Pour éviter les erreurs de câblage, il faut distinguer les effets d'insert des effets d'auxiliaire. Leur fonctionnement diffère, leur intégration à la chaîne audio aussi. C'est pourquoi il faut différencier l'insert et l'auxiliaire comme moyens d'intervenir sur un signal.
Une table de mixage est comme un réseau routier. Sur ce réseau transitent des voyageurs (les signaux) qui se déplacent soit en véhicule particulier (les canaux), soit en transport en commun (les bus). Ainsi, un canal est occupé par un seul signal tandis qu’un bus peut transporter de nombreux signaux.
Quand un signal quitte son canal, il est envoyé dans un bus (sous-groupe ou master) où il est mélangé à d’autres signaux. Par analogie, quand un passager quitte son véhicule particulier, il poursuit son trajet en transport en commun. Les bus sont donc des canaux qui accueillent plusieurs signaux en provenance d’autres canaux.
L’insert : une déviation
Dans les canaux d’une console analogique, l’insert est généralement placé après l’étage de préamplification, avant l’égaliseur du canal. Il en va de même dans les consoles numériques et les consoles virtuelles. L’insert dérive le signal du canal (départ d’insert, Insert send en anglais) pour l’envoyer dans un processeur ou dans une chaîne de processeurs. Le flux de signal dans le canal est donc interrompu. En sortant du dernier processeur de la chaîne, le signal est ramené dans le canal de la console à l’endroit il l’avait quitté, grâce au retour d’insert (Insert return). Le signal reprend son chemin normalement dans le canal de la console.
Remarque importante pour la suite : comme les canaux, les bus des tables de mixage sont équipés d’inserts qui fonctionnent exactement comme ceux des canaux.
L’auxiliaire : un itinéraire bis
Nous avons vu que l’insert est une déviation qui détourne le signal du canal puis l’y reconduit. L’auxiliaire, qui intervient après l’insert, est un itinéraire bis que le signal peut emprunter en même temps qu’il poursuit son chemin normal dans le canal. Le signal emprunte donc deux itinéraires simultanément : par le canal et par l’auxiliaire.
L’auxiliaire est un bus. Il peut donc accueillir les signaux de plusieurs canaux. Il est alimenté par les canaux quand leur bouton Aux ou FX, qui règle le niveau du signal du canal dans le bus auxiliaire, est ouvert. Le bus auxiliaire est équipé d’un insert dans lequel on câble un ou plusieurs processeurs qui traitent tous les signaux du bus.
Pour finir, l’itinéraire normal et l’itinéraire bis du signal se rejoignent généralement dans le bus de sortie de la console (Master ou Main). C’est donc là que sont mixés le signal du canal et le signal d’effet du bus auxiliaire.
La maréchaussée réglemente le trafic…
Nous avons vu que l’insert dérive le signal du canal, donc qu’il affecte le signal lui-même. Par conséquent, on câble généralement en insert les effets qui modifient la forme d’onde du signal. Il s’agit des traitements de la dynamique (gate/expanseur, compresseur/limiteur), des saturation/distorsion et autres bitcrushers, des dé-esseurs, des filtres (égaliseurs, effets wah, etc.), des outils de restauration audio et des processeurs psycho-acoustiques (générateur d’harmoniques, processeur de stéréo, etc.).
Nous avons aussi vu que l’auxiliaire ajoute un signal d’effet sans modifier la source. Il est donc tout indiqué pour les effets qu’on mélange au signal original. Il s’agit pour l’essentiel des effets d’espace (reverb, delay, écho, etc.), des traitements de la hauteur tonale (harmoniseur, octaveur, pitch shifter, etc.) et des effets de modulation (chorus, flanger, phaser, etc.).
Petite précision : si vous avez le choix, utilisez un auxiliaire post-fader de sorte que la proportion d’effet (le rapport entre le signal traité et non-traité) reste constante quelle que soit la position du fader dans le canal.
Remarquez comme les choses sont bien faites : les auxiliaires sont des bus, et ça tombe bien puisqu’ils hébergent souvent des effets comme la reverb, le delay, etc. qu’on veut appliquer à plusieurs signaux. Inversement, les inserts sont dans les canaux, et ça tombe bien puisqu’ils font souvent intervenir des traitements ciblés sur un seul signal. Et en cas de besoin, les inserts des bus (sous-groupes et master) permettent de traiter plusieurs signaux avec un insert, par exemple une batterie, des pistes de guitare, des chœurs, des micros d’ambiance, etc.
…Les usagers réinventent la route
La séparation en effets d’insert ou d’auxiliaire n’est cependant pas si franche : au lieu de câbler une distorsion en insert comme on le fait avec une guitare électrique, on peut la câbler en auxiliaire pour conserver le signal orignal et ajouter un signal saturé, par exemple sur une basse, un piano électrique, une caisse claire, etc.
De même, la plupart des effets d’auxiliaire possèdent un réglage Dry/Wet qui permet de mélanger le signal original et le signal d’effet. Du coup, pourquoi ne pas câbler un effet d’auxiliaire en insert d’un canal ou d’un sous-groupe et régler la proportion d’effet avec Dry/Wet ? Attention toutefois : le simple fait d’insérer un processeur, surtout matériel, peut colorer le son, même sans signal d’effet.
Les adeptes de la compression parallèle vous le confirmeront : il est parfois bon de transgresser les règles et, pourquoi pas, de mettre un compresseur en auxiliaire pour voir ce que donne le mélange du signal source et du signal compressé.