Le manque de place est un problème que les citadins connaissent bien. Quand on vit dans un petit appartement et qu’on fait de la MAO, le moindre centimètre carré est précieux. C’est la raison pour laquelle lorsque Dynaudio a présenté les versions mkIII de sa série BM, un modèle en particulier nous a fait de l’œil : la BM Compact mkIII. Cette enceinte semble être une BM5 mkIII ayant subi un essorage un peu trop violent : c’est tout pareil, mais en plus petit. Et c’est mimi.
Car la première chose qui surprend quand on déballe l’enceinte, c’est sa taille. Bien qu’elle soit équipée d’un haut-parleur de 5,7 pouces, elle reste bien plus compacte que les autres enceintes 5 pouces que nous recevons régulièrement : ses dimensions sont de 260 × 170 × 235 mm, pour un poids de 5,4 kg ! La deuxième bonne surprise, qui n’en est pas vraiment une quand on connait Dynaudio, c’est la qualité de construction. C’est fabriqué au Danemark, c’est costaud, il n’y a rien qui dépasse, ça fait sérieux. Le look est typique de la marque, on aime ou pas, mais ça reste classique et passe-partout (combien de clés ?). La troisième bonne surprise, c’est la présence d’un socle IsoAcoustics dans la boîte, parfaitement adapté à la taille de l’enceinte. Ce dernier permet de découpler cette dernière de son support (votre bureau, par exemple) et d’amortir les vibrations qu’elle transmet fatalement au meuble sur lequel elle est posée. Ce petit socle présente en plus l’avantage d’être inclinable et permet d’orienter l’enceinte vers ses oreilles, ce qui est plus que recommandé.
L’enceinte renferme un haut-parleur de 5,7 pouces, un tweeter à dôme souple de 1,1 pouce et une amplification classe D deux fois 50 Watts (la fréquence de coupure est située à 2,1 kHz). À l’arrière, on aperçoit l’évent Bass Reflex, ce qui ne pose pas de problème si vous ne plaquez pas totalement l’enceinte contre un mur (si vous le faites quand même, vous allez vous retrouver idiot lors du câblage). Côté entrée, on retrouve une prise XLR et une RCA, pas de Jack. Un mini-jack est dispo pour brancher la jolie télécommande qui reste malheureusement en option (70 € environ). Cette télécommande règlera le volume des amplis intégrés et non la sensibilité en entrée, ce qui est un très bon point. Pour régler la sensibilité, on dispose d’un switch trois positions : –10, 0 ou +4 dB. Le bouton On/Off nous apprend qu’un mode Sleep (mise en veille) existe, ce qui nous rend heureux. Quand l’enceinte ne reçoit aucun signal pendant vingt minutes, elle se met en veille et se rallume ensuite en deux secondes.
Côté réglages, c’est complet, avec un coupe-bas à 60 ou 80 Hz si jamais vous utilisez un subwoofer, deux filtres de type shelve pour les basses et hautes fréquences (±2 dB à 150 Hz et ±1 dB à 1,5 kHz) et un filtre notch pour enlever 2 ou 4 dB à 450 Hz afin de compenser l’effet acoustique dû à la présence d’une console. La partie amplification semble être identique à celle équipant les DBM50 que nous avions testés il y a quelque temps déjà.
Passons à l’écoute.
Écoute, maman est près de toi
Pour tester ces enceintes, nous les avons comparées à nos sE Electronics EGG qui sont certes plus chères et dotées de haut-parleurs de 6,5 pouces, mais qui permettront de pointer plus facilement les atouts et les faiblesses des BM Compact mkIII. Nous avons utilisé des fichiers non compressés, et notre interface Metric Halo ULN-8. Un switch nous permet de passer rapidement d’une paire d’enceintes à l’autre.
BM Compact mkIII en jaune et EGG en bleu
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Johnny Cash – Hurt
Les deux paires d’enceintes sont assez proches sur la voix de Cash, avec un côté un peu plus nasal sur les EGG et un peu plus naturel sur les Dynaudio. De plus, sur l’ensemble du spectre, les sE Electronics nous paraissent un peu plus creusées. Sur les guitares, on a beaucoup plus de mal à les départager. Il faut dire que les deux enceintes s’en sortent très bien… Au niveau des transitoires, cela nous semble équivalent et très bon. C’est un vrai plaisir d’écouter ces petites Dynaudio.
