Vous aimeriez tâter du DJing mais n'avez pas pour autant le désir de vous fâcher avec votre banquier ? Hercules a pensé à vous en concevant une DJ Console qui, au sens propre comme au figuré, devrait faire du bruit.
L’arrivée et le succès du Mp3 dans le secteur du DJing ont engendré une foule de nouveaux produits fort intéressants, qu’il s’agisse de logiciels ou de matériel. Rayon soft, on connaissait Tracktor de Native Instrument et moult autres logiciels de mix mais il faut bien admettre qu’avec une souris et un clavier, les sensations n’étaient pas présentes à 100%. Nettement plus pertinentes, les solutions hardware/software telles que Final Scratch offrent quant à elles de bons résultats… mais il faut y mettre le prix ! D’où le grand intérêt de cette « Djette » d’Hercules : une station de travail complète (carte son, surface de mix et 5.1) à un tarif… dont nous reparlerons plus tard…
Une solution complète
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Produit sans équivalent actuellement sur le marché, la DJ Console ressemble à un condensé de demandes clients : c’est un peu la lettre au Père Noël dans un seul et unique produit.
Outre la surface de contrôle « mix », la console est aussi une carte son externe multicanaux 5.1, auto-alimentée en USB 1.1, avec un échantillonnage 16 bits/48 kHz et des convertisseurs A/N et N/A 24 bits.
Passons en revue les diverses facettes de la console :
Sur le dessus, la surface de travail est divisée en deux parties symétriques (une par morceau mixé), et composée de 7 ensembles essentiellement dédiés au mix :
- 2 joggles imitant une paire de platines vinyle.
- 6 potentiomètres de correction (réglage grave, médium et aiguë), non phosphorescents.
- 2 faders (volume ou pitch suivant les soft).
- 1 joystick central remplaçant la souris.
- 1 crossfader.
- 28 boutons phosphorescents (pratique dans les environnements sombres), en gomme, permettant de sélectionner les chansons, d’insérer des points de repère (CUE), des effets sonores et d’effectuer les pré-écoutes au casque des morceaux.
Notons que divers voyants lumineux indiquent les morceaux en écoute et les effets actifs. Notons aussi que si certains contrôleurs sont numériques et donc réassignables via MIDI, d’autres sont analogiques (comme les potars de réglage d’EQ) et ne pourront pas être utilisés pour autre chose que ce pour quoi ils ont été prévus.
En face avant, on trouve 2 entrées, l’une « line » et l’autre micro, et une sortie casque en Jack 6.35 (les gros !). Si l’on regrettera l’absence de réglage du volume sur l’entrée Ligne, on se réjouira en revanche de la présence d’une fonction Talkover sur le réglage du volume Micro.
S’enclenchant via une pression sur le bouton rotatif, cette dernière permet de baisser automatiquement le son de la musique lorsqu’on parle dans le micro. Les M.C apprécieront.
Sont présentes en face arrière les sorties sons analogiques, les entrées/sorties digitales, le MIDI, ainsi que la liaison USB 1.1 permettant la communication et le transport des données avec votre ordinateur. Les sorties analogiques sont doublées (RCA ou jack 3.5) pour pouvoir s’adapter aux diverses configurations.
Reste à parler de la face inférieure de la bête qui cache un capot de protection pour la surface de travail, lequel permet un transport quasi-sécurisé de cette dernière. Mais pas des câbles, hélas ! Alors n’oubliez pas votre petit sac avec l’USB, les drivers (on ne sait jamais), des RCA, des jack et votre casque.
A noter aussi que les faces avant et arrière de la DJ Console ne sont pas protégées par le capot : il conviendra donc d’être prudent même si les entrées et sorties présentes à ces endroits sont a priori beaucoup moins fragiles que les contrôleurs de la face supérieure…
Mentionnons enfin la présence d’une bandoulière livrée avec la DJ Console afin de faciliter son transport. Du gadget, me direz-vous ? Oui, mais fort pratique.
