La dernière fois, nous avons vu comment créer un espace sonore réaliste via les trois derniers bus de notre configuration de travail avec les réverbérations. Cette semaine, nous allons nous pencher sur le cas d’un espace sonore jouant toujours sur la profondeur, mais cette fois-ci sans aucun souci de réalisme.
Pourquoi ?
Avant de commencer, prenons quelques instants pour discuter de l’utilité d’une telle démarche. Nous avons vu lors d’un précédent article que les techniques de production modernes impliquaient d’avoir recours aux artifices de la réverbération afin d’insuffler un supplément de vie à des enregistrements de fait plutôt pâlichons. Naturellement, notre instinct nous a poussés à vouloir reproduire dans un premier temps des environnements réalistes. Mais des petits malins ont su voir au travers de l’usage des réverbes une nouvelle occasion d’être créatif. Ainsi, des producteurs se sont lancés dans la « peinture » de paysages sonores complètement irréels. Et le moins que l’on puisse dire c’est que, lorsque la composition s’y prête, les résultats peuvent être captivants sans pour autant choquer l’auditeur. Alors, pourquoi donc s’en priver ? D’autant que bien souvent, les arrangements de la musique moderne n’ont déjà rien de réaliste, donc allons-y gaiement !
Comment ?
Étant donné l’objectif, il est virtuellement possible de faire tout et n’importe quoi. Pourtant, il y a tout de même quelques règles à respecter si vous ne voulez pas vous retrouver avec un résultat foutraque. N’oubliez pas que même si la reconstitution d’un espace réaliste n’est pas le but, vous cherchez malgré tout à créer une sensation spatiale ! Moralité, je vous conseille de vous tenir à l’un des préceptes de l’article précédent, à savoir l’élaboration de trois plans distincts.
Bien sûr, ici, nul besoin de partir d’un seul et même préset que l’on décline pour obtenir les trois plans. Au contraire, l’utilisation d’algorithmes et/ou de présets différents pour chacun des bus donnera des choses beaucoup plus originales.
Dans le même ordre d’idée, lorsqu’il s’agit de taper dans le surréaliste, les algorithmes du type « Room » ne sont pas forcément les plus adaptés. À titre personnel, lorsque je cherche à travailler la profondeur sans aucun souci de réalisme, j’utilise volontiers un mélange de « Chamber », « Hall », et « Plate » mais ce n’est absolument pas une règle absolue. Tout est histoire de goût, libre à vous d’expérimenter.
En revanche, je tiens à souligner une fois de plus que le choix de ces réverbérations, tout surréaliste qu’il soit, doit toujours impérativement tenir compte de votre vision du mix. Prêtez donc une attention toute particulière aux « couleurs sonores » que ces réverbes vont immanquablement apporter et questionnez-vous sur la justesse de la chose en regard du puzzle sonore que vous êtes en train d’assembler.
Autre point à garder à l’esprit, l’utilisation d’un espace irréel induit de fait moins de cohésion sonore entre les éléments du mix. Ainsi, il vous faudra sûrement travailler un peu plus l’effet « glue », soit via une légère dose de réverbe issue du sixième bus de notre configuration, soit en employant l’une des techniques que nous verrons plus tard.
Pour finir, sachez qu’il est très fréquent de mélanger réalisme et surréalisme au sein d’un même mix en combinant les techniques exposées ici avec celles de l’article précédent.
Sur ce, rendez-vous au prochain épisode !