L’épisode d’aujourd’hui sera le dernier consacré à l’enregistrement de la piste « Room Stéréo ». Cette fois-ci, nous allons aborder des techniques un poil plus alambiquées…
Commençons par une méthode qui consiste à utiliser un couple de micros cardioïdes visant directement le sol de la pièce, les capsules se trouvant à seulement deux ou trois centimètres de la surface. Cela peut être particulièrement intéressant lorsque le revêtement est de nature à produire une belle réverbération, comme c’est par exemple le cas avec du parquet. Ceci étant, vous pouvez essayer de simuler la chose en disposant à terre une planche de contreplaqué. Certes, le résultat ne sera pas aussi probant, mais vous pourriez tout de même être agréablement surpris du rendu obtenu via ce petit subterfuge ! Enfin, revenons à nos moutons.
Niveau placement de ce dispositif par rapport à l’instrument, sachez que vous pouvez jouer sur la sensation de largeur stéréo en jouant sur la répartition de chacun des micros de part et d’autre de la batterie. Notez également que plus ces micros seront proches du kick et plus vous obtiendrez logiquement un rendu riche en grosse caisse tout en allégeant la proportion de réverbération de la caisse claire ainsi que des cymbales. Cela peut être intéressant si vous êtes à la recherche d’un son « puissant » dans le bas médium. Prenez tout de même garde à ne pas trop surcharger cette zone du spectre car cela pourrait facilement « engluer » le son de votre prise de batterie dans son ensemble. De plus, faites attention à la cohérence de phase entre ce couple et les micros chargés de capter la grosse caisse en « close miking » sous peine de perdre en précision de frappe et/ou en corps.
Si d’aventure vous étiez attiré par la sensation de « puissance » générée par cette technique, mais que vous trouviez que la perte en clarté et/ou en précision du rendu global de la batterie est trop importante, il existe une variante qui pourra vous sauver la mise. Au lieu du couple visant le plancher des vaches, utilisez plutôt un couple de statiques cardioïdes directement posés au sol en direction du kit, par exemple une paire d’Oktava MC012 ou d’AKG C 451. Dans cette configuration, la capsule des micros reste très proche de la surface réverbérante tout en faisant face à la source sonore. Moralité, la différence temporelle entre la captation du son direct et celle du son réverbéré est réduite, il y aura donc moins de filtrage en peigne et le rendu n’en sera donc que plus « pur » mais toujours aussi « puissant ».
Je tiens tout de même à vous prévenir que cette façon de faire nécessite forcément que l’ensemble des personnes présentes dans la pièce d’enregistrement fasse extrêmement attention à ces micros disposés à même le sol ! En effet, aussi bizarre que cela puisse paraître, plus un micro est coûteux et moins il supporte qu’on lui marche dessus…
Stepping through the door
La dernière méthode d’enregistrement de la « Room Stéréo » que nous allons voir se résume à placer les micros non pas dans la même pièce que la batterie, mais dans une pièce ou un couloir adjacent. Évidemment, cette technique n’est pas la plus fidèle en termes d’image stéréo, bien qu’elle puisse tout de même apporter une certaine largeur au rendu global. En revanche, en procédant de la sorte, le son enregistré n’est que de la réverbération. Ce genre de prise supporte particulièrement bien les fortes doses de compression lors du mixage, effet Led Zep garanti ! De plus, en jouant sur l’ouverture de la porte séparant les deux pièces, vous pourrez gérer très facilement la balance spectrale de la captation : plus le passage sera ouvert et plus vous aurez de fréquences aiguës. Notez toutefois que cette méthode fonctionne mieux sur des morceaux lents et/ou légers rythmiquement parlant. En effet, un groove rapide et/ou chargé aura tôt fait d’être noyé par la réverbération proéminente d’une telle prise.
Voilà, c’est tout pour aujourd’hui. Rendez-vous la semaine prochaine pour de nouvelles aventures !