miconmac
« un pavé dans la mare du mixage virtuel ! »
Publié le 06/06/21 à 09:38
Rapport qualité/prix :
Correct
Cible :
Tout public
Après les formats d'extension "Tape" et "Summing", UA enfonce le clou avec un nouveau format d'extension - "Console"- destiné à devenir le nouveau cœur de Luna. Mine de rien, UA lance un gros pavé dans la mare du mixage virtuel puisque Luna devient à ce jour la seule STAN qui émule les comportements sonores, et en partie l'ergonomie et le workflow d'une console analogique !
Avec l' "API Vision Console Emulation Bundle", Universal Audio réunit pour la 1ère fois tous les éléments nécessaires pour reproduire le son et les comportements d'une Console API Vision.
On y retrouve évidemment l'extension Luna API Summing qui émule les circuits de sommation de la console d'API. Elle est accompagnée par 3 nouvelles extensions "Console" qui viennent complèter l'émulation : le pré-ampli API preamp , le channelstrip API Vision ainsi que le bus-compressor API 2500.
Le bundle inclut également les 3 plug-ins à partir desquels ces 3 dernières extensions ont été déclinées. Au total on a donc 4 plug-ins ( en comptant API Vision Legacy ) et 4 extensions Luna ( dont 3 qui sont disponibles uniquement via ce bundle ).
"Plug-in" vs "Extension" :
Un plug-in audio est un programme "satellite " qui communique avec le DAW hôte via une "passerelle" logicielle standardisée : AU, VST, AAX, etc...
A l'inverse, une extension est un groupe de fonctionnalités qui sont intégrées au DAW, mais auquel l'utilisateur accède de manière optionnelle. Contrairement à un plug-in, une extension n'est pas assujettie à un protocole "figé" qui garanti notamment son fonctionnement avec d'autres DAW et d'autres OS.
Une extension a donc les inconvénients de ses avantages : spécifiquement développée AVEC et POUR le programme qui l'accueille , elle NE peut fonctionner PAS avec d'autres DAW .
Les plug-ins UAD fonctionnent sur la majorité des DAW du marché (via les "passerelles " AU, VST, AAX, … ) et nécessitent l’utilisation de DSP* comme ceux qui sont intégrés aux interfaces UAD Apollo et qui permettent de les appliquer dès la prise de son sans latence ressentie.
A l’inverse, les Extensions Luna ne fonctionnent qu’avec la STAN d'UAD et sont pris en charge par le CPU de l'ordinateur. Mais les nouvelles extensions "console" peuvent - comme on va le voir plus loin - basculer automatiquement en calcul DSP pour bénéficier de la technologie UNISON et de l'enregistrement sans latence ressentie.
( UNISON: technologie UAD qui reproduit les comportements d'un preamp analogique en fonction de l'impédance d'entrée )
*MàJ : entre temps, UA a commencé à proposer des versions natives de certains de ses plug-ins
Le nouveau channel strip API Vision
API Vision Console Emulation Bundle propose donc les 2 incarnations de cette nouvelle version du channelstrip API Vision : le plug-in UAD et l' extension Luna . C'est ce nouveau format d' Extension "console" qui permet - pour la 1ère fois - d'incorporer un channelstrip au cœur de Luna !
Il s'agit évidemment de l' innovation majeure de ce nouveau CS API Vision, mais cette dernière mouture se voit également enrichie de fonctionnalités qui s'avèrent - on le verra plus loin - bien plus impactantes qu'on pourrait le supposer:
• 1 nouveau module de preamplification plus fidèle au hardware avec 2 circuits d'entrée distincts "Line" et "Mic" et un switch passe-haut
• un 2ème module d'EQ : l'étonnant égalisateur graphique API 560L est enfin intégré au CS. Un switch permet tout simplement de choisir l'un ou l'autre des 2 module d'EQ
• une émulation complète de la sortie de CS : la partie Fader reproduit maintenant toutes les caractéristiques du circuit analogique original. Sur la version Legacy c'est un simple atténuateur numérique matérialisé par un potard rotatif.
Mais ce qu'on se hâte de tester bien-sûr, c'est l'impact de cette version extension sur la puissance du CPU de l'ordinateur : sur combien de pistes vais-je pouvoir appliquer le CS API Vision ? En ce qui me concerne, les extensions Tape ont déjà totalement changer la donne puisqu'elles me permettent de récupérer jusqu'à 45 % de puissance de mes 12 DSP. A quoi doit-on s'attendre avec un CPU qui prendrait en charge les channelstrips de chaque piste d'un projet ?
Il faut noter d'abord que la consommation DSP maximale de cette nouvelle version du plug-in a très légèrement augmentée : 35% au lieu de 30% pour la version Legacy. Même si on est toujours loin de la conso d'un CS UAD SSL 4000e qui culmine à 70% , ça nous rappele que API Vision fait partie de ces plug-in qu'on peut difficilement mettre sur toutes ses pistes sauf si on a la chance d'avoir beaucoup, ... vraiment beaucoup... de DSP.
L'excellente nouvelle pour les utilisateurs de Luna , c'est que ces "restrictions" font aujourd'hui partie du passé : des tests sommaires effectués sur un MacBook 16" i9 8 cores montrent que la version Extension permet de dépasser les 48 pistes d'émulation API Vision
C'est énorme, même si évidemment , on parle ici d'un ordre de grandeur : les indicateurs de consommation CPU ne sont pas très précis et cela dépend d'autres paramètres comme de l'activité extra- Luna du processeur. Bien-sûr, cette estimation est liée aussi à l'utilisation qu'on fait de chaque CS : dans notre test, on est plus ou moins "en conditions réelles" avec, le plus souvent - mais pas systématiquement - une comp et une EQ qui sont engagées. Au final, je pense qu'on peut sans trop se tromper conclure que l'extension CS API Vision utilisée sur un Macbook relativement puissant permet d'économiser l'utilisation d'au moins 2 cartes UAD Satellite Octo
C'est la confirmation qu' Universal Audio a bien tourner la page du "Tout DSP". Mais puisque le nombre de canaux dépend maintenant de la puissance CPU de l'ordinateur, cela veut dire aussi qu'une simple interface Apollo mono DSP d'entrée de gamme est devenue "suffisante" pour émuler 48 pistes d'une console API Vision : il s'agit là d'un véritable changement de paradigme au sein de la plateforme UAD !
NB: pour ceux qui auraient des doutes, les tests par annulation de phase démontrent que les Extensions du bundle API Vision sont parfaitement identiques aux Plug-ins. Il n'y a donc pas de versions natives qui seraient moins performantes ou qui "sonneraient" moins bien que la version DSP comme certains pouvaient le craindre ( ou l'espérer )
API sound
En terme de rendu sonore, UAD annonce que les algos sont les mêmes que pour la version Legacy ( qui est au catalogue UAD depuis 2014 ) et ne met donc pas en avant d'améliorations à ce niveau-là. Pourtant, on entend assez clairement que cette nouvelle version du CS API Vision sonne différemment : on a plus de bas et plus de punch qu'avec la "Legacy". On peut en déduire que le nouveau module preamp et surtout la modélisation du circuit de sortie ont un impact important sur le rendu sonore du CS.
