Le constructeur danois, qui s'était montré très discret ces dernières années, revient sur le devant de la scène en annonçant une nouvelle paire d'enceintes de monitoring dans la gamme BM. Particularité de la DBM50 : elle est inclinée et se destine à être posée sur un bureau. Vraie ou fausse bonne idée ?
Si les BM5A et BM6A ont été et restent encore à l’heure actuelle des références dans le monitoring studio de proximité, Dynaudio s’est montré peu actif dans ce secteur ces derniers temps tandis que la concurrence renouvelait ses gammes régulièrement. C’est donc avec un certain plaisir que nous accueillîmes une nouvelle dans les rangs du constructeur danois, dont le savoir-faire n’est plus à démontrer.
Surprise, la DBM50 se démarque du catalogue de Dynaudio, et de la concurrence par la même occasion, en proposant un design original basé sur la constatation que la majorité des home-studistes posent leurs enceintes sur leur bureau, à côté de leur ordinateur, en s’affranchissant ainsi d’une paire de pieds. Ainsi, les enceintes inclinées permettent de diriger les deux transducteurs vers les oreilles de l’utilisateur, chose primordiale lors du placement des moniteurs. Avec des enceintes classiques, des solutions existent et certains constructeurs de mousses commercialisent des supports inclinables permettant, par la même occasion, de réduire les résonnances transmises au bureau. Nous conseillons d’ailleurs aux home-studistes de se procurer ce genre d’accessoires, moins efficace que les pieds, mais aussi moins onéreux et plus simple à mettre en place. Pour ceux désirant placer les DBM50 sur des pieds, sachez qu’il est toujours possible de le faire en les plaçant horizontalement.
Peu de choses à dire sur le look, très proche des BM MKII : c’est sobre et l’on reconnait le boomer typique des Dynaudio ainsi que le tweeter entouré d’une plaque gris clair.
Ça penche !
L’enceinte est une deux voies amplifiée, le tweeter de 1 pouce de type dôme de soie et le woofer de 7,5 pouces sont alimentés par deux amplis de 50 watts RMS. L’enceinte a un volume de 13,9 litres et une fréquence de résonance située à 39 Hz, en-dessous de la fréquence en réponse allant de 46 à 21 kHz. Les dimensions sont de 23 × 33,5 × 34,8 cm et la fréquence de crossover (relai entre le tweeter et le boomer) est située à 1500 Hz.
Derrière, on retrouve, comme d’habitude, les réglages et les connecteurs. Le switch de mise sous tension est aussi situé à cet endroit, ce qui est toujours aussi peu pratique. Heureusement, l’enceinte dispose d’un mode sleep, lui permettant de se mettre en veille automatiquement après 20 minutes d’inactivité. Ça rattrape le coup ! Sachez aussi qu’il n’y a aucun bouton de volume sur l’enceinte, donc si votre interface audio n’en a pas non plus (RME FireFace 800, par exemple), il faudra prévoir d’acheter un potard de type Pilot de TC Electronic (qui fait très bien le job et qui coûte environ 90€) ou encore le modèle Dynaudio disponible en option (70€ environ). C’est vraiment dommage qu’il ne soit pas de série !
Côté prises, on retrouve l’entrée symétrique en XLR et l’asymétrique en RCA. Pour cette dernière, nous aurions préféré le jack 6,35mm, plus robuste. Le niveau d’entrée se règlera avec un switch trois positions : +4, 0 ou –10 dB. Enfin, la DBM50 est dotée d’une égalisation 4 bandes : un coupe bas situé à 60 ou 80 Hz (si vous utilisez l’enceinte avec un caisson de basses, sinon laissez-le sur off), des réglages pour les basses fréquences (de type shelve + ou – 2 dB à 150 Hz), les bas médiums afin de contrer les possibles réflexions induites par une table de mixage (0, –2 ou –4dB à 450 Hz avec un facteur Q de 0,7), et les aigus (de type shelve + ou – 1 dB à 1,5 kHz). La DBM50 est donc très complète, rien à dire !
Écoute
Pour tester l’enceinte, nous l’avons placée face à nos ADAM A7X, qui coûtent sensiblement le même prix (environ 1000€ la paire). Nous avons fait nos tests en les plaçant sur un bureau, comme la majorité des futurs acquéreurs.
