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Reportage / Salon
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Sennheiser : 80 ans d’innovations sonores - L'histoire d'une marque

Quand la plupart des enfants de dix ans jouent au foot ou à la marelle, Fritz Sennheiser, lui, construisait sa première radio avec quelques composants récupérés et bricolés dans la maison familiale. Cette curiosité précoce illustre déjà l’état d’esprit qui marquera ensuite l’entreprise. Peu d’acteurs du secteur peuvent revendiquer un héritage aussi ancien dans le monde de l’audio.

Sennheiser : 80 ans d’innovations sonores : L'histoire d'une marque

La réali­sa­tion de cet article a été rendue possible grâce au soutien de Senn­hei­ser.

Depuis 1945, Senn­hei­ser façonne le son de notre quoti­dien : sur scène, en studio, dans les avions, et même dans nos salons. En 2025, la marque alle­mande célèbre ses 80 ans, l’oc­ca­sion de reve­nir sur huit décen­nies d’in­no­va­tions tech­niques, de paris auda­cieux et d’une constante : une passion abso­lue pour le son.

Des débuts modestes à une ambi­tion mondiale


La maison où tout a commencéTout commence juste après la Seconde Guerre mondiale, dans la campagne alle­mande, près de Hanovre. Le jeune ingé­nieur Fritz Senn­hei­ser, passionné de radio depuis l’en­fance, fonde son « Labo­ra­to­rium Wenne­bos­tel », bien­tôt abrégé en Lab W.. Le premier produit sort en 1946 : le DM 1, un micro­phone dyna­mique conçu pour Siemens. Rien d’ex­tra­or­di­naire en appa­rence, mais c’est simple­ment le début d’un parcours qui comp­tera dans l’his­toire de l’au­dio.

Le DM 1 est suivi du DM 2, un second micro­phone dyna­mique dont l’in­té­rêt, à l’époque, tient surtout à la capa­cité de Senn­hei­ser à produire rapi­de­ment des modèles fiables et cohé­rents. On raconte d’ailleurs que les premiers exem­plaires ont été adop­tés par des tech­ni­ciens de radio locaux simple­ment parce qu’ils étaient plus constants que beau­coup de micros d’après-guerre, ce qui suffi­sait déjà à les distin­guer. Comme le DM 1, il reste un micro­phone dyna­mique assez simple, mais robuste, marquant les prémices de la philo­so­phie Senn­hei­ser : préci­sion, fiabi­lité et contrôle qualité pointu. Ces premiers modèles affichent déjà une rigueur de concep­tion remarquable : membranes cali­brées à la main, compo­sants triés sur mesure, et un contrôle qualité qui, pour l’époque, tient du luxe. L’en­tre­prise prend vite le nom de Senn­hei­ser elec­tro­nic, et, à partir de là, tout s’en­chaîne : micro­phones, casques, systèmes sans fil… L’his­toire d’une marque indé­pen­dante guidée par la curio­sité et un profond respect du son.

« Les ingé­nieurs ont besoin d’es­pace pour les idées folles », disait Fritz Senn­hei­ser. Une devise qui résume parfai­te­ment la culture de la maison.

Depuis 1945, le nom de Senn­hei­ser est asso­cié à une vraie passion pour l’in­gé­nie­rie du son et à une forme d’au­dace qui nous accom­pagne encore aujour­d’hui. Fritz Senn­hei­ser disait souvent que les ingé­nieurs ont besoin d’es­pace pour les idées folles, et c’est exac­te­ment cet état d’es­prit qui nous anime depuis huit décen­nies.

Ann Vermont, Coun­try Mana­ger France et Commu­ni­ca­tions Mana­ger EMEA

Des décen­nies d’in­no­va­tions

Senn­hei­ser n’a pas seule­ment suivi l’évo­lu­tion du secteur, elle y a régu­liè­re­ment apporté sa pierre.