Michael Jackson – Liberian Girl
Dès l’entrée de la grosse caisse, les EGG se différencient dans le bas du spectre grâce à la taille de leur boomer. Les Dynaudio ont clairement du mal à retranscrire la résonance de l’instrument, ce qui nous semble tout à fait normal pour des enceintes de cette taille. Cela coupe relativement haut (ça tombe à pic à partir de 70 Hz), mais tout ce qui est au-dessus est très intelligible et propre. La dynamique est respectée, le bas est sec et ne bave pas sur le reste du spectre, ce qui est de très bon augure. L’image stéréo est aussi très bien retranscrite, rien à redire là-dessus. Sur la voix, il nous est impossible de déterminer une gagnante, les deux systèmes s’en sortent vraiment très bien. Les Dynaudio nous semblent parfaitement linéaires, et peuvent même faire passer les EGG pour des enceintes un peu creusées. En tout cas, les Dynaudio nous plaisent pour leur équilibre.
Gorillaz – Feel Good Inc.
Évidemment, ici aussi le bas « physique », que l’ont peut ressentir avec le corps, a plus de peine à ressortir sur les Dynaudio, et c’est tout à fait normal. Que ce soit sur les voix ou les détails qui fourmillent sur ce morceau, les Dynaudio retranscrivent tout parfaitement. Le bas est coupé à partir de 70 Hz, mais le kick ressort parfaitement et n’est pas écrasé. Il faut rappeler que mis à part l’extrême grave, les deux paires d’enceintes sont très proches. Rappelons aussi que le concepteur des EGG a travaillé chez Dynaudio : on reconnait clairement le style. On ressent juste que les petites bosses et creux ne sont pas exactement aux mêmes endroits sur les deux paires d’enceintes, mais rien qui nous permette de vraiment désigner un vainqueur.
The Raconteurs – Consoler of the lonely
Sur la batterie au caractère vintage, mais au son terriblement moderne, le corps du kick et de la basse ont toujours plus de mal à se faire entendre sur les Dynaudio, mais ils sont là. Les guitares électriques saturées, qui sont généralement de bons éléments pour écouter le haut médium des enceintes, sont ici très proches. On garde néanmoins toujours ce très léger sentiment de naturel chez les Dynaudio et le côté plus analytique sur les EGG.
Strauss – Ainsi parlait Zarathurstra
On termine avec cet enregistrement de classique. Sur les timbales, il est impossible de départager les deux enceintes, ce qui est plutôt bon signe pour les Dynaudio. De même, l’espace est retranscrit de la même manière. Nous découvrons quand même que certains cuivres situés à droite ressortent mieux sur les Dynaudio, lorsque que l’on switche sur les EGG, ils s’enfouissent légèrement.
Pour résumer cette écoute, il n’y a pas grand-chose à reprocher à ces enceintes : c’est équilibré, détaillé, ça ne descend pas incroyablement bas, mais ça reste très lisible. En bref, tout ce qu’on peut demander à une petite paire d’enceintes de monitoring. Le prix est élevé (on dépasse la barre des 1000 € pour la paire) et finalement très proche des BM5 mkIII, mais la qualité, tant au niveau de la construction que du son, est là.
Conclusion
Dynaudio propose une variation compacte de leur BM, mais ça reste du lourd ! Toutes les qualités qui ont fait la réputation de la marque danoise sont présentes, à savoir une qualité de fabrication irréprochable (faite au Danemark) et un son précis et équilibré. Le bas est forcément limité, mais il reste très lisible, et les socles isoAcoustics sont les bienvenus autant d’un point de vue acoustique que pratique, pour rehausser les enceintes. La mise en veille automatique est très pratique et le seul bémol concerne la télécommande qui aurait pu être incluse pour le prix. Car le billet d’entrée pour faire partie du club des heureux possesseurs de Dynaudio est élevé. Mais quand la qualité est là…