On connaissait Focal constructeur d’enceintes haut de gamme, avec la série SM et des prix dépassant le millier d’euros. Puis, on a connu Focal constructeur d’enceintes moyenne gamme avec la série CMS et des tarifs plus accessibles. On connait désormais Focal le constructeur d’enceintes d’entrée de gamme avec la série Alpha, présentée au Musikmesse dernier. Nous avons pu tester l’Alpha 50, première paire d’enceintes de la marque stéphanoise à moins de 500 €. Malgré la sensible baisse de prix, Focal est-il toujours au top ?
Si on compare à la série CMS, les Alpha sont grosso modo deux fois moins chères. La version équipée d’un haut-parleur de 5 pouces se trouve à environ 250 € en magasin, tandis que les versions 65 et 80 sont respectivement affichées à environ 300 € et 350 € l’unité. La série CMS nous a laissé un très bon souvenir et nous ne sommes pas les seuls à avoir été séduits puisqu’elle continue d’être adoptée et utilisée dans bon nombre de studios et home-studios. Et si nous n’avons aucun doute sur la capacité du constructeur stéphanois à concevoir des moniteurs de qualité dans les tranches de prix supérieures, on peut légitimement se poser la question sur l’entrée de gamme, lorsqu’il s’agit de faire des choix, de faire sous-traiter en Chine afin de réduire drastiquement les coûts, sans pour autant réduire les performances sonores.
C’est donc avec une certaine curiosité que nous déballons ces Alpha 50 !
Alf ou Alpha ?
À l’ouverture du carton, on ne peut pas dire que l’on soit éblouis par les Alpha 50 qui, si elles restent discrètes avec des couleurs s’échelonnant du noir au gris foncé (finition plastique et vinyle), adoptent un design un peu disgracieux à nos yeux. Nous sommes loin des jolies CMS… D’un point de vue purement esthétique, il est clair qu’on est passé à la vitesse inférieure. Heureusement, il ne s’agit que d’enceintes de monitoring et si la qualité du rendu sonore est inversement proportionnel à l’éclat de sa robe, on en commande 10 palettes sur le champ. Nous remarquons quand même le logo Focal qui a la bonne idée de s’illuminer lorsque l’enceinte est mise sous tension.
Les dimensions de la bête sont relativement normales : 313 × 220 × 258 mm pour un poids de 7,3 kg. La boîte en MDF renferme les deux amplis de 35 et 20 W en classe AB qui s’occupent d’alimenter le boomer de 5 pouces en polyglass et le tweeter de type dôme inversé en aluminium de 1 pouce (le filtre de cross-over est situé à 2,5 kHz). On récupère dans le carton les 4 petits pieds en caoutchouc autocollant et on branche les enceintes.
Derrière, c’est plutôt simple. Première très bonne surprise : un mode veille qui consomme moins de 0,5 W. Si vous n’écoutez pas de musique pendant 30 minutes, les enceintes iront faire dodo, et elles se réveilleront au premier décibel de musique. Plutôt pratique, d’autant que le switch de mise sous tension est situé à l’arrière. Côté entrée, on dispose d’un connecteur XLR et d’un RCA. Pas de Jack, pas grave. On aperçoit un petit switch permettant de régler la sensibilité en entrée (0 ou –6 dB), et deux potards contrôlant les deux filtres de type shelve situés à 300 Hz (+/-6 dB) et 4,5 kHz (+/-3 dB). Il n’y a donc pas de coupe-bas pour un caisson de basse éventuel et rien pour les moyennes fréquences : plus qu’à espérer que cela soit équilibré !
Justement, passons à l’écoute.
Écoute
Pour tester ces enceintes, nous les avons placées face à nos Dynaudio BM5 mkIII, en ayant relié un Monitor Station v2 de PreSonus à notre interface audio Metric Halo ULN-8 afin de pouvoir passer d’une paire d’enceintes à l’autre très rapidement. Les enceintes Dynaudio ne courent pas dans la même catégorie (elles coûtent environ le double), mais elles nous permettront de mettre le doigt sur les faiblesses et points forts de ces Alpha 50. Lançons les fichiers non compressés…
Johnny Cash — Hurt
Sur ce premier morceau, notre attention se tourne d’abord vers la guitare acoustique et la voix de Cash. On entend que la présence de la voix est plus accentuée sur les Alpha 50, autour des 5 kHz, ce qui n’est pas forcément désagréable. Les Dynaudio nous paraissent peut-être plus naturelles, mais les Alpha nous épatent par leur précision. Les médiums des Alpha favorisent aussi l’attaque des instruments, ici la guitare et le piano. Sur le reste du spectre, les deux enceintes sont assez proches, ce qui est plutôt de bon augure pour les Alpha… Nous notons également que le sweet spot est assez large sur les enceintes Focal, en déplaçant la tête de droite à gauche, il n’y a pas de réel détimbrement.
