Voir les autres avis sur ce produit :
Rumenian
« Charisme, richesse, et... le dernier grand synthétiseur de Roland ? »
Publié le 07/10/21 à 13:51
Rapport qualité/prix :
Excellent
Cible :
Les utilisateurs avertis
Je ne vois pas/plus trop l’intérêt de laisser un (énième) avis sur le D-50, vu comme ce synthétiseur est connu, répandu, ancien… et qu’aujourd’hui une vidéo remplace couramment un texte... Je le fais juste car j’aime vraiment beaucoup ce synthé que j’ai en plusieurs exemplaires : je me dois peut-être de lui rendre un petit hommage par le rituel d’un avis sur Audiofanzine...
Par "D-50", je pense à ses formes D-50, D-550 et D-05, indifféremment.
J’ai eu mon 1er D-50 à 16 ans, à une période où il était complètement oublié et démodé, où on l’achetait toujours en Francs mais environ 10 000 de moins qu’à sa sortie. Je rêvais absolument de ce synthé, et il fût mon premier vrai synthétiseur (je ne compte pas le Yamaha DS55 que j’avais déjà), bref, premier synthétiseur "professionnel".
Mon premier essai du D-50 fût quand je l’ai reçu chez moi : tout de suite, j’ai cru plonger dans la mémoire des 80’s. La carte PN-D50-00 - la plus répandue des cartes de sons pour D-50, la standard - me rappelait de nombreux disques… et la mémoire interne/utilisateur contenait de nombreux et magnifiques patchs de style analogique, particulièrement puissants et épais. Par exemple, en découvrant le D-50, je reconnaissais le grain de l’album "Révolutions" de Jean-Michel JARRE (cet album est comme un hommage au D-50) et des compilations "Synthétiseur – Les plus grand thèmes" (par Ed Starink)... Avec le recul, je me dit qu’il y a d’un côté l’esbroufe et le côté flatteur du D-50 (une reverb/écho, alors que les synthés d’avant n’avaient généralement pas de reverb intégrée), mais de l’autre côté la puissance apportée par 4 oscillateurs (par le mode Dual) et tous les paramètres.
Coupons un instant la reverb du D-50 : tout d’un coup, il la ramène moins… et d’autres synthés qu’il a remplacé la remmèneraient peut-être aussi facilement si, eux, ils avaient une reverb intégrée.
Le D-50 offre des sons merveilleusement uniques, évolutifs et expressifs - à un point exceptionnel pour 1987. Des banques de samples de D-50 n’offriront jamais le mouvement, le relief et l’interaction du jeu sur un D-50 (tout comme le Grand Canyon ne peut pas être remplacé par des photos nombreuses et détaillées). Les marchands de samples ou les marchands d’instrument "inspiré par..." vendent du "raide". Heureusement, c’est aujourd’hui encore facile de trouver un D-50, un D-550 ou, maintenant, un D-05.
Utiliser un D-50, c’est ouvrir la porte à une grande partie des sons des 80’s.
Si on exclue la part des échantillonneurs, on pourrait presque résumer les synthés 80’s avec un bon gros synthé analogique, un Yamaha DX7 et un Roland D-50 (et un Korg M1 pour la toute fin). Bon, que les Prophet VS, PPG Wave et nombreux autres me pardonnent…
Évidemment, ce serait décalé de demander au D-50 de faire des sons réalistes. Par-contre, ses patchs soit-disant réalistes ont leur charmant irréalisme : oublions de penser à l’instrument évoqué ; savourons le nouvel instrument "abstrait" offert par un patch de D-50 ! Le patch irréaliste peut prendre le rôle du vrai instrument qu’il évoque, mais n’a pas besoin de prendre son titre. Par exemple, le Patch "Pizzagogo" n’est pas un pizzicato réaliste, mais il en jouera le rôle avec un style abstrait unique, et c’est justement pour cela qu’on l’aime. Le "truc" de ce patch vient du Partial 2 du Upper Tone, qui utilise la forme d’onde PCM 11 "Agogo" (celle-ci n’a rien à voir avec du pizzicato et les cordes !). Celle-ci, isolée, n’intéresserait personne et prêterait même à sourire tellement elle fait "bidon"... Et pourtant, l’éclat que crée cette pauvre PCM au milieu des 3 autres Partials fait la magie et la signature de ce patch, devenu si apprécié et célèbre... Que ce soit avec un son "de" trompette, "de" violon, "de" guitare ou de n’importe quoi d’autre, le D-50 mérite simplement d’être abordé comme un synthétiseur : à sons abstraits, comme un évocateur et non comme un imitateur.
