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Test de la SPL Crimson - SPL voit rouge

8/10

On connaissait la marque SPL pour ses préamplis, ses channel strips, ses de-essers, ses égaliseurs, ses compresseurs, ses contrôleurs de monitoring, ses amplis casques... Mais les Allemands s’étaient jusqu’alors abstenus du côté des interfaces audionumériques.

L’an­nonce fit donc grand bruit lors du Musik­messe 2013 (oui, il y a plus d’un an) : SPL sortait deux inter­faces audio, la Madi­son avec ses 32 canaux MADI et la Crim­son inté­grant deux préam­plis et un contrô­leur de moni­to­ring dans un format desk­top. Nous avons reçu cette dernière il y a quelques jours et après plus d’un an d’at­tente, il était temps de poser nos mains sur cette inter­face cramoi­sie.

La première surprise de l’an­nonce fut très certai­ne­ment le prix pour du « Made in Germany » : la Crim­son peut se trou­ver faci­le­ment à moins de 500 € en maga­sin, ce qui la place légè­re­ment en dessous de la Baby­face de RME, de l’iD22 d’Au­dient et de la Duet d’Apo­gee, mais au-dessus de la Forte de Focus­rite qui a baissé de prix depuis sa sortie. La deuxième surprise inter­vient lorsque l’on se retrouve nez à nez avec l’in­ter­face : elle est grande, très grande ! Avec ses dimen­sions de 60 × 330 × 207 mm et son poids de 2,7 kg, SPL tire clai­re­ment un trait sur l’as­pect nomade. D’ailleurs la Crim­son ne peut s’ac­quit­ter de son trans­for­ma­teur pour fonc­tion­ner… Même si elle reste compa­tible avec l’iPad (Class 2 compliance).

SPL Crimson

Évidem­ment, son poids et sa taille lui donnent quelques avan­tages non négli­geables : les boutons et potards sont nombreux, gros, bien espa­cés et elle tient parfai­te­ment en place une fois posée sur le bureau. Les home-studistes séden­taires appré­cie­ront. De même la connec­tique est assez bien four­nie : il y a de la place, pourquoi ne pas en profi­ter ? Les deux entrées instru­ment et les deux sorties casques sont placées sur la tranche avant, et ça on aime, car ce n’est pas le genre de truc qu’on laisse bran­ché 24/24.

Sur la tranche arrière, il y a du monde : les deux entrées micros au format XLR, les 4 entrées ligne en Jack TRS, les entrées « sources » (pour connec­ter un lecteur CD, un iPod ou autre) aux formats RCA, Jack TRS ou mini-jack, les sorties XLR pour les moni­teurs prin­ci­paux, les sorties pour les moni­teurs « B » au format Jack TRS avec un trim afin d’ali­gner les niveaux par rapport aux enceintes prin­ci­pales, l’en­trée/sortie MIDI au format DIN 5 broches, l’en­trée/sortie S/PDIF en coaxial, la prise USB et le connec­teur pour l’adap­teur secteur. Il n’y a pas de switch de mise sous tension, il faut donc débran­cher le câble secteur pour l’éteindre complè­te­ment, dommage.

SPL Crimson

Il n’y a pas non plus de câble USB fourni, SPL prétex­tant que c’est du gâchis de tuer des câbles USB pour rien, vu qu’on en a déjà plein dans nos maisons… Soit, mais quand ils nous disent qu’il faut quand même faire atten­tion à la qualité du câble que l’on va utili­ser avec la Crim­son car c’est impor­tant pour la stabi­lité, on se dit qu’il aurait été quand même plus simple pour tout le monde d’avoir un câble USB « approuvé » par SPL dans la boîte… Le SAV va surement passer une bonne partie de son temps à dire à ses clients de chan­ger de câble USB, car celui qu’ils ont choisi n’est pas de bonne qualité. Au final, du temps perdu pour SPL et le client.

King Crim­son

SPL Crimson

La partie nous faisant face comporte un certain nombre de potards et switchs. Si ces premiers sont gros, glissent bien et inspirent confiance, nous sommes plus réser­vés sur les switchs qui ont parfois tendance à ne pas s’en­clen­cher et à bouger un peu trop. Rien de drama­tique, mais nous espé­rons qu’ils résis­te­ront dans le temps. Nous avons en revanche aimé le fait qu’ils soient rétro-éclai­rés. La partie gauche regroupe les gains de deux entrées micro (ainsi que le coupe-bas à 75 Hz et l’ali­men­ta­tion fantôme 48 V) et des deux entrées instru­ment. Les gains sont donc diffé­rents suivant le type d’en­trée, ce qui est plutôt pas mal. Il est à noter que les entrées ligne n’ont pas d’ajus­te­ment de niveau.

À droite, on retrouve le gros potard de volume pour les sorties enceintes A et B, qui va de moins l’in­fini à + 7 dB, les deux volumes pour les deux casques, celui avec le retour DAW 1/2 et celui avec le mix artist, et le potard pour ce mix artist, permet­tant de doser le mélange entre les entrées et le retour DAW ou les entrées « sources » et numé­riques.

