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On Refait Le Patch #55 : Test de Ample Bass Upright II d’Ample Sound - Sarah !*

8/10

Les contrebasses ne sont pas légions dans nos contrées virtuelles, encore moins lorsqu’elles sont jouées au doigt dans la perspective des musiques Jazz ou populaires. Quand Ample Sound se colle à l’exercice, on ne se fait donc pas trop prier pour tendre l’oreille vers les ouïes…

Dési­reux de cibler les compo­si­teurs de musique de film qui nour­rissent pour beau­coup une obses­sion pour la musique sympho­nique, de nombreux éditeurs proposent des contre­basses jouées presque exclu­si­ve­ment à l’ar­chet. Le registre pizzi­cato de l’ins­tru­ment est en effet la plupart du temps survolé, malgré la richesse qui est la sienne, comme on s’en rend compte dans le jazz, mais aussi dans quan­tité de titres pop ou rock, de Tom Waits à Lou Reed en passant par Sting, et même dans le Hip Hop.

En dehors de quelques patches rudi­men­taires dans certains ROMplers géné­ra­listes (Sample­tank, Plug­sound, Swing!, Xpand 2), les contre­basses jouées au doigt et explo­rant réel­le­ment le registre de l’ins­tru­ment sont rares en effet, et c’est presque un événe­ment que de voir débarquer cette ABU qui va tenter d’ap­por­ter du neuf face à ses compé­ti­teurs : Chris Hein Bass, Trilian de Spec­tra­so­nics, Bass de Straight Ahead, Akous Kontr d’Acous­tic Samples, Acous­tic Bass Premier 2 de Premier Sound Factory, Vienna Upright et Core­Bass Pear d’Orange Tree Samples.

La chose est d’au­tant plus inté­res­sante qu’Ample Sound est tout sauf un débu­tant dans le domaine. Connu pour ses guitares virtuelles de très belle facture, l’édi­teur chinois s’est derniè­re­ment mis à la basse élec­trique en propo­sant succes­si­ve­ment une Preci­sion Bass, une Jazz Bass, une Music­man Stin­gray 5 cordes et, plus récem­ment une Fodera Yinyang. Mais il n’a pas oublié les instru­ments acous­tiques au travers d’une Guild B-54 et de cette contre­basse donc. Pourquoi Ample Bass Upright II ? J’avoue que je n’en sais fichtre rien n’ayant pas trouvé trace d’une Ample Bass Upright I., Mais ça n’est pas bien grave.

Dispo­nible aux formats AU, VST, AAX et RTAS sous Mac OS X comme sous Windows, la belle squat­tera 4,26 GB sur votre disque dur pour un poids total de 5 GB. Il faut le rappe­ler en effet, la première grosse diffé­rence entre cette ABU et ses concur­rents tient au fait que ce n’est pas une banque pour Kontakt ou l’UVI Engine, mais bien un produit auto­nome qui compte donc son moteur audio proprié­taire pensé exclu­si­ve­ment pour les instru­ments à cordes fret­tés et dispo­sant, nous allons le voir en vidéo de quelques sympa­thiques origi­na­li­tés.

ABU, si belle…

L’in­ter­face qui nous accueille ne surpren­dra guerre les habi­tués d’Ample Sound ni même ceux des instru­ments virtuels à cordes dans leur ensemble puisqu’elle reprend les mêmes canons ergo­no­miques avec une repré­sen­ta­tion photo­réa­liste de l’ins­tru­ment dans les deux tiers supé­rieurs de l’in­ter­face et un bandeau de commandes dans la partie basse. Seul reproche à faire de ce point de vue : la lisi­bi­lité des commandes n’est pas opti­male, avec des textes minus­cules et un manque certain de contraste entre le fond, les commandes et leurs libel­lés.

Ample Sound Ample Bass Upright II : Ample Sound Ample Bass Upright II (5849)

Sur ce panneau, on trouve de gauche vers la droite le réglage des diffé­rents micros (Neck + Ambience et Body) et de la prise DI, de quoi gérer l’image stéréo de tout ce petit monde puis tout ce qui concerne les bruits de doigts (relâ­che­ment, fret­tage, etc.) et enfin des para­mètres plus globaux liés à la phase, à l’en­ve­loppe de volume des samples et, origi­na­lité pour une contre­basse, à sa trans­po­si­tion via un capo­dastre.

Bref, en marge d’une repré­sen­ta­tion du clavier où les keys­witches et diffé­rentes touches de brui­tages sont placés de part et d’autre de la tessi­ture de l’ins­tru­ment, le gros du soft se situe sur cette inter­face qui offre beau­coup de possi­bi­li­tés en termes de sound design.

