Afin d'accompagner la nouvelle version de son logiciel Traktor, Native Instruments a sorti un nouveau contrôleur pour profiter à fond des dernières fonctions ajoutées.
La principale innovation de cette nouvelle mouture du logiciel sont les Remix Decks. C’est un peu comme si on avait intégré une version light d’Ableton Live dans Traktor. Avec ces Remix Decks, Native Instruments annoncent sur leur site internet qu’ils ont réussi à réunir les deux grandes familles de DJ, les mixeurs qui utilisent des configs standards (platines, contrôleurs…) et les performers live qui, eux, sont le plus souvent accompagnés d’ordinateur et de logiciels (Ableton Live, Cubase…). Et comme on est un peu tatillon chez AudioFanzine, on va vérifier tout ça…
Concept et fonctions du nouveau Traktor
Comme je le signalais dans l’introduction, le Kontrol F1 a été conçu pour optimiser l’utilisation des nouvelles fonctions du logiciel de Native Instruments, Traktor qui sort en version 2.5. Je ne pouvais pas réaliser ce test sans vous parler de cette nouvelle version du logiciel et surtout de la principale innovation de ce dernier : les Remix Decks. Ces derniers se présentent sous la forme de 4 petites fenêtres (4 slots) pouvant chacune accueillir 4 échantillons de sons différents, le tout réparti sur 4 pages. Faites le calcul, ça fait 64 échantillons différents à charger sur vos remix decks. Une des particularités des RD, ils se comportent exactement de la même manière que les decks principaux du logiciel (A et B). Une fois le son chargé vous n’avez plus qu’à le jouer à l’aide des pads du Kontrol F1 ou de n’importe quel autre contrôleur. Ainsi, vous profitez de 64 slots par Remix Deck pour ajouter des boucles, des sons, des samples… et agrémenter vos mix à l’aide de tout ça. Les quatre slots représentés à l’écran peuvent être activés en même temps et il vous sera possible de scratcher, pitcher, lire en reverse, synchroniser tous les sons chargés sur les RD, comme on le ferait avec les sons chargés sur les decks principaux. À la manière d’Ableton Live, vous allez pouvoir envoyer jusqu’à 16 séquences en même temps.
Les decks principaux et les RD communiquent entre eux et c’est valable dans les deux sens. Je m’explique : imaginons que vous avez bouclé une partie du morceau sur un des principaux decks, une fois la boucle effectuée, vous allez pouvoir l’assigner à un des RD et ainsi pouvoir charger un autre son sur la platine. De même, un son chargé sur un des 64 slots des RD va pouvoir être chargé sur les decks principaux et ainsi vous pourrez le scratcher ou ajouter des effets… Comme n’importe quel son chargé sur les decks principaux. Même si la totalité des fonctions est accessible à la souris, il est quasiment impossible d’en profiter pleinement sans l’aide d’un contrôleur comme le Kontrol F1.
Les RD supportent n’importe quel format de son de n’importe quelle durée. Vous pouvez simplement ajouter des samples tels que des sirènes ou des jingles mais aussi des boucles ou des morceaux entiers. Le constructeur fournit un peu plus d’1 Go de sons à télécharger sur leur site, mais rien ne vous empêche d’utiliser vos propres sons ou productions. Vous pouvez charger les sons à la volée ou préparer vos remix decks à l’avance et sauvegarder vos présets. Lorsque vous effectuez une sauvegarde, un fichier « .trakt » est créé, ce fichier peut être copié et chargé sur un autre ordi pour accéder directement à vos réglages.
Assez parlé de Traktor et de ses Remix Decks, voyons maintenant comment le Kontrol F1 fonctionne et les outils qu’il nous propose.
Déballage et installation
Dans le carton d’emballage, on trouve le boîtier, un cordon USB, quelques notices, un cache additionnel… et c’est tout. Première surprise, il n’y a aucun CD d’installation dans le carton et il vous faudra absolument une connexion internet haut débit pour installer ou mettre à jour votre version de Traktor et pour installer les drivers. Je sais que la dématérialisation des données est à la mode (VOD, MP3, jeux vidéo…), mais franchement je ne trouve pas ça pratique et tout le monde n’a pas encore internet en haut débit à la maison.
