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Cicognani Bruto MkII
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Cicognani Bruto MkII
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« Un joli couteau Suisse (du côté Italie), mais qui demande à être un poil affûté »

Publié le 23/05/22 à 14:21
Rapport qualité/prix : Excellent
Cible : Les utilisateurs avertis
J'ai acquis cet amplificateur très confidentiel pour différentes choses...
D'une, je possède déjà 3 autres amplificateurs à lampes tous typés high-gain et US, à savoir un Peavey 6505+ (les premiers qui étaient encore Made in USA), un très récent EVH 5150III 50W Stealth ainsi qu'un Bugera 333 120W (combo converti en tête) qui est une copie plus qu'honnête du Peavey JSX. Il me manquait véritablement un amplificateur plus "sage" et plus typé "British" (Marshall, Orange etc.) pour avoir une belle palette sonore tant à la maison qu'en répétition et sur scène avec mes différents projets.
De deux, Guglielmo Cicognani est surtout connu en Italie comme étant un gourou de l'amplificateur à lampes, et ses productions sont assez confidentielles, donc exclusives.
De trois, il était disponible d'occasion au prix de 600 euros dans un superbe état sachant qu'il coûte 800 euros de plus au prix du neuf !
De quatre, sa configuration permet sur le papier de combler le "vide" sonore (tout relatif) que ne pouvaient pas remplir mes autres amplis.
De cinq, il a une gueule assez phénoménale avec cette carcasse rouge Ferrari à l'encombrement réduit et le logo sublime avec la Cigogne, emblème de la marque.
Donc les conditions étaient réunies pour un passage à l'acte...

Je l'utilise maintenant depuis quelques petits jours et j'ai déjà commencé à faire le tour de la bête.
Déjà à l'allumage, il dégage une forte aura avec ses leds bleues qui illuminent les tubes. Très bien pour en jeter plein la vue, moins bien quand il s'agit de vérifier que le filament des tubes fonctionnent ;-) ! Toujours est-il qu'il a vraiment la gueule d'un Hot-Rod qui ne demande qu'à brûler de la gomme. C'est un ampli Italien hein, fabriqué main du côté de Bologne ;-) !

Au démarrage, il s’enclenche directement sur le canal clair (Ch1) (comme le fait un EVH par exemple) quel que soit le canal sélectionné avant coupure. Ensuite, on dispose de tout un tas d'options débrayables via quelques boutons en face avant ou via la pédale Midi fournie avec l'ampli (j'y reviendrai plus tard lors d'une remise à jour de mon avis...).

La première chose à regarder est le bouton "Classic/Fat" qui va soit laisser le son tel quel, soit rajouter quelques dB dans les basses fréquences autour de 100Hz. Parfait pour un usage avec un micro simple, un poil plus délicat avec un double, surtout s'il est puissant, mais ça reste très maîtrisable, du moins en son clair.

Le canal 1 est donc le son clair, et ce n'est absolument pas un canal type Fender mais bel et bien un canal dans la philosophie des vieux Marshall, où la moindre interaction va changer radicalement le son.
Le bouton "Tone" va jouer comme le ferait le "Tone" d'un ampli Orange, en jouant sur la bosse des médiums plus ou moins décalée vers les basses ou les hautes fréquences. Il est réactif et bien étagé. Le bouton de volume fait de même, sauf qu'en montant celui-ci on commence à distordre le signal, comme le fait un Marshall vintage. Moi qui cherchait quelque chose de plus vintage dans l'esprit, je suis servi ! Le bouton "Boost" permet d'ajouter quelques dB supplémentaires au niveau de la sortie. On peut vraiment jouer avec le volume de la guitare pour avoir des sons très différents. Le bouton "Presence" va faire percer (ou non) la guitare dans le mix, rien de nouveau ici bas.. Le Boost est très bien étagé, car à zéro on a strictement le même son que s'il était désengagé, tandis qu'à fond on pousse vraiment le son assez loin. Tout ceci est utilisable avec de multiples possibilités mais le réglage est délicat, et ce n'est clairement pas un ampli pour les guitaristes qui aiment le plug & play. Aussi, un bouton "classic/bright" va donner une couleur différente au son clair comme son nom l'indique, mais la différence est assez ténue (ce n'est pas du ON/OFF comme sur un 5150)...

