Exposure Classic XXIII

Vous connaissiez ? Sérieusement ! Eh bien bravo !

Je suis tombé chez exposure complètement par hasard. Pourtant, ce matos n'est pas si "inconnu" qu'il n'y paraît. Très souvent primée au début des années 2000 (golden ear awards et consors), la marque exposure s'est faite plus discrète. Probablement en raison d'une stratégie marketing complètement nulle. Actuellement, la marque tend à revenir sur le devant de la scène en proposant des petits amplis, chinois, à des prix intéressants. Mais il n'y a aucune chinoiserie autour du pré-ampli susmentionné. Il s'agit d'une version "régulière" entièrement fabriquée et soudée en Angleterre, et, même si nous sommes en 2011, elle ne perd rien de ses qualités d'alors.

Nous sommes ici sous le test du pré-ampli, mais c'est bien l'ensemble que je teste ici. Définir un préamp est de toute façon une chose hasardeuse et demande un sacré matos et des connaissances de bases que je n'ai pas. J'ai poussé la porte d'un shop Bernois et ai fait l'écoute dans ses murs.

-------- Ensemble de test composé de ---------
Exposure classic 23 en pré
Exposure classic 28 en puissance
Lecteur CD exposure 3010
Table vinyle Sota sapphire pré-amplifiée par Tom Evans the groove
PMC fact 8 pour les enceintes
Câbles cinch cardas
Cables HP cardas
Câble électrique standard
Pas de préparation du courant en amont
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Commençons par le dernier album de Mumpford and sons intitulé "Sigh no more". Un album très bien enregistré au son particulièrement dimensionnel et doté d'instruments naturels (orgues, banjo, contrebasse, grosse caisse, guitares), étagés de manière complexe dont certains mettent un ampli à rude épreuve. Si la combi exposure venait à manquer de quoi que ce soit, cet album le révélerait.

Dans un premier temps, je note, d'emblée, une belle dimension du son. Ma première pensée a été "on entend une troisième enceinte au centre" alors que l'espace était vide. Les voix arrivent immédiatement avec un naturel magnifique. L'étagement est bien en place et le son monte très haut autour des enceintes. Superbe. La musique est très présente autour de moi et la percussion est simplement superbe de naturel. Je m'y crois et c'est tout ce que je demande. Les instruments naturels sonnent très bien.

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Nirvana - album "nevermind", track "smells like teen spirit"
Pas agressive ou nasillarde, la guitare électrique est là comme elle devrait l'être dans la réalité, j'entend certains cliquetis dans le jeu de Kurt Cobain qui étaient imperceptibles sur la combinaison Dali/Nad ou sur la combinaison Naim supernait/B&W. Le frotté lors des glissés du bassiste est parfaitement audible quand il se produit. Jamais entendu auparavant. Le hihat de Dave Grohl est un peu arrachant, il se montre énervant à l'écoute., mais je réalise vite que ce n'est pas la chaîne qui est responsable, mais bien son hihat qui est minable. Les cymbales se développent superbement. J'ai adoré la fougue, la hargne même, qu'elle retranscrivait sans rien gommer de cet album. Le timing était parfait.

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Nada surf - "The way you wear your head"
Toujours une belle dimension dans le son, probablement le phénomène le plus marquant de cette combi. On entend très diffusément un téléphone sonner sur cet enregistrement. Je ne l'avais jamais entendu jusqu'alors. Qui l'a déjà entendu ?

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Led Zeppelin - Album "how the west was won", track " Immigrant song
On a déjà eu de l'album studio... mais comment de comporte la combi avec un album "pas si bien enregistré". L'affaire est, ici, un peu plus critique.
Je note d'entrée que Robert Plant est clairement en avant sur ce morceau par rapport à ce que je lui connais d'habitude. Jimmy Page est, lui, en retrait, et moins audible/perceptible que sur la combi Nad/Dali à laquelle je suis habitué. Du coup, je redécouvre l'album. La batterie, elle, se montre tout simplement parfaite. Elle sonne, résonne, tape, s'ébroue comme on l'attend d'une vraie batterie. J'ai vraiment l'impression que Plant, Page et consors sont dans la pièce. C'est délirant ! Petite mention pour l'étagement des multiples cymbales, qui ne posent pas cette combinaison devant un problème de restitution. C'est très rare. Jusqu'à présent, j'avais l'habitude de stresser le matériel sur ce morcif qui "m'essorait" les aigus. Pas de perte de maîtrise ici. Bravo !

Pour en revenir à Jimmy Page, j'entend clairement quelques fautes dans son interprétation. Des frises, des notes à côté... on s'en fout me direz-vous ! Vous avez raisons ! Mais ça le fait et renforce encore cette impression de live !

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Même album, morceau "Heartbraker"
Des mini-larsens, très faiblements perceptibles, ressortent clairement. La frappe sur les peaux de la batterie est chaleureuse. Heureusement, sur ce morceau, la guitare arrive plus en avant ce qui me laisse penser que la position de Page, entendue auparavant, est surtout due à un mixage particulier. Toujours le même ressenti sur la percussion.

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Boards of Canada - album "Skaim"
Sur le premier morceau de cet album, j'ai, tout simplement, un son studio. J'ai un peu de mal avec les queques distorsions dans l'aigu qui sifflent de manière douloureuses. Sur ma Nad, c'est perceptible, ici c'est physique, je veux mettre moins fort. J'ai l'impression de ne rien rater du morceau, c'est la première fois que je l'entend ainsi.

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Eric Clapton - album "unplugged", morceau "tears in heaven"
Cet ampli m'a réconcilié avec Clapton. Je trouvais sa voix assez quelconque jusqu'à-ce que je l'entende à travers l'exposure. La guitare est juste parfaite. On entend son corps, on entend le pincé des cordes et le son montre une multitudes de facettes, que ce soit dans la voix ou dans le jeu des instruments.