Vous l’aurez compris : l’interface mise au point par Hercules est donc assez complète. Voyons à présent comment la chose s’installe…
Installation
Les recommandations techniques et opérationnelles d’Hercules pour utiliser ce Mixette MP3 « tout-en-un » sont :
Pour PC
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Pour MAC |
PII 700 Mhz ou plus USB 1.1 ou 2.0 64 Mo de Ram Windows 98Se, Me, 2000 ou XP Casque et/ou enceintes amplifiées Lecteur Cd-Rom 100 Mo de dique dur |
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L’installation de la console s’effectue très facilement. Malgré une documentation succincte, l’interface en français qui nous est présentée est très bien faite : elle nous indique même lorsqu’il est (enfin) possible de brancher la console sur le port USB.
La grande particularité, c’est qu’il est possible d’utiliser sans problème votre carte son existante. Il vous faudra quand même indiquer à vos divers logiciels audio quelle carte vous souhaitez utiliser. Idem du côté des soft livrés (Virtual DJ, New DJ SE, OTS DJ demo et CD Scratch, Storm 2.0 DJ Edition) : aucun souci d’installation de ce côté.
Ce test a été effectué sur un PC à base d’AMD XP 1800+, monté sur une carte Mère Abit KX7–333 et tournant sous Windows XP SP2 avec 512 Mo de mémoire vive DDR, le tout saupoudré par une Carte Son Hoontech ADDA 2000 avec une pointe de WIFI (sur USB) et un antivirus. Malgré toutes les recommandations indiquées par Hercules concernant l’utilisation sur un port USB direct (pas sur HUB), cette configuration n’a pas été extrêmement performante avec la console. Régulièrement des ralentissements ou des coupures s’entendaient dans le mix, ce qui s’est avéré gênant en plein set (surtout avec un dancefloor virtuel de 4000 personnes) !
Deuxième tentative sur une configuration plus costaude : XP 2400+, Windows XP SP2, 768 Mo DDR, arrêt de toute les tâches en fond (antivirus, firewall etc.). Là aucun problème, juste quelques ralentissements au niveau vidéo (les modes plein écran consomment énormément).
Une interface permet de déterminer l’utilisation de la console en mode « normal » (type écoute multimédia 5.1) ou en mode « DJ ». Ce réglage est essentiel afin d’utiliser un des logiciels de mix MP3 fournis.
Une fois ce détail réglé, il ne reste plus qu’à se munir de quelques dizaines de MP3 et de voir ce que la bête a sous le capot. Let’s play !
In the Mix !
Parmi le panel de software livré avec l’interface, Virtual DJ est sans aucun doute celui qui m’a le plus convaincu. En effet ce dernier reprend de façon convaincante l’équivalent de la surface de contrôle et se montre en outre bien plus pratique que ses concurrents.
Rapidement, deux points se mettent excessivement en avant : le calage parfait, et si besoin aidé par une fonction « AUTO BEAT » (calage automatique), et la nécessité de paramétrer le soft pour que la console réponde exactement aux actions demandées.
Ainsi, il vaut mieux s’attarder un peu sur le réglage de la course des fader et du crossfader car si aucune diminution du temps de coupure n’est modifiée dans les paramètres, on a une fâcheuse impression de latence. A noter que sur le réglage du crossfader, 3 positions sont possibles : complet, cut ou doux. Mais seules deux répondent vraiment aux attentes étant donné que la position « cut » ne fait effet qu’au milieu du cross fader et non dès le début de la course.
En allant plus loin dans le mix, on déplore qu’il n’y ait pas de réglage des gains sur la console et qu’on soit obligé d’effectuer ce dernier à l’écran, même si la tâche est heureusement facilitée par le joystick central.