Séparées et sans effets, les PCM du D-50 font vraiment pale figure... Mais leur mélange avec les formes d’ondes numériques et le passage dans le chorus et la reverb, change tout. En fait, ces PCM ont un grain très reconnaissable, dû non seulement au type de sampling de l’époque mais aussi à la source : aux sons/instruments utilisés pour ces samples.
Le D-50 me fait penser à une sorte de S-50 enrichi de formes d’ondes numériques - et je crois que leur filtres sont équivalents en "qualité".
À ce propos, le filtre du D-50 est très quelconque (voire moche), au point d’être son défaut. La résonance est limitée et moche. On est loin des JX-8P / Super JX sortis si peu de temps avant… Avant de rêver que le D-50 ait aussi un filtre passe-haut ou passe-bande, je préférai déjà simplement que le filtre passe-bas soit bien.
Avec le D-50, on n’aura hélas pas grand succès dans les basses grasses et résonnantes - ni dans les "Hard Sync", soit dit au passage.
Heureusement, sans la belle résonance qu’on lui voudrait mais quand-même dans un style plutôt analogique, avec sa PWM, ses 3 enveloppes complexes, ses 3 LFO, le mode Dual (soit 4 oscillateurs empilés, avec 8 voix de polyphonie) et l’aftertouch, le D-50 s’en sort monstrueusement bien ! On obtient des pads enivrants et au-moins 50 nuances de cuivre.
En 1991, Roland sortait le très-séduisant-à-voir JD-800, avec un accès direct au son sur un impressionnant vaisseau… Mais Roland avait alors laissé tomber la PWM – paramètre pourtant essentiel - et ce pour longtemps (les JX n’avaient déjà pas la PWM, et c’est à mon avis ce qui a limité leur succès, même si la période 80’s analogique était certes sur sa fin – Dieu merci, Frederic Vecoven a maintenant tout arrangé ! :- ; ). Commençait alors l’ère monotone des "synthétiseurs" quasi uniquement à PCM… puis le ramassis commercial d’évocations des anciens synthés Roland, sans garantir la pérennité des banques de presets. Pour moi, malgré son filtre très moyen, le D-50 reste ainsi le dernier grand et vrai synthétiseur de Roland : il n’est pas sorti pour recréer le son de ses prédécesseurs mais bien pour apporter un nouveau son, unique. Lui n’était pas là pour imiter, mais son son a ensuite été imité.
Que demander ou reprocher à un synthétiseur plus de 30 ans après sa sortie ?…
Les quelques défauts qui m’agacent souvent tellement j’ai l’impression qu’ils auraient pu être évités et qu’ils entravent beaucoup trop les capacités sonores du D-50 :
- le fait que les formes d’ondes PCM ne passent pas par le filtre. Ce serait tellement pratique de pouvoir adoucir et fluidifier telle ou telle PCM avec le filtre… Le contemporain et un peu comparable Ensoniq SQ-80 (formes d’ondes samplées + formes d’ondes numériques) permet le filtrage quelles que soient les formes d’ondes (et en plus son filtre est magnifique).
- la résonance du filtre : très limitée, et facilement moche
- le réglage du T1 de l’enveloppe TVA : selon la valeur, l’attaque est soit trop rapide soit trop lente ; il est difficile d’obtenir un entre-deux (une attaque flûtée, par exemple). Par "trop lente", je voudrais même dire "irrégulière et dure" : elle n’est pas progressive. On augmentant ce paramètre T1, j’ai presque plutôt l’impression d’insérer/augmenter un retard (une sorte de T0) avant l’attaque elle-même toujours aussi rapide (T1 = 0 ou presque).
