La semaine dernière, nous avons vu qu’il était judicieux de limiter le nombre d’outils de traitement afin de mieux se concentrer sur le travail de mixage. D’où le sujet du jour qui a pour but de vous guider dans le choix de vos armes de prédilection.
Conduite accompagnée
D’après vous, mieux vaut rouler en Ferrari, en Smart ou en Trafic ? Cette question peut paraître stupide, mais la réponse n’est pas aussi évidente que cela. La Ferrari en jette clairement plus que les deux autres et ses performances brutes sont au top niveau, mais vous fera-t-elle réellement gagner du temps lors d’un déplacement ? Rien n’est moins sûr, car il faut prendre en compte d’autres paramètres qui ne dépendent absolument pas du véhicule, par exemple les limitations de vitesse, la circulation, etc. Est-elle plus simple à manier en ville et/ou à la campagne ? Assurément pas. Entre la recherche de places de parking en ville ou l’état de certaines routes en province, le gabarit de la bête ne me semble pas en faire un modèle de maniabilité. N’est-elle pas complètement hors sujet dans le cadre d’un déménagement ou d’un déplacement en famille ? Inutile d’en dire plus tant la réponse est évidente. Est-il alors plus facile d’apprendre à conduire avec un tel bolide ? Eh bien non, cela peut même s’avérer très dangereux à mon sens de mettre autant de puissance entre les mains d’une personne non avertie. Enfin, entre l’achat, l’assurance, l’entretien et la consommation, l’investissement en vaut-il réellement la chandelle ? Vous serez certainement d’accord avec moi pour répondre encore une fois par la négative.
Aussi capillotractée qu’elle puisse être, cette petite métaphore routière résume à elle seule mon point de vue sur la question d’aujourd’hui. Ce n’est pas le prix, la beauté, la complexité, les possibilités théoriques ou la seule qualité sonore qui font la pertinence d’un plug-in. En réalité, il s’agit plutôt de trouver le meilleur mélange qualité sonore/facilité d’utilisation qui soit en parfaite adéquation avec la tâche à accomplir, votre niveau de compétence et bien sûr vos moyens financiers. Moralité, avant de dégainer votre portefeuille suite à telle ou telle publicité alléchante pour un produit vous promettant monts et merveilles, ou même avant d’utiliser une ribambelle de joujoux gratuits découverts au détour de l’un de nos Friday’s Freeware, je vous invite fortement à vous poser plusieurs questions du genre :
- Le son est-il au rendez-vous ?
- L’ergonomie vous convient-elle ?
- Cet outil vous est-il indispensable ?
- Avez-vous les compétences pour réellement apprécier et profiter pleinement des possibilités offertes par ce plug-in ?
- L’investissement correspond-il à la réalité de vos besoins ainsi qu’à vos véritables capacités financières ?
Tout cela vous semble peut-être inutile. Pourtant, nous sommes sur Audiofanzine, le rendez-vous incontournable pour toutes les victimes francophones de GAS audio… Tous les jours nous voyons passer du « matos » qui nous donne la bave aux lèvres. Rêver de ces beaux engins peut être une très bonne chose lorsque ça pousse à aller de l’avant. Mais il faut faire attention à ce que cela ne se transforme pas en excuse toxique derrière laquelle on se cache pour justifier de ne pas faire les choses ! À titre personnel, j’ai longtemps cru à mes débuts que mes morceaux ne sonnaient pas parce que je n’avais pas tel ou tel jouet… Et puis j’ai vu une vidéo où John Frusciante jouait sur la même guitare premier prix que la mienne… Sauf que sous ses doigts, le son n’était pas le moins du monde pourrave comme sous les miens. Ce jour-là, j’ai enfin réalisé que ce n’est pas l’objet qui fait l’œuvre, c’est l’homme qu’il y a derrière. Je me suis alors mis à travailler d’arrache-pied avec les moyens à ma disposition, et ce, dans tous les domaines touchant de près ou de loin à la production musicale. Les résultats ne se sont pas fait attendre bien longtemps : je suis devenu bien meilleur musicien et ma carrière d’ingénieur du son a enfin pu commencer. Cerises sur le gâteau, la frustration de ne pas posséder tel ou tel matériel a complètement disparu et, lorsque j’ai finalement eu les moyens d’investir, j’avais développé les capacités qui me permettaient de réellement apprécier les outils à leurs justes valeurs, et surtout de les exploiter à fond !
Bref, la morale de toute cette histoire pourrait se résumer ainsi : lors du choix de vos outils de travail, n’ayez pas les yeux plus gros que le ventre et optez pour le matériel (logiciel ou hardware) correspondant au mieux à vos besoins réels, à votre niveau de compétence, ainsi qu’à vos moyens financiers.
Voilà, c’est tout pour aujourd’hui. La semaine prochaine, nous verrons plus concrètement comment tester un plug-in afin de savoir s’il vous convient ou non.