Jusqu'à présent, je n'utilisais pas énormément le plug-in API Vision. D'une part , parce que j'ai une préférence pour le son Neve ( notamment les 1084 et 2254 ) mais aussi parce que la 1ère version de ce channelstrip m'avait semblé manquer de personnalité. Ce bundle, et notamment l'amélioration du rendu sonore de la nouvelle version du CS API Vision, est peut-être entrain de changer la donne : pour certains projets, je vais maintenant tenter de tirer parti de la patte sonore API. D'autant que cette CS est très complète et offre beaucoup de possibilités de correction.
Passage en revue des différents modules qui composent le CS API Vision :
• Le module preamp 212L ( qui bénéficie de la technologie Unison ) fait indéniablement partie de ces preamplis rapides, solides et précis qui sont particulièrement bien adapté aux sons percussifs.
La nouveauté c'est qu'on a maintenant le choix entre une entrée "Line" avec une réserve très progressive de 6 dB et une entrée "Mic" qui me semble être nettement plus pêchue que la version Legacy.
Certains reprochaient à ce preamp de ne pas avoir la "grinta" des preamps API mythiques des années 70. UAD semble avoir tenu compte des critiques mais je suis incapable d'évaluer si on est plus proche maintenant d'un son "old school" que dans la version Legacy
• Le module Filtre 215L : sobre et bien configuré
Notons que l'ajout d'un passe-haut dans le module Preamp permet de libérer les filtres pour servir de Side-Channel pour l'un des modules Dynamique. On peut donc maintenant à la fois filtrer les graves du flux sonore ET affecter le circuit de détection à une autre tâche
• Le module Gate/ Expander 232L : très rapide, efficace et intuitif
Ce module qui jouit d'une excellente réputation me semble quand même moins puissant et moins précis qu'un plugin dédié comme le Pro-G de Fabfilter. Cela dit , il est beaucoup plus simple à régler et fait parfaitement l'affaire 3 fois sur 4
• Le module Compresseur / Limiteur 232L : c'est essentiellement un Compresseur de type API 2500 adapté au format CS
Une fois qu'on s'est habitué à la compensation automatique de gain ( malheureusement non débrayable ) il devient progressivement le compresseur "générique" avec lequel on traite les cas les plus courants. C'est une comp qui offre beaucoup de latitude mais qui , bien entendu, ne remplace pas les LA2A, 1176, ... et autres antiquités dont on apprécie les caractéristiques et les caractères très affirmés.
• Le module d'EQ 550L est semi paramétrique à valeurs discrètes sur 4 double potards : 10 valeurs de gains ( 5 positives et 5 négatives ) pour 7 choix de fréquences par potard ( et 25 points de fréquences en tout )
Ca peut sembler étonnant d'intègrer une EQ à choix restreints dans un CS moderne. Mais on se rend compte à l'usage que c'est forcément l'un des ingrédients du fameux "son" API
• Le nouveau module d'EQ graphique 560L à 10 curseurs
Une alternative qui est bienvenue au sein de ce CS car ce module est notamment plus adapté pour réalsier des égalisations "créatives" ( par opposition à "correctives" ) . C'est donc l'EQ idéale pour tordre du son. Mais parce que l'interface est plus directe / visuelle / intuitive que celle du 550, c'est aussi un bon outil pour faire rapidement un prémix.
On affine ensuite avec le 550 ( tout en gardant le setting du premix à portée de switch )
L'égalisation selon API
Contrairement aux SSL4000 et Neve88RS, API Vision ne dispose donc pas de module d'EQ "full parametric". Ca pourrait en frustrer quelques-uns qui pourraient être tentés de lober les modules 550 et 560 et travailler avec des des plug-ins d'EQ insérés avant ou après l'extension Console.
Mais ce serait passer à côté de ce qui fait la singularité API : régler un atténuateur par pas de 2dB modifie radicalement la manière d'égaliser ! Et même si le 560L semble permettre des réglages plus "mesurés", le choix très restreint de fréquences abouti forcément à opérer des corrections plus contrastées que sur d'autres égalisateurs.
Avoir moins de choix n'a pas que des inconvénients : c'est aussi être moins tenté de perdre son temps sur une piste isolée puisqu' on est rapidement obligé de passer à un autre piste . Grâce à l'interface "console" qui permet d'aller de piste en piste, on réalise facilement ces enchainements rapides de corrections multipistes qui sont essentielles. On se surprend alors à mixer plus intuitivement en surfant sur l'interdépendance des sources. On est naturellement amené à mixer "en contexte "et à affronter les vrais enjeux du mixage : la recherche d'équilibres qui s'expriment dans la globalité du son.
Dans une certaine mesure , le son API ( notamment son caractère très "contrasté" ) est conditionné à l'utilisation de ces modules 550 et 560. En nous obligeant à nous appuyer sur des motifs de corrections plus "radicaux" , ces outils nous amène fatalement à adopter des stratégies de mixage qui sont différentes.
Eh oui .... ça se mérite quand même un petit peu, le son API !
Nouvelle ergonomie
L' Extension CS API Vision prend place dans cette nouvelle ligne "Console" apparue avec Luna v1.18. D'un coup de click , Luna se pare du "look and feel" d'une console avec ses tranches resserrées qui permettent d'accéder simultanément aux commandes de nombreuses pistes. L'emprise verticale est adapté aux proportions d'un 'écran grâce à une interface-utilisateur assez ingénieuse qui permet de commuter entre 3 "parties" du CS : IN (les modules preamp et Filtre) , DYN ( GATE/EXP et COMP/LIM) ou EQ ( 550L ou 560L ). Un système de switch très intuitif permet de "balayer" des pistes pour y faire apparaitre les vues de son choix. D'autre boutons permettent également de changer de vue pour l'ensemble des pistes.
On retrouve vraiment l'essentiel de l'ergonomie d'une vraie console. Même sur l'écran d'un Macbook 16", ce sont plus d'une douzaine de canaux qui sont disponibles : on peut travailler de manière efficace sans passer son temps à ouvrir /déplacer/ fermer/ gérer de multiples fenêtres de plug-ins !
Sans réinventer inutilement l'eau tiède, UA innove là où c'était nécessaire. Chapeau aux designers qui ont pondu cette interface utilisateur !
L'extension Console a sa ligne dédié dans l'interface de Luna mais bénéficie aussi d'une visu exhaustive dans une fenêtre contextuelle. Ça peut effectivement servir, mais les différents dispositif de switching IN/DYN/EQ sont tellement efficaces qu'on en a vraiment très peu besoin.
