La nouvelle vient de tomber, la fameuse gamme de pédales paramétrables TonePrint de TC Electronic s’étend avec la commercialisation d’un octaver pour guitare et basse : le Sub’n’up. Polyvalentes, bien pensées, et peu onéreuses, les pédales TonePrint ont su se forger une solide réputation dans l’univers des effets. C’est donc très logiquement, et dans le plus grand secret, que nous nous sommes procuré le dernier né de TC afin de vous proposer un test du Sub’n’up le jour même de son annonce.
De haut en bas
Le Sub’n’up est un octaver permettant d’atteindre une octave supérieure dans les aigus, et deux octaves inférieures dans les graves. Il reprend la recette maintes fois éprouvée des pédales TC Electronic. C’est notamment le cas pour le format (boîtier en métal d’environ 12 cm de longueur, 6 cm de largeur et 3 cm d’épaisseur), et pour la connectique (une entrée et une sortie sur les côtés, un connecteur pour l’alimentation 9 volts, et port USB pour la connexion TonePrint).
Niveau contrôles, c’est encore une fois du classique puisque le Sub’n’up se pare de quatre boutons, d’un sélecteur trois positions, et bien évidemment d’un footswitch d’activation. Notons également que cette pédale est originellement configurée en True Bypass, mais qu’il est possible d’enclencher un mode Buffered Bypass. Il suffit pour cela d’ouvrir l’arrière de la machine, et d’utiliser le dip-switch consacré à cette option. Les utilisateurs du mode Buffered Bypass pourront également activer une option Kill-Dry pour intégrer le Sub’n’up à une boucle d’effets.
Les quatre boutons fonctionnent tous comme un contrôle de volume. Ils permettent de décider du niveau du signal Dry de la guitare, du signal Up (octave +1), du signal Sub (octave –1), et du signal Sub2 (octave –2). Le sélecteur trois positions vous offre le choix entre un mode polyphonique, un mode TonePrint pour charger ses propres programmes (presets signatures ou réglages via l’application), et un mode Classic monophonique.
Enfin, le Sub’n’up réserve une surprise de taille sous son capot. La pédale intègre en effet un système dédié aux effets de modulation ! Un chorus, un flanger, et un vibrato sont donc activables en plus de l’octaver, mais il faut pour cela impérativement passer par le logiciel TonePrint Editor. Une limitation étonnante, mais qui préfigure probablement l’avenir des effets numériques et l’expansion des systèmes connectés.
L’abscisse et l’ordonnée
Commençons notre découverte sonore avec le mode Poly. Nous allons écouter dans un premier temps ce que donne la pédale avec les quatre réglages de volume placés à 12h. Dans le deuxième exemple, je garde les réglages à 12h, mais je baisse complètement le signal Dry. Le troisième extrait est l’occasion de jouer avec les autres volumes. J’utilise les réglages suivants : Dry à 2h, Up à 10h, Sub à 12h, Sub2 à 8h. Dans le quatrième exemple, j’ai baissé l’ensemble des volumes sauf le Up, afin de découvrir ce qu’il donne seul. Je fais ensuite de même dans les exemples cinq et six avec respectivement les réglages Sub et Sub2.
- 1 – Poly avec boutons à 12h 01:22
- 2 – Poly avec boutons à 12h sans Dry01:12
- 3 – Poly avec Dry à 2h, Up à 10h, Sub à 12h, Sub2 à 8h00:47
- 4 – Poly avec Up seul 00:51
- 5 – Poly avec Sub seul 00:44
- 6 – Poly avec Sub2 seul 00:16
Bien entendu, cet octaver est intéressant grâce à sa capacité à mixer de plusieurs façons les signaux. Seuls, ces derniers n’ont donc qu’un intérêt limité, mais l’on comprend vite ce que l’on peut obtenir en les écoutants un à un. Le mode Poly est en tout cas fidèle à son appellation. L’attaque des cordes est sacrifiée au profit de l’harmonie des multiples notes. Les réglages de volume permettent de modeler le son, mais le guitariste doit aussi adapter son jeu pour obtenir les sonorités qu’il désire. Par exemple, en baissant complètement le signal Dry, un jeu subtil permet d’obtenir des nappes et des sons proches de l’orgue. Globalement, je trouve l’ensemble assez réussi. L’octave –2 est moins marquante, mais elle me paraît surtout conçue pour soutenir le Sub –1 dans l’apport de fréquences graves. De plus, elle réagira probablement différemment suivant le matériel, les HP et les réglages utilisés, et il est donc difficile de donner un avis définitif.
