de l'ordre de "speed drift +/- 0.001 or less, wow&flutter 33.3rpm 0.007% RMS or less, rumble -78dB or less (IEC 98A weighted)..etc". C'est très correct :)
Toujours par rapport à la "fidélité" de restitution il y a encore d'autres problèmes qui peuvent être liés à la matière du disque à graver qui est employé et au niveau du pressage à l'usine.
@EraTom : j'ai pas le temps de chercher de suite là mais de mémoire dans Disk recording vol.1 an anthology de l'AES il y a quelques articles avec des formulations mathématiques. Je reviendrai poster pour dire de quoi ça parle mais il me semble que c'est en relation avec la géométrie du sillon.

rroland

Du coup ça se passe comment niveau graveuse? Ça grave de l'intérieur vers l'extérieur non?
Toujours par rapport à la "fidélité" de restitution il y a encore d'autres problèmes qui peuvent être liés à la matière du disque à graver qui est employé et au niveau du pressage à l'usine
De fait, il faut idéalement envoyer les disques masterisés au pressage pour le test pressing. Idéalement, le travail doit se faire dans les jours qui suivent. La firme avait une fois "oublié" ce principe élémentaire et lorsque nous avons reçu le test pressing, le son était infâme, et il a fallu refaire le travail.

EraTom


Anonyme

Je sais que dix jours après, ça n'a plus de réelle importance, mais pour assurer la précisions de ce débat et éviter toute approximation :
Citation de Eratom :
Tu parles des retards de groupe qui arrivent quand le filtre n'est pas "à phase linéaire"
Oui !
JM

EraTom


Ok, mais je n'ai pas trouvé d'info sur les caractéristiques typiques du filtre passe-bas appliqué avant la gravure sur vinyle (où le même problème de retards de groupes peut exister) et sur le jitter lié à la mécanique d’entraînement du disque (à la gravure et la lecture, les "variances" des 2 jitters vont s'ajouter, et entraîner des variations rapides de la phase dans les hautes fréquences).
Je serais vraiment curieux de pouvoir comparer.
Ah, et comme je suis un nerd, j'ai fait le calcul suivant (où je m'étais arrêter la dernière fois) :
Pour une variable aléatoire X à valeur dans |R qui suit une loi normale de moyenne E[x] = µ et d'écart-type σ (Var(X) = E

Masteringaddict

la gravure à l'envers qui permet d'augmenter les transitoires
Alors là, on rentre dans du très lourd. C'est de la technique pure qui permet à la tête (stylus) de se positionner en gravage profond avant l'attaque (puisqu'on arrive par l'arrière) et d'être donc plus précise sur les transitoires....puisqu'elle est en mode relâche à ce moment là. Encore faut-il avoir le matos capable de le faire...
Bravo pour cette info !

le rat

EraTom> Exactement AES pour Audio Engineering Society
Je viens de re-jeter un coup d’œil au bouquin. Il y a des graphiques et des formules dans quasiment tous les articles, avec des choses plus ou moins inaccessibles pour le commun des mortels.
Je te laisse le lien vers la table des matières juste au cas où un article pourrait t'intéresser :
http://www.aes.org/publications/anthologies/downloads/jaes_disk-anthology-1.pdf
Sinon pour les néophytes qui aiment lire et qui s’intéressent au sujet je recommande plutôt le livre de Larry Boden. Il est plus accessible même s'il n 'évoque pas non plus la gravure dans un environnement technologique "moderne".

EraTom


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