D'autre part, le fait que cette extension Console se matérialise également en tant que module dans la ligne Insert permet d' intégrer des plugins AVANT le module Console ! C'est quelquefois très utile de pré-traiter la source avant d'attaquer le channelstrip. Effectuer un travail d' EQ soustractive très pointu avec FabFilter ProQ par exemple
On a vu que l’émulation de l’étage de sortie - dont le fader est la partie visible - semble avoir une influence déterminante dans le comportement sonore de cette nouvelle CS. Cette partie de l'émulation n'a pas disparu de la version extension mais s'incarne naturellement dans les faders de la table de mixage ! En fait, la topologie des faders de Luna s’adapte au choix de l’extension Console ( ou au choix de l’extension Summing le cas échéant ).
On aperçoit ici l'un des avantages déterminant d'une extension sur un plug-in : l'extension Console modifie jusque dans le comportement sonore des faders de la STAN... Ce genre de "dépassement de fonction" n'est évidemment pas possible avec un plug-in.
Pour pouvoir proposer une émulation de Console avec un tel degré d'intégration , il fallait absolument que UA soit le maître d'œuvre du DAW : et c'est bien la raison d'exister de Luna.
Parfaitement hybride
C'est au moment de l'enregistrement que les versions plug-in sont mise à contribution mais cela est totalement transparent pour l'utilisateur : le module bascule automatiquement en calcul DSP dès qu'on active la tranche en mode ARM ( Accelerated Realtime Monitoring) de Luna. L'enregistrement se fera donc naturelement sans latence perçue. Bien-sûr, il faut que l'Apollo utilisé dispose de ressources DSP qui correspondent aux nombres de pistes qu'on souhaite enregistrer simultanément.
Luna et les extensions du bundle API Vision permettent à l'utilisateur de bénéficier des avantages de chacun de modes de calcul : les DSP pour le son en temps réel lors de l'enregistrement et les CPU pour la puissance de traitement en phase de mixage. Notons qu'il n'y a actuellement qu' Avid et UA qui maitrisent les technologies hybrides DSP/CPU et qui peuvent les déployer au cœur d'un DAW.
Dans Luna, on n'a donc théoriquement jamais besoin d'ouvrir les versions plug-ins du bundle, sauf si on souhaite les utiliser en tant que "outboard". Ceux qui ont la chance d'avoir de nombreux DSP, peuvent par exemple utiliser parallèlement les 2 versions du channelstrip. Par contre, il faudra que UA intègre un peu mieux cette possibilité : actuellement , on ne peut pas utiliser la version UAD dans la ligne Console, mais uniquement en tant qu'insert plug-in. Espérons qu'une future version intégrera un switch Extension/plugin dans la ligne Console.
Les extensions API preamp, API summing et Compresseur API 2500
En phase de mixage API preamp est intégré au CS en mode "Line In" . Particulièrement efficace pour renforcer certaines sources et affirmer le caractère analogique à la "sauce" API , on peut le pousser à saturer mais ça reste toujours solide et très dynamique. Sur les batteries et la voix , par exemple, c'est exactement ce dont on a besoin pour donner du poids et bien assoir des piste en 1er plan. C'est souvent même plus efficace que de compresser ! D'autant qu'il ne ne faut pas hésiter à y aller franco : il faut pousser la sommation ( même virtuelle ) pour bénéficier des effets de headroom.
On pourra également renforcer le gain ( du vrai gain analogique ! ) grâce aux Fader de pistes: eux aussi sont pris en charge par l'émulation Console !
En entrée de colonne Bus se retrouve évidemment le slot "extension Summing" qui permet d'activer une émulation du circuit de sommation. On a pour l'instant le choix entre 2 extension de summing : Neve et API. Rien n'empêche de mélanger les genres , mais il me semble qu' il vaut mieux rester concentré pour le moment sur la recherche du son API .... ce qui passe essentiellement par la mise en place d'une structure de gain qui pousse les circuits de sommation dans leurs retranchements
C'est à la croisée de colonne "bus" et de la ligne "console" , qu'on accède au fameux compresseur API 2500 sous une présentation légèrement abrégée. L'extension API 2500 est donc elle aussi prise en charge par les CPU de l'ordinateur. Comme pour le CS, la version complète de l'interface de ce compresseur est disponible dans la fenêtre contextuelle.
On ne va pas détailler ici les fonctionnalité de l'API 2500 mais juste savourer le fait de pouvoir bénéficier d'un des tout meilleur compresseur du catalogue UAD sans taper dans ses ressources DSP.
Nouveau workflow
L'intégration des extensions Console modifie totalement la manière d'utiliser Luna. Même si on peut évidemment choisir de n'utiliser la CS API Vision que sur certaines pistes, on réalise instantanément l'intérêt de débuter un mix avec une console "intégrale" : on est immédiatement opérationnel ! Pas d'énergie gâchée à hésiter entre différents formule de plug-ins ! Pas de temps perdu à ouvrir et fermer des fenêtres d'outils hétérogènes: l'essentiel est disponible à l'écran, et tous les choix sont à portée de souris.
Rien n'empêche évidemment - dans un second temps - d' affiner son mix en complétant ou en remplaçant l 'extension CS API avec des plug-ins spécifiques. Mais l'important est d'aller du général vers le particulier et de définir d'abord un cadre global avant de s'attaquer aux détails.
Il faut donc apprendre ( ou ré-apprendre ) à tirer parti de cette console virtuelle et oublier les " mauvaises" habitudes qui se sont installées avec le mixage "en plug-in". Nombre d'entre nous passent trop de temps sur des réglages en piste isolée qui sont souvent contre-productifs. Sur une console, les réglages tout azimuts se font en contexte, en enchainant des séquences rapides de corrections multipistes. Tout étant dynamiquement lié dans un mix, on se donne ainsi de meilleures chances d'atteindre un résultat homogène et impactant !
L'usage de la console virtuelle amène rapidement à faire un autre constat : le CPU de l'ordinateur ayant pris le relais des DSP en ce qui concerne l'essentiel du mixage , cela modifie - et d'une certaine manière clarifie - le "statut" des plug-ins UAD.
En effet, les plug-ins deviennent ( ou redeviennent ) des outils qui sont complémentaires à une console qui est le cœur du dispositif. Avec des plugin UAD redevenus "outboard virtuels", le workflow se rapproche de celui d'un "vrai" studio équipé avec une console et des "périphériques".
A titre personnel, l'utilisation du bundle API Vision ( et des Extension "tape" ) à totalement modifier la perception des 12 DSP que j'ai à ma disposition : j'ai maintenant la certitude qu'ils sont devenus largement suffisant pour mener à bien n'importe quel projet !
Bien sûr, l'ergonomie "Console" ne sera tout à fait aboutie que lorsque UAD aura conçu une/des surfaces de contrôle dédiée à Luna. Avant cela, on espère qu'une toute prochaine version rendre Luna compatible avec les contrôleurs basiques du marché via le protocole MCU. Je trouve particulièrement frustrant de ne pas pouvoir encore utiliser ma petite Faderport pour rider les volumes de pistes.
Cela dit, on est vraiment pas obligé de s'équiper avec une surface de contrôle dédiée pour bénéficier des bienfaits de ce API Vision Console Emulation Bundle : même avec un clavier et une souris, Luna et son système d'extensions s'avère bien plus limpide / fluide / intuitif / efficace .... que tous les systèmes que j'ai déjà utilisés.