MD 21 Frei soloDans les années 1950, la marque crée l’un des premiers micros de repor­tage mythiques : le MD 21. Son format compact, sa robus­tesse et sa clarté en font un stan­dard pour la radio et la télé­vi­sion. Avec sa direc­ti­vité omni­di­rec­tion­nelle et sa réponse linéaire, il capture la voix avec un natu­rel inégalé pour l’époque.

Puis, en 1957, Senn­hei­ser déve­loppe, en colla­bo­ra­tion avec une chaîne de radio­dif­fu­sion alle­mande, le premier système de micro­phone sans fil profes­sion­nel. Une véri­table révo­lu­tion à l’époque, et la base de toute une tradi­tion d’in­no­va­tion dans le domaine du sans-fil, qui se pour­suit encore aujour­d’hui avec la tech­no­lo­gie Spec­tera, lancée en 2024 : le premier écosys­tème bidi­rec­tion­nel numé­rique à large bande. Ce système combine une trans­mis­sion en très haute réso­lu­tion et un aller-retour d’in­for­ma­tions entre micro et récep­teur, ouvrant la voie à un contrôle en temps réel des signaux et à une synchro­ni­sa­tion intel­li­gente entre artistes et tech­ni­ciens.

Au début des années 60, le MD 421 devient un incon­tour­nable du studio. Au-delà de sa poly­va­lence, il doit beau­coup de son succès à des choix tech­niques précis : sa capsule gère très bien l’ef­fet de proxi­mité, ce qui permet d’ob­te­nir un grave géné­reux sans excès lorsqu’on le rapproche de la source. Son rejet hors axe est égale­ment remarquable pour un micro dyna­mique de cette géné­ra­tion, ce qui aide énor­mé­ment en prise de son de batte­rie ou d’am­plis dans des envi­ron­ne­ments serrés. Son large diaphragme et son atté­nua­teur à cinq posi­tions lui permettent de gérer aussi bien une guitare élec­trique qu’un saxo­phone ou une grosse caisse. Et c’est aussi à cette période que Senn­hei­ser pose une autre pierre fonda­trice de son histoire : le HD 414, premier casque ouvert au monde. Sorti en 1968, il révo­lu­tionne l’écoute domes­tique et profes­sion­nelle, offrant une sensa­tion d’es­pace sonore inédite. Senn­hei­ser en vendra plus de 50 000 exem­plaires dès la première année, cent fois plus que prévu ! Son secret : une archi­tec­ture acous­tique sans coque fermée, permet­tant aux membranes de « respi­rer » et de créer une scène sonore d’une ampleur alors incon­nue.

L’art d’être en avance sur son temps


Senn­hei­ser père et filsDans les années 70, l’en­tre­prise expé­ri­mente la capta­tion binau­rale avec le MKE 2002, un micro stéréo inté­gré dans une tête arti­fi­cielle. Les enre­gis­tre­ments réali­sés avec ce système donnaient, au casque, une sensa­tion d’im­mer­sion éton­nante pour l’époque. L’au­dio immer­sif avant l’heure, utili­sant deux capsules omni­di­rec­tion­nelles logées dans les « oreilles » du mannequin pour simu­ler la percep­tion humaine du son.

C’est aussi dans ces années que naît le premier système sans fil multi­ca­nal, ouvrant la voie à l’uti­li­sa­tion des micros HF sur scène, dans les émis­sions de télé­vi­sion ou les tour­nées mondiales. La minia­tu­ri­sa­tion des capsules et la fiabi­lité des liai­sons radio feront de Senn­hei­ser un parte­naire incon­tour­nable du monde du spec­tacle.

En 1982, Fritz passe le relais à son fils, Jörg Senn­hei­ser, qui pour­suit cette quête d’ex­cel­lence. Sous sa direc­tion, la marque devient une réfé­rence mondiale et ouvre de nombreuses filiales à l’in­ter­na­tio­nal, dont la première en France.