SPL Crimson

SPL ayant fait appel à la société Ploy­tec (usb-audio.de) pour son driver (la Crim­son est compa­tible Mac, Windows et iOS) qui est réduit à sa plus simple expres­sion (pas de table de mixage virtuelle, juste de quoi régler la taille de la mémoire tampon et donc la latence, la fréquence d’échan­tillon­nage et la réso­lu­tion), au milieu de la Crim­son gît un palanquée de switchs pour choi­sir les sources que l’on enten­dra dans le casque ou les enceintes. On retrouve ceux permet­tant d’en­tendre les entrées 1/2 et/ou 3/4, avec un petit switch utile dénommé « mono » et permet­tant de mettre l’en­trée 1 ou 2 au centre. Si vous enre­gis­trez une voix sur l’en­trée 1, par exemple, vous l’en­ten­drez au centre, ce qui est bien pensé. De même, sachez que si vous bran­chez quelque chose sur l’en­trée ligne 3 et lais­sez l’en­trée 4 libre, ce qui rentre dans l’en­trée 3 se posi­tion­nera auto­ma­tique­ment au centre. Mais alors, me direz-vous, comment fait-on pour choi­sir entre les deux entrées ligne, micro et instru­ment ? Pour les entrées 1 et 2, les entrées ligne ont le dessus sur les entrées micros, ce qui veut dire que si vous voulez enre­gis­trer un micro, il faudra s’as­su­rer au préa­lable qu’il n’y ait aucun Jack bran­ché sur l’en­trée ligne au cul de l’in­ter­face. De même, pour les entrées 3/4, les entrées instru­ment ont le dessus sur les entrées ligne, il faudra donc débran­cher tout instru­ment si vous voulez enre­gis­trer un niveau ligne en 3/4. Pas super pratique tout ça, on aurait préféré avoir des switchs, en plus, ce n’est pas la place qui manque…

SPL Crimson

Des switchs permettent aussi d’en­tendre ou non les retours 1/2 et 3/4 du DAW, l’en­trée numé­rique ou encore les entrées « sources ». Enfin, un bouton permet­tra de passer d’une paire d’en­ceintes à une autre, et autre de dimi­nuer le volume de 20 dB. Un dernier switch permet de passer en mode « artist ». Dans ce mode, le but est de lais­ser au « produc­teur » la sortie casque 1 et la paire d’en­ceintes A pour entendre le retour DAW 1/2, et d’uti­li­ser la sortie casque 2 et/ou la sortie enceinte B (vous pouvez y bran­cher un ampli casque) pour le musi­cien qui est en train d’être enre­gis­tré et qui a besoin d’un mélange de ce qui rentre dans l’in­ter­face et le retour du DAW.

En mode Artist, vous pour­rez aussi utili­ser une des entrées « sources » pour le talk­back et l’ac­ti­ver faci­le­ment via le bouton « talk » idoine dispo­nible sur l’in­ter­face. C’est bien, sauf qu’il faut envoyer un signal au niveau ligne et donc avoir un préam­pli micro externe spécia­le­ment pour le micro talk­ba­ck… Pas très pratique tout ça. Ou alors, on peut aussi utili­ser l’en­trée micro 2 de la Crim­son mais le musi­cien vous enten­dra tout le temps, à moins de couper tota­le­ment le gain, le bouton « talk » n’ayant aucun effet : pas très pratique non plus. Un peu déce­vant fina­le­ment ce talk­back, on aurait aimé avoir un petit micro inté­gré direc­te­ment sur l’in­ter­face, même pourri, ça nous allait. Quant aux 4 séries de 3 LEDs, elles ne vous permet­tront pas de faire conve­na­ble­ment le niveau, mais elles ont le mérite d’exis­ter.

SPL Crimson

SPL a donc fait le choix de gérer le routing direc­te­ment sur l’in­ter­face et non via un bout de logi­ciel propo­sant une console virtuelle, comme on le voit sur la majo­rité des inter­faces audio du marché. Du coup, la Crim­son reste assez simple à utili­ser, il suffit de pous­ser quelques boutons pour faire ce que l’on veut et quelques bonnes idées faci­litent la vie du home-studiste (le coup de mettre l’en­trée 1 auto­ma­tique­ment au centre du pano­ra­mique quand il n’y a rien sur l’en­trée 2, par exemple). En revanche, vous pouvez tirer une croix sur les trai­te­ments internes (point d’EQ ou de réverbe ici). SPL nous propose donc une bonne ergo­no­mie géné­rale, même si certains choix restent discu­tables (le talk­back, le fait de devoir débran­cher les entrées ligne pour enre­gis­trer un micro).

Bench­mark et Sophie

Pour mieux comprendre les résul­tats des bench­marks, n’hé­si­tez pas à lire cet article.

