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Reportage / Salon
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Visite de l'usine Beyerdynamic - À la rencontre de Beyerdynamic

Le fabricant allemand de casques et de microphones Beyerdynamic a ouvert les portes de son usine de Heilbronn à l'équipe d'Audiofanzine pour une visite exclusive en vidéo suivie d'une interview.

 

Après cette visite de l’usine par Klaus (Hansel­mann), Chef produit chez Beyer, nous sommes rejoints par Violetta (Schil­ler), direc­trice du marke­ting pour parler de la marque et de ses projets d’un point de vue plus global.

Il est assez éton­nant de voir qu’en vis-à-vis de quelques machines auto­ma­ti­sées, la plupart des choses sont faites à la main, comme le M160 dont la fabri­ca­tion repose sur une seule personne. On pour­rait presque dire que le M160 a une maman…

VIOLETTA : Oui, plutôt que d’avoir des super machines, nous préfé­rons avoir de super employés. C’est réel­le­ment dans l’ADN de Beyer : chaque fois que c’est possible, nous privi­lé­gions la confec­tion manuelle.

Il y a des tech­no­lo­gies communes entre les micro­phones et les casques : vos recherches et inno­va­tions sur les uns se réper­cutent-elles sur les autres ? 

KLAUS : D’un point de vue du déve­lop­pe­ment, les choses sont évidem­ment liées même si nous vendons pour l’heure beau­coup plus de casques que de micro­phones. Ceci dit, après quelques années de folies sur le secteur du casque, nous enten­dons bien nous concen­trer à nouveau sur notre gamme de micro­phones. Nous sortons d’ailleurs une réédi­tion limi­tée du M 88 TG, avec le look origi­nal des années 60.

Peu de gens le savent, mais Beyer a commencé en faisant du Public Address (sono­ri­sa­tion de cinéma notam­ment), et vous êtes aujour­d’hui l’un des prin­ci­paux construc­teurs de casques. Envi­sa­gez-vous de vous tour­ner vers le secteur des enceintes, que ce soit dans le domaine hi-fi ou audio pro ?

VIOLETTA : Je ne peux pas vous en dire beau­coup plus, mais effec­ti­ve­ment, nous y pensons.

KLAUS : Il est toujours déli­cat de prendre de tels virages stra­té­giques, de choi­sir entre inves­tir un nouveau marché ou au contraire conso­li­der notre posi­tion­ne­ment sur les marchés où nous sommes déjà présents. Devons-nous sauter dans un train en marche comme celui des box Blue­tooth ou au contraire porter tous nos efforts vers l’amé­lio­ra­tion de nos casques ? Le choix est d’au­tant plus déli­cat qu’il impacte forte­ment l’iden­tité de la société.

Beyerdynamic Violetta Schiller

VIOLETTA : En comp­tant l’autre usine que nous avons en Alle­magne, nous sommes en outre à peu près 360 à travailler pour Beyer­dy­na­mic ici. Du coup, inves­tir dans une nouvelle caté­go­rie de produits ne se fait pas d’un simple claque­ment de doigts : c’est une grosse étape à passer, car ce n’est pas qu’une ques­tion de R et D ou de stra­té­gie. S’il y a en effet un avan­tage quali­ta­tif à fabriquer les produits soi-même à la main, ici en Alle­magne, la chose a aussi ses incon­vé­nients : vous ne pouvez pas déci­der de but en blanc de construire 5000 enceintes par an sans penser préa­la­ble­ment à ce que cela implique pour toute la chaîne de produc­tion, car nous ne voulons pas jouer la carte de l’Asie.

Vous fabriquez pour­tant aussi certains produits en Asie ?

KLAUS : Oui, c’est le cas des in-ear, car cela coûte­rait trop cher de les fabriquer ici, mais plus de 90 % de nos produits sont fabriqués ici en Alle­magne. C’est vrai­ment quelque chose qui est profon­dé­ment ancré dans notre entre­prise.

Et quelle est la répar­ti­tion de vos ventes entre les secteurs de l’au­dio pro, de la hi-fi et du broad­cast ?

KLAUS : Un tiers de notre chiffre provient de nos systèmes pour confé­rences, sachant que dans ce qui reste, l’au­dio pro devance l’au­dio grand public. Grâce au récent boum des casques et parce que cette divi­sion grand public est plus récente chez nous, c’est toute­fois le secteur dans lequel nous avons actuel­le­ment la plus forte crois­sance. 

