Elektron Analog Heat

J'utilise l'Analog Heat avec des synthétiseurs et des boîtes à rythme.

Au niveau hardware, c'est très bon, comme pour les autres produits Elektron.

Je veux être clair: pour moi cette machine est un bijoux de conception.

Sur le papier, comme souvent avec Elektron, c'est vraiment inégalable. 100% Stéréo, 8 circuits de distortions, 7 types de filtres, égaliseur 2 bandes, mixeur dry/wet, suiveur d'enveloppe, LFO, presets, entrées CV, interface audio/USB, Overbridgé, et j'ai sûrement dû oublier quelque chose. Il y a vraiment de quoi faire.

En terme de son, il est vrai que les distortions ne sont peut-être pas toutes si intéressantes, mais peut-être que je les utilise toujours de la même façon. J'imagine par exemple qu'on n'utilise pas le même type de saturation pour "driver" un master que pour avoir l'effet typique d'une guitare électrique.

Concernant les filtres, je trouve vraiment dommage qu'ils aient gardés exactement les mêmes que ceux de l'A4 et l'AR, qui ne sont pas incroyables... en tout cas pas vraiment le genre de pépite que se gardent généralement les circuits "analog". Le son de la résonance auto-oscillant (déjà à 50% du réglage) n'est pas agréable à entendre.

Comme toujours avec Elektron, le système numérique en place permet beaucoup de possibilités. On peut par exemple paramétrer le suiveur d'enveloppe de sorte d'obtenir un compresseur avec saturation spécifique.

Un aspect extrêmement appréciable pour une distortion, c'est les contrôles de volume. Il y a un réglage de la sensibilité de l'entrée, le gain d'entrée (Drive), le volume de sortie (Wet level), un mélangeur dry/wet et un réglage du volume des sorties finales. C'est vraiment une bonne conception qui permet d'avoir un fin contrôle en permanence.

Finalement le concept reprend un peu celui de l'Akai MFC42, que je possède également, sauf que sur ce dernier les filtres sont géniaux et la distortion juste pas mal. Sur l'Analog Heat, c'est un peu le contraire.

J'aimerai lui attribuer 4 étoiles et demi à cause des filtres qui ne sont pas géniaux, mais je ne peux mettre que 4 ou 5. Je choisis donc quand même 4 car pour moi ils auraient pu faire l'effort d'amélioration après deux précédentes machines. Pour le reste, il n'y a rien à redire, et pour moi c'est du grand art de conception électronique.

J'utilise l'Analog Heat dans un home studio en master sur un modulaire et sampler (Digitakt) afin de fusionner ces deux sources et donner un gros coup de punch.
Je l'utilise principalement à des niveaux de distortions relativement subtils, et j'utilise beaucoup l'envelope follower comme pseudo compresseur. Vraiment super pour cette utilisation, l'EQ est bien pratique aussi, c'est le jour et la nuit entre actif/inactif.
Il est bien sur possible de d'aller beaucoup plus loin dans la distortion mais plus sur des pistes individuelles que sur un mix complet.

Le seul petit "défaut" est qu'il est assez délicat de bien fixer le threshold pour l'effet compresseur, l'Analog Heat est très sensible au volume d'entrée, il faut trouver la bonne combinaison.

Niveau hardware c'est du solide, l'écran est plutôt mauvais mais fonctionnel et Overbride donne un visuel très clair de ce qui se passe précisément si jamais.

Première réaction
Lorsque l'Analog Heat ("AH") est sorti, j'ai d'abord trouvé ça un petit peu cher étant donné ce que ça faisait. Vous savez, ce fameux « Presque 800€ pour une distortion, mouais ! » qu'on entend si souvent. Du coup, j'avais rapidement passé mon chemin la première fois. Le déclic est venu lorsque je cherchais une interface audio portable et de bonne facture. J'ai alors réalisé que l'AH pouvait remplir ce rôle et j'ai (re)commencé à m'y attacher de plus près.

Ça sonne bien !
Il suffit déjà d'écouter les différents effets pour se rendre compte qu'on n'a pas en main une simple disto, mais quelque chose de plus complet. Les 8 circuits ont chacun un grain particulier. Ma préférence va pour le moment vers la Mid-Drive saturation, mais on trouvera aisément des applications à chacun des circuits. Après les avoir appliqués sur différents types de sons (bass, leads, pads, kicks...) je peux vous dire que la distortion est toujours très propre et bien contenue. Enfin, difficile de trouver les bons adjectifs, évidemment que ça crache de partout lorsqu'on applique le signal wet à 100%, mais en tout cas ça se met pas à sonner juste bruité, ou métallique. La possibilité d'EQ directement depuis la boîte est aussi appréciable pour rehausser ou épurer un peu le signal.


Filtres et résonance
Assez sympa aussi d'avoir mis 7 filtres à disposition de notre créativité. Je trouve qu'ils sonnent très bien même à résonance élevée, même si ça commence à siffler lorsqu'on force un peu, évidemment. Si on ajoute à ça le LFO ou l'enveloppe-follower, on a la possibilité de complètement dénaturer le signal d'entrée et de construire de toutes nouvelles sonorités. Mine de rien, on en rajoute petit à petit des fonctionnalités qui commencent à justifier le prix... À propos du LFO, il y a toutes les formes classiques, et on peut faire varier sa vitesse selon toutes les fractions possibles. J'ai l'impression en revanche qu'il faille systématiquement re-passer par le menu pour configurer le BPM "interne". Un peu lourd, c'est dommage !


Construction et utilisabilité
C'est mon premier produit Elektron, même si j'avais déjà utilisé la Machinedrum. C'est du solide et c'est bien fini. Je trouve ça dommage, en revanche, que l'écran LCD soit si peu lisible lorsque l'angle de lecture est trop élevée. Heureusement qu'il n'est pas indispensable dans la majorité des situations ! Les menus sont en effets simplissimes. À savoir également : les potards sans fin permettent d'ajuster TRÈS finement la valeur définie, et il est nécessaire de les tourner en appuyant dessus pour y aller plus grossièrement. Du coup, je préfère personnellement passer directement par les boutons dédiés lorsqu'ils sont disponibles, comme par exemple pour la fréquence et la résonance. Je ne vois pas en ce qui me concerne l'intérêt de devoir faire 4 tours de poignet pour changer la valeur de 2%.


Les cerises sur le gâteau
Dans les petits trucs que j'ai appréciés, parfois très fortement, on retrouve l'overbridge (le logiciel est vraiment bien fait, je suis plutôt bluffé), le fait que la petite boîte fasse office d'interface audio, la relative compacité, le bouton "active" qui permet de bypass les traitements (pratique pour A/B-tester rapidement, mais attention à la différence de niveaux pré/post-distortions qui rend la comparaison pas toujours évidente)


Conclusion(s)
C'est franchement une belle bête dont je ne pourrai probablement plus me passer. Que ça soit en artefact discret avec des faibles valeurs de drive/wet, histoire de réchauffer un signal et d'ajouter un peu d'harmoniques, ou de construire de nouvelles sonorités à partir d'une forme d'onde très simple (ou pas, d'ailleurs), l'Analog Heat verra forcément passer un bout de mon workflow. Ma seule crainte est d'en abuser. Finalement, c'est une boîte qui peut remplir tellement de rôles qu'elle trouvera sa place à peu près partout. N'hésitez pas si vous avez des questions à son sujet !


Je vous laisse également le lien vers la vidéo que j'ai pu réaliser :