Quelques années plus tard, en 1988, un casque entre dans la légende : le HD 25. Conçu à l’ori­gine pour le Concorde, il devient rapi­de­ment incon­tour­nable dans les radios où sa légè­reté et son isola­tion en faisaient un allié idéal pour les repor­ters de terrain. Il s’im­pose ensuite massi­ve­ment chez les DJs pour deux raisons simples : il reste bien en place sur la tête et isole parfai­te­ment, même quand l’en­vi­ron­ne­ment est très bruyant. Son arceau scindé permet un moni­to­ring à une oreille, et il supporte sans bron­cher des niveaux sonores très élevés. On l’aper­ce­vra aussi dans plusieurs films et docu­men­taires musi­caux, toujours vissé sur la tête de tech­ni­ciens ou d’ar­tistes. Aujour­d’hui, malgré l’ar­ri­vée de nombreux concur­rents, il reste une valeur sûre pour celles et ceux qui ont besoin d’un casque fiable, répa­rable et effi­cace.

Un acteur majeur de l’his­toire du son

Les années 90 marquent un tour­nant. Senn­hei­ser rachète Neumann, autre nom mythique de la prise de son studio, et intègre la fabri­ca­tion de ses micro­phones à Wede­mark. Dans le même temps, la marque se lance dans la série Evolu­tion, qui popu­la­rise ses micros dyna­miques et HF sur les scènes du monde entier. Le e 835, par exemple, combine une direc­ti­vité cardioïde effi­cace et une résis­tance exem­plaire aux Larsen, deve­nant un favori des chan­teurs live.

En 1991, Senn­hei­ser dévoile un produit hors norme : l’Orpheus, casque élec­tro­sta­tique haut de gamme conçu sans la moindre conces­sion tech­nique. Il devient instan­ta­né­ment une réfé­rence audio­phile. En 2015, son succes­seur, le HE 1, repousse encore les limites du réalisme sonore. Prix : 69 000 €. Un objet de pres­tige, mais aussi une vitrine du savoir-faire accu­mulé depuis des décen­nies. Chaque HE 1 est assem­blé à la main : ampli­fi­ca­teur à lampes monté sur un socle en marbre de Carrare, circuits discrets à très faible bruit, et diaphragmes en vapo­ri­sa­tion de platine. La distor­sion mesu­rée est infé­rieure à 0,01 %.


Andreas et Daniel SennheiserLes années 2000 voient arri­ver les enceintes Klein & Hummel dans le giron du groupe. K&H était déjà réputé pour la neutra­lité de ses moni­teurs, leurs tolé­rances serrées et une maîtrise rare des réso­nances du coffret. Leur approche très scien­ti­fique du moni­to­ring, fondée sur des mesures pous­sées et un contrôle qualité rigou­reux, en faisait une réfé­rence dans les studios de broad­cast et les audi­to­riums de contrôle. On retrou­vera cette exigence dans la gamme Neumann KH, aujour­d’hui consi­dé­rée comme un stan­dard du moni­to­ring.

Après plus de trente ans à la tête de l’en­tre­prise, Jörg trans­met­tra à son tour la direc­tion à ses deux fils, Andreas et Daniel, qui devien­dront co-diri­geants à partir de 2013 (et dont l’in­ter­view en vidéo est dispo­nible ici, en plus d’un réca­pi­tu­la­tif de l’his­toire de la marque). Quelques années plus tard, la marque déve­loppe aussi les produits AMBEO (2016) et les micros de confé­rence Team­Con­nect Ceiling, puis intègre Dear Reality en 2019, spécia­li­sée dans l’au­dio 3D. Le système AMBEO Sound­bar Plus utilise des algo­rithmes de virtua­li­sa­tion proprié­taires pour proje­ter du multi­ca­nal 7.1.4 à partir d’une seule barre de son, tandis que les plug-ins DearVR Pro et DearVR Moni­tor permettent aux ingé­nieurs de mixer en 3D direc­te­ment depuis leurs casques. À chaque étape, la même philo­so­phie : explo­rer, inno­ver, réin­ven­ter.

