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Barthe Rotofluid
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Barthe Rotofluid
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« Barthe Régie, un genre de dinosaure venu du fond des âges, aux performances redoutables »

Publié le 05/03/24 à 17:19
Rapport qualité/prix : Excellent
Cible : Les utilisateurs avertis
L’avis donné ici ne concerne pas exactement ce modèle, mais un modèle qui lui ressemble beaucoup mais qui n’a pas de page dédiée sur Audiofanzine, puisqu’il parait qu’on ne peut plus créer de nouvelles pages. Il s’agit de la Barthe Régie (ou Disco I) dérivée de la Barthe Rotofluid, mais dans sa version pro avec un dispositif de démarrage instantané.
Ce système est à la fois simple et ingénieux, propre à la marque Barthe: la platine dispose de deux plateaux, un plateau lourd dessous qui tourne en permanence, et un plateau léger en plexiglass qui est dessus et sur lequel le disque est posé.
Ce plateau léger est retenu par un patin commandé par un électro-aimant (sur une des photos jointes, on voit le patin qui bloque le plateau léger supérieur), et lorsque l’on actionne un interrupteur séparé (qui se branche en façade par une fiche DIN), le patin est libéré et la platine se met à tourner instantanément à la vitesse choisie, 33 ou 45 tours.
Ce démarrage se fait sans aucun bruit ni pleurage en moins de 0,2 secondes, ce qui correspond au temps des platines pro EMT qui coûtent 30 à 50 fois plus cher.
La particularité est aussi que le temps de démarrage ne dépend pas du couple moteur comme sur les platines à entrainement direct actuelles, qui doivent être dotées de moteurs extrêmement puissants donc chers pour approcher la vitesse de démarrage de la Barthe, qui est donc à entrainement par courroie.
Cette platine a été très célèbre dans les années 70 et 80 et équipait pas mal de radios et des discothèques ainsi que des régies dans les lieux publics.
Elle est issue de cette marque française aujourd’hui disparue qui était un des rares représentants français dans un monde de l’audio dominé à l’époque par le Japon, les Etats-Unis, l’Allemagne et la Suisse, en particulier avec Studer.

La Barthe Rotofluid dans sa version hifi était très réputée et appréciée (ceux qui peuvent avoir accès aux revues de l’époque qui publiaient des bancs d’essai constateront les avis très élogieux donnés).
Ces Barthe première version ne comprenaient pas de plastique pour les pièces critiques et étaient fabriquées à partir de métal et de bois, ce qui leur assurait une très bonne fiabilité et constance des performances dans le temps, ainsi que la possibilité de réparer si besoin les platines; on trouve d’ailleurs encore sans difficulté la plupart des pièces sur le marché de l’occasion.
Le nom “Rotofluid” vient de ce que l’axe de rotation reposait dans un bain d’huile qui assurait silence de fonctionnement et régularité.
Tout ça correspond bien sûr à des normes de conception et de fabrication qui n’ont plus cours aujourd’hui et qui ont laissé la place à une certaine uniformité de conception qui fait que les produits se ressemblent tous et sont de plus en plus des produits presque jetables.
Toute proportion gardée, on peut rapprocher ces Barthe de la marque qui fabriquait ce qui restera comme les platines vinyl indépassables qu’étaient les EMT. Question prix, bien sûr, aucune comparaison possible, des EMT de plus de cinquante ans se vendent parfois plus de 40000 euros de nos jours, mais leur usinage et leur précision relevaient presque de l’aérospatial tant ils tendaient vers la perfection.
Mais à des prix accessibles et même raisonnables, Barthe proposait des produits faits pour durer qui ne cédaient à aucune facilité. C’est d’ailleurs cette volonté de grande qualité à un prix abordable qui a coûté à la marque son existence: elles n’étaient pas vendues assez cher pour que Barthe perdure et la marque a fini par perdre de l’argent et disparaitre.

Si il faut lui trouver quelques défauts, je dirais qu’elle n’est pas absolument silencieuse et qu’un léger bruit de fonctionnement se fait entendre dans les très basses fréquences, mais à des niveaux d’écoute très forts, à niveau normal on n’entend rien. D’autre part son réglage et sa mise en service n’est pas des plus facile (la fixation de la cellule dans la coquille demande patience et adresse) pas plus que le réglage de l’anti-skating qui manque de précision. Le réglage de la force d’appui est en revanche assez aisé et par une méthode propre à la marque (un poids déporté sur un 2ème axe).
La platine dispose d'un variateur de vitesse, mais la plage de réglage est étroite (+/- 4%) et ne correspond plus à ce que demandent les DJ actuels. Elle peut bien sûr être utilisée comme une platine hifi classique sans se servir du démarrage instantané. Son fonctionnement est entièrement manuel (comme le sont toutes les platines de haut niveau), mais il existait des modèles avec arrêt automatique en fin de disque. La platine était vendue sans capot et sans cellule. Le capot s'achetait à part, mais Barthe ne fabriquait pas de cellule.
Avec cette Barthe il faut savoir investir dans une cellule de haut niveau et ne pas se contenter de ce que vendent les marchands aux DJ. J’ai deux cellules pour cette Barthe: une ADC XLMIII, et une Shure V15IV qui étaient des cellules coutant (en euros d’aujourd’hui) entre 400 et 600 euros. On n’en trouve plus depuis longtemps, sauf en occasion, mais alors attention à l’usure du diamant. Un diamant a une durée de vie de l’ordre de 800 à 1000 heures, au-delà il faut le remplacer, et à part des clones chinois (à éviter), on ne trouve plus grand chose et il faut chercher vers les collectionneurs, car à l'exception d'EMT, plus personne ne fabrique de cellules et diamants de haut de gamme. Les cellules EMT ne sont de toute façon pas utilisables sur d'autres platines car ce sont des cellules très lourdes qui ne conviennent pas à tous les bras, et de plus leur prix est totalement prohibitif (5000€ pour le nouveau modèle).

Vers la fin de son existence Barthe s’est mis à proposer des produits bien différents dans lesquels le plastique injecté faisait son entrée et même la version pro a complètement changé (tout en gardant le système à double plateau) et n’avait plus rien à voir avec le modèle original (le bras d’origine si performant, dont on voit des détails sur une des photos, a fait place à un bras médiocre), et finalement la marque ayant vendu son âme a perdu tout son intérêt et a été submergée par les productions asiatiques contre lesquelles il ne faut pas lutter avec les mêmes armes qu’elles: vous ferez toujours moins bien et plus cher. Exit Barthe.
J'ai joint une photo d'une parution publicitaire de Barthe dans les revues spécialisées de l'époque qui publiaient des bancs d'essai. On peut noter l'usage abusif du mot "professionnelle"; en fait la seule Barthe véritablement destinée aux professionnels était le modèle "Régie".
Mais ceux qui ont encore des modèles de la grande époque les gardent le plus souvent et les entretiennent, si ils ont encore le courage de céder au protocole de l’écoute de disques vinyl avec tout ce que cela comporte si on compare à la facilité d’écouter des CD ou des fichiers sur un PC.
Personnellement, j’ai la chance de m’être procuré, à l’époque à laquelle les prix étaient encore abordables, des platines EMT (950 et 930) et je n’utilise plus beaucoup la Barthe, mais je l’ai conservée jusqu’ici tant je la considère comme une pièce remarquable d’une époque révolue.

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