Après toutes ces péripéties, je ne pouvais décemment pas vous quitter comme ça, même si concrètement, notre voyage au cœur du mixage est bel et bien arrivé à son terme. Ainsi, au cours des semaines à venir, je vous propose d’aborder certains sujets connexes que je n’ai pas pu insérer ailleurs de façon cohérente au regard de la chronologie de cette série d’articles. Bien que moins axés sur le côté pratique au sens strict du terme, il me semble que ces points sont à prendre très sérieusement en considération par tout apprenti ingénieur du son désireux de progresser. Dans l’épisode d’aujourd’hui, nous allons nous intéresser à une notion relativement contre-intuitive de prime abord : l’importance de se fixer des limites.
Oumixpo
Afin de démontrer l’intérêt qu’il y a à se fixer des limites en matière de mixage, envisageons la chose au travers d’un raisonnement par l’absurde.
Que se passe-t-il lorsque nous mixons sans contrainte d’aucune sorte ? Nous triturons un fader par-ci, un potard par-là, nous utilisons notre armada de plug-ins sans réellement réfléchir à l’utilité de la chose et avec le secret espoir que, si tel effet n’apporte rien, tel autre sera sûrement le remède à tous nos maux, etc. Au bout de quelques heures de cette pantomime tragi-comique, nous avons l’impression d’avoir mixé, mais en réalité, nous n’avons fait que tuer le temps… Certes, c’est amusant et il n’y a aucun mal à cela. Cependant, si notre but est d’obtenir des résultats concrets, cette expérience nous laissera immanquablement un goût amer en bouche tant elle s’avère inféconde la plupart du temps.
Cette petite histoire vous rappelle des souvenirs, n’est-ce pas ? Alors, qu’est-il possible de faire pour se prémunir de ce curieux phénomène ? La réponse est simple : se fixer des limites.
Comme je l’ai déjà écrit au début de cette série, un véritable mix commence par un plan d’action, la fameuse vision de votre mix. Il s’agit là des premières limites que vous vous devez de fixer afin d’avancer.
Difficile d’aller quelque part lorsqu’on ne sait ni où l’on est, ni où l’on va, n’est-ce pas ? Alors analysez bien vos pistes sources et choisissez précisément ce que vous souhaitez en faire et dans quel but vous désirez le faire. Une fois cela clairement établi, vous pourrez alors passer sereinement à l’action… Enfin, les choses peuvent tout de même encore se gâter si vous n’y prenez garde…
Le monde de la M.A.O. étant ce qu’il est, il y a de fortes chances pour que vous ayez à disposition une ribambelle de plug-ins en tout genre. Si cela peut vous sembler jouissif, ce n’est pourtant absolument pas une bonne chose, croyez-moi sur parole. Face à cette orgie virtuelle, il est courant de passer plus de temps à choisir l’outil plutôt qu’à réellement l’utiliser. Et ce n’est bien évidemment pas ainsi que l’on obtient des résultats.
Moralité, je vous invite une fois de plus à vous fixer des limites. Optez pour un ou deux plug-ins d’égalisation, de compression, de réverbération et de delay, ainsi qu’un petit gate, mais pas plus. N’utilisez alors plus que ces derniers pour travailler. Vous verrez qu’ainsi, vous passerez plus de temps à réellement traiter votre mix. En effet, votre esprit sera alors libre de penser à comment les choses sonnent réellement et surtout à ce qu’il faut faire pour améliorer cela, ce qui est beaucoup plus profitable que de perdre son temps à chercher quel outil utiliser. En bref, limiter votre palette d’outils disponibles vous évitera de gaspiller votre attention sur des choix inutiles et vous forcera à travailler concrètement sur le son recherché. C’est là l’essentiel, me semble-t-il.
Je vous laisse réfléchir à cela et vous donne rendez-vous la semaine prochaine pour de nouvelles aventures !