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Sujet Gravure half-speed

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Sujet de la discussion Gravure half-speed

Bonjour,

J'ai vu que ceux qui proposent des services de gravure de vinyl à l'unité peuvent faire la gravure en half-speed. J'aurais voulu savoir cétait quoi le principe.

Merci

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Pourquoi ne pas leur demander directement?
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Parce que c'est plus neutre de demander ici, plutôt que de se voir offrir un service avec un surcoût.

J'en ai déjà fait gravé un par le passé en half-speed et comme ce que j'avais fourni n'était pas génial je peux pas dire si ça avait été un plus ou pas.

D'après ce qu'on peut lire sur internet, ça permet d'atteindre un meilleur niveau et une restitution plus "fidèle". Après ça dépend de la matière, du matériel et de l'expérience de la personne qui l'utilise donc ça fait beaucoup de variables comme d'habitude.

Sinon comme son nom l'indique le principe de base c'est de graver à la moitié de la vitesse :)

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Merci pour les liens :)

Pour ceux qui lisent l'anglais et qui s'intéressent à la gravure sur disque je recommande la lecture de Basic Disc Mastering de Larry Boden réédité en fin d'année dernière avec un ajout d'annexes conséquent.

Il y a une page sur le mastering half speed (qui corrobore les informations contenues plus haut). A savoir faire "tourner" le son deux fois moins vite et le graver deux fois moins vite.

En résumé il écrit que dans les années 50, 60 c'était une pratique courante voir une nécessité car c'était les débuts de la gravure stéréo et pour s'assurer d'un meilleur rendu des hautes fréquences il valait mieux y avoir recours. Il explique brièvement l'influence sur le matériel (ampli, tête de gravure, pointe de gravure..etc), les inconvénients (usure de la pointe de gravure , monitoring, temps nécessaire). Par la suite avec l'évolution et les progrès du matériel le mastering half speed était plutôt utilisé pour la quadriphonie.

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Je peux demander à mon collègue qui s'occupe de mastering vinyle (moi je ne fais que le CD) ce qu'il en pense au quotidien. Je sais qu'il m'en a déjà parlé mais je n'avais pas tout capté :(((
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Ouais ça serait sympa d'avoir un retour de quelqu'un qui pratique régulièrement la discipline. D'ailleurs il me semble que dans un sujet fleuve sur le mastering tu avais dit que vous possédiez une VMS66 ou 70 (je me souviens plus précisément du modèle désolé). Sauf requête particulière de clients fortunés, j'imagine qu'il doit pas souvent graver en half-speed :)

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Si ça peut aider, ce que j'en ai compris avec un regard de "physicien" qui tente de vulgariser (pas d'ingé son qui pratique, parce que je n'en suis pas un :o) ).

L'action mécanique de la gravure sur le support n'est pas instantanée ; si tu veux laisser un sillon avec les bonnes caractéristiques il faut donner le temps à la tête de gravure de laisser son empreinte et de déplacer correctement la matière.

En plus de la courbe d'équalisation RIAA (qui, en gros, renforce les aigus pour ne pas les perdre dans le bruit de fond) réduire la vitesse de gravure permet également de décaler les fréquences (vers le bas, plutôt comme une "homothétie" que comme une translation du spectre, si ça te dit quelque chose) et donc de réduire les vitesses et accélérations de déplacement à imprimer à la tête.
Le bénéfice direct c'est que les hautes fréquences seront "mieux tracées" et plus fidèles à la restitution.
L’inconvénient c'est que des fréquences trop proches dans le bas du spectre risquent de devenir indiscernables (2 pics basses fréquences du spectre trop proches seront gravés comme 1 seul gros pic, ou de faire apparaître artificiellement des phénomènes de battements).

Si tu ajoutes la stéréophonie, la tête de gravure doit réaliser encore plus de déplacements rapides, ce qui rajoute des difficultés à l'étape de gravure... il faut même les prendre en compte au moment du mastering en limitant certains placement de fréquences vis-à-vis de la spatialisation et de la dynamique.
Réduire la vitesse de gravure permet ici encore de moins contraindre le mastering sur certains aspects (mais pas tous, un mastering mal fait pourrait obliger la tête de gravure à croiser des sillons... ce qui est bien sûr impossible :P)


En vinyle, il me semble que l'on arrive à obtenir des enregistrements de qualité acceptable (i.e. sans trop de distorsions) sur une bande 60Hz-36kHz (j'ai quelques doutes sur les chiffres, à vérifier) avec cette technique.
Au-delà, les contraintes mécaniques sont telles que la gravure fera "n'importe quoi" pour donner une... bouillie.

Ceci dit, vu que l'oreille humaine ne monte pas au-dessus de 20kHz environ (et encore, quand on a moins de 20ans) et étant donner que la largeur de bande critique est de près de 7kHz à ces fréquences, d'un point de vu psycho-acoustique ça suffit amplement.
(la bande critique caractérise la capacité de notre oreille à discerner deux sons de fréquences proches ; autour de 20kHz, tout ce qui est espacé de moins de 7kHz sera entendu comme un seul et même son. Par exemple une sinusoïde à 17kHz et une autre à 19kHz seront entendues comme une seule sinusoïde à 18kHz environ. C'est l'un des phénomènes de "masquage" exploité dans le mp3 ou le mini-disc par exemple pour réduire la quantité d'information à encoder).