Est-ce que ce bundle fait réellement sonner Luna comme une console API Vision ?
Je n'ai malheureusement pas la possibilité de comparer cette émulation avec une vraie console API Vision et d'apprécier à quel point on retrouve - ou pas - la sonorité et le comportement d'une "vraie" Console API Vision.
Ce qui est certain par contre, c'est que ce bundle modifie profondément , non seulement l'ergonomie, mais aussi le comportement sonore de Luna. Contrairement à Luna en version "basique" qui - comme tous les DAW - est transparente , les extensions de ce bundle travaillent de concert pour générer des artefacts qui aident notamment à la cohésion des pistes mais tout en favorisant la séparation. On note aussi que le mix gagne en densité mais sans perdre en vitalité et en contrastes.
L'ensemble de ces comportements difficilement descriptibles émulent ce phénomène de " Headroom" qui fait l'attrait des grosse consoles analogiques et qui participe à leurs signatures sonores.
Il faut ré-insister ici sur un point : pour pouvoir bénéficier des bienfaits de l' émulation API , il faut une structure de gain qui attaque les Bus Summing API vraiment très fortement. Il ne faut donc pas craindre de voir les aiguilles de certains VU-métre buter frénétiquement à droite !
Quand on compare Summing API et le Summing Neve ( mon avis dispo ici : https://fr.audiofanzine.com/warmer-simulateur-de-grain-analogique/universal-audio/neve-summing/avis/r.175851.html ), on constate effectivement que les 2 extensions ne génèrent absolument pas le même type d'artefacts. Difficile de décrire ce qui les différencie sans sombrer dans la métaphore à 2 balles mais disons que le Neve Summing agit plutôt "statiquement" sur la sensation de profondeur 3D de la scène sonore. Alors que API me semble plutôt agir "dynamiquement' avec des transitoires sont comme dopées : le mix gagne légèrement en contraste et en vitalité.
Attention : on parle ici de phénomènes sonores qui , même s'ils agissent très concrètement sur la perception de la musique de tout à chacun, ne sont pas immédiatement identifiable par une oreille qui n'est pas entrainée à repérer ce genre d'artefacts. Si on n'est pas formé à diriger son écoute, on aura beaucoup de mal à cibler les points des différences. Par contre, même un néophyte pourra très vite tirer parti de l'ergonomie "console" pour faire progresser la qualité de ses mixes.
Luna , STAN multi console
L' API Vision est donc le premier modèle de console émulé par UAD. Tout porte à penser qu’on verra assez vite un bundle équivalent estampillé "Neve" puisque UAD dispose de tous les éléments nécessaires : 1073, 1081, 1084, 2254, 31102, 33609, CS Neve 88RS, Neve preamp et Neve summing, !
On imagine aussi que UAD s'appuiera sur ses excellentes émulations SSL pour proposer sa version virtuelle de la SSL 4000E. Reste à savoir si un tel produit recevrait l'appui de SSL ….
De mon côté, je verrais bien UAD s'attaquer à des Consoles un peu moins connues mais avec des caractères bien trempés comme Helios ou Trident ... Voire même l'antique console Universal Audio 610 avec un choix de LA-2A et 1176 en modules dynamique ?
Tout indique d'ailleurs que Luna permettra de configurer une console virtuelle " à la carte" à partir d'éléments hétérogènes. C'est d'ailleurs déjà le cas, puisque rien n'empêche actuellement de panacher des Summing Neve avec des extensions Console API
Au-delà de la virtualisation intégrale d'une console, on peut même se demander ce qui empêcherait UA de décliner ses preamp / EQ / Compresseur, sous forme d'extension Console ? Ca pourrait être intéressant d'intégrer à Luna des versions natives de 1176, LA-2A, Distressor, DBX160 , Manley, ... Fairchild ...etc...
Avant tout, j 'espère qu'on aura rapidement accès à des extensions "Console" gratuites : "Precision CS" et "Precision bus compressor " feraient , par exemple, de très bonnes extensions "Console" pour les utilisateurs de la version basique de Luna
Conclusions
En proposant une émulation de Console qui tire sa puissance des CPU de l'ordinateur, UA confirme qu'ils sont bien entrain de changer de cap : pour la 1ère fois de l'histoire de plateforme UAD, le nombre de DSP dont dispose l"utilisateur n'est plus un facteur déterminant. Aujourd'hui, une interface d'entrée de gamme telle que l' Apollo Solo ( mono DSP ) est parfaitement suffisante pour émuler une grosse Console analogique qui, hier encore, aurait exiger l' achat d'au moins 2 cartes UAD Satellite Octo !
UAD est entrain de migrer du "tout DSP" vers une technologie hybride qui tire le meilleur des CPU et des DSP. Mais il ne fait pas de doute que cette migration n'ira à son terme que pour les clients qui suivront UAD sur le chemin de Luna. Parce que la maitrise du DAW est incontournable, il est techniquement impossible que UAD propose un jour l'équivalent des extensions Luna pour Protools , Logic, ou tout d'autres DAW.
On devine que UA fera le maximum pour attirer ces utilisateurs historiques vers la Stan "maison". Il faudra pour cela proposer continuer d'innover et convaincre que Luna va beaucoup plus loin que la concurrence.
Même si Luna a énormément progressé en 16 mois , c'est un logiciel qui n'est logiquement pas encore mature. Il faut rapidement que UAD intègre des fonctions qui sont essentielles pour la majorité des utilisateurs : la compatibilité avec les "contrôleurs" les plus populaires du marché (protocole MCU ) ainsi que la possibilité de "geler" des pistes. En ce qui me concerne, j'aimerais qu'UAD aille plus loin en proposant d'une part, une surface de contrôle "maison" optimisée pour l'émulation de console dans Luna et d'autre part un système intelligent de rendering automatique de pistes qui s'inspirent de ce qu'on trouve dans les logiciels de montage vidéo.
Quand je repense à ma déception au moment où UA a révéler que Luna était un DAW ... je réalise que c'est un sacré bout de chemin qui a été parcouru depuis ce NAMM de janvier 2020 . Comme pas mal de leurs clients, j'ai dans un 1er temps pensé que Luna était une application basique destinée aux débutants Dans ces moments-là certains se sont demandé si Universal Audio n'était pas entrain de marquer le pas. Aujourd'hui on constate avec ce bundle que UA continue d'accomplir , comme depuis bientôt 30 ans, des avancées majeures dans le domaine du mixage virtuel : Chapeau bas !
Pour un avis plus global sur Luna et sur la plate-forme UAD, c'est par ici :
https://fr.audiofanzine.com/sequenceur-generaliste/universal-audio/luna/avis/r.177100.html
Sinon, et comme d'hab chez UAD, c'est le tarif qui peut faire râler: 699 €, c'est effectivement plus de 3 fois le prix de Logic X . Cela dit, un utilisateur de Luna et de plug-ins UAD pourra faire un calcul différent : ce bundle lui permet d'économiser l'achat de cartes DSP et est donc instantanément amorti.