- l’impossibilité de synchroniser des oscillateurs (pendant ce temps, l’humble JX-8P, lui, offre un magnifique "Sync Lead"…).
- l’absence de Noise comme forme d’onde numérique (il n’y a que Square et Saw)
Oui, la reverb est métallique… mais, peut-on le reprocher quand il s’agit d’une reverb intégrée dans un synthé en 1987 ?
Certes, la programmation avec un PG-1000 est plus pratique, mais, avec l’habitude, juste avec les boutons en façade du D-50, il reste relativement facile et rapide de naviguer dans les différents et nombreux paramètres de synthèse. Oui, relativement : à mon avis plus que sur beaucoup de synthés sans potentiomètres. Avec les menus, les flèches droite-gauche, et les boutons "Partial select" / "Partial mute", la programmation "en façade"du D-50 me paraît optimisée (comme sur le JV-1080, par exemple). En plus, il faut garder à l’esprit que, sans motorisation de leurs potentiomètres, les synthétiseurs (ou programmeurs) qui en sont dotés auront toujours l’inconvénient de ne pas montrer les valeurs de paramètres du preset qu’on vient de charger : il faudra généralement aller dans les menus pour consulter les valeurs, sinon on risque de les changer faute d’avoir pu les deviner sur les potentiomètres.
Et comme j’aime aussi le rappeler : l’un des risques d’un synthétiseur à potentiomètres est d’être coté très haut. Le très grand nombre d’exemplaires vendus et l’absence de potentiomètres sur le D-50 rendent sa côte encore correcte.
Je profite de cet avis sur le Roland D-50 pour placer un avis sur le principe du système Roland Cloud - puisqu’il propose notamment la retrouvaille du D-50 ! :
Retrouver les magnifiques synthés Roland restitués en VST, des 70’s aux 2000’s, c’est le rêve, n’est-ce pas ?… Un Jupiter-8 VST, Juno-60 VST, un JX-8P VST, un D-50 VST, charger et retrouver nos banques JV-XV dans des VST, etc ça fait rêver ?… (j’ai totalement confiance en Roland pour la restitution en VST de leurs synthés matériels).
Personnellement, je n’ai jamais utilisé, n’utilise pas - et n’utiliserai jamais, j’espère - ce système. À mon avis, ce Roland Cloud est un virage de Roland très dangereux et malsain pour nous, clients/consommateurs/utilisateurs : on est alors pas propriétaire d’un produit autonome, mais seulement abonné (paiement d’un abonnement + connexion à Internet). Cela est une main-mise de Roland sur notre lien, à long terme, avec leurs synthétiseurs. Roland Cloud, c’est la "Netflixisation" de Roland.
Aujourd’hui, maintenant qu’il y a ce Roland Cloud, je comprends mieux pourquoi ils ont autant traîné pour proposer un D-50 VST alors que la demande était énorme : ils attendaient visiblement de trouver un moyen de rendre l’utilisateur dépendant d’eux, indéfiniment. Ils n’allaient surtout pas mettre entre les mains des utilisateurs le précieux D-50 VST en version pleinement automne…
La carte VC-1 pour le V-Synth était déjà un modèle de leur système d’emprise. Après, le D-05 m’a agréablement surpris (de la part de Roland) car il se suffit à lui-même pour être un D-50. Le Roland Cloud correspond à quelque-chose qui nous pend au nez dans les prochaines décennies : l’ordinateur personnel ne devient plus qu’un périphérique, nous rendant dépendant définitivement et uniquement d’une connexion à un réseau et d’une autorisation d’accès à un service. Personnellement, je préfère avoir des instruments autonomes ; matériels ou virtuels, mais autonomes.
La Chine utilise le "crédit social", l’Europe discute de "passeport sanitaire"… et Roland établissent leur "Cloud".
Le D-50 est l’un des synthétiseurs les plus charismatiques que je connaisse. Placer un D-50 à côté d’autres instruments, ce n’est jamais neutre ; c’est assumer qu’il ressorte plus qu’eux, qu’il tire la couverture vers lui, qu’on le reconnaisse toujours quoi qu’il en soit. Son grain ne se laisse pas camoufler… Même un patch entièrement nouveau fera reconnaître le D-50.
