Cette semaine, nous allons une nouvelle fois sortir légèrement du cadre de l’enregistrement au sens strict du terme pour parler du « layering ». Bien que cette technique de production de la batterie soit généralement réservée à la phase de mixage, j’ai choisi de traiter ce sujet au sein de cette série d’articles, car ce travail de « layering » peut être grandement simplifié lorsque l’on prend la peine d’y penser en amont dès la prise.
Quésaco ?
Apparue dans la musique pop au début des années 80, la technique du « layering » consiste à se servir de samples afin de soutenir l’enregistrement original d’un élément de batterie, voire de le remplacer complètement. Cette méthode est principalement employée pour la grosse caisse, la caisse claire et les toms. Il est cependant possible de l’utiliser pour les cymbales, bien que cela soit passablement plus compliqué à réaliser.
Mais quel est l’intérêt de la manœuvre ? Tout simplement un contrôle accru sur le son. Empiler des samples permet par exemple les choses suivantes :
- Ajouter du timbre à un élément du kit pauvre à ce niveau-là ;
- Redorer le blason d’une attaque un peu molle ;
- Remplacer un tom mal accordé ;
- Doser précisément le sustain d’un coup de cymbale ;
- Gonfler le gras d’un kick anémique ;
- Etc.
De plus, les samples sont exempts de repisse, ce qui les rend beaucoup plus malléables lors du mix. En effet, la « pureté » d’un sample issu d’une banque de qualité permet de triturer sa matière sonore à grands coups d’égalisation, de compression ou de réverbération sans trop avoir à se faire de cheveux quant aux éventuels dommages collatéraux sur les autres éléments du kit.
Par ailleurs, cela permet également d’avoir une maîtrise totale sur le niveau de chaque frappe. La performance peut ainsi être plus facilement constante sur la durée du morceau et donc, potentiellement, paraître plus « massive » le cas échéant. Enfin, dans le cadre de l’enregistrement en home studio, le « layering » peut être une véritable bénédiction puisqu’il est ainsi possible d’obtenir un son de batterie de « qualité professionnelle » sans avoir à disposition l’infrastructure d’un grand studio. Notez tout de même qu’un véritable enregistrement décent des overheads est un plus non négligeable, car, comme je vous l’ai déjà dit, le « layering » des cymbales n’est pas chose aisée.
Paul et Mickey
Bien sûr, au-delà de la question éthique, l’utilisation de cette méthode comporte tout de même son lot d’inconvénients. Même si elle permet de conserver le groove, les détracteurs du « layering » avancent souvent l’argument de la perte du touché propre à chaque musicien. Il y a aussi le danger de « standardisation » sonore dû à l’utilisation de banques de samples identiques sur de multiples productions. Enfin, appliquée sans discernement et/ou en utilisant des sources de piètre qualité, gare à l’effet mitraillette digne des plus mauvaises boîtes à rythmes.
Pour ma part, je considère le « layering » pour ce qu’il est, à savoir un outil comme un autre. L’important est ce que l’on en fait, comment on l’utilise et dans quelle proportion. Si cela me permet d’arriver au résultat que je cherche à atteindre, ainsi soit-il ! Pour un morceau tendance jazz où la musicalité de jeu prime, l’intérêt me semble limité. En revanche, pour une rythmique Metal endiablée, l’emploi d’un sample bien choisi me paraît beaucoup plus à propos afin de retranscrire avec précision un jeu de grosse caisse à la double pédale. Bref, comme toujours, tout dépend du contexte !
Dans le prochain épisode, nous verrons quels sont les outils qui permettent d’aborder cette technique du « layering » dans les meilleures conditions possibles.