De même, ceux qui connaissent déjà le mix DJ devront changer leurs habitudes de pré-écoute au casque étant donné qu’il n’est pas possible, avec cette version de Virtual DJ, d’écouter les 2 morceaux en même temps mais l’un puis l’autre, puis l’un, puis l’autre, puis l’un… En cherchant sur le Net, on trouve toutefois une astuce qui permet de contourner cette limitation au moyen de raccourcis clavier. A voir à cette adresse.
Enfin, et toujours concernant l’écoute au casque, le réglage du volume n’est pas excessivement fort du fait que le réglage du volume atteigne son maximum à la moitié de la course du potentiomètre.
Lançons quelques effets. Ceux-ci sont au nombre de 6 dans le package d’origine, on espère que dans le futur Hercules mettra à disposition des « *.dll » permettant d’en ajouter. Seuls 2 ont vraiment convaincu par leur utilisation : le reverse (joue les morceaux en marche arrière) et le Flanger (effet à modulation).
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A ce sujet, on se retrouve avec le même constat que pour les gains : il faut presque systématiquement regarder sur l’écran quel est l’effet enclenché afin de pouvoir l’arrêter, les voyants de la console n’étant pas assez explicites.
De morceau en morceau, cette relation omniprésente avec l’écran devient pesante : tout ce temps passé à regarder les vumètres, régler les gains, couper les effets alors que plusieurs transitions, cut ou scratch auraient pu être effectués… Dommage que toutes ces informations ne soient pas directement visibles sur la console, dommage aussi pour mon dancefloor virtuel qui apprécie ces divers effets.
On regrettera enfin de ne pas disposer d’un voyant d’alerte qui signale que le morceau touche à sa fin : on n’est jamais trop prudent. Rien de rédhibitoire toutefois : les mix s’enchaînent, on prend du plaisir, et les repères (CUE) se font avec une extrême facilité, même lorsqu’on est débutant.
Concernant l’ergonomie de la console, on pourra regretter que ses dimensions 20×23 cm ne laissent pas beaucoup de place pour les doigts. Les fans de scratch en pâtiront. Et vu les boutons et indicateurs manquant (gains, vu-métres, etc.) pour être dans une quasi-configuration table de mixage + platines, on aurait bien supporté des dimensions multipliées par 2. Mais la chose est compréhensible : le prix du mètre-carré s’envole et nos bureaux sont de plus en plus surchargés. On passera donc sur ce détail qui permet à la DJ Console d’assumer sa vocation nomade.
Pas assez chère ?
Reste à parler du détail qui tue : la DJ console est vendue 190 € ! Soit un prix qui permet de relativiser pas mal de petits défauts et qui met définitivement le bébé d’Hercules à portée de toutes les bourses. Or, pour le coup, c’est mieux qu’une bonne affaire pour les grands débutants qui souhaitent se mettre au DJing en douceur.
Certes, des efforts de configuration globale seront à consentir (mise en veille des programmes résidents) pour profiter pleinement du plaisir procuré par cette petite machine. Il ne fait aucun doute non plus qu’il ne s’agit pas d’un matériel professionnel. Dans la mesure où la DJ Console est à la fois très ludique et très abordable, on pourrait presque pousser au terme « jouet », dans le très bon sens du terme. Il ne serait pas étonnant d’ailleurs que, dans les prochaines années, quelques stars des platines avouent avoir découvert le DJing ce fameux jour de leur 15ème anniversaire où leurs parents, bien inspirés, leur avaient offert une DJ Console.
Ne serait-ce que pour animer occasionnellement des soirées entre amis, le faible investissement que représente son achat sera enfin rapidement amorti comparé à la location d’une paire de lecteurs CD et d’une table de mixage. Bref, le produit est cohérent, il fonctionne et devrait trouver son public. On peut donc parler de réussite même si on peut d’ores-et-déjà souhaiter que la V2 de la DJ console soit quand même plus « DJ friendly » au niveau de l’ergonomie et des sensations globales, proposant entre autres un ensemble Hardware + software moins gourmand en ressources.