Se connecter
Se connecter

ou
Créer un compte

ou

Wham Bam Jazz

  • 1 248 réponses
  • 58 participants
  • 42 962 vues
  • 68 followers
Sujet de la discussion Wham Bam Jazz
Salut, petit sujet créé pour laisser respirer le sujet des playlists jazz, suite à la demande de mon ami Sonicsnap je posterais ici des choix de discographies, conseils d'écoute, pourquoi pas discussions sur certains morceaux, le jeu, en étant plutôt orienté bop ou post bop, âge d'or des labels Blue Note ou Prestige par exemple.

Mon thread sur le jazz, principalement bop et post bop:

Wham Bam Jazz

Afficher le sujet de la discussion
951
Condoléances pour ton ami, Silverfish. Ça ne doit pas être facile de perdre quelqu'un comme ça.
952
Un individu authentique comme ça, sa mémoire est vivante a travers ses enfants et ses amis. Mes condoléances a sa famille et a toi Silverfish.
953
Le court extrait du concert de Roy Hargrove avec l'Orchestre du Conservatoire de Toulouse est assez alléchant..
954
955
956
Si vous l'avez manqué :

Citation :
En 2006, Juliette Gréco, qui vient de s’éteindre à l’âge de 93 ans, s’était confiée à Philippe Carles pour Jazz Magazine. Sujet principal de leur conversation : un jeune trompettiste qu’elle avait connu à Paris en 1949. Morceaux choisis.

« J’étais un peu la petite sœur de Boris Vian, qui était très protecteur avec moi. Or, la première fois où Miles Davis est venu à Paris, c’était à Pleyel. Comme il n’y avait pas de place dans la salle – de toute façon je n’avais pas de quoi me payer une place –, j’avais été amenée en coulisse par la femme de Boris, Michèle. Et j’ai vu Miles de profil : c’était absolument un Giacometti. Avec un visage d’une grande beauté. Je ne parle même pas du génie de l’homme : pour en prendre conscience, il ne fallait pas être grand clerc ni spécialiste de jazz. Entre l’homme, l’instrument et le son, il y avait une harmonie tellement rare ! A ce degré d’esthétisme, c’est assez bouleversant… Il était en soi un spectacle, pourtant habillé très classiquement, pas comme il s’est habillé plus tard, de manière “exotique”, et superbe, qui lui allait fort bien.
J’ai donc rencontré cet homme, qui était fort jeune [23 ans, NDR], et moi aussi [22 ans], puis nous sommes allés dîner tous ensemble, avec un tout un tas de gens que je ne connaissais pas. Et voilà. Je n’étais pas très anglophone, il ne parlait pas français. Je ne sais pas comment nous nous sommes débrouillés. Le miracle de l’amour !
Je me souviens, oui, de cette émission avec Jean-Pierre Foucault [en 1990, NDR]. J’avais été ahurie de voir cet archange sombre, qui descendait de son avion, jouant Les feuilles mortes et qui est venu s’asseoir à côté de moi, fou de rage : “Quelle bande connards ! Ils n’ont même pas branché le micro !” Mais quand Foucault l’a très gentiment remercié, lui demandant pourquoi il avait accepté de venir, il a grogné : “Parce que je suis amoureux de Juliette”, précissant qu’en l’absence de micro il n’avait joué que pour son ancienne dulcinée… Tout comme j’avais eu le privilège de l’entendre, chez lui, et même une fois dans son bain, jouer la musique de son “petit chéri” : Bach.
Associer mon chant à sa trompette ? Je ne suis pas folle – ou plutôt si : je suis folle mais j’ai le sens de l’humour. Pourquoi essayer de faire mal, ou moins bien, ce que d’autres font si bien ? Si Miles savait que j’étais chanteuse ? Il ne m’a jamais écoutée, sinon beaucoup plus tard à New York, au Waldorf Astoria. Avant, pour lui, j’étais moi, je m’appelais Juliette Gréco, j’avais une tronche bizarre, et c’est moi qu’il a aimée, ce qui est plutôt réjouissant.
Sartre avait dit à Miles : “Pourquoi n’épousez-vous pas Gréco ? – Parce que je l’aime trop pour la rendre malheureuse.” A ce moment là, ce n’était pas une question d’infidélité ou de donjuanisme, c’était une question de couleur : s’il m’avait emmenée avec lui en Amérique, j’aurais été une “pute à nègre”… Au Waldorf, où j’avais une suite très convenable, je l’avais invité à dîner. Il est venu avec John Lewis, et j’avais commandé le repas. La tête du maître d’hôtel quand il est entré : indescriptible ! Au bout de deux heures, on nous a quasiment jeté les plats… Miles m’a rappelé, à quatre heures du matin, dans un état… “Je ne veux plus jamais vous voir ici… Dans ce pays une telle relation est impossible.” J’ai soudain pris conscience que j’avais commis une erreur, par rapport à quelque chose d’inhumain, d’irrespectueux, d’où un sentiment étrange, d’humiliation, que je n’oublierai jamais. Là, sa couleur m’est apparue avec une extrême violence, alors qu’à Paris je ne m’étais même pas aperçu qu’il était noir !
Entre Miles et moi ce fut une superbe histoire d’amour, comme j’en souhaite à plein de gens. Nous ne nous sommes jamais perdus au cours de notre vie. Au gré des tournées, il me laissait des petits mots dans les pays d’Europe où j’allais passer : “J’étais là, vous n’y étiez pas.” Il est venu me voir à la maison quelques mois avant sa mort. Il était assis dans le salon. J’ai alors entendu son rire… démoniaque ! Je lui en ai demandé la raison : “Dans n’importe quelle endroit au monde, m’a-t-il répondu, cette femme de dos, je saurai que c’est vous.” »
Extrait de Jazz Magazine n° 570, mai 2006.

120129306_10159420638282908_4314388844775848926_o.jpg

[ Dernière édition du message le 28/09/2020 à 07:39:05 ]

957
Touchante histoire bien qu'aussi un peu triste. En tous cas, je comprends Miles, si j'avais rencontré Juliette Gréco à cette époque j'aurais été aussitôt fou amoureux!
958
Effectivement, une bien belle, et à la fois triste, histoire.

On a de la chance d'être en France (pour ceux qui y sont).

x
Hors sujet :
Je suis en couple (avec enfants) avec une femme noire. En France, on a très rarement des regards desapprobateurs. Dans ma banlieue parisienne, c'est très très très courant, les couples mixtes.

Ce serait différent, encore de nos jours, dans certains pays. En vacances en Hollande, déjà, on sentait que c'était pas si courant... Surtout que je suis chauve avec barbe. Les regards hollandais... Pas tous bienveillants.

Le poids de l'Histoire, des dominations, de la xénophobie.

[ Dernière édition du message le 30/09/2020 à 16:44:21 ]

959
x
Hors sujet :
_d j a n g o > A première lecture, j'ai compris que c'était les "regards désapprobateurs" qui étaient très très courant dans ta banlieue. Ce qui m'a surpris. En relisant, je réalise que ce sont les couples mixtes qui sont très courants. Je comprends mieux.
960
x
Hors sujet :
Je viens de lire un super roman sur le sujet : "Americanah" de Chimamanda Ngozi Adichie

[ Dernière édition du message le 30/09/2020 à 16:32:32 ]