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  • Marginal RayMarginal Ray

    Qualité objective et magie subjective

    Waves Abbey Road RS124 CompressorPublié le 30/12/20 à 20:28
    Préambule : de culte numérique au vintage

    1983 : Paris, Avenue des Champs Élysées. Dans les show-rooms de Philips et Sony, on célèbre l’avènement du compact disc audio, annonciateur de la mort du vinyle et de l’analogique. Le nec plus ultra, c’est le CD estampillé DDD, où de l’enregistrement à la gravure, tout est numérique. Dans les show-rooms précités, on vient écouter le silence (entre les morceaux), la dynamique de 100 dB (pour arriver à 3 dB au sommet de la « loudness war », à la fin des années 1990). Exprimer l’idée que des plugins pourraient un jour émuler les défauts du matériel analogique vous conduisait direct à l’échafaud. Le souffle, le pleurage, le scintilleme…
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    Préambule : de culte numérique au vintage

    1983 : Paris, Avenue des Champs Élysées. Dans les show-rooms de Philips et Sony, on célèbre l’avènement du compact disc audio, annonciateur de la mort du vinyle et de l’analogique. Le nec plus ultra, c’est le CD estampillé DDD, où de l’enregistrement à la gravure, tout est numérique. Dans les show-rooms précités, on vient écouter le silence (entre les morceaux), la dynamique de 100 dB (pour arriver à 3 dB au sommet de la « loudness war », à la fin des années 1990). Exprimer l’idée que des plugins pourraient un jour émuler les défauts du matériel analogique vous conduisait direct à l’échafaud. Le souffle, le pleurage, le scintillement, la distorsion harmonique : plus jamais !

    Coté synthé, le Yamaha DX7, FM et numérique, renvoie (temporairement) les Moog et consort au musée. Côté production, les magnétos à bande et les consoles analogiques n’ont plus la cote. Pro Tools n’est pas encore là (le midi et Cubase font leurs débuts sur Atari ST), mais des consoles numériques, comme celles de Sony et Yamaha envahissent les studios. Résultat : un son taillé au scalpel, glacial. Exemple : le tube planétaire de Paul McCartney et Michael Jackson « Say Say Say », exemple parmi tant d’autres de cette ère de la (dure) pureté numérique.

    1992 : Waves commercialise le premier plugin audio : Q10 Paragraphic equalizer, toujours en vente. Il ne fonctionne qu’avec les Sound Tools de Digidesign, qui deviendront bientôt Pro Tools TDM (avec de très couteuses cartes hardware). C’est ainsi que Waves s’est enraciné dans le monde pro, avant de changer radicalement de politique, avec l’avènement du home studio et l’éclosion de multiples éditeurs offrant des produits à tous les prix, voire gratuits, de qualité équivalente.


    2020 : nous sommes tous des Beatles !

    Il est aujourd’hui admis (ça changera peut-être demain), que le son analogique, avec ses imperfections, est plus agréable que la pureté numérique. Mais comme on ne va pas se remettre au Studer à bandes et à la console 72 pistes de Pink Floyd, tous les éditeurs émulent l’analogique, avec notamment des succédanés de consoles SSL et autres. Waves, qui propose tant des émulations que des produits originaux, s’associe aux studios Abbey Road pour proposer une gamme de plugins dont certains n’ont pas d’équivalents, puisqu’ils ont été conçus spécialement pour les Beatles et n’ont pas été émulés par d’autres éditeurs. Il s’agit notamment d’une console TG, de la chambre d’écho ou du doubleur ADT (artificial double tracking). D’autres plugins, comme ceux émulant le compresseur RS124 (ça y est, on y arrive !) sont en revanche également proposés par d’autres éditeurs, sous différentes appellations.

    Que ce soit sur des instruments isolés ou sur le bus stéréo, je me suis amusé à comparer toute une série de compresseurs, en essayant d’obtenir le même son, et en passant ensuite de l’un à l’autre à l'aveugle. Il faut bien admettre qu’ils permettent tous d’obtenir un résultat à peu près identique, à fortiori s’ils sont du même type (ici du Vari-Mu). Mais même avec le gratuit MJUC jr. de Klanghelm, voire avec le ReaComp intégré à Reaper (qui n’émule pas un compresseur analogique), on peut aboutir à un résultat proche. L’inverse n’est pas contre pas vrai. Le Waves RS124 ne permet pas d’attaque ultra courte visant à gommer les transitoires. Il n’est pas fait pour cela. Alors pourquoi se payer un plugin de marque, et en l’occurrence ce compresseur de Waves ($ 40 ou moins avec les promos) ?

    La réponse est principalement subjective : parce qu'on se donne l'illusion de toucher un tout petit peu à cette magie des studios Abbey Road, et à celle des Beatles en particulier. Sans doute le plugin ne sonne-t-il pas exactement comme le vrai compresseur à lampes. Mais deux vrais RS124, tout comme deux vrais synthés Moog modulaires, ne sonnent pas exactement pareils, et le son n’est pas le même quand on le met en route et après deux heures d’utilisation, voire lorsque l’air est sec ou humide !

    Même s’il ne faut pas croire un message publicitaire plus qu’une promesse électorale, tout porte à croire que Waves n’a pas seulement fait un chèque aux Studio Abbey Road pour utiliser leur marque, mais qu’il s’agit d’une vraie coopération, comme cela fut le cas avec les autres plugins de la série ou avec les émulations d’amplis PRS.

    Et le fait est que le RS124 sonne fort bien, malgré le léger souffle qu’il ajoute (faut savoir ce que l’on veut !). Le bas du spectre, en particulier, semble plus chaleureux (plus analogique ?). J'apprécie en outre la simplicité d'utilisation. Ce n’est pas comme un Klanghelm DC8C, que je n’utilise plus, car j’ai l’impression de me trouver devant un cockpit d’avion.

    Au final, les débats autour de la fidélité à l’original ou de la différence avec la concurrence ont-il vraiment un intérêt. D’autres plugins, comme le gratuit susmentionné, feront peu ou prou le même boulot. Et si celui qui a dépensé 200 € (plus une couteuse interface audio obligatoire) pour un compresseur équivalent de chez UAD considère que son plugin sonne vraiment mieux, grand bien lui en fasse !

    En deux mots, le Waves RS124 : un compresseur pour fans des Beatles !


    http://www.marginalray.com/

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