Le canal 2 est le canal Crunch et dispose d'un bouton permettant 2 niveaux de gain distincts : "Sexy" et "Crunch". Le niveau Sexy est clairement un crunch léger qui ressemble à celui d'une Tube Screamer pas trop poussée, dans l'esprit Rock des années 60. Le bouton de gain permet vraiment d'avoir un overdrive très léger jusqu'à une OD virile et très Rock. L'égalisation est assurée par 3 boutons (bass / medium / high) et est commun avec le canal 3. La réactivité est bonne, on peut creuser le son à notre convenance, les réglages extrêmes étant toujours utilisables et jamais agressifs ou hors de contrôle. Le niveau Crunch va secouer tout ça et reprendre les choses où Sexy les a laissées en allant sur le territoire des JTM45 ou JCM800. Ce n'est pas du high-gain du tout, mais ça commence à envoyer, surtout avec des humbuckers qui en ont. La réponse au jeu de guitare est excellente, toujours dans l'esprit des amplis vintage qui ne compressent pas trop et ont beaucoup de headroom, d'où une belle dynamique. Ça nous laisse quand même pas mal de possibilités et va nous permettre d'aller titiller les territoires de Black Sabbath par exemple. Le son est résolument British quoiqu'il en soit, toujours avec une bosse marquée dans les médiums.

Le canal 3 est donc le canal Lead, proposé avec deux voicings (1 et 2, rien d'original). Le Lead 1 est celui qui peut être considéré comme vintage ou classique, avec des médiums présents, jamais agressifs, et une belle réserve de gain, même si on reste très loin des niveaux dantesques de gain atteints par des amplis modernes (possédant un EVH 5150III 50W Stealth, je peux vous dire qu'on est sur une autre planète question réserve de patate)... De la même façon que le canal 2, l'égalisation est efficace et le bouton de gain est une fois de plus très réactif et l'ampli garde une belle dynamique. Le Lead 2 n'est pas radicalement différent du Lead 1, mais le son est un poil plus creusé avec des bas médiums plus présents et un pet de gain supplémentaire. Ce canal sonnera un peu plus moderne, mais on reste vraiment dans un style Marshall 80's. Pour faire un bon vieux Megadeth, c'est parfait !

Une fois fait ce petit tour d'horizon, j'ai vérifié comment cette tête réagissait avec une pédale d'OD (Maxon OD808). Non seulement ça sonne, mais c'est même ainsi que je compte bien jouer avec cet ampli ! Pour le son clair évidemment l'OD n'est pas nécessaire, mais elle le devient pour les canaux 2 et 3 quelle que soit la configuration car elle révèle le plein potentiel du circuit. Avec une OD, on peut vraiment taper dans du bon AC/DC poussé sur le canal Crunch tandis que le canal Lead nous rappellera les heures glorieuses du Heavy et Thrash des années 80. Une fois de plus, cet ampli n'est absolument pas taillé pour du ultra high-gain et ne comptez pas dessus pour faire du Brutal Death Technique, du Djent ou du Funeral Black Metal (quoique ;-) !). Il est par contre largement suffisant pour balayer tous les styles de Rock et Hard Rock en passant par le progressif ou la pop. Aussi, quand on pousse bien le gain à fond sur les canaux 2 et 3 avec une pédale d'OD en façade, on commence à avoir un peu de Fuzz, et ça sonne pas mal sur des plans Stoner à la Red Fang et vieux Heavy à la Black Sabbath... Ça ouvre d'autres possibilités...

Passons maintenant à la boucle d'effet. Elle possède deux options sélectionnables avec un bouton en face arrière : "Serie" ou "Parallel". Comme son nom l'indique, l'option "Serie" enverra 100% du signal du préampli dans la boucle, tandis que l'option "Parallel" n'enverra que 50% du signal du préampli dans la boucle et enverra les 50% restant directement dans l'étage d'amplification. Ça nous laisse également un sacré panel d'options différentes... Petit hic cependant : la boucle n'est pas débrayable via le pédalier Midi, et il vous faudra couper les pédales dans la boucle pour couper les effets... Petite concession au "vintage" dont on peut se passer à mon avis. J'aurais nettement préféré une boucle ON/OFF qu'une boucle avec deux options qui peuvent aujourd'hui se faire avec des pédales d'effets modernes qui proposent bien souvent un mix entre les signaux "dry" et "wet"... On peut cependant y arriver avec un switch A/BY dans la boucle et des jacks doubles, mais ça fait des branchements supplémentaires. Ceci étant dit, la boucle marche parfaitement comme pour n'importe quel ampli.