Bien-sûr, je recommande le D-50, pour le puissant et magnifique synthétiseur qu’il est, mais aussi pour son caractère très 80’s. C’est carrément comme discuter avec l’année 1987
Par "D-50", je pense à ses formes D-50, D-550 et D-05, indifféremment.
J’ai eu mon 1er D-50 à 16 ans, à une période où il était complètement oublié et démodé, où on l’achetait toujours en Francs mais environ 10 000 de moins qu’à sa sortie. Je rêvais absolument de ce synthé, et il fût mon premier vrai synthétiseur (je ne compte pas le Yamaha DS55 que j’avais déjà), bref, premier synthétiseur "professionnel".
Mon premier essai du D-50 fût quand je l’ai reçu chez moi : tout de suite, j’ai cru plonger dans la mémoire des 80’s. La carte PN-D50-00 - la plus répandue des cartes de sons pour D-50, la standard - me rappelait de nombreux disques… et la mémoire interne/utilisateur contenait de nombreux et magnifiques patchs de style analogique, particulièrement puissants et épais. Par exemple, en découvrant le D-50, je reconnaissais le grain de l’album "Révolutions" de Jean-Michel JARRE (cet album est comme un hommage au D-50) et des compilations "Synthétiseur – Les plus grand thèmes" (par Ed Starink)... Avec le recul, je me dit qu’il y a d’un côté l’esbroufe et le côté flatteur du D-50 (une reverb/écho, alors que les synthés d’avant n’avaient généralement pas de reverb intégrée), mais de l’autre côté la puissance apportée par 4 oscillateurs (par le mode Dual) et tous les paramètres.
Coupons un instant la reverb du D-50 : tout d’un coup, il la ramène moins… et d’autres synthés qu’il a remplacé la remmèneraient peut-être aussi facilement si, eux, ils avaient une reverb intégrée.
Le D-50 offre des sons merveilleusement uniques, évolutifs et expressifs - à un point exceptionnel pour 1987. Des banques de samples de D-50 n’offriront jamais le mouvement, le relief et l’interaction du jeu sur un D-50 (tout comme le Grand Canyon ne peut pas être remplacé par des photos nombreuses et détaillées). Les marchands de samples ou les marchands d’instrument "inspiré par..." vendent du "raide". Heureusement, c’est aujourd’hui encore facile de trouver un D-50, un D-550 ou, maintenant, un D-05.
Utiliser un D-50, c’est ouvrir la porte à une grande partie des sons des 80’s.
Si on exclue la part des échantillonneurs, on pourrait presque résumer les synthés 80’s avec un bon gros synthé analogique, un Yamaha DX7 et un Roland D-50 (et un Korg M1 pour la toute fin). Bon, que les Prophet VS, PPG Wave et nombreux autres me pardonnent…
Évidemment, ce serait décalé de demander au D-50 de faire des sons réalistes. Par-contre, ses patchs soit-disant réalistes ont leur charmant irréalisme : oublions de penser à l’instrument évoqué ; savourons le nouvel instrument "abstrait" offert par un patch de D-50 ! Le patch irréaliste peut prendre le rôle du vrai instrument qu’il évoque, mais n’a pas besoin de prendre son titre. Par exemple, le Patch "Pizzagogo" n’est pas un pizzicato réaliste, mais il en jouera le rôle avec un style abstrait unique, et c’est justement pour cela qu’on l’aime. Le "truc" de ce patch vient du Partial 2 du Upper Tone, qui utilise la forme d’onde PCM 11 "Agogo" (celle-ci n’a rien à voir avec du pizzicato et les cordes !). Celle-ci, isolée, n’intéresserait personne et prêterait même à sourire tellement elle fait "bidon"... Et pourtant, l’éclat que crée cette pauvre PCM au milieu des 3 autres Partials fait la magie et la signature de ce patch, devenu si apprécié et célèbre... Que ce soit avec un son "de" trompette, "de" violon, "de" guitare ou de n’importe quoi d’autre, le D-50 mérite simplement d’être abordé comme un synthétiseur : à sons abstraits, comme un évocateur et non comme un imitateur.