Johnny Cash – Hurt
La voix permet de bien discerner les deux enceintes : sur les ADAM, il y a plus d’air tandis que les dynaudio sont plus nasales. Aussi, on a l’impression que la voix est un peu plus désincarnée sur les ADAM. Cela dessine bien les caractères des deux références : plus d’air sur les ADAM mais un léger creux vers 2,5 kHz (fréquence de crossover) tandis que les Dynaudio laissent plus le haut médium s’exprimer par rapport aux aigus un peu plus en retrait. Les guitares confirment cette impression avec plus de brillance sur les ADAM, mais les attaques et les détails restent aussi bien retranscrits sur les deux modèles. L’image stéréo semble un peu plus nette sur les Dynaudio avec la voix de Cash qui se place bien au centre : on a vraiment l’impression que le chanteur se place entre les deux enceintes. Sur les ADAM, l’image est un peu moins bien dessinée, les courbes de réponse ne sont sûrement pas étrangères au phénomène.
Massive Attack – Angel
Cette chanson nous permettra d’analyser le bas du spectre, qui est assez différent entre les deux enceintes. Sur les ADAM que nous connaissons bien, il y a une bosse entre 70 et 80 Hz qui nous déplait fortement. Cela a tendance à gonfler le bas du spectre et à le rendre flou et proéminent. À vouloir trop en faire, elles le font mal. Les Dynaudio sont beaucoup plus droites dans ces fréquences et ne tentent pas l’esbroufe. Le kick ressort bien et le bas, s’il est moins présent que sur les ADAM, reste lisible et ne masque pas le reste du spectre.
Metallica – Enter sandman
Les guitares saturées permettent de bien entendre les réponses en fréquences des enceintes. Sur les ADAM, les cymbales et le charleys sont plus en avant et les guitares sont plus boxy sur les Dynaudio. Le haut du spectre est définitivement plus timide sur les danoises, mais rien qui ne pourra êre rattrapé avec les réglages situés derrière. Les palm mute des guitares ressortent trop sur les ADAM, ce qui a parfois tendance à masquer ce qu’il y a plus haut. Nous n’avons pas ce phénomène sur les DBM50. Autre détail : le sweet spot est plus large sur les Dynaudio, on peut vraiment bouger la tête sans trop de problème. C’est un peu moins le cas sur les ADAM.
Michael Jackson – Liberian Girl
Même remarque que sur les morceaux précédents. Plus de sibilantes sur les ADAM, les nappes profitent du haut du spectre plus en avant des ADAM et le bas de ces dernières fait ressortir le sub du kick qui reste un peu absent sur les Dynaudio. Sur ces dernières, le son meurt rapidement en-dessous de 60 Hz, alors que les ADAM descendent un peu plus bas : 50 Hz environ, conséquence de la bosse à 70/80 Hz. Les deux enceintes possèdent un creux vers 1/1,5 kHz qui est un peu plus présent sur les Dynaudio car il correspond aussi à la fréquence de crossover.
Miles Davis – Seven Steps to Heaven
La cymbale ride nous rappelle que les ADAM développent un peu plus le haut du spectre. Les hauts médiums légèrement en exergue sur les Dynaudio font que la trompette se détache vraiment très bien. Quand on repasse sur les ADAM, cet instrument est un peu plus agressif, mais rien de bien méchant. Sur la contrebasse et le piano, il est difficile de départager les deux paires d’enceintes, car elles se débrouillent toutes les deux très bien.
Conclusion
La nouvelle Dynaudio possède plus d’un tour dans son sac et son inclinaison naturelle lui permet de se faire une place dans un marché déjà bondé. L’idée est assez bonne pour les home-studistes voulant les poser directement sur le bureau ! Nous apprécions aussi son look, sa qualité de fabrication, et le mode sleep qui nous fait oublier que le switch de mise sous tension se situe derrière. Dommage que la télécommande ne soit pas fournie, d’autant plus que l’enceinte ne possède pas de potard de volume… Le son est assez équilibré pour une enceinte se situant dans les 500€ (l’unité), avec l’habituel creux au niveau de la fréquence de crossover (1,5 kHz), un bas du spectre très correct qui n’essaye pas d’en faire trop, contrairement aux ADAM A7X, et un haut du spectre qui pourra sembler un poil timide pour certains. Heureusement les réglages de l’égaliseur permettront de corriger cela si le besoin se faisait sentir. Une valeur sûre, sans aucun doute.