Se connecter
Se connecter

ou
Créer un compte

ou
< Tous les avis Korg Poly-800 v2
Ajouter ce produit à
  • Mon ancien matos
  • Mon matos actuel
  • Mon futur matos
Korg Poly-800 v2
Photos
1/264
Korg Poly-800 v2

Clavier synthétiseur analogique de la marque Korg

aurélien chubilleau aurélien chubilleau

« Petit mais costaud »

Publié le 24/01/15 à 18:53
Rapport qualité/prix : Excellent
Cible : Tout public
Né en 1986, le Poly-800 II reprend l'ensemble des caractéristiques du Poly-800 (1984), mais au lieu d'un simple chorus sur la version d'origine, il propose à la place un module d'effet qui permet de réaliser des effets de flanger, delay court, ou écho. Côté look, il semble prendre de la maturité, en empruntant le style du DW-8000 de la même époque, avec des sérigraphies bleues et blanches, sur fond noir mat. Conçu pour être léger et facilement transportable -il peut fonctionner trois heures sur piles-, ce petit synthétiseur présente néanmoins des caractéristiques étonnantes.

Pour ma part, le Poly-800 est mon premier synthétiseur, et je possède mon exemplaire depuis 1995. Autant dire que le connait bien, mais au delà de ce fait, voici la présentation de l'engin :

La technique :

Bien qu'il représentait en 1986 l'entrée de gamme des synthétiseurs Korg, sa fiche technique semble étonnement plus complète que celle de ses grands frères de la série DW par certains aspects.

De façon classique, on trouve deux oscillateurs, un filtre résonnant et des générateurs d'enveloppe, mais dans le détail, le Poly-800 II possède ses particularités. Les oscillateurs, par exemple, présentent les deux formes d'onde dent de scie et carré, mais ces formes d'ondes sont formées de façon additive, par superposition d'ondes carrés à des harmoniques différentes. Sur cette base, on peut jouer sur le contenu harmonique de l'un et l'autre oscillateur, et transposer le second oscillateur sur les douze demi-tons d'une octave. A cela s'ajoute un générateur de bruit blanc. On le voit, la partie oscillation et sources sonores est très complète, et très peu de synthétiseurs analogiques de cette époque proposent ce raffinement.

Le filtre type SSM, lui, est bien connu des amateurs de Korg "old school" et sa réputation n'est plus à faire, mais la résonance du filtre n'atteint pas l'auto-oscillation. Par contre, on peut choisir entre un déclenchement de l'enveloppe du filtre à la première note d'un accord, ou bien un déclenchement pour chaque notes (multi-trigging), et on peut aussi inverser l'enveloppe du filtre.

Les enveloppes, justement, sont à six étages (ADRSSR, et au nombre de trois s'il vous plaît, là où les Korg de la série DW doivent se contenter de deux générateurs d'enveloppe. Du coup, on peut vraiment travailler subtilement sur le comportement de chaque oscillateurs, et du filtre.

Côté modulation, on reste un peu sur sa faim, car l'unique LFO se contente de la seule onde sinus, mais peut agir avec un retard programmable sur les oscillateurs ou le filtre. Cependant, sur le Poly-800 II, le module d'effet propose en complément un deuxième LFO, numérique celui là, pour obtenir dans certains cas des effets proprement psychédéliques.

Sur le Poly-800 II, le séquencer pas à pas permet d'enregistrer 1000 notes au lieu de 250, mais on regrette de ne pouvoir enregistrer qu'une séquence. Pour la gestion du clavier, on trouve un mode hold (les notes jouent à l'infinie), et un mode chord memory, qui permet de jouer mono, ou un accord mémorisé en ne tapant qu'une note : voilà un effet très "eighties" et très dance 90'.

On le constate : que manque-t-il pour être heureux ? Pour commencer, un clavier cinq octaves, car la bête le mériterait bien, or, même en midi, le synthé n'émet que sur quatre octaves. C'est là le plus gros défaut du Poly-800, toutes versions confondues. Son autre gros défaut tient à la manière de changer les valeurs des paramètres : une touche + et une touche -, mais pas de curseur comme sur la série DW pour une action plus rapide, en particulier pour le filtre. Enfin, côté midi, on reste dans le basique et on note l'absence de la prise "thru".

Mais, pour corriger tout cela, et même plus, on trouve sur le net la mise à jour Hawk 800, qui ajoute aussi nombre de possibilités, dont la synchronisation entre les deux oscillateurs, et corrige ainsi un défaut récurrent des Korg des années 80.

Cependant, avec ou sans Hawk 800, le Poly-800 II reste polyphonique quatre voix si on veut utiliser les deux oscillateurs, ou huit voix, mais avec la contrainte de n'utiliser qu'un oscillateur.

Le son

Avec de telles qualités, et malgré certaines restrictions, le Poly-800 II permet de réaliser une grande variété de sonorités dans le registre de la musique électronique. Grâce à ses enveloppes très évolutives et ses effets très typés, il est capable de vous faire décoller dans l'hyper espace sonore, avec une puissance très étonnante pour un petit gabarit comme lui.

Ne vous fiez pas aux sons d'origines assez peu inspirés : quand on l'exploite réellement, le Poly-800 II sait faire bien mieux, et sur le plan créatif comme sur la qualité générale du son, il surclasse un Roland Alpha Juno de gamme et d'époque équivalente. Bien sûr, aucun VST ou synthétiseur à base de modélisation physique ne peut rivaliser avec la personnalité d'un "vrai" synthé analogique, et avec le Poly-800 II par ailleurs très fiable, on en a plus que pour son argent.

Le mot de la fin

Bref, tout est dans le titre : petit mais costaud ! Les orgues psychédéliques, les nappes aériennes, les cuivres subtiles, les sons féériques, les bonnes basses pour de bonnes séquences bien électro... Le Poly-800 II a pendant quelques années occupé une place centrale à côté de mon Prophet-600, et garde toute sa place aujourd'hui dans mon set plus étoffé. Le débutant, s'il sera comblé par la grande richesse de ce synthétiseur, aura cependant vite besoin d'un autre instrument complémentaire, pour palier la faible polyphonie et un clavier un peu court. Mais il appréciera de pouvoir l'emmener partout...