Le Kontrol F1 est livré avec la version 2.5 de Traktor et une mise à jour gratuite est disponible pour les détenteurs de la version 2. L’installation ne prend que quelques minutes et le boîtier bénéficie de la technologie Plug’n Play avec Traktor. J’informe les détenteurs de vieux ordinateurs que le boîtier fonctionne en USB 2.0 et la config minimum est assez exigeante. Pour les utilisateurs de PC, il vous faudra obligatoirement Windows 7 et un bon processeur (Intel Core 2 Duo ou AMD Athlon 64) ainsi qu’au minimum 2 Go de RAM, même si 4 Go est préférable. Pour les utilisateurs Mac, même combat, les dernières versions de Mac OS X sont nécessaires (10.6, 10.7 ou 10.8) ainsi qu’une machine assez performante. Une fois le boîtier relié à l’ordinateur via le cordon USB, les pads s’illuminent de mille feux, signe que le Kontrol F1 est prêt à l’emploi.
Les dimensions de la machine sont très compactes (294 × 120 × 52mm) et son poids est assez surprenant : seulement 700 grammes. Pour les connaisseurs des produits Native Instruments, ce sont les mêmes dimensions que le Kontrol X1. Sobriété et qualité sont au rendez-vous. Les matériaux utilisés sont de bonne qualité et semblent parés pour des heures d’utilisation. L’appareil est composé de trois parties : la partie supérieure est destinée au contrôle des filtres passe-haut et passe bas et du volume. On verra un peu plus tard que le Kontrol F1 peut s’utiliser de différentes manières et que les commandes diffèrent d’un mode à l’autre. Pour le contrôle des filtres ou des effets, le F1 dispose de quatre potards crantés et de quatre faders pour le contrôle du volume. Chaque Remix Deck dispose de son propre fader de volume et de son filtre passe-haut/passe-bas. La courbe des potards et des faders est ferme et permet un bon contrôle.
La partie centrale se compose d’une molette sans fin et de 8 touches de commandes. Cette partie est dédiée à la navigation et au contrôle des différentes fonctions que les Remix Decks proposent (sync, reverse, capture…) ainsi que le paramétrage du boîtier (couleur des pads, sauvegarde des sets…).
Pour en finir avec la description du boîtier, parlons un petit peu des pads. Ils sont aux nombres de 16, tous rétro-éclairés (16 couleurs différentes), de très bonne qualité et agréables au toucher. Les pads permettent le déclenchement des samples, des boucles et même des morceaux en intégralité. Les pads répondent très bien et certains les trouveront même un peu trop sensibles au début. Un exemple pour illustrer cette réactivité : j’ai réussi avec deux doigts à reproduire un roulement de batterie très rapide et très précis. Une simple pression suffit à lancer les différents échantillons de son. Dernière précision, les pads ne réagissent pas à l’intensité de la pression, que vous appuyiez fort ou non sur le pad, cela ne change rien.
Le boîtier du Kontrol F1 est vraiment bien conçu, ses dimensions compactes lui permettent d’être transporté facilement et l’auto-alimentation d’être installée rapidement et n’importe où. Les matériaux utilisés sont de bonne facture et les potards, faders et pads sont agréables à utiliser. Petit plus, ces derniers une fois allumés sont très flashy et ça en jette vraiment lors d’une prestation live.