Ample Sound Ample Bass Upright II : Ample Sound Ample Bass Upright II (6973)

Non seule­ment on peut y doser l’équi­libre de chacun des micros et de la DI via le fader de volume ou les boutons solo/mute qui les accom­pagnent, mais on dispose égale­ment pour chacune des trois sources d’un EQ para­mé­trique 3 bandes + coupe bas et coupe haut. À ce stade déjà, Ample Sound laisse la concur­rence derrière, tout comme il fait mieux sur la partie des bruits géné­rés qui confèrent tout son réalisme à l’ins­tru­ment. Non seule­ment on peut régler le niveau de bruit des diffé­rents effets, du fret­tage ou du relâ­che­ment des cordes, mais on peut en outre déter­mi­ner la fréquence à laquelle inter­viennent les buzz dans le jeu, ce bruit si carac­té­ris­tique de l’ins­tru­ment qui survient quand une corde frise.

Sous la robe de la grosse dame

Ample Sound Ample Bass Upright II : Ample Sound Ample Bass Upright II (48046)

On se serait déjà bien contenté de tant de possi­bi­li­tés quand on s’aperçoit que le logi­ciel dispose d’une belle section d’ef­fets compo­sée de sept pédales (compres­seur, distor­sion, EQ, chorus, phaser, delay, reverb) et d’une wah, mais aussi d’un panneau Edit qui permet de déter­mi­ner avec préci­sion L l l’ac­cor­dage fin et le volume de chaque note. C’est très bien vu.

Ample Sound Ample Bass Upright II : Ample Sound Ample Bass Upright II (45846)

Avant d’al­ler écou­ter tout cela, préci­sons qu’un onglet permet, comme sur tous les instru­ments Ample Sound, de visua­li­ser et lire les tabla­tures Guitar Pro au format GP4 (GP3 non supporté). La chose sera anec­do­tique pour certains, mais elle saura se rendre utile à d’autres, ne serait-ce que pour se miton­ner des play­backs vite faits bien faits sans passer par la lour­deur du MIDI (le logi­ciel gère en effet toutes les arti­cu­la­tions en fonc­tion de la parti­tion et non de contrôles conti­nus qu’il faudrait ajus­ter ou program­mer). Un très bon point !

Ample Sound Ample Bass Upright II : Ample Sound Ample Bass Upright II (89824)
Ample Sound Ample Bass Upright II : Ample Sound Ample Bass Upright II (34557)

Un mot enfin sur le panneau Settings qui donne accès à la confi­gu­ra­tion audio et MIDI de l’ins­tru­ment : seuil de déclen­che­ment des couches de vélo­ci­tés (visi­ble­ment 4), accor­dage global, compor­te­ment du Round Robin (visi­ble­ment x3), plage de pitch bend, modu­la­tion auto­ma­tique : il ne manque pas grand-chose si ce n’est selon moi la possi­bi­lité de sortir les diffé­rents canaux audio sur diffé­rentes sorties sépa­rées que je n’ai pas trou­vée. Autre petite critique : c’est une très bonne idée d’avoir nanti le logi­ciel d’un système de presets, mais celui-ci, en plus d’être vieillot, n’a rien à faire planqué dans ce panneau.


Every­thing is gonna be upright

Le moins que l’on puisse dire à l’écoute des premières notes tirées de cette ABU, c’est que la belle a du carac­tère. Les attaques bien franches font ‘Chtonk’ même à vélo­cité moyenne, tandis que les buzz et autres bruits de doigts donnent un côté très humain au jeu. Quels que soient le micro solli­cité et les réglages effec­tués, l’ins­tru­ment semble surtout ne jamais se dépar­tir du son de pièce dans lequel il a été enre­gis­tré, ce qui est à la fois une bonne et une mauvaise chose. Cela confère en effet une véri­table iden­tité à la contre­basse, mais pourra ne pas conve­nir à tous les besoins. À côté, la contre­basse de Trillian semble autre­ment plus sage, moins rock’n’­roll, voire molle du genou… mais plus passe-partout aussi. Or, même en jouant sur les diffé­rents réglages d’ABU, on ne parvient jamais tota­le­ment à en faire une contre­basse propret­te…