Séparées et sans effets, les PCM du D-50 font vraiment pale figure... Mais leur mélange avec les formes d’ondes numériques et le passage dans le chorus et la reverb, change tout. En fait, ces PCM ont un grain très reconnaissable, dû non seulement au type de sampling de l’époque mais aussi à la source : aux sons/instruments utilisés pour ces samples.
Le D-50 me fait penser à une sorte de S-50 enrichi de formes d’ondes numériques - et je crois que leur filtres sont équivalents en "qualité".
À ce propos, le filtre du D-50 est très quelconque (voire moche), au point d’être son défaut. La résonance est limitée et moche. On est loin des JX-8P / Super JX sortis si peu de temps avant… Avant de rêver que le D-50 ait aussi un filtre passe-haut ou passe-bande, je préférai déjà simplement que le filtre passe-bas soit bien.
Avec le D-50, on n’aura hélas pas grand succès dans les basses grasses et résonnantes - ni dans les "Hard Sync", soit dit au passage.
Heureusement, sans la belle résonance qu’on lui voudrait mais quand-même dans un style plutôt analogique, avec sa PWM, ses 3 enveloppes complexes, ses 3 LFO, le mode Dual (soit 4 oscillateurs empilés, avec 8 voix de polyphonie) et l’aftertouch, le D-50 s’en sort monstrueusement bien ! On obtient des pads enivrants et au-moins 50 nuances de cuivre.
En 1991, Roland sortait le très-séduisant-à-voir JD-800, avec un accès direct au son sur un impressionnant vaisseau… Mais Roland avait alors laissé tomber la PWM – paramètre pourtant essentiel - et ce pour longtemps (les JX n’avaient déjà pas la PWM, et c’est à mon avis ce qui a limité leur succès, même si la période 80’s analogique était certes sur sa fin – Dieu merci, Frederic Vecoven a maintenant tout arrangé ! :- ; ). Commençait alors l’ère monotone des "synthétiseurs" quasi uniquement à PCM… puis le ramassis commercial d’évocations des anciens synthés Roland, sans garantir la pérennité des banques de presets. Pour moi, malgré son filtre très moyen, le D-50 reste ainsi le dernier grand et vrai synthétiseur de Roland : il n’est pas sorti pour recréer le son de ses prédécesseurs mais bien pour apporter un nouveau son, unique. Lui n’était pas là pour imiter, mais son son a ensuite été imité.
Que demander ou reprocher à un synthétiseur plus de 30 ans après sa sortie ?…
Les quelques défauts qui m’agacent souvent tellement j’ai l’impression qu’ils auraient pu être évités et qu’ils entravent beaucoup trop les capacités sonores du D-50 :
- le fait que les formes d’ondes PCM ne passent pas par le filtre. Ce serait tellement pratique de pouvoir adoucir et fluidifier telle ou telle PCM avec le filtre… Le contemporain et un peu comparable Ensoniq SQ-80 (formes d’ondes samplées + formes d’ondes numériques) permet le filtrage quelles que soient les formes d’ondes (et en plus son filtre est magnifique).
- la résonance du filtre : très limitée, et facilement moche
- le réglage du T1 de l’enveloppe TVA : selon la valeur, l’attaque est soit trop rapide soit trop lente ; il est difficile d’obtenir un entre-deux (une attaque flûtée, par exemple). Par "trop lente", je voudrais même dire "irrégulière et dure" : elle n’est pas progressive. On augmentant ce paramètre T1, j’ai presque plutôt l’impression d’insérer/augmenter un retard (une sorte de T0) avant l’attaque elle-même toujours aussi rapide (T1 = 0 ou presque).
- l’impossibilité de synchroniser des oscillateurs (pendant ce temps, l’humble JX-8P, lui, offre un magnifique "Sync Lead"…).
- l’absence de Noise comme forme d’onde numérique (il n’y a que Square et Saw)
Oui, la reverb est métallique… mais, peut-on le reprocher quand il s’agit d’une reverb intégrée dans un synthé en 1987 ?
