Maintenant que nous avons bien fait le tour des usages « classiques » de la réverbération en situation de mixage, je vous propose de découvrir dans les deux prochains articles des procédés un peu plus exotiques. Certes, il ne s’agit pas là de techniques à mettre en œuvre de façon systématique sur chacun de vos morceaux, mais utilisées avec discernement, elles sauront à coup sûr pimenter les productions un peu fades…
Ça s’en va et ça revient
Bon, j’écris ces quelques lignes à 7h du matin après une nuit blanche donc veuillez m’excuser pour la référence à Cloclo… Outre le clin d’œil évident à ma génitrice, fan de l’artiste susnommé qui ne lira bien évidemment pas cet entrefilet, il se trouve que le titre de ce paragraphe est tout de même en rapport direct avec l’astuce du jour. Si je vous disais qu’il existe une méthode pour donner automatiquement une sensation de mouvement et de relief à n’importe quel instrument en seulement trois coups de cuillère à pot, vous me croiriez, n’est-ce pas ? Et vous avez bien raison ! Pour ce faire, rien de plus simple. Mais pour mieux expliquer la chose, prenons un exemple concret.
Imaginez une piste de chant. À ce stade, elle est certainement déjà égalisée et surtout compressée. Créez donc un bus auxiliaire et insérez-y une réverbération en choisissant un préset qui donnera une impression d’éloignement à n’importe quelle piste qui lui sera envoyée. Maintenant, envoyez votre piste de chant vers ce bus auxiliaire, mais avec un prélèvement du signal pré-fader et surtout avant les effets d’insert !
Mais quel est le but de cette manœuvre ? Eh bien, avec ce prélèvement avant les effets d’insert, la voix qui arrive pour être traitée par la réverbe n’est pas du tout compressée. Moralité, la dynamique originelle du chant fera naturellement varier le niveau de la réverbération. Ainsi, lorsque le niveau du chant source est fort, la réverbération sera forte elle aussi et l’auditeur aura l’impression que le chanteur s’éloigne de lui. À l’inverse, lorsque le chant original est faible, sa réverbe se fera extrêmement discrète et donnera l’illusion d’une proximité accrue. Elle n’est pas belle la vie ?
Bien sûr, je vous invite fortement à affiner le rendu en dosant méticuleusement l’envoi vers la réverbération. Sans oublier l’inévitable campagne d’égalisation du bus auxiliaire de la réverbération afin d’éviter tout problème de masquage fréquentiel.
Notez que j’ai pris pour exemple une piste de chant, mais que la manœuvre fonctionnera tout aussi bien avec n’importe quel type d’instrument. Cependant, sachez que cette technique s’emploie plus volontiers sur des instruments solistes. En effet, avoir une basse, une guitare rythmique, ou bien encore une batterie qui se déplace constamment entre le devant et le fond de la scène n’a que très peu d’intérêt. D’ailleurs, cela pourrait même nuire très fortement à la consistance de votre mix puisqu’il s’agit là d’instruments constituant la fondation d’un morceau.
Demain, nous verrons une autre astuce dans la même veine que celle-ci, mais cette fois, nous créerons l’illusion d’un glissement latéral du son…