Les plus sages attendront évidemment les soldes ( plutôt de fin d'année , maintenant ) avant de passer à la caisse.
Avec l' "API Vision Console Emulation Bundle", Universal Audio réunit pour la 1ère fois tous les éléments nécessaires pour reproduire le son et les comportements d'une Console API Vision.
On y retrouve évidemment l'extension Luna API Summing qui émule les circuits de sommation de la console d'API. Elle est accompagnée par 3 nouvelles extensions "Console" qui viennent complèter l'émulation : le pré-ampli API preamp , le channelstrip API Vision ainsi que le bus-compressor API 2500.
Le bundle inclut également les 3 plug-ins à partir desquels ces 3 dernières extensions ont été déclinées. Au total on a donc 4 plug-ins ( en comptant API Vision Legacy ) et 4 extensions Luna ( dont 3 qui sont disponibles uniquement via ce bundle ).
"Plug-in" vs "Extension" :
Un plug-in audio est un programme "satellite " qui communique avec le DAW hôte via une "passerelle" logicielle standardisée : AU, VST, AAX, etc...
A l'inverse, une extension est un groupe de fonctionnalités qui sont intégrées au DAW, mais auquel l'utilisateur accède de manière optionnelle. Contrairement à un plug-in, une extension n'est pas assujettie à un protocole "figé" qui garanti notamment son fonctionnement avec d'autres DAW et d'autres OS.
Une extension a donc les inconvénients de ses avantages : spécifiquement développée AVEC et POUR le programme qui l'accueille , elle NE peut fonctionner PAS avec d'autres DAW .
Les plug-ins UAD fonctionnent sur la majorité des DAW du marché (via les "passerelles " AU, VST, AAX, … ) et nécessitent l’utilisation de DSP* comme ceux qui sont intégrés aux interfaces UAD Apollo et qui permettent de les appliquer dès la prise de son sans latence ressentie.
A l’inverse, les Extensions Luna ne fonctionnent qu’avec la STAN d'UAD et sont pris en charge par le CPU de l'ordinateur. Mais les nouvelles extensions "console" peuvent - comme on va le voir plus loin - basculer automatiquement en calcul DSP pour bénéficier de la technologie UNISON et de l'enregistrement sans latence ressentie.
( UNISON: technologie UAD qui reproduit les comportements d'un preamp analogique en fonction de l'impédance d'entrée )
*MàJ : entre temps, UA a commencé à proposer des versions natives de certains de ses plug-ins
Le nouveau channel strip API Vision
API Vision Console Emulation Bundle propose donc les 2 incarnations de cette nouvelle version du channelstrip API Vision : le plug-in UAD et l' extension Luna . C'est ce nouveau format d' Extension "console" qui permet - pour la 1ère fois - d'incorporer un channelstrip au cœur de Luna !
Il s'agit évidemment de l' innovation majeure de ce nouveau CS API Vision, mais cette dernière mouture se voit également enrichie de fonctionnalités qui s'avèrent - on le verra plus loin - bien plus impactantes qu'on pourrait le supposer:
• 1 nouveau module de preamplification plus fidèle au hardware avec 2 circuits d'entrée distincts "Line" et "Mic" et un switch passe-haut
• un 2ème module d'EQ : l'étonnant égalisateur graphique API 560L est enfin intégré au CS. Un switch permet tout simplement de choisir l'un ou l'autre des 2 module d'EQ
• une émulation complète de la sortie de CS : la partie Fader reproduit maintenant toutes les caractéristiques du circuit analogique original. Sur la version Legacy c'est un simple atténuateur numérique matérialisé par un potard rotatif.
Mais ce qu'on se hâte de tester bien-sûr, c'est l'impact de cette version extension sur la puissance du CPU de l'ordinateur : sur combien de pistes vais-je pouvoir appliquer le CS API Vision ? En ce qui me concerne, les extensions Tape ont déjà totalement changer la donne puisqu'elles me permettent de récupérer jusqu'à 45 % de puissance de mes 12 DSP. A quoi doit-on s'attendre avec un CPU qui prendrait en charge les channelstrips de chaque piste d'un projet ?
Il faut noter d'abord que la consommation DSP maximale de cette nouvelle version du plug-in a très légèrement augmentée : 35% au lieu de 30% pour la version Legacy. Même si on est toujours loin de la conso d'un CS UAD SSL 4000e qui culmine à 70% , ça nous rappele que API Vision fait partie de ces plug-in qu'on peut difficilement mettre sur toutes ses pistes sauf si on a la chance d'avoir beaucoup, ... vraiment beaucoup... de DSP.
L'excellente nouvelle pour les utilisateurs de Luna , c'est que ces "restrictions" font aujourd'hui partie du passé : des tests sommaires effectués sur un MacBook 16" i9 8 cores montrent que la version Extension permet de dépasser les 48 pistes d'émulation API Vision
C'est énorme, même si évidemment , on parle ici d'un ordre de grandeur : les indicateurs de consommation CPU ne sont pas très précis et cela dépend d'autres paramètres comme de l'activité extra- Luna du processeur. Bien-sûr, cette estimation est liée aussi à l'utilisation qu'on fait de chaque CS : dans notre test, on est plus ou moins "en conditions réelles" avec, le plus souvent - mais pas systématiquement - une comp et une EQ qui sont engagées. Au final, je pense qu'on peut sans trop se tromper conclure que l'extension CS API Vision utilisée sur un Macbook relativement puissant permet d'économiser l'utilisation d'au moins 2 cartes UAD Satellite Octo
C'est la confirmation qu' Universal Audio a bien tourner la page du "Tout DSP". Mais puisque le nombre de canaux dépend maintenant de la puissance CPU de l'ordinateur, cela veut dire aussi qu'une simple interface Apollo mono DSP d'entrée de gamme est devenue "suffisante" pour émuler 48 pistes d'une console API Vision : il s'agit là d'un véritable changement de paradigme au sein de la plateforme UAD !
NB: pour ceux qui auraient des doutes, les tests par annulation de phase démontrent que les Extensions du bundle API Vision sont parfaitement identiques aux Plug-ins. Il n'y a donc pas de versions natives qui seraient moins performantes ou qui "sonneraient" moins bien que la version DSP comme certains pouvaient le craindre ( ou l'espérer )
API sound
En terme de rendu sonore, UAD annonce que les algos sont les mêmes que pour la version Legacy ( qui est au catalogue UAD depuis 2014 ) et ne met donc pas en avant d'améliorations à ce niveau-là. Pourtant, on entend assez clairement que cette nouvelle version du CS API Vision sonne différemment : on a plus de bas et plus de punch qu'avec la "Legacy". On peut en déduire que le nouveau module preamp et surtout la modélisation du circuit de sortie ont un impact important sur le rendu sonore du CS.