VIOLETTA : Nous sommes très bien implan­tés dans les domaines de l’au­dio­vi­suel et du broad­cast, qu’il s’agisse de stations de radio ou de chaînes de télé. De manière géné­rale, je dirais que vous trou­vez dans ces endroits 70 % de Beyer et 30 % de Senn­hei­ser.

En parlant de boom des casques, que pensez-vous des nouvelles marques comme Beats by Dre par exemple ?

(rires de l’un et de l’autre)

KLAUS : Nous nous devons de respec­ter cette marque, car elle est parve­nue à faire quelque chose d’une manière très intel­li­gente. Ils ont en effet su iden­ti­fier une cible et l’ont atteinte avec beau­coup de succès, mais je conti­nue de penser qu’il y a une diffé­rence entre les fabri­cants tradi­tion­nels de casques et ces marques orien­tées vers le « Fashion ». Chez Beyer, nous sommes en outre capables de faire un produit 100 % par nos propres moyens, alors que ces compa­gnies dépendent des four­nis­seurs qui fabriquent les casques pour elles.

VIOLETTA : D’un point de vue marke­ting, c’est simple. Il vous suffit d’avoir un nom, comme Dr Dre dans ce cas. C’est une trans­po­si­tion à l’au­dio de ce qu’a fait Chris­tian Audi­gier avec sa marque Ed Hardy en faisant porter des tee-shirts à Madonna : vous trou­vez une star à laquelle une grande partie des jeunes veulent s’iden­ti­fier et le tour est joué. Au-delà de Dre, c’est ce qui a été fait avec David Guetta (NDR : Beats offre a d’ailleurs inondé certains milieux de ses casques, pas seule­ment dans le domaine du son, mais aussi dans celui du sport, par exemple).

Beats a David Guetta, AKG Quincy Jones. Beyer envi­sage-t-il d’en­dor­ser une star ou voulez-vous garder une image plus pro ou sérieuse ?

VIOLETTA : Nous voulons rester authen­tiques. Nous avons aussi un programme d’en­dor­se­ment mais nous nous concen­trons sur les ingé­nieurs du son qui sont nos stars, et nous travaillons d’ailleurs beau­coup avec eux pour leur deman­der leurs retours sur nos produits. Bien sûr, il existe des artistes qui sont inté­res­sés par un endor­se­ment mais nous ne souhai­tons pas forcé­ment aller dans ce sens.

KLAUS : On ne peut pas imagi­ner que toutes les marques suivent la voie de Beats by Dre, car elles ne seraient pas crédibles alors. Ce n’est pas en dégui­sant un chat qu’on en fait un chien. 

VIOLETTA : Pour être toute à fait honnête, il faut aussi dire que les marques payent gras­se­ment les stars pour ces endor­se­ments. De fait, il serait malvenu de ma part de vous dire que nous ne voulons pas de vedettes défen­dant nos produits. C’est juste que nous ne pouvons pas nous le permettre.

Beyerdynamic Klaus Hanselmann

KLAUS : Et pour finir sur ce côté casque Fashion, je tiens à souli­gner que nous avons fait un pas dans cette direc­tion avec la série Custom One, qui vous permet de complè­te­ment person­na­li­ser le design de votre casque. Toute­fois, au-delà de l’as­pect esthé­tique, le casque vous permet aussi de para­mé­trer la réponse en grave du casque : c’est à ce niveau que nous restons fidèles à nous-mêmes et crédibles.

Vous mettez gran­de­ment en avant la tech­no­lo­gie Tesla dans vos produits. Pouvez-vous nous en dire plus sur cette dernière ?

KLAUS : Pour l’es­sen­tiel, il s’agit d’une façon diffé­rente de construire les aimants et les parties métal­liques des haut-parleurs. Nous utili­sons un aimant en anneau d’un volume bien plus grand, ce qui permet d’ob­te­nir un champ magné­tique beau­coup plus fort dans lequel plonge la bobine. En augmen­tant ce champ magné­tique, le casque propose un plus grand niveau de sortie à voltage équi­valent en mini­mi­sant la distor­sion. Le prin­cipe est ensuite de confron­ter cette partie statique très lourde à une partie mobile très légère pour obte­nir une réponse en fréquence extrê­me­ment large et une excel­lente réponse aux tran­si­toires. 