Les différents modes d’utilisation
Le Kontrol F1 propose trois modes de fonctionnement : un mode MIDI, un mode USER MAP (utilisable avec le cache additionnel) et le mode par défaut. Le changement de mode s’effectue à l’aide de la touche Shift et de la molette. Le mode MIDI permet, via l’éditeur de commande MIDI de Native Instruments, de reconfigurer les commandes du contrôleur comme bon vous semble et de l’utiliser ainsi avec un autre logiciel. Le mapping par défaut du F1 est assez complexe et difficile à reproduire. La bête a été développée pour fonctionner en natif avec Traktor et du coup plusieurs fonctions passent à la trappe lorsqu’on l’utilise avec un autre logiciel. Il est par exemple impossible de profiter des LEDs de couleurs des pads…
Le F1 est livré avec un cache additionnel que l’on peut disposer par-dessus le cache de base. Sur ce cache sont notées les nouvelles fonctions que ce mode propose. Pour changer de cache, c’est très facile, il faut tout simplement enlever les boutons des faders, placer le cache et remettre les boutons. Pas de panique lorsque vous enlevez les boutons des faders, ils sont démontables et il n’y a aucun risque qu’ils cassent. Les fonctions que propose ce mode se rapprochent de celles du Kontrol X1. Les pads deviennent des hotcue (8 par pistes), les faders et les potards servent eux à la gestion des effets. Ce mode peut faire le bonheur des DJs qui utilisent un système DVS avec des vinyles ou CD time-codés et ainsi leur permettre d’avoir accès à plusieurs fonctions du logiciel via le contrôleur (loop, sync, keylock…).
Le mode le plus intéressant reste le mode par défaut (natif pour Traktor 2.5) qui permet de contrôler les nouvelles fonctions de Traktor et notamment les Remix Decks.
Contrôle des Remix Decks
Passons maintenant à l’utilisation et à la prise en main des nouvelles fonctions de Traktor via le Kontrol F1. Avant de commencer à utiliser le F1, je vous conseille de lire la notice. Elle est très bien faite et vous fera gagner pas mal de temps. Pour ma part c’est la première fois que j’utilise un contrôleur de ce type et il m’a fallu une petite heure pour prendre en main les différentes fonctions.
Commençons par la préparation des Remix Decks. Vous pouvez charger les échantillons à la volée, mais je conseille fortement à ceux qui veulent profiter au maximum du F1 de préparer leur set à l’avance. Chaque RD peut accueillir jusqu’à 64 échantillons répartis en quatre pages de 16 slots. Les 16 pads permettent d’avoir accès à 16 différents échantillons directement. Pour passer d’une page à l’autre, il faut simplement tourner la molette et choisir une des pages. Un petit écran à deux chiffres vous indique sur quelles pages vous vous trouvez (P1, P2, P3, P4).
L’assignation des sons aux pads se fait de manière intuitive. Enclenchez la fonction Browse à l’aide de la touche dédiée puis choisissez un son dans l’explorateur de Traktor avec la molette et appuyez sur le pad. C’est un jeu d’enfant. Je vous conseille de classer un minimum les échantillons et d’utiliser les 16 teintes des pads pour créer un petit code couleur pour vous y retrouver facilement. Pour changer la nuance d’un des pads, il faut appuyer sur Shift et Color en même temps puis sur le pad dont on veut changer la couleur, choisissez puis appuyez de nouveau sur le pad. Lorsqu’un son est chargé sur un des slots, le pad correspondant s’illumine. Si le slot est inactif la lumière du pad est de faible intensité, à l’inverse lorsque le slot est actif : la luminosité s’intensifie. Les pads qui correspondent à un slot vide restent éteints.
Chaque pad peut être configuré indépendamment grâce à la touche Type. Une fois cette touche enclenchée, on peut changer le mode de lecture de chaque slot. Ainsi, l’échantillon peut, soit être joué comme une boucle, soit en one shot (la lecture s’arrête à la fin). De même, on peut choisir si l’échantillon reste jusqu’à ce qu’on réenclenche le pad correspondant ou s’il faut maintenir appuyé.
Maintenant que nous avons nos RD chargés et configurés, notre code couleur et nos pads programmés, voyons ce que le Kontrol F1 nous propose comme outils pour profiter des nouvelles fonctions de Traktor.
Une série de touches vous donne accès aux fonctions suivantes: REVERSE active la lecture du sample à l’envers, PITCH change la tonalité (12 demi-tons), SPEED change la vitesse, SIZE change la durée. Ces dernières sont accessibles à la volée et peuvent être modifiées pendant la lecture. La manipulation est quasiment la même à chaque fois et s’effectue à l’aide des touches dédiées et de la molette. D’autres fonctions, un peu plus évoluées cette fois, sont également activables directement à partir du boîtier de contrôle :
SYNC permet de synchroniser les RD entre eux ainsi que les decks. Chaque RD possède son propre rythme et sa propre grille de tempo. Un RD peut être désigné comme le tempo maître ou se caler sur celui d’un des deux decks principaux.