Jusqu'à présent, je n'utilisais pas énormément le plug-in API Vision. D'une part , parce que j'ai une préférence pour le son Neve ( notamment les 1084 et 2254 ) mais aussi parce que la 1ère version de ce channelstrip m'avait semblé manquer de personnalité. Ce bundle, et notamment l'amélioration du rendu sonore de la nouvelle version du CS API Vision, est peut-être entrain de changer la donne : pour certains projets, je vais maintenant tenter de tirer parti de la patte sonore API. D'autant que cette CS est très complète et offre beaucoup de possibilités de correction.
Passage en revue des différents modules qui composent le CS API Vision :
• Le module preamp 212L ( qui bénéficie de la technologie Unison ) fait indéniablement partie de ces preamplis rapides, solides et précis qui sont particulièrement bien adapté aux sons percussifs.
La nouveauté c'est qu'on a maintenant le choix entre une entrée "Line" avec une réserve très progressive de 6 dB et une entrée "Mic" qui me semble être nettement plus pêchue que la version Legacy.
Certains reprochaient à ce preamp de ne pas avoir la "grinta" des preamps API mythiques des années 70. UAD semble avoir tenu compte des critiques mais je suis incapable d'évaluer si on est plus proche maintenant d'un son "old school" que dans la version Legacy
• Le module Filtre 215L : sobre et bien configuré
Notons que l'ajout d'un passe-haut dans le module Preamp permet de libérer les filtres pour servir de Side-Channel pour l'un des modules Dynamique. On peut donc maintenant à la fois filtrer les graves du flux sonore ET affecter le circuit de détection à une autre tâche
• Le module Gate/ Expander 232L : très rapide, efficace et intuitif
Ce module qui jouit d'une excellente réputation me semble quand même moins puissant et moins précis qu'un plugin dédié comme le Pro-G de Fabfilter. Cela dit , il est beaucoup plus simple à régler et fait parfaitement l'affaire 3 fois sur 4
• Le module Compresseur / Limiteur 232L : c'est essentiellement un Compresseur de type API 2500 adapté au format CS
Une fois qu'on s'est habitué à la compensation automatique de gain ( malheureusement non débrayable ) il devient progressivement le compresseur "générique" avec lequel on traite les cas les plus courants. C'est une comp qui offre beaucoup de latitude mais qui , bien entendu, ne remplace pas les LA2A, 1176, ... et autres antiquités dont on apprécie les caractéristiques et les caractères très affirmés.
• Le module d'EQ 550L est semi paramétrique à valeurs discrètes sur 4 double potards : 10 valeurs de gains ( 5 positives et 5 négatives ) pour 7 choix de fréquences par potard ( et 25 points de fréquences en tout )
Ca peut sembler étonnant d'intègrer une EQ à choix restreints dans un CS moderne. Mais on se rend compte à l'usage que c'est forcément l'un des ingrédients du fameux "son" API
• Le nouveau module d'EQ graphique 560L à 10 curseurs
Une alternative qui est bienvenue au sein de ce CS car ce module est notamment plus adapté pour réalsier des égalisations "créatives" ( par opposition à "correctives" ) . C'est donc l'EQ idéale pour tordre du son. Mais parce que l'interface est plus directe / visuelle / intuitive que celle du 550, c'est aussi un bon outil pour faire rapidement un prémix.
On affine ensuite avec le 550 ( tout en gardant le setting du premix à portée de switch )
L'égalisation selon API
Contrairement aux SSL4000 et Neve88RS, API Vision ne dispose donc pas de module d'EQ "full parametric". Ca pourrait en frustrer quelques-uns qui pourraient être tentés de lober les modules 550 et 560 et travailler avec des des plug-ins d'EQ insérés avant ou après l'extension Console.
Mais ce serait passer à côté de ce qui fait la singularité API : régler un atténuateur par pas de 2dB modifie radicalement la manière d'égaliser ! Et même si le 560L semble permettre des réglages plus "mesurés", le choix très restreint de fréquences abouti forcément à opérer des corrections plus contrastées que sur d'autres égalisateurs.
Avoir moins de choix n'a pas que des inconvénients : c'est aussi être moins tenté de perdre son temps sur une piste isolée puisqu' on est rapidement obligé de passer à un autre piste . Grâce à l'interface "console" qui permet d'aller de piste en piste, on réalise facilement ces enchainements rapides de corrections multipistes qui sont essentielles. On se surprend alors à mixer plus intuitivement en surfant sur l'interdépendance des sources. On est naturellement amené à mixer "en contexte "et à affronter les vrais enjeux du mixage : la recherche d'équilibres qui s'expriment dans la globalité du son.
Dans une certaine mesure , le son API ( notamment son caractère très "contrasté" ) est conditionné à l'utilisation de ces modules 550 et 560. En nous obligeant à nous appuyer sur des motifs de corrections plus "radicaux" , ces outils nous amène fatalement à adopter des stratégies de mixage qui sont différentes.
Eh oui .... ça se mérite quand même un petit peu, le son API !
Nouvelle ergonomie
L' Extension CS API Vision prend place dans cette nouvelle ligne "Console" apparue avec Luna v1.18. D'un coup de click , Luna se pare du "look and feel" d'une console avec ses tranches resserrées qui permettent d'accéder simultanément aux commandes de nombreuses pistes. L'emprise verticale est adapté aux proportions d'un 'écran grâce à une interface-utilisateur assez ingénieuse qui permet de commuter entre 3 "parties" du CS : IN (les modules preamp et Filtre) , DYN ( GATE/EXP et COMP/LIM) ou EQ ( 550L ou 560L ). Un système de switch très intuitif permet de "balayer" des pistes pour y faire apparaitre les vues de son choix. D'autre boutons permettent également de changer de vue pour l'ensemble des pistes.
On retrouve vraiment l'essentiel de l'ergonomie d'une vraie console. Même sur l'écran d'un Macbook 16", ce sont plus d'une douzaine de canaux qui sont disponibles : on peut travailler de manière efficace sans passer son temps à ouvrir /déplacer/ fermer/ gérer de multiples fenêtres de plug-ins !
Sans réinventer inutilement l'eau tiède, UA innove là où c'était nécessaire. Chapeau aux designers qui ont pondu cette interface utilisateur !
L'extension Console a sa ligne dédié dans l'interface de Luna mais bénéficie aussi d'une visu exhaustive dans une fenêtre contextuelle. Ça peut effectivement servir, mais les différents dispositif de switching IN/DYN/EQ sont tellement efficaces qu'on en a vraiment très peu besoin.
D'autre part, le fait que cette extension Console se matérialise également en tant que module dans la ligne Insert permet d' intégrer des plugins AVANT le module Console ! C'est quelquefois très utile de pré-traiter la source avant d'attaquer le channelstrip. Effectuer un travail d' EQ soustractive très pointu avec FabFilter ProQ par exemple
On a vu que l’émulation de l’étage de sortie - dont le fader est la partie visible - semble avoir une influence déterminante dans le comportement sonore de cette nouvelle CS. Cette partie de l'émulation n'a pas disparu de la version extension mais s'incarne naturellement dans les faders de la table de mixage ! En fait, la topologie des faders de Luna s’adapte au choix de l’extension Console ( ou au choix de l’extension Summing le cas échéant ).