Les arti­cu­la­tions propo­sées sont dans l’en­semble excel­lentes, avec une mention spéciale pour les glis­sés qui ne sont pas figés comme chez la concur­rence, mais bien program­mables d’une note à l’autre, la vélo­cité de la seconde note déter­mi­nant la vitesse du glissé : ça demeure un peu synthé­tique à l’écoute, mais au moins c’est exploi­table. Autre chose parti­cu­liè­re­ment réus­sie, les hammers et pull-offs sont d’une souplesse exem­plaire : pas de problème pour passer une trille alors que cet exer­cice est très loin d’être convain­cant chez Trillian. Seuls bémols de l’af­faire : l’ar­ti­cu­la­tion Mute tient plus de la Ghost Note qu’autre chose, et c’est bien dommage, tandis que le vibrato géré soit par la molette modu­la­tion soit en auto­ma­tique n’est pas des plus convain­cants : on sent que ce n’est pas un geste humain, mais un algo qui est derrière. Je vous renvoie à la vidéo  pour écou­ter les sons et vous ajoute en complé­ment cette compa­rai­son Trilian / ABU qui montre bien la diffé­rence de carac­tère des deux instru­ments et la nette supé­rio­rité d’ABU pour la gestion des trilles. Notez que dans les deux extraits, vous enten­dez d’abord ABU puis Trilian : 

compa­re­tri­lia­na­bu­ham­mers(2)
00:0000:16
  • compa­re­tri­lia­na­bu­ham­mers(2) 00:16
  • compa­re­tri­lia­nabu 00:34

Un autre motif de regret concerne la section d’ef­fets qui, si elle ne mange pas de pain, n’en est pas pour autant très inté­res­sante avec son chaî­nage fixe, ses réglages minus­cules et son manque d’adé­qua­tion avec l’ins­tru­ment. Je ne parle pas tant du choix des effets rete­nus (encore qu’un Octa­ver aurait été plus inté­res­sant qu’un Delay de mon point de vue), mais plutôt du compor­te­ment de l’over­drive notam­ment qui, une fois enclen­ché, supprime quasi­ment tous les graves de l’ins­tru­ment : sur une basse, ça fait tache… Enfin, avec autant de possi­bi­li­tés de trai­te­ment et de para­mètres sur l’ins­tru­ment, on aurait souhaité dispo­ser d’un vrai gestion­naire de presets global…

Soyons toute­fois beaux joueurs : ces défauts n’en­tament en rien la qualité globale du logi­ciel qui offre une repro­duc­tion somme toute très crédible de l’ins­tru­ment, plus exhaus­tive que la plupart de ses concur­rents (à ma connais­sance, aucun ne gère les glis­sés aussi bien) et surtout plus simple à utili­ser qu’un Trilian qui néces­site pour riva­li­ser de bâtir des multis aussi lourds côté consom­ma­tion CPU/RAM que côté program­ma­tion. Et le plus impor­tant est là : le charme opère, à l’image de cette reprise :

00:0000:00

Reste à parler du prix de 150 $. Vue la qualité de l’ins­tru­ment, ce dernier n’a rien de déli­rant même si Ample Sound ne parvient évidem­ment pas à être aussi agres­sif que Trilian qui, à 250 euros, offre le rapport qualité/quan­tité/prix le plus hallu­ci­nant sur le marché des basses virtuelles. A cela, Ample Sound réplique tout de même par un bundle des plus inté­res­sants : pour 262 $, vous pouvez vous offrir un pack conte­nant les 6 basses de l’édi­teur et devrait couvrir très large­ment vos besoins.

 Conclu­sion

Ample Sound signe une excel­lente réali­sa­tion dotée d’une grosse person­na­lité, pour le meilleur comme pour le pire. Moins passe-partout que la contre­basse qu’on trouve dans Trilian par exemple, cet instru­ment est autre­ment plus agréable à program­mer, et en dehors de son arti­cu­la­tion Mute déce­vante et d’une section d’ef­fet plutôt acces­soire, force est de consta­ter que le logi­ciel est enthou­sias­mant en tous points, que ce soit dans les possi­bi­li­tés offertes pour person­na­li­ser le son (les diffé­rents micros, la gestion des diffé­rents brui­tages qui parti­cipent au réalisme, la possi­bi­lité d’ac­cor­der chaque note) ou dans son lecteur inté­gré de fichier GP4. Du beau boulot qui s’ins­crit dans une belle gamme de produits : ils sont forts ces chinois !

*

On refait le patch : les tests vidéo d'Audiofanzine Voir tous les épisodes de "On refait le patch : les tests vidéo d'Audiofanzine"

Notre avis : 8/10

  • Un son qui a du caractère
  • L’excellente gestion des bruits qui participent du réalisme
  • Les glissés
  • Les hammers / pull-off
  • Plusieurs micros disponibles
  • Le lecteur de fichiers Guitar Pro
  • Le mode Edit pour tweaker l’instrument
  • Facile à programmer
  • Les moins
  • Les Mutes
  • Une section d’effets moyennement convaincante
  • Un caractère inaliénable (pièce sensible dans chaque micro et attaque très franche des notes)
  • Gestion perfectible des presets

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