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d'autres points intéressants :
Pas de problème si je me balade dans la pièce. Sur certains morceaux, j'ai perçu un changement dans le rendu des médiums et basses qui sont un peu plus présentes/naturelles lorsque je suis en position assise dans l'axe d'écoute. Malgré tout, mes déplacements ne me font pas rater quelque-chose. J'aime beaucoup l'impression de largeur qui s'intensifie quand je me rapproche des enceintes.

Globalement, le Timing a toujours été le point fort de cette combi. Imperturbable, même sur de courtes écoutes de system of the down. L'attaque sur l'ouverture de l'album toxicity a presque démis un carreau du magasin. Un vrai coup de canon !

On remarquait toujours une légère tendance à placer la percussion un peu en plus en avant. Peu importe ce qui est joué. La voix arrive toujours avec beaucoup de naturel, de chaleur et d'ampleur. Globalement, les basses et le médium son très légèrement plus présents, quand tous les réglages des pmc sont à zéro. On a donc une certaine liberté quand au placement. Voilà une des raisons qui me motiverait plutôt à me tourner vers la petite soeur de la fact.8, qui sonnera plus exactement juste, et qui a un peu moins de slam sur les percussions. Ramenant le tout à la réalité (selon moi).

Concernant les enceintes, justement, j'ai noté qu'il était possible de descendre le niveau de basse qu'elles envoient ou d'augmenter/atténuer, le niveau d'aigu. Peut être bon à prendre selon votre pièce. Elle se sont montrées exceptionnelles pour une retranscription à bas volume. Attention toutefois, si vous voulez écouter à un volume de chuchottement, elles se ferment légèrement, mais, à des volumes totalement non critiques en appartement, elles prennent leur souffle très tôt et ne lâchent ensuite plus l'affaire jusqu'à des seuils monstrueux. Je note d'ailleurs qu'elles ne montrent aucun signe de stress, même à fort volume. Du coup, on est tenté de mettre toujours toujours toujours plus fort. Attention aux oreilles ! Le placement est aisé, on éloignera l'ensemble des murs d'au moins 50 cm en évitant la position "en coin" qui renforce définitivement trop le grave. On peut certes atténuer le tout via les potards arrière, mais faut pas exagérer non plus.

Dernier paragraphe pour balayer une de ses nombreuses conneries du net. J'ai lu que les "classic" de exposure avaient une tendance marquées à chauffer et étaient mal soudées et fragiles. J'ai pu constater la connerie profonde de cet océan de merdasse scripturale. Après 2 heures d'écoute à des volumes divers mais élevés sur la fin, le bloc ne chauffait pas. De même, on peut assommer, voir tuer, un gars avec n'importe lequel des deux blocs ci-dessus ! C'est solide, c'est de l'acier, c'est dur, et plutôt bien soudé. Le seul reproche qu'on peut leur faire, c'est qu'on les remarque à peine. Du coup, on ne peut pas se la pêter lors d'une réception. De même, on n'appartient pas à une grande famille sur le net, donc très difficile de trouver des conseils sur la mise en oeuvre de ce matériel. Mais j'ai trouvé, pour ma part, le rendu meilleur qu'avec une Naim supernait branché sur une B&W. Ca vaut sans problème une combi Accuphase e-260/B&W804d déjà entendue ou d'autres trucs du genre. C'est plus précis et plus juste dynamiquement qu'une combi Luxman 505ux allié à cette même B&W 804 (ou une Xavian XN270 accessoirement). De plus, elle a son propre charme ; ses propres "petits trucs" qui en font une bonne combi pour celui qui veut définitivement atterrir dans le grand son.

Je note une petite agressivité dans la pointe de l'aigu. Un élément d'écoute qui m'a forcé à faire une pause après deux heures. J'en parle au dernier paragraphe de ce test dans l'edit.

Je dis "grand son", car ici, on débarque dans la catégorie phare de la hifi... celle qui introduit le high end. Déjà, avec elle, on pourra s'amuser à optimiser le placement, le type de câbles, on pourra varier les sources et... toujours découvrir quelque-chose de nouveau.

La construction assez simple de l'électronique et le câblage logique sera un atout lors d'une réparation substantielle, si jamais il devait arriver qu'elle advienne, naturellement.

Le prix de 1'500 euros par élément est cher... et pas tant si on regarde les tarifs de fous pratiqués par beaucoup de concurrents. Pire ! Je dirais même qu'on est en face d'une bonne affaire. Regardez aussi en occase. Elle est très difficile à écouler et il n'est pas rare de trouver une combi pré-ampli + poweramp pour 1'200 euros. Ca les vaut, et de beaucoup.

Mon expérience est naturellement moyenne dans la hifi. Je commence tout juste à essayer diverses choses. Mais, dans le haut de gamme, cette combi a sa place et procure de grands moments de plaisirs.

EDIT du 30.04.2013 : Mon expérience a augmenté. Et je dois avouer que la classic de exposure reste un très bon essai. Tout à fait dans la lignée des accuphase sur b&w. Dans la famille des amplis, elle se place parmi ceux qui redonnent de la précision et beaucoup d'information, sans manger le détail. La différenciation dynamique reste remarquable et joue avec les meilleures.

Avec le recul, je pense que la légère agressivité dans l'aigu, qui était le seul point dérangeant de cette combi, se laisserait totalement "soigner" avec un lecteur cd moins agressif dans cette fréquence. J'ai pu remarquer lors d'autres essais que le 3010 cd apporte cette spécificité à tout matériel auquel il est branché. La pmc était, en elle même, déjà assez droite dans l'aigu.