On aperçoit ici l'un des avantages déterminant d'une extension sur un plug-in : l'extension Console modifie jusque dans le comportement sonore des faders de la STAN... Ce genre de "dépassement de fonction" n'est évidemment pas possible avec un plug-in.
Pour pouvoir proposer une émulation de Console avec un tel degré d'intégration , il fallait absolument que UA soit le maître d'œuvre du DAW : et c'est bien la raison d'exister de Luna.
Parfaitement hybride
C'est au moment de l'enregistrement que les versions plug-in sont mise à contribution mais cela est totalement transparent pour l'utilisateur : le module bascule automatiquement en calcul DSP dès qu'on active la tranche en mode ARM ( Accelerated Realtime Monitoring) de Luna. L'enregistrement se fera donc naturelement sans latence perçue. Bien-sûr, il faut que l'Apollo utilisé dispose de ressources DSP qui correspondent aux nombres de pistes qu'on souhaite enregistrer simultanément.
Luna et les extensions du bundle API Vision permettent à l'utilisateur de bénéficier des avantages de chacun de modes de calcul : les DSP pour le son en temps réel lors de l'enregistrement et les CPU pour la puissance de traitement en phase de mixage. Notons qu'il n'y a actuellement qu' Avid et UA qui maitrisent les technologies hybrides DSP/CPU et qui peuvent les déployer au cœur d'un DAW.
Dans Luna, on n'a donc théoriquement jamais besoin d'ouvrir les versions plug-ins du bundle, sauf si on souhaite les utiliser en tant que "outboard". Ceux qui ont la chance d'avoir de nombreux DSP, peuvent par exemple utiliser parallèlement les 2 versions du channelstrip. Par contre, il faudra que UA intègre un peu mieux cette possibilité : actuellement , on ne peut pas utiliser la version UAD dans la ligne Console, mais uniquement en tant qu'insert plug-in. Espérons qu'une future version intégrera un switch Extension/plugin dans la ligne Console.
Les extensions API preamp, API summing et Compresseur API 2500
En phase de mixage API preamp est intégré au CS en mode "Line In" . Particulièrement efficace pour renforcer certaines sources et affirmer le caractère analogique à la "sauce" API , on peut le pousser à saturer mais ça reste toujours solide et très dynamique. Sur les batteries et la voix , par exemple, c'est exactement ce dont on a besoin pour donner du poids et bien assoir des piste en 1er plan. C'est souvent même plus efficace que de compresser ! D'autant qu'il ne ne faut pas hésiter à y aller franco : il faut pousser la sommation ( même virtuelle ) pour bénéficier des effets de headroom.
On pourra également renforcer le gain ( du vrai gain analogique ! ) grâce aux Fader de pistes: eux aussi sont pris en charge par l'émulation Console !
En entrée de colonne Bus se retrouve évidemment le slot "extension Summing" qui permet d'activer une émulation du circuit de sommation. On a pour l'instant le choix entre 2 extension de summing : Neve et API. Rien n'empêche de mélanger les genres , mais il me semble qu' il vaut mieux rester concentré pour le moment sur la recherche du son API .... ce qui passe essentiellement par la mise en place d'une structure de gain qui pousse les circuits de sommation dans leurs retranchements
C'est à la croisée de colonne "bus" et de la ligne "console" , qu'on accède au fameux compresseur API 2500 sous une présentation légèrement abrégée. L'extension API 2500 est donc elle aussi prise en charge par les CPU de l'ordinateur. Comme pour le CS, la version complète de l'interface de ce compresseur est disponible dans la fenêtre contextuelle.
On ne va pas détailler ici les fonctionnalité de l'API 2500 mais juste savourer le fait de pouvoir bénéficier d'un des tout meilleur compresseur du catalogue UAD sans taper dans ses ressources DSP.
Nouveau workflow
L'intégration des extensions Console modifie totalement la manière d'utiliser Luna. Même si on peut évidemment choisir de n'utiliser la CS API Vision que sur certaines pistes, on réalise instantanément l'intérêt de débuter un mix avec une console "intégrale" : on est immédiatement opérationnel ! Pas d'énergie gâchée à hésiter entre différents formule de plug-ins ! Pas de temps perdu à ouvrir et fermer des fenêtres d'outils hétérogènes: l'essentiel est disponible à l'écran, et tous les choix sont à portée de souris.
Rien n'empêche évidemment - dans un second temps - d' affiner son mix en complétant ou en remplaçant l 'extension CS API avec des plug-ins spécifiques. Mais l'important est d'aller du général vers le particulier et de définir d'abord un cadre global avant de s'attaquer aux détails.
Il faut donc apprendre ( ou ré-apprendre ) à tirer parti de cette console virtuelle et oublier les " mauvaises" habitudes qui se sont installées avec le mixage "en plug-in". Nombre d'entre nous passent trop de temps sur des réglages en piste isolée qui sont souvent contre-productifs. Sur une console, les réglages tout azimuts se font en contexte, en enchainant des séquences rapides de corrections multipistes. Tout étant dynamiquement lié dans un mix, on se donne ainsi de meilleures chances d'atteindre un résultat homogène et impactant !
L'usage de la console virtuelle amène rapidement à faire un autre constat : le CPU de l'ordinateur ayant pris le relais des DSP en ce qui concerne l'essentiel du mixage , cela modifie - et d'une certaine manière clarifie - le "statut" des plug-ins UAD.
En effet, les plug-ins deviennent ( ou redeviennent ) des outils qui sont complémentaires à une console qui est le cœur du dispositif. Avec des plugin UAD redevenus "outboard virtuels", le workflow se rapproche de celui d'un "vrai" studio équipé avec une console et des "périphériques".
A titre personnel, l'utilisation du bundle API Vision ( et des Extension "tape" ) à totalement modifier la perception des 12 DSP que j'ai à ma disposition : j'ai maintenant la certitude qu'ils sont devenus largement suffisant pour mener à bien n'importe quel projet !
Bien sûr, l'ergonomie "Console" ne sera tout à fait aboutie que lorsque UAD aura conçu une/des surfaces de contrôle dédiée à Luna. Avant cela, on espère qu'une toute prochaine version rendre Luna compatible avec les contrôleurs basiques du marché via le protocole MCU. Je trouve particulièrement frustrant de ne pas pouvoir encore utiliser ma petite Faderport pour rider les volumes de pistes.
Cela dit, on est vraiment pas obligé de s'équiper avec une surface de contrôle dédiée pour bénéficier des bienfaits de ce API Vision Console Emulation Bundle : même avec un clavier et une souris, Luna et son système d'extensions s'avère bien plus limpide / fluide / intuitif / efficace .... que tous les systèmes que j'ai déjà utilisés.
Est-ce que ce bundle fait réellement sonner Luna comme une console API Vision ?
