ADAM a su ces dernières années se faire un nom dans le domaine des monitorings de studio et la marque est même devenue le symbole du tweeter à ruban. Initialement orientée haut de gamme, elle s'est mise à faire, petit à petit, des enceintes plus abordables avec notamment les séries A et AX. La firme allemande enfonce le clou avec une nouvelle série F présentée lors du dernier Musikmesse, encore moins chère bien qu'arborant des caractéristiques alléchantes. Une bonne affaire en perspective ?
Quand nous avons appris qu’ADAM allait commercialiser une enceinte équipée d’un boomer de 5 pouces à 200€, nous nous sommes frotté les yeux plusieurs fois. Car si la marque a pris pour habitude de sans cesse diminuer les prix des modèles d’entrée de gamme ces dernières années, le pas franchi ici est conséquent. La petite A5X, qui était jusqu’ici le modèle 5 pouces le moins cher de leur catalogue, est trouvable à 350€ environ (l’unité) en magasin. La F5 est donc environ 40% moins chère que l’A5X, ce n’est pas rien !
Malgré tout, la F5 fait bonne impression lors du déballage. Le look est sobre et classique, mais efficace, et la finition est tout à fait similaire aux A5 (pas X) que nous avons au bureau. Elles sont même plus jolies, bien que plus imposantes : 290 × 185 × 230 mm pour un poids de 6,8kg.
L’évent est situé à l’avant, juste en-dessous des deux LED rouge et verte. Pourquoi deux ? La F5 a la faculté de se mettre en veille automatiquement au bout de 20 minutes, ce qui est plutôt une très bonne nouvelle quand le switch de mise sous tension est situé à l’arrière ! Attention tout de même, l’enceinte en veille consomme quand même plus d’électricité qu’éteinte… À l’arrière on retrouve aussi les pas de vis, permettant de monter l’enceinte sur un mur, et la prise d’alimentation.
Côté connectique, c’est complet : une prise combo XLR/Jack 6,35 mm et une prise RCA. Le potard de volume, situé à l’arrière malheureusement, est entouré de deux switchs permettant d’activer les deux filtres de type shelve : un au-dessus de 5 kHz et un sous les 300 Hz, avec à chaque fois +/- 6dB. On retrouve enfin un dernier filtre coupe-bas à 80Hz prévu pour laisser la place au caisson de basse de la gamme. On ne peut donc pas dire qu’ADAM a rogné sur la connectique, la garantie (2 ans) ou les réglages qui sont tout à fait honorables pour une enceinte de ce prix.
Côté technique, sachez que le haut-parleur en papier et fibre de verre de 127 mm est alimenté par un ampli de type A/B d’une puissance de 25W RMS, un autre ampli de mêmes caractéristiques étant associé au tweeter à ruban ART. Dernier détail : l’enceinte n’est pas blindée magnétiquement, attention aux écrans cathodiques (il en reste encore ?).
Passons maintenant à l’écoute.
Ecoute
Afin de tester ces enceintes, nous les avons mis face à nos ADAM A5, qui ont été remplacées depuis par les A5X. Les A5 sont donc de la gamme supérieure, ce qui nous permettra de voir comment se situent ces nouvelles F5.
Gorillaz – Feel Good Inc.
Ce qui frappe en premier, sur cette chanson du groupe Gorillaz, ce sont les fréquences aiguës situées entre 6 et 8 kHz qui sont moins en avant sur les F5, ce qui rend le son assez terne et certains détails ressortent moins que sur les A5. Évidemment, les sibilances restent aussi en retrait. Le son est plus « boxy ». Les graves descendent un peu plus bas et sont plus présentes, mais sont moins tenus que sur les A5, on perd un peu en précision. À chaque fois qu’on repasse sur les A5, le son s’ouvre et on respire un peu… Côté dynamique, rien à redire par rapport aux A5, et l’image stéréo est respectée.