Certes, la programmation avec un PG-1000 est plus pratique, mais, avec l’habitude, juste avec les boutons en façade du D-50, il reste relativement facile et rapide de naviguer dans les différents et nombreux paramètres de synthèse. Oui, relativement : à mon avis plus que sur beaucoup de synthés sans potentiomètres. Avec les menus, les flèches droite-gauche, et les boutons "Partial select" / "Partial mute", la programmation "en façade"du D-50 me paraît optimisée (comme sur le JV-1080, par exemple). En plus, il faut garder à l’esprit que, sans motorisation de leurs potentiomètres, les synthétiseurs (ou programmeurs) qui en sont dotés auront toujours l’inconvénient de ne pas montrer les valeurs de paramètres du preset qu’on vient de charger : il faudra généralement aller dans les menus pour consulter les valeurs, sinon on risque de les changer faute d’avoir pu les deviner sur les potentiomètres.
Et comme j’aime aussi le rappeler : l’un des risques d’un synthétiseur à potentiomètres est d’être coté très haut. Le très grand nombre d’exemplaires vendus et l’absence de potentiomètres sur le D-50 rendent sa côte encore correcte.
Je profite de cet avis sur le Roland D-50 pour placer un avis sur le principe du système Roland Cloud - puisqu’il propose notamment la retrouvaille du D-50 ! :
Retrouver les magnifiques synthés Roland restitués en VST, des 70’s aux 2000’s, c’est le rêve, n’est-ce pas ?… Un Jupiter-8 VST, Juno-60 VST, un JX-8P VST, un D-50 VST, charger et retrouver nos banques JV-XV dans des VST, etc ça fait rêver ?… (j’ai totalement confiance en Roland pour la restitution en VST de leurs synthés matériels).
Personnellement, je n’ai jamais utilisé, n’utilise pas - et n’utiliserai jamais, j’espère - ce système. À mon avis, ce Roland Cloud est un virage de Roland très dangereux et malsain pour nous, clients/consommateurs/utilisateurs : on est alors pas propriétaire d’un produit autonome, mais seulement abonné (paiement d’un abonnement + connexion à Internet). Cela est une main-mise de Roland sur notre lien, à long terme, avec leurs synthétiseurs. Roland Cloud, c’est la "Netflixisation" de Roland.
Aujourd’hui, maintenant qu’il y a ce Roland Cloud, je comprends mieux pourquoi ils ont autant traîné pour proposer un D-50 VST alors que la demande était énorme : ils attendaient visiblement de trouver un moyen de rendre l’utilisateur dépendant d’eux, indéfiniment. Ils n’allaient surtout pas mettre entre les mains des utilisateurs le précieux D-50 VST en version pleinement automne…
La carte VC-1 pour le V-Synth était déjà un modèle de leur système d’emprise. Après, le D-05 m’a agréablement surpris (de la part de Roland) car il se suffit à lui-même pour être un D-50. Le Roland Cloud correspond à quelque-chose qui nous pend au nez dans les prochaines décennies : l’ordinateur personnel ne devient plus qu’un périphérique, nous rendant dépendant définitivement et uniquement d’une connexion à un réseau et d’une autorisation d’accès à un service. Personnellement, je préfère avoir des instruments autonomes ; matériels ou virtuels, mais autonomes.
La Chine utilise le "crédit social", l’Europe discute de "passeport sanitaire"… et Roland établissent leur "Cloud".
Le D-50 est l’un des synthétiseurs les plus charismatiques que je connaisse. Placer un D-50 à côté d’autres instruments, ce n’est jamais neutre ; c’est assumer qu’il ressorte plus qu’eux, qu’il tire la couverture vers lui, qu’on le reconnaisse toujours quoi qu’il en soit. Son grain ne se laisse pas camoufler… Même un patch entièrement nouveau fera reconnaître le D-50.
Bien-sûr, je recommande le D-50, pour le puissant et magnifique synthétiseur qu’il est, mais aussi pour son caractère très 80’s. C’est carrément comme discuter avec l’année 1987