Écoutons à présent ce que donne le mode Classic et son son monophonique. Les six extraits suivants reprennent le canevas des six précédents, mais dans cet autre mode.
- 7 – Classic avec boutons à 12h 00:51
- 8 – Classic avec boutons à 12h sans Dry 00:58
- 9 – Classic avec Dry à 10h, Up à 0, Sub à 3h, Sub2 à 3h 00:32
- 10 – Classic avec Up seul 00:22
- 11 – Classic avec Sub seul 00:22
- 12 – Classic avec Sub2 seul 00:14
On retrouve les mêmes types de sons, mais avec une gestion de l’attaque et des multiples notes complètement différentes. C’est plus agressif, un peu foutraque quand on joue plusieurs notes en même temps, mais le charme est indéniable. On s’imagine déjà se lancer dans des solos endiablés en mêlant le signal dry aux différentes octaves, ou en diminuant celui-ci pour un style plus synthétique. Le côté incisif de ce mode, couplé à la dynamique propre au jeu d’une guitare éloignent un peu des simulations de claviers, notamment avec l’overdrive enclenché. Mais après tout, ce n’est pas le but premier d’un octaver. Les deux modes apportent donc une polyvalence certaine au Sub’n’up.
Enfin, penchons-nous sur les possibilités offertes par le mode TonePrint. Il faut pour cela lancer le logiciel TonePrint Editor sur un mac, un pc, ou un appareil iOS. Dans la vidéo ci-dessous, je navigue parmi les différents paramètres guitare à la main.
Haut, bas, gauche, droite !
Les adeptes du versus fighting vous le diront : maitriser ses combos est essentiel pour s’assurer la victoire. Il en va de même avec le Sub’n’up. Si les fonctionnalités de base de la pédale sont très classiques pour un octaver, c’est l’addition des différents réglages qui rend la machine intéressante. Mais surtout, le Sub’n’up prend toute sa dimension avec le logiciel TonePrint. Les possibilités de paramétrages sont nombreuses, et les modulations permettent des expérimentations sonores intéressantes qui, normalement, nécessiteraient d’autres pédales. TC Electronic tire donc pleinement partie de son système TonePrint, et offre un octaver se différenciant réellement de la concurrence pour un prix de « seulement » 129€.
Reste un petit goût amer dans la bouche. Sans la connecter au logiciel, la pédale est d’une certaine façon bridée. Elle s’adresse donc aux bidouilleurs prêts à franchir le pas du tout connecté. C’est un peu déstabilisant, d’autant plus qu’il est toujours impossible de charger plus d’un preset TonePrint à la fois dans la pédale. Pour modifier les programmes à la volée, il faudra forcément passer par le TonePrint Editor ou l’application Beam. En misant de plus en plus sur l’interaction informatique/pédale, TC Electronic se retrouve le cul coincé entre deux chaises. Et si le constructeur souhaite continuer dans cette voie, il lui faudra bientôt choisir son camp.
Le Sub’n’up est un produit indéniablement réussi, mais dont les fonctions réellement différenciantes ne sont accessibles qu’en connectant la pédale à un logiciel. Elle conviendra aux amateurs d’octaver prêts à se pencher sur le TonePrint Editor, mais elle ne pourra combler les aficionados du plug and play. Pour cette raison, elle rate de peu la note de 4/5, et obtient donc un 3,5/5 qui n’entache en rien ses qualités.