Je n'ai pas encore utilisé les possibilités Midi de la tête (ni utilisé la tête dans une configuration de groupe dans un bon gros 4x12), donc j'en parlerai plus tard, mais il me semblait important de "coucher sur papier" mes premières impressions à chaud. Juste pour information, j'ai testé l'ampli avec quelques guitares résolument Métal avec les micros qui vont avec (EMG81, SH-6, TB-5, DP-100 etc.), le tout avec un Two Notes Captor et CAB-M sur une interface Focusrite et des enceintes de monitoring Presonus. Il me reste à voir comment se comporte l'ampli dans un véritable baffle. A suivre !

Petite note : l'amplificateur (fabriqué en 2018) disposait de ses lampes d'origines, à savoir des EL34-B Shuguang en puissance et des 12AX7 chinoises en préamplification. Je trouvais vraiment le son terne et sans vie. J'ai donc tout viré pour mettre une paire de EL-34 NG neuves de chez Tube-Town, une 12AX7 Tung-Sol en V1 (ce que je fais sur tous mes amplis), deux NOS que j'avais sous le coude en V2 et V3 (une RT et une Miniwatt Dario), une Sovtek LPS en V4 (lampe qui gère le mix entre canaux vers la boucle et une partie du canal clair) et surtout une JJ ECC803s en déphaseuse (V5), ce que je fais systématiquement sur tous mes amplis. Du coup, l'ampli revit avec un son plus brillant, un poil de gain et de dynamique supplémentaires. Ceci dit, avec les chinoises comme les autres tubes, l'ampli est peu bruyant et il faut vraiment pousser les gains à fond pour entendre du hiss.

Pour conclure, l'ampli correspond bien à l'idée que je m'en faisais en terme de feeling et de style, et il saura satisfaire les fétichistes du son et les afficionados des réglages qui aiment tripoter les potards. Par contre, je le déconseille fortement aux novices ou aux guitaristes ne voulant pas passer plus de 30 secondes à trouver le son. La suite au prochain épisode !

Les + :
3 canaux avec tout un tas d'options
Les possibilités infinies en Midi
Look d'Enfer
Polyvalence
Esprit(s) vintage et moderne dans le style Marshall
Encombrement et poids réduits
Prends bien les pédales sur le canal clair en veillant à ne pas trop envoyer de signal

Les - :
Boucle d'effet non débrayable
Sons high-gain modernes inatteignables
Réglages délicats

Edit du 28 août 2023 :
Voilà plus d'un an que je possède l'engin, et j'ai vraiment eu l'opportunité de le comparer à un bon nombre d'amplis, que ce soit en home-studio ou en configuration live. Verdict ? Je l'aime beaucoup cet ampli. Il a du charme en fait. Autant la boucle non débrayable via le pédalier me fait horriblement chier (et m'empêche de lui donner une note maximale), même si on peut s'en sortir via une pédale de routage (genre la One Control 1 Loop Box), autant le son global est quand même mortel. Je ne vais évidemment pas le comparer à ma Dual Rectifier, ni à mon EVH5150III Stealth ou ma Peavey 6505+, ce ne sont pas des amplis qui boxent dans la même catégorie, mais ayant un Marshall JCM2000 TSL60 très similaire, j'ai une excellente base de comparaison. Eh bien c'est simple : le Cicognani passe le Marshall à la moulinette. Je m'explique. Le Marshall a un canal qui est terrible, c'est le canal crunch. Au delà de ça, le canal lead n'est pas spécialement bandant tandis que le canal clair est, excusez du peu, absolument inexploitable tellement il est vilain. La boucle quant à elle est à chier. Voilà ça c'est dit. Sur le Cicognani qui possède à peu près les mêmes options et contrôles, aucun canal n'est à jeter et ils apportent tous une plus-value à l'ampli. Le canal clean produit un vrai son clair avec un vrai headroom, contrairement au Marshall et son clean anémique. Le crunch du Cicognani peut être comparé au crunch du Marshall, à ceci près que celui de ce dernier a plus de gain sur toute la course. Dans les deux cas c'est ouvert, sexy, dynamique. Ex aequo en gros. Mais le lead du Cicognani met la fessé au lead du Marshall, tout simplement. La compression est légère, la dynamique est là, toute la course du gain est exploitable et le switch lead1/lead2 avec ce surplus de gain et de bas médiums sur le lead2 est totalement pertinent. Et pour finir, le Cicognani et ses "35W" annoncés a beaucoup plus de patate que le Marshall et ses "60W" dont on se demande d'où ils sortent. Il n'y a pas photo comme on dit... Ah, j'oubliais un "petit" détail : le Cicognani pèse moins de la moitié du Marshall et est largement plus compact. Je dis ça, je dis rien...