Sujet Editorial du 9 juillet 2016 : commentaires

Foot et soleil : pour un peu, on en oublierait presque la France pluvieuse d’avant l’Euro, ses 49.3 et son état d’urgence. Mais pendant que nos élites réforment leurs réformes du travail, il semblerait que les choses s’organisent dans leur dos. En effet, Uber et AirBnB n’ont pas fait que contrarier les taxis et les professionnels de l’hôtellerie, ils ont aussi fait des émules au point que le modèle se retrouve appliqué à tous les domaines : la beauté et la coiffure avec MyMec, la bouffe avec Vizeat et Mon Voisin Cuisine, le garage de voiture avec Pop Valet, et même - tenez-vous bien - la location de majordomes avec Mr Gustave.

D’aucuns appellent ça l’ubérisation de la société, quand d’autre appellent ça du travail peer-to-peer et il est bien dur de savoir s’il faut se réjouir ou non d’une telle lame de fond. Un monde de services s’ouvre ainsi aux uns quand un monde de petits boulots s’ouvre aux autres, de ces petits boulots qu’on envisage comme complément de revenus au départ pour ne plus avoir à la fin que le cumul de plusieurs activités précaires pour payer son loyer. Ce faisant, on repense au personnage de Walter White, professeur de chimie lavant des bagnoles pour arrondir ses fins de mois dans Breaking Bad, aux hommes-pancartes des chaînes de fastfood, aux cireurs de chaussures et laveurs de pare-brise au feu rouge. Notre futur, de ce point de vue, c’est l’Amérique des années 30.

Heureusement, les musiciens seront épargnés par cette révolution vu qu’à l’image des héros de la Motown qui jouaient dans des clubs pour une assiette de soupe (et ce n’est pas une expression), ils n’ont pas besoin d’être ubérisés : ils sont tombés dedans quand ils étaient petits ! Pas sûr en revanche que leurs proches puissent longtemps leur servir de mécènes pour leur payer la dernière réverb de PSP, la mise à jour de Reason 9 ou ce micro iSolo pour enregistrer leur guitare. Encore qu’avec six cours chez Acadomia, une dizaine de tartes livrée le vendredi soir, et quelques nuits consacrées à faire le chauffeur de maître, en plus de leur mi-temps chez MacDo, ils puissent sans doute y arriver, ces fainéants ! Quant à savoir s’il leur restera de l’argent pour acheter des places de concert ou des albums, c’est une autre histoire…

Sur ce, bon week et à la semaine prochaine.

Los Teignos
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