Chronique du CD - Test Zero-G Guitar Odyssey

Parler du CD Guitar Odys­sey sans parler du guita­riste lui-même serait une erreur, car le contexte de sa vie en dit beau­coup sur ses aspi­ra­tions…

A propos du guita­ris­te*

Irakli Kikvadze (alias Dr Ika ou encore Jango Rave­heart) naquit dans l’an­cienne URSS. Après sa décou­verte du gramo­phone à 4 ans, puis du piano à 7 ans, Dr Ika commença à apprendre la guitare clas­sique à 12 ans. Il fut rapi­de­ment influencé par des musi­ciens comme Albert King, B.B. King ou encore Albert Collins, et entra ainsi dans le monde du blues et de la guitare élec­trique. Puis ce fut au tour des Beatles et de Jimy Hendrix de le conqué­rir et de lui donner l’oc­ca­sion d’épa­nouir son talent dans le rock – style tota­le­ment prohibé en URSS ! Tous étaient contre ses aspi­ra­tions musi­cales, et il dut ainsi quit­ter ses parents et fuir le KGB qui esti­mait ses goûts musi­caux comme néfastes pour la commu­nauté.

En atten­dant un futur musi­cal meilleur, Ika devint docteur en biolo­gie et obtint une licence de musique. Lorsque la pres­sion de l’URSS contre les «  mauvaises musiques occi­den­tales  » s’amoin­drit, Dr Ika commença à faire des festi­vals de rock et de blues et fut déclaré meilleur guita­riste du pays.

Entre 1986 et 1989, Ika vécut et travailla en Suède en tant que scien­ti­fique. En paral­lèle, il joua avec des musi­ciens de jazz et de blues de haut niveau comme Jimmy Smith, Richard Roberts ou encore Tom Levin et surtout avec le légen­daire B.B. King – chose plutôt incon­grue pour un neuro­chi­rur­gien !

En 1990, de retour en Géor­gie, Ika conti­nua de travailler en tant que scien­ti­fique tout en compo­sant des musiques de films, de dessins animés, et des musiques illus­tra­tives pour la télé­vi­sion et pour le théâtre.

Les années 1991 à 1993 furent certai­ne­ment les plus diffi­ciles pour Dr Ika : la chute du système sovié­tique eut pour consé­quence une véri­table anar­chie, une augmen­ta­tion de la corrup­tion, une pauvreté extrême, un natio­na­lisme exacerbé ainsi qu’un anti-sémi­tisme sans limites au lieu d’une démo­cra­tie, de liberté et de pros­pé­rité. Il n’y avait plus d’élec­tri­cité, plus de gaz, plus de nour­ri­ture ou de quel­conques autres produits. Des gangs orga­ni­sés étaient prêts à tuer pour n’im­porte quoi, du pétrole, une voiture, ou bien même pour une simple ciga­ret­te… Il n’est donc pas surpre­nant que Dr Ika «  got the blues  » comme on le dit !

1993 fut mira­cu­leux pour Dr Ika et sa femme Lia puisqu’ils ont été appe­lés au Royaume Uni pour le travail du scien­ti­fique. Une nouvelle vie commençait, loin de la peur et de la pauvreté extrême de l’URSS. Ika est ainsi passé du Blues – style parfai­te­ment adapté à son ancienne situa­tion – à de nombreux autres styles complè­te­ment diffé­rents de clubs anglais, comme la «  Heavy House  » de DJ Paul Lyons. Il parta­geait égale­ment la scène avec des DJs comme Sasha, John Digwid, Carl Cox, Kalvin Andrews, Love Dub, Tall Paul et bien d’autres.

Son expé­rience acquise lors de ses perfor­mances sur les dance floors abou­tit au sujet de cet article : Dr Ika créa le CD Guitar Odys­sey pour la société Zero-G. Nous y voici donc ! Après ce «  petit  » histo­rique, parlons du CD !

Navi­ga­tion sonore et choix des sono­ri­tés

Tous les échan­tillons du CD «  Guitar Odys­sey  » sont triés dans le livret du CD selon quatre critères. Tout d’abord, vous pouvez choi­sir les échan­tillons par [def]tempo[/def], ceux-ci allant de 80 BPM à 170 BPM, et couvrant ainsi un large panel de tempos diffé­rents. Bien sûr, le livret indique quels accords sont joués pour chaque échan­tillon sonore, la plupart étant des accords parfaits ou 7 ème majeurs et mineurs. Vous pouvez aussi cibler un style musi­cal parti­cu­lier ou bien une tendance : ambient, funk, RnB, Jazz, arpèges, groove, blues, heavy, orien­tal, et enfin fuzz. Enfin, les types d’ef­fet et d’am­pli­fi­ca­tion sont égale­ment indiqués, parmi les suivants :

Ce clas­se­ment détaillé permet de trou­ver rapi­de­ment l’échan­tillon sonore qui vous plaît. Les sono­ri­tés sont riches, même si la tendance est plutôt au wah wah. Les [def]riff[/def]s sont souvent joués dans plusieurs tona­li­tés pour éviter d’avoir à les trans­po­ser.

Sono­ri­tés

Les [def]riff[/def]s, tout en restant groovy, sont précis et bien calés sur le tempo annoncé. On sent que Dr Ika maîtrise la bête (cf. la partie de cet article consa­crée au guita­riste). Les [def]riff[/def]s sont clas­sés par tempo, et Dr Ika ne faiblit pas sur les tempos montant jusqu’à 170 BPM !

Malgré la durée du CD (72 minutes) et surtout le nombre de pistes (75 pistes !), on ne ressent pas trop de redites au niveau des [def]riff[/def]s, à quelques excep­tions près : les effets (distor­sions, phasers, flan­gers et autres effets) sont plutôt effi­caces et viennent étof­fer les diffé­rentes variantes des [def]riff[/def]s (certains [def]riff[/def]s sont de véri­tables phrases pronon­cées à cause d’ef­fets de phaser parti­cu­liè­re­ment effi­caces!). De plus, le guita­riste a recher­ché sur la fin du CD des [def]riff[/def]s et jeux plus origi­naux que les clas­siques [def]riff[/def]s rock, blues et autres. Pour finir, après des [def]riff[/def]s de plus en plus endia­blés, il se permet donc de jouer des [def]glide[/def]s et autres effets variés.

Pour se rendre compte du résul­tat, rien de vaut les démos en MP3 ! Je vous invite donc à écou­ter quelques samples repré­sen­ta­tifs du CD.

Crédits :

Les photos sont issues du site de Dr Ika : http://www.geoci­ties.com/drikas­blues
* Le texte histo­rique a été traduit de l’an­glais par Psycom à partir de ce même site.