CAPTURE est une fonction très intéressante car elle permet de boucler une partie de morceau qui se joue sur les decks principaux et de l’importer directement sur un des slots des RD. Une fois la touche Capture enclenchée, vous choisissez la longueur de la boucle à l’aide de la molette (de 1/32 à 32 mesures) et vous l’assignez à n’importe quel slot en appuyant sur le pad correspondant.
Quatre paramètres sont modifiables en pressant la touche SHIFT et accessibles via les pads. En pressant SHIFT les pads s’allument en orange et vous indiquent si ces paramètres sont actifs ou non.
KEYLOCK bloque la tonalité de l’échantillon, FX envoie le slot choisi vers la section d’effets du logiciel, MONITOR envoie le slot choisi dans le casque, PUNCH permet de basculer d’un échantillon à l’autre d’un même RD sans arrêter la lecture. Cette dernière demande un peu de pratique, mais s’avère très intéressante, surtout pour des départs de séquences en différé.
Tout en bas du boîtier vous retrouvez quatre touches de la même matière que les pads. Ces touches contrôlent la fonction MUTE et l’arrêt des 4 slots en même temps. Un peu comme sur Ableton Live, pour ceux qui connaissent, vous pouvez soit arrêter complètement la lecture (SHIFT + MUTE) soit muter le RD sans arrêter la lecture (MUTE seulement).
Pour qui et à quel prix ?
Même si le Kontrol F1 dispose de trois modes de fonctionnement, dont un en MIDI, je conseille de l’utiliser dans son mode par défaut et de profiter ainsi de toutes les nouvelles fonctions de Traktor. Pour le mode MIDI, le mapping du F1 est assez complexe et du coup n’est pas vraiment pratique à utiliser avec un autre logiciel. Pour le mode USER MAP, je serais un peu moins catégorique. Le boîtier est de bonne qualité, les pads et les autres commandes sont agréables à l’utilisation et répondent très bien. Les DJ qui mixent sur platine vinyle ou CD avec un système DVS pourraient être intéressés par ce produit et les commandes qu’il propose HOT CUE, FX, LOOP…
Le Kontrol F1 est vendu 250 euros, ce qui peut paraître un peu cher pour un simple contrôleur additionnel. C’est à vous de voir si les nouveaux Remix Decks de Traktor et leurs fonctions vous plaisent assez pour investir. Si c’est le cas, je vous conseille fortement de vous procurer un F1, voire deux, pour un meilleur confort et pouvoir gérer ainsi deux Remix Decks en même temps.
Conclusion
Native Instruments a fait preuve d’ambition en voulant réunir le meilleur des mondes. En introduisant les Remix Decks à leur logiciel, les développeurs de NI ont eu une brillante idée. Idée d’autant plus bonne qu’elle est très bien mise en oeuvre. La prise en main demande un peu de temps de pratique, mais entre le manuel d’utilisation très bien fait et les différents tutos vidéos, cela ne vous prendra que quelques heures pour maitriser la bête. Par contre, il est quasiment impossible de profiter pleinement de ces innovations sans s’aider d’un contrôleur additionnel et du coup, sans mettre un peu la main au porte-monnaie. Comme on dit « quand on aime on ne compte pas »…
Le F1 est un très bon produit et reste pour le moment la seule réelle solution pour contrôler les Remix Decks du nouveau Traktor. Les dimensions compactes, de même que la facilité d’installation et le design flashy font du F1 un bon compagnon pour les prestations live. Les pads répondent parfaitement et permettent de réaliser des solos de percus ou de batteries du meilleur effet. Le prix en refroidira peut-être quelques-uns, mais pour ceux qui veulent profiter à fond du nouveau Traktor, l’achat de ce nouveau contrôleur est pratiquement obligatoire.