Afin de tester cette Crim­son, nous avons fait des bench­marks avec notre APX-515 d’Au­dio Preci­sion, et nous l’avons comparé avec notre ULN-8 de Metric Halo et l’Apollo Twin de Univer­sal Audio.

Commençons avec le niveau ligne.

Réponse en fréquences ligne Crim­son
Réponse en fréquences ligne ULN-8

 

Concer­nant la réponse en fréquences, elle doit être le plus linéaire possible, et donc la dévia­tion, qui est l’écart entre le niveau le bas et le plus haut, doit être la plus basse possible. L’Apollo Twin gagne avec une dévia­tion de ±0,023 dB, tandis que l’ULN-8 arrive 2e avec ±0,06 dB et la Crim­son est juste derrière avec ±0,073 dB. Le score de la Crim­son, même s’il est moins bon que les deux autres, reste très bon. N’ou­blions pas que nous parlons ici de centièmes de déci­bel, ce qui reste très minime : un écart de 1 dB corres­pond au plus faible inter­valle entre deux niveaux sonores que l’oreille humaine sache détec­ter.

THD Ratio ligne Crim­son
THD Ratio ligne ULN-8

 

Concer­nant la distor­sion, le ratio THD de la Crim­son est meilleur que celui des inter­faces Apollo Twin et ULN-8, c’est donc un très bon résul­tat. La Crim­son tient bien ses promesses concer­nant ses entrées et sorties ligne. Le reste du rapport est dispo­nible ici :

pdf rapport bench­mark ligne Crim­son et ULN-8

Passons main­te­nant aux entrées micro.

Réponse en fréquences micro Crim­son
Réponse en fréquences micro ULN-8

 

Avec un gain de 34 dB, le rapport signal sur bruit de la Crim­son est meilleur que celui de l’ULN-8 : 101,64 dB contre 99,83 dB. Nous avons donc des préam­plis silen­cieux. La dévia­tion est aussi la meilleure avec ±0,046 dB contre ±0,073 dB pour l’Apollo Twin et ±0,156 dB pour l’ULN-8. Le ratio THD est en revanche un peu moins bon.

THD Ratio micro Crim­son
THD Ratio micro ULN-8

 

Les préam­plis sont donc aussi de très bonne qualité, et leur réserve de gain de 60 dB devrait suffire à la majo­rité des situa­tions. Le reste du rapport est dispo­nible ici :

pdf rapport bench­mark micro Crim­son et ULN-8

SPL Crimson

La latence mini­mum dispo­nible avec l’in­ter­face est de 4,20 ms (185 samples) en entrée et 5,80 ms (256 samples) en sortie, ce qui reste légè­re­ment moins bon que notre ULN-8 (3,36 ms en entrée et 2,97 ms en sortie).

Pour finir, nous avons chargé une session de Studio One 2 et nous avons pu lire jusqu’à 25 pistes audio conte­nant chacune une instance d’un préset d’Ozone 5 d’iZo­tope avant d’avoir des craque­ments audio (avec la mémoire tampon au mini­mum). La charge du proces­seur de notre ordi­na­teur dans le gestion­naire des tâches était aux alen­tours de 80 %, Studio One indiquait 100 %. Les drivers ont donc l’air stable, même avec une latence très faible.

Conclu­sion

Pour un premier pas dans le monde des inter­faces audio­nu­mé­riques, SPL assure et délivre un modèle au son irré­pro­chable, au prix parfai­te­ment cali­bré, simple et pratique à utili­ser, robuste et doté d’une connec­tique complète. Les utili­sa­teurs dési­rant acqué­rir une inter­face faci­le­ment trans­por­table se tour­ne­ront néan­moins vers la concur­rence, car la Crim­son est impo­sante et lourde. On regrette juste quelques détails, comme le fait de devoir débran­cher les entrées ligne 1/2 pour utili­ser un micro, les boutons qui n’ins­pirent pas confiance, l’ab­sence de trai­te­ments internes, et le talk­back qui reste perfec­tible (pourquoi ne pas inté­grer un micro ou assi­gner le bouton « talk » au préam­pli inté­gré ?). Mis à part cela, la Crim­son reste une valeur sûre au très bon rapport qualité/prix.

Notre avis : 8/10

  • Le châssis bien robuste
  • De bons convertisseurs
  • De préamplis silencieux et transparents
  • Simplicité d’utilisation
  • Prix
  • Des E/S MIDI
  • Des E/S S/PDIF
  • Connectique très complète
  • Des bons gros potards
  • Format desktop pratique à l’usage
  • Deux sorties casque
  • Entrées instrument et sorties casque à l’avant
  • Compatible iOS
  • Utilisable en standalone
  • C’est gros, lourd et pas auto-alimenté
  • Devoir débrancher les entrées ligne 1/2 pour utiliser les entrées micro
  • Pas de câble USB fourni
  • Les boutons qui n’inspirent pas confiance
  • Talkback perfectible
  • Pas de traitements (EQ, réverbe)
  • Pas de switch de mise sous tension

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