De prime abord, diriger un/e chanteur/se pendant les prises semble plutôt simple. Pourtant, pour obtenir des résultats satisfaisants, vous devrez non seulement disposer de bonnes compétences techniques mais aussi amener le chanteur à donner le meilleur de lui-même. Dans le premier volet de cet article en deux parties, nous allons nous concentrer sur l’aspect technique avant de passer à la réalisation dans la seconde partie.
Micros, préamplis et plus
Pour enregistrer les voix, on utilise généralement un micro électrostatique à grand diaphragme.
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Choisissez votre meilleur micro chant, de préférence un micro électrostatique à grand diaphragme, et branchez-le dans votre meilleur préampli.
Placez un filtre anti-pop devant le micro (à au moins 2,5 cm de la capsule) pour atténuer les consonnes occlusives comme « p » et « b » dans l’enregistrement. Généralement, on demande au chanteur* de se tenir à une dizaine de centimètres du filtre anti-pop. La proximité du chanteur donne un son plus présent, c’est-à-dire plus direct et moins réfléchi par la pièce. Avec les micros cardioïdes, soit la plupart des micros chant à l’exception des micros à ruban, on bénéficie ainsi de l’effet de proximité qui amplifie d’autant plus le grave que la source s’approche de la capsule, la voix devenant plus ample que nature.
Si vous avez plusieurs micros de bonne qualité, choisissez celui dont vous pensez qu’il servira au mieux la voix du chanteur. Au besoin, comparez le son des micros avec la voix du chanteur. Mais faites en sorte que ce test reste bref pour ne pas fatiguer le chanteur avant de lancer l’enregistrement.
Niveaux et retours
Pendant que vous faites les niveaux, vérifiez que le chanteur se tient au bon endroit et chante aussi fort que quand il enregistrera le morceau. Si vous utilisez une DAW ou un enregistreur numérique 24 bits, réglez le gain de sorte à garder 10 à 15 dB de réserve (l’écart entre la crête la plus élevée et le 0 dB). Ainsi, vous ne prenez pas le risque que de la distorsion ruine une bonne prise. Avec autant de réserve de niveau, vous n’aurez pas besoin de compresser la source pour contenir les niveaux. L’enregistrement n’en sera que plus naturel.
L’une des clés du succès est de faire en sorte que le chanteur soit aussi détendu que possible, et cela passe notamment par un retour casque offrant un mix équilibré de la voix et du playback. Avant la séance, faites une rapide mise à plat, laissez le chanteur essayer son retour casque et faites les ajustements qu’il réclame. Souvenez-vous que votre but est que le chanteur se sente le mieux possible au moment d’enregistrer. Vous constaterez que beaucoup de chanteurs aiment que leur voix soit très forte par rapport à la musique.
Dans l’enregistreur, choisissez une taille de tampon (buffer) aussi faible que possible ou utilisez les fonctions de monitoring direct de votre interface audio si elle en possède. Une latence perceptible perturbera le timing du chanteur.
Si votre système le permet, ajoutez une reverb de type « hall » ou « plate » à la voix dans le retour casque (n’enregistrez pas la reverb !) afin qu’elle sonne de façon moins directe, ce qui peut donner confiance au chanteur – à condition qu’il aime avoir de la reverb.
Dans la seconde partie, nous ferons en sorte que le chanteur donne le meilleur de lui-même.
* (Ndt : pour des raisons de commodité, « chanteur » = « chanteuse ou chanteur » dans cet article)