Je n'ai malheureusement pas la possibilité de comparer cette émulation avec une vraie console API Vision et d'apprécier à quel point on retrouve - ou pas - la sonorité et le comportement d'une "vraie" Console API Vision.
Ce qui est certain par contre, c'est que ce bundle modifie profondément , non seulement l'ergonomie, mais aussi le comportement sonore de Luna. Contrairement à Luna en version "basique" qui - comme tous les DAW - est transparente , les extensions de ce bundle travaillent de concert pour générer des artefacts qui aident notamment à la cohésion des pistes mais tout en favorisant la séparation. On note aussi que le mix gagne en densité mais sans perdre en vitalité et en contrastes.
L'ensemble de ces comportements difficilement descriptibles émulent ce phénomène de " Headroom" qui fait l'attrait des grosse consoles analogiques et qui participe à leurs signatures sonores.
Il faut ré-insister ici sur un point : pour pouvoir bénéficier des bienfaits de l' émulation API , il faut une structure de gain qui attaque les Bus Summing API vraiment très fortement. Il ne faut donc pas craindre de voir les aiguilles de certains VU-métre buter frénétiquement à droite !
Quand on compare Summing API et le Summing Neve ( mon avis dispo ici : https://fr.audiofanzine.com/warmer-simulateur-de-grain-analogique/universal-audio/neve-summing/avis/r.175851.html ), on constate effectivement que les 2 extensions ne génèrent absolument pas le même type d'artefacts. Difficile de décrire ce qui les différencie sans sombrer dans la métaphore à 2 balles mais disons que le Neve Summing agit plutôt "statiquement" sur la sensation de profondeur 3D de la scène sonore. Alors que API me semble plutôt agir "dynamiquement' avec des transitoires sont comme dopées : le mix gagne légèrement en contraste et en vitalité.
Attention : on parle ici de phénomènes sonores qui , même s'ils agissent très concrètement sur la perception de la musique de tout à chacun, ne sont pas immédiatement identifiable par une oreille qui n'est pas entrainée à repérer ce genre d'artefacts. Si on n'est pas formé à diriger son écoute, on aura beaucoup de mal à cibler les points des différences. Par contre, même un néophyte pourra très vite tirer parti de l'ergonomie "console" pour faire progresser la qualité de ses mixes.
Luna , STAN multi console
L' API Vision est donc le premier modèle de console émulé par UAD. Tout porte à penser qu’on verra assez vite un bundle équivalent estampillé "Neve" puisque UAD dispose de tous les éléments nécessaires : 1073, 1081, 1084, 2254, 31102, 33609, CS Neve 88RS, Neve preamp et Neve summing, !
On imagine aussi que UAD s'appuiera sur ses excellentes émulations SSL pour proposer sa version virtuelle de la SSL 4000E. Reste à savoir si un tel produit recevrait l'appui de SSL ….
De mon côté, je verrais bien UAD s'attaquer à des Consoles un peu moins connues mais avec des caractères bien trempés comme Helios ou Trident ... Voire même l'antique console Universal Audio 610 avec un choix de LA-2A et 1176 en modules dynamique ?
Tout indique d'ailleurs que Luna permettra de configurer une console virtuelle " à la carte" à partir d'éléments hétérogènes. C'est d'ailleurs déjà le cas, puisque rien n'empêche actuellement de panacher des Summing Neve avec des extensions Console API
Au-delà de la virtualisation intégrale d'une console, on peut même se demander ce qui empêcherait UA de décliner ses preamp / EQ / Compresseur, sous forme d'extension Console ? Ca pourrait être intéressant d'intégrer à Luna des versions natives de 1176, LA-2A, Distressor, DBX160 , Manley, ... Fairchild ...etc...
Avant tout, j 'espère qu'on aura rapidement accès à des extensions "Console" gratuites : "Precision CS" et "Precision bus compressor " feraient , par exemple, de très bonnes extensions "Console" pour les utilisateurs de la version basique de Luna
Conclusions
En proposant une émulation de Console qui tire sa puissance des CPU de l'ordinateur, UA confirme qu'ils sont bien entrain de changer de cap : pour la 1ère fois de l'histoire de plateforme UAD, le nombre de DSP dont dispose l"utilisateur n'est plus un facteur déterminant. Aujourd'hui, une interface d'entrée de gamme telle que l' Apollo Solo ( mono DSP ) est parfaitement suffisante pour émuler une grosse Console analogique qui, hier encore, aurait exiger l' achat d'au moins 2 cartes UAD Satellite Octo !
UAD est entrain de migrer du "tout DSP" vers une technologie hybride qui tire le meilleur des CPU et des DSP. Mais il ne fait pas de doute que cette migration n'ira à son terme que pour les clients qui suivront UAD sur le chemin de Luna. Parce que la maitrise du DAW est incontournable, il est techniquement impossible que UAD propose un jour l'équivalent des extensions Luna pour Protools , Logic, ou tout d'autres DAW.
On devine que UA fera le maximum pour attirer ces utilisateurs historiques vers la Stan "maison". Il faudra pour cela proposer continuer d'innover et convaincre que Luna va beaucoup plus loin que la concurrence.
Même si Luna a énormément progressé en 16 mois , c'est un logiciel qui n'est logiquement pas encore mature. Il faut rapidement que UAD intègre des fonctions qui sont essentielles pour la majorité des utilisateurs : la compatibilité avec les "contrôleurs" les plus populaires du marché (protocole MCU ) ainsi que la possibilité de "geler" des pistes. En ce qui me concerne, j'aimerais qu'UAD aille plus loin en proposant d'une part, une surface de contrôle "maison" optimisée pour l'émulation de console dans Luna et d'autre part un système intelligent de rendering automatique de pistes qui s'inspirent de ce qu'on trouve dans les logiciels de montage vidéo.
Quand je repense à ma déception au moment où UA a révéler que Luna était un DAW ... je réalise que c'est un sacré bout de chemin qui a été parcouru depuis ce NAMM de janvier 2020 . Comme pas mal de leurs clients, j'ai dans un 1er temps pensé que Luna était une application basique destinée aux débutants Dans ces moments-là certains se sont demandé si Universal Audio n'était pas entrain de marquer le pas. Aujourd'hui on constate avec ce bundle que UA continue d'accomplir , comme depuis bientôt 30 ans, des avancées majeures dans le domaine du mixage virtuel : Chapeau bas !
Pour un avis plus global sur Luna et sur la plate-forme UAD, c'est par ici :
https://fr.audiofanzine.com/sequenceur-generaliste/universal-audio/luna/avis/r.177100.html
Sinon, et comme d'hab chez UAD, c'est le tarif qui peut faire râler: 699 €, c'est effectivement plus de 3 fois le prix de Logic X . Cela dit, un utilisateur de Luna et de plug-ins UAD pourra faire un calcul différent : ce bundle lui permet d'économiser l'achat de cartes DSP et est donc instantanément amorti.
Les plus sages attendront évidemment les soldes ( plutôt de fin d'année , maintenant ) avant de passer à la caisse.