Inté­res­sant. Pour­tant, en dehors du D 1350, aucun produit de la gamme audio pro n’est basé sur la tech­no­lo­gie Tesla ?

VIOLETTA : Encore une fois, je ne peux pas vous en dire beau­coup plus, mais nous y travaillons.

KLAUS : Pas mal de pros utilisent d’ailleurs déjà des modèles conçus pour le public audio­phile comme le T1 ou T5 P, suivant qu’ils cherchent un modèle ouvert ou fermé. Le T5P a notam­ment une courbe de réponse extrê­me­ment plate, neutre, à ce point que beau­coup d’ache­teurs se plaignent au départ que le casque ne sonne pas très bien parce qu’il n’y a pas de boost dans les aigus ou les graves. Bien sûr qu’il sonne­rait « mieux » si nous modi­fiions cela, mais notre parti pris est celui de la neutra­lité.

Je vois qu’il y a un micro Rode sur l’éta­gère, ici. Compa­rez-vous parfois vos produits à ceux de la concur­rence ?

VIOLETTA : Parfois ? En perma­nence, tu veux dire ! C’est une étape complète dans la gestion d’un produit. Nous faisons des études de marché, avec des bench­marks de tous nos compé­ti­teurs, des promesses qu’ils tiennent aux consom­ma­teurs, de ce que ces derniers attendent. 

KLAUS : Une bonne compa­gnie se doit de recon­naître une bonne idée quand elle en voit une, d’où qu’elle vienne. Parfois, il s’agit de chan­ger quelque chose, parfois de l’amé­lio­rer, parfois juste de ne rien chan­ger du tout.

Êtes-vous atten­tifs aux progrès réali­sés dans d’autres secteurs de l’in­dus­trie comme les nano­tech­no­lo­gies par exemple ?

VIOLETTA : Évidem­ment. Si vous vous endor­mez sur vos lauriers, vous risquez de passer à côté d’une révo­lu­tion du marché, comme le MP3 par exemple, qui a boule­versé les usages.

On sait par exemple que la géné­ra­tion qui a connu le walk­man va sous peu connaître de nombreux problèmes d’au­di­tion. Est-ce un marché auquel vous vous inté­res­sez ?

VIOLETTA : Pour l’heure, certains profes­sion­nels de la santé utilisent déjà certains de nos casques pour travailler.

KLAUS : Oui et vu que l’es­pé­rance de vie des consom­ma­teurs s’est allon­gée, c’est un petit marché à crois­sance rapide. Mais c’est encore une déci­sion stra­té­gique qui ne se prend pas à la légère. 

Essayez-vous de proté­ger l’au­di­tion de vos consom­ma­teurs ?

KLAUS : À plusieurs titres, d’abord en les aver­tis­sant simple­ment au sein des notices et manuels sur les risques audi­tifs qu’ils encourent en cas d’uti­li­sa­tion d’un casque à trop fort niveau. Ensuite en respec­tant la règle­men­ta­tion euro­péenne qui a fixé des limites de niveau pour les casques à desti­na­tion du grand public, mais pas pour l’heure concer­nant l’au­dio pro. Évidem­ment, pour que cet effort ne soit pas vain, ces limi­ta­tions doivent aussi être suivies par les fabri­cants de télé­phones ou de bala­deurs MP3. 

Vos vieilles réfé­rences sont toujours au cata­logue et font partie de vos plus grosses ventes. Pensez-vous qu’il y ait un plafond qui limite l’évo­lu­tion des produits ? Et comment envi­sa­gez-vous l’ave­nir ?

KLAUS : Il est dur de répondre à cette ques­tion, car cela dépend de la façon dont vous mesu­rez les choses. S’il est évidem­ment toujours possible, tech­nique­ment parlant, d’aug­men­ter une bande de réponse en fréquences ou de descendre un seuil de bruit, cela ne vous garan­tit pas pour autant que les gens voient cela comme un progrès par rapport à ce qu’ils ont connu avant. Après, il y a toute­fois des tour­nants : la tech­no­lo­gie Tesla n’au­rait pas pu voir le jour il y a 20 ans, par exemple. Qui sait, peut-être que dans 20 ans, on pourra mesu­rer le mouve­ment des molé­cules dans l’air et qu’alors les membranes méca­niques seront obso­lètes, nous menant à quelque chose de complè­te­ment nouveau. Dur de prédire l’ave­nir…

Un immense merci à Klaus et Violetta pour leur chaleu­reux accueil. 

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