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Le musicien tend-il vers la solitude ?

Etre home studiste, c’est souvent se débrouiller seul pour plein de choses : par nécessité ou par goût ? La question reste ouverte…

Véri­table révo­lu­tion appa­rue au siècle dernier, le phéno­mène home studio est souvent abordé sous le seul angle écono­mique, comme si la seule raison de son exis­tence était d’ac­cé­der à des outils de produc­tion musi­cale qui demeu­raient jusqu’alors l’apa­nage des studios pros. Il ne serait ainsi né que d’un simple désir de démo­cra­ti­sa­tion, comme le livre de poche en son temps.

Or, si l’ar­gu­ment pécu­niaire a sans doute gran­de­ment conduit à l’es­sor du Home Studio, au point de trans­for­mer l’in­dus­trie de l’au­dio en une indus­trie de masse et de permettre de produire des équi­pe­ments toujours plus abor­dables, il est inté­res­sant d’ob­ser­ver que cette évolu­tion du musi­cien s’ins­crit dans une tendance plus globale de nos socié­tés contem­po­raines, amor­cée à l’époque roman­tique : le repli sur soi.

Bien calé dans son fauteuil, le Home Studiste s’auto-suffit, il joue de tous les instru­ments ou recourt à des instru­ments virtuels comme BFD plutôt qu’à un batteur, il s’en­re­gistre et se mixe tout seul et de plus en plus, s’auto-diffuse, s’auto-promeut, s’auto-vend. Et le phéno­mène est loin de ne toucher que les amateurs : quan­tité de musi­ciens pro, notam­ment dans le secteur de la musique élec­tro­nique, accouchent désor­mais d’un album complet sans l’aide de quiconque, réfu­tant cette idée que le Home Studio ne serait qu’un pis-aller du studio pour ceux qui n’ont pas les moyens.

Du coup, même si nombre de musi­ciens sont encore dans l’échange humain dès qu’il s’agit de faire de la musique, qu’est-ce qui fait que pour une part gran­dis­sante d’entre eux, l’ac­com­plis­se­ment musi­cal demeure un chemin soli­taire. Serait-ce par volonté d’in­dé­pen­dance, arguant qu’après tout, on n’est jamais mieux servi que par soi-même et qu’un démiurge n’a pas à parta­ger le pouvoir avec quiconque dans son univers musi­cal ? N’y aurait-il pas là-dedans une peur ou un refus de l’autre, obser­vable dans bien d’autres compar­ti­ments de la société moderne ? Serait-ce que dans la musique, comme ailleurs, l’en­fer ce soit les autres ?

 


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