Metallica – Enter Sandman
Sur l’intro, la différence est flagrante sur la réverbe que l’on entend beaucoup moins sur les F5. Il faudra vraiment faire attention lors du mixage à ne pas trop ajouter de réverbe, car les F5 ont un peu tendance à les atténuer. Les cymbales et le charley sont plus doux sur les F5 : il y a comme un voile sur les hautes fréquences, les guitares saturées sont plus étouffées et on a un peu plus de mal à les discerner. On sent aussi que les moyennes fréquences sont moins homogènes, ce qui rend le tout moins lisible… Il y a quand même pas mal de différences entre les deux modèles, pourtant de la même marque, dotées d’un tweeter similaire et de woofers de même taille. Que ce soit dans le haut du spectre, dans les médiums ou dans le bas, les F5 n’arrivent pas à vraiment rivaliser avec les A5.
Miles Davis – Seven Steps to Heaven
On perd en présence sur les F5 sur la trompette et le saxophone et l’espace de la salle se réduit. La contrebasse est en revanche assez identique et les F5 se débrouillent bien côté dynamique. C’est le morceau où les F5 souffrent le moins de la comparaison !
Stevie Wonder – Master Blaster
Le bas est toujours moins tenu et un peu plus flou, notamment le kick dont l’attaque reste moins franche. On peut même avoir un léger phénomène de masquage. On retrouve la même chose que sur le Miles Davis avec les cuivres, il y a moins de présence, ce qui rend un manque de précision par rapport aux A5. Le charley souffre aussi du manque de 6–8 kHz. On remarque que le délai sur la voix est un peu atténué (que l’on entend bien, grâce aux sibilances), il faudra donc faire aussi attention à certains délais, en plus des réverbes.
Herber von Karajan – Strauss – Also Sprach Zarathustra
Sur l’intro, on continue de perdre de la pièce. Sur les percussions, les attaques et les peaux passent un peu à la trappe sur les F5, c’est dommage. De plus, les basses fréquences ont encore tendance à masquer les fréquences supérieures sur les roulements de percussions. En bref, c’est moins lisible.
Réaction à chaud, après l’écoute
Les deux enceintes ont beau être des ADAM munies d’un tweeter à ruban ART et d’un boomer 5 pouces, elles restent assez différentes dans tous les compartiments du spectre. Nous avons noté une différence dans les aigus, entre 6 et 8 kHz, avec une A5 plus précise et une F5 légèrement plus terne. La conséquence directe se situe au niveau de la présence des instruments et de la définition des réverbes. Ces fréquences sont importantes, car elles permettent à l’auditeur de bien distinguer les différents instruments et de bien entendre l’espace. Il faudra faire attention à ne pas surdoser la réverbe lors d’un mixage avec les F5. Nous recommandons d’ailleurs à l’utilisateur de hausser le filtre shelve situé à partir de 5 kHz de quelques dB afin de pallier à cette petite faiblesse.
Les moyennes fréquences (entre 400Hz et 2kHz) sont aussi moins homogènes que sur les A5, avec parfois des problèmes de masquage et certaines fréquences qui disparaissent au détriment d’autres. Cela pourra aussi être problématique lors du mixage.
Les basses nous ont paru aussi un peu moins tenues que sur les A5, et nous conseillons au lecteur d’essayer d’enclencher le coupe-bas à 80 Hz afin de nettoyer un peu les fréquences qui restent de toute façon difficilement retranscriptibles pour un boomer de 5 pouces. En faisant bon usage des réglages disponibles à l’arrière des enceintes, il est possible de rééquilibrer les F5, ce qui est un très bon point. En effet, on ne trouve pas toujours de réglages efficaces sur des enceintes de ce prix.
Conclusion
ADAM réinvente son entrée de gamme et propose des enceintes à prix plancher par rapport à ses habitudes. La marque allemande n’a pas lésiné sur le look, la qualité d’assemblage, les corrections ou encore la connectique. L’évent est situé à l’avant et la mise en veille automatique nous fait oublier que le switch est à l’arrière. La grosse différence entre les F5 et la gamme du dessus se situe dans les moyennes fréquences, qui restent un peu plus hétérogènes. Reste que les F5 sont de bonnes premières enceintes qui permettront à leurs acquéreurs de se faire les dents avant de passer à la vitesse supérieure, pourquoi pas chez ADAM !