Sans vouloir déclencher une polémique que l'on a vu maintes fois sur ce forum, c'est à rapprocher des formats numériques actuels.
Un CD audio avec une fréquence d'échantillonnage de 44,1kHz couvre une bande audio de 0Hz à 20kHz (22,05kHz théorique mais une marge de 2kHz est prise en compte pour le filtre d'antialiasing qui ne peut pas être "d'une raideur infinie" : on laisse 2kHz pour sa pente d'atténuation... aujourd'hui on trouve mieux ; on sait faire plus raide).

Comme le vinyle monte plus haut, mais dans une bande qui est juste au-dessus de la limite d'audition, on peut imaginer qu'une petite différence peut se faire entendre (la "froideur" du son numérique peut lui être imputable).

Là c'est un domaine que je connais assez bien : je n'ai lu aucune publication sérieuse sur le sujet qui permet de le mettre clairement en évidence.
En plus, pour être honnête, il faudrait aussi s'intéresser aux problèmes de phases que pourrait introduire le filtre d'antialiasing, etc. et là il en existe tellement que ça devient impossible à répertorier.
Donc certains disent percevoir une différence. Possible, mais on n'a pas réussi à la montrer ou à l'expliquer clairement, ce qui est finalement assez étonnant parce que cette différence est souvent déclarée "largement notable" par les détracteurs du CD et que c'est un champ d'étude et de recherche très actif.
Du coup d'autres se demandent s'il ne s'agit que d'une illusion (on sait que c'est sur un vinyle... donc c'est "mieux", etc.)
Bref, la question reste ouverte, le débat devient souvent stérile, oh et puis moi, perso, je m'en tape parce que j'accorde plus d'importance à d'autres aspects. ;)
(par exemple j'aime bien entendre certaines réverb bien travaillées qui donnent une ampleur incroyables et elles sont souvent (pour ne pas dire tout le temps)... numériques. Bon :P)

Mais à la limite, on peut s'en foutre vraiment et pour une bonne raison : les "nouveaux" formats numériques (nouveaux depuis plus de 10 ans maintenant) permettent de couvrir une bande de fréquences sonores qui va au-delà des 40kHz.
Ça laisse une marge plus que suffisante pour traiter cette bande 20kHz - 36kHz qui ferait la supériorité (suspectée) du support vinyle (et c'est pour ça que l'on a très peu de chance de voir sortir un jour une publi sur ce thème aujourd'hui, à mon avis).

Tout ça pour suggérer cette idée :p : Tu pourrais peut-être comparer tes gravures avec une production numérique qui monte au-delà de 20kHz pour faire cette comparaison.

[ Dernière édition du message le 21/01/2013 à 01:37:39 ]

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Salut EraTom,

Le but du sujet n'est pas de lancer un débat qui comme tu le dis serait stérile :)

Je m'intéresse à la gravure sur vinyle plus par "matérialisme", "fétichisme" qu'autre chose. D'un point de vue pragmatique la question est aussi vite tranchée, tout coûte une fortune (achat d'un système décent, disques blancs, remplacement pointe de gravure..etc). Et puis la restitution ne peut rester fidèle que dans une certaine mesure.

Je ne suis pas physicien et je ne sais pas si je vais utiliser la terminologie correcte mais je vais essayer de partager ce que j'ai retenu de mes lectures en anglais.

Par rapport à la question du déplacement du spectre vers le bas, il y a un double avantage. Pour les systèmes qui ont une tête de gravure qui en utilisation normale ont une réponse en fréquence limitée dans les hautes fréquences cela permet donc d'avoir une meilleure définition. Pour les standards professionnels comme les Neumann VMS, cela peut permettre de "contourner" le problème de l'échauffement de la tête de gravure qui en temps normal est refroidie à l'hélium. Donc je pense qu'il y a plus de liberté au niveau des hautes fréquences et cela devait probablement avoir une influence pour la gravure pour la quadriphonie.

En ce qui concerne le problème des basses fréquences trop proches, je n'ai jamais rien lu là dessus. Qu'appelles tu un phénomène de battement? Dans la pratique il y a utilisation d'un filtre coupe bas et aussi souvent d'un EQ elliptique. Pour éviter les problèmes de gravure à cause des basses  fréquences certains ont recours à cette EQ qui force le signal en MONO en dessous d'un certain seuil (150Hz,300Hz par exemple) et selon une pente prédéfinie. D'où la question est-ce que l'équalisation est différente en halfspeed?   

Pour la bande 60Hz-36kHz, je pense que ce sont les limites atteignables au maximum dans des conditions de gravure pour quadriphonie. Dans une utilisation normale je crois plutôt qu'il y a un filtre coupe-haut vers les 15/16khz. 

De manière générale et de ce que j'ai retenu de mes lectures, le facteur qui limite le plus au final c'est le système de reproduction chez l'auditeur lambda. Les graveuses pro sont capables de prouesses mais il faut rester réaliste et penser à l'auditeur. Après tout c'est le but du mastering non? pouvoir être lu sur le plus grand nombre de systèmes possibles.

Je tiens à préciser que j'ai jamais vu de graveuse en vrai donc corrigez moi si je dis des bêtises :)

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Voici les explications de mon collègue : la gravure en demi-vitesse permet de résoudre des problèmes dans les hautes fréquences, lorsqu'elles sont trop importantes. C'est parfois utilisé pour du jazz où l'on cherche un son "doux".
Le travail n'est possible que si l'on dispose d'un enregistreur à bandes, et cela coûte plus cher car le travail est plus long. C'est un des multiples bidouillages qui sont parfois utilisés pour "sauver les meubles", comme la gravure à l'envers qui permet d'augmenter les transitoires.