Fender, c’est les guitares, mais pas que. Les basses aussi, mais pas que. Les amplis également, mais pas que.
Fender c’est en outre de l’audio, avec notamment la série Passport permettant au musicien nomade de s’amplifier et de se faire entendre avec des solutions transportables et tout-en-un. Plutôt orienté sonorisation à la base, la série Passport fait un premier pas dans l’univers du home studio avec le Passport Studio, en collaboration avec une marque française bien connue des AFiens, j’ai nommé Focal. Fender réussira-t-il à passer la frontière du home studio ?
Si l’application n’est pas la même, le concept reste identique : fournir une solution tout-en-un et facilement transportable. Ici, le but n’est pas de sonoriser le musicien pour qu’il puisse se faire entendre par son audience, mais de lui fournir un système de monitoring lui permettant de jouer et mixer n’importe où. La marque américaine n’ayant pas trop d’expérience dans le domaine du monitoring, elle a fait appel à des frenchies qui eux, ont l’habitude : Focal.
Mais quelle est la part des Stéphanois dans la conception de ces Passport Studio ? C’est assez simple : Focal a fourni les transducteurs à Fender et… c’est à peu près tout. Les Américains ont pris le soin de gérer la partie amplification, l’électronique, le réglage acoustique de l’enceinte… Bref, tout le reste. Pour le tweeter, Focal a fourni un modèle similaire à celui équipant les enceintes de la gamme CMS (modèle inversé en Aluminum/Magnesium), et le boomer de 5 pouces et en Polyglass, comme les enceintes de la gamme CMS et Alpha chez Focal. On reste donc en terrain connu, et le prix est quant à lui assez accessible, car légèrement inférieur à la Alpha 50 équipée elle aussi de boomers de 5 pouces et constituant la nouvelle entrée de gamme de Focal.
Vous avez la mallette ?
Au déballage, on se retrouve face à une mallette majoritairement en plastique de 8,4 kg et aux dimensions relativement compactes : 45,7 × 35,6 × 21 cm. C’est donc assez léger et vraiment transportable, par contre on évitera de les lancer au fond d’un camion, car le plastique reste du plastique et l’enceinte semble « creuse ». Les deux enceintes se séparent une fois retiré le grip en caoutchouc situé au niveau de la poignée. Nous découvrons alors les faces avant des deux enceintes qui ne sont pas identiques : l’enceinte de droite ne dispose d’aucun réglage, seulement de l’entrée Jack TRS qui la reliera à sa sœur de gauche. Cette dernière propose quant à elle en face avant une entrée AUX au format mini-jack (le câble est fourni, ce qui est cool), une sortie casque qui coupera le son sortant des enceintes, un potard de volume (pratique !) et deux réglages de type shelve « Bass » (+/- 1,5 dB à partir de 75