L’in­no­va­tion chez Senn­hei­ser naît surtout là où le son prend vie : sur scène, en studio, avec les artistes, les tech­ni­ciens, celles et ceux qui utilisent nos produits au quoti­dien. C’est en restant proches d’eux que nos équipes imaginent des solu­tions parfois inat­ten­dues, mais toujours utiles. Et comme le rappelle souvent Andreas Senn­hei­ser, c’est cette passion et cette insa­tis­fac­tion créa­tive qui nous ont permis de lancer des produits vrai­ment révo­lu­tion­naires.

Ann Vermont

L’in­sa­tis­fac­tion créa­tive, moteur de l’in­no­va­tion

Chez Senn­hei­ser, la recherche et le déve­lop­pe­ment ne sont pas qu’un dépar­te­ment, mais une manière de travailler. Une part impor­tante du chiffre d’af­faires est consa­crée au déve­lop­pe­ment de nouvelles tech­no­lo­gies, avec l’idée que l’ex­pé­ri­men­ta­tion doit rester au centre du proces­sus. Les ingé­nieurs disposent ainsi d’une grande liberté pour tester des idées, parfois trop ambi­tieuses ou trop en avance, mais qui finissent souvent par nour­rir des produits futurs.

Spectera Behind Spectera Photo 19Senn­hei­ser a toujours avancé avec cette logique d’es­sai-erreur, et c’est ce qui explique en grande partie l’évo­lu­tion constante de ses solu­tions. On le voit autant dans les systèmes immer­sifs AMBEO que dans les inno­va­tions du sans-fil ou dans les outils logi­ciels déve­lop­pés pour accom­pa­gner les nouveaux usages. L’objec­tif reste le même : propo­ser des tech­no­lo­gies utiles, fiables et adap­tées aux besoins réels des profes­sion­nels comme du grand public.

En regar­dant ces huit décen­nies de créa­tion, une chose appa­raît clai­re­ment : l’his­toire de Senn­hei­ser ne se résume ni à une succes­sion de produits iconiques, ni à une simple saga fami­liale. C’est un mélange rare de conti­nuité, de curio­sité et de prise de risque qui a permis à la marque de rester perti­nente dans un secteur où tout évolue vite.

Trois géné­ra­tions d’in­gé­nieurs ont façonné cette iden­tité, en misant sur l’in­dé­pen­dance, la recherche appliquée, et la convic­tion que le son peut être à la fois un outil, une émotion et un terrain d’in­no­va­tion. De la fabri­ca­tion arti­sa­nale des premiers micros aux tech­no­lo­gies immer­sives actuelles, la trajec­toire est cohé­rente : toujours pous­ser plus loin ce qu’il est possible de faire entendre.

Aujour­d’hui, Senn­hei­ser utilise ce passé comme un levier plutôt qu’un héri­tage figé. Les nouveaux proto­coles sans fil, l’au­dio 3D, l’im­mer­sion domes­tique ou profes­sion­nelle et l’in­té­gra­tion crois­sante entre DSP, logi­ciels et maté­riel témoignent d’une entre­prise qui ajuste sa recherche aux usages concrets du terrain.

Ce qui se dessine, c’est un futur où la fiabi­lité, la spatia­li­sa­tion et la perfor­mance radio joue­ront un rôle aussi central que la qualité de capsule ou la réponse en fréquence.

Chaque produit, chaque défi, chaque moment impor­tant de notre histoire nous a appris comment construire le futur de l’au­dio. Nous sommes convain­cus que ce futur se crée en testant, en explo­rant, en essayant encore avec des idées qui, parfois, ouvrent de nouvelles pers­pec­tives pour notre indus­trie.

 Ann Vermont

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  • Fmarine 4516 posts au compteur
    Fmarine
    Membre d’honneur
    Posté le 16/12/2025 à 17:56:52
    Merci ! toujours intéressant.

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