The Raconteurs – Consoler of the Lonely
Sur le bas du spectre, les deux enceintes sont toujours aussi proches, les Alpha 50 descendant quand même un peu plus bas (même si en dessous de 55/60 Hz, il n’y a plus grand monde). Cela reste très propre et lisible, un très bon point pour ces 5 pouces qui n’essaient pas d’en faire trop. Les différences entre les deux enceintes dans le milieu du spectre ressurgissent bien plus fortement sur ce morceau. Le son est plus creusé sur les Dynaudio, notamment autour de 1/2 kHz et 4 kHz, ce qui donne plus de présence aux Alpha, sur les voix et les instruments (guitares électriques, cymbales). Tant que cela n’est pas agressif et fatigant, cela nous convient tout à fait.
Michael Jackson — Liberian Girl
Sur ce morceau, la première différence qui nous frappe, c’est la capacité des Alpha à faire ressortir, grâce à cette présence, les nappes situées au fond du mix, et certains détails en général. On ne peut pas dire que ce soit un mal ou un bien, il faut juste le savoir… D’une manière générale, le mix reste tout à fait cohérent quand on passe d’une paire d’enceintes à l’autre, on ne devrait donc pas avoir trop de surprise en écoutant son mix. Concernant les transitoires et la dynamique, elles sont aussi très bien retranscrites.
Miles David — So near, so far
Ici, la contrebasse nous conforte sur le fait que le bas du spectre est très proche entre les deux enceintes. Il est d’ailleurs aussi très bon vu la taille des boomers les équipant. Sur la trompette, la différence des médiums s’entend assez clairement, avec un son plus feutré et doux sur les Dynaudio et plus « dans ta face » sur les Alpha. Les cymbales profitent aussi de ces fréquences pour ressortir sur les enceintes Focal. L’espace est en tout les cas très bien reconstitué sur les deux paires : ces petites Alpha commencent à nous plaire…
Strauss — Ainsi parlait Zarathustra
On termine avec cet enregistrement épique. L’intro est identique sur les deux paires d’enceintes, rien à signaler de ce côté-là. Le haut-médium des Alpha ouvre un peu plus l’espace, mais difficile de dire si cela est plus ou moins fidèle à l’enregistrement. Ce qui nous importe le plus en tant qu’home-studiste, c’est que tous les éléments soient audibles et à leur place. C’est le cas ici, on peut donc mixer en toute confiance.
Vous l’aurez compris, ces Alpha 50 nous ont plu d’un point de vue purement sonore. Que ce soit dans le bas, le milieu ou le haut du spectre, elles n’ont pas vraiment de point faible. Ce surplus de fréquences haut-médiums par rapport à nos Dynaudio ne nous déplait pas, et cela permettra aux home-studistes d’entendre certains détails sans effort. Il faudra juste qu’ils gardent en tête que certaines choses ne ressortiront pas de la même manière sur d’autres systèmes d’écoute. Mais ça, c’est quelque chose qui est vrai avec toutes les enceintes (et pièces), et que l’on apprend à dompter au fil du temps, à force de travail !
Focal Alpha 50 en jaune et Dynaudio BM5 mkIII en bleu
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Conclusion
Focal divise ses prix par deux, mais pas la qualité de ses enceintes : ouf ! Les Alpha nous ont convaincus par leur bon équilibre fréquentiel, leur précision et leur bas du spectre propre et lisible qui permettra aux home-studistes de mixer l’esprit tranquille. Si le look ne nous a pas particulièrement plu, la construction reste sérieuse et la mise en veille automatique est très pratique. Pour environ 500 € la paire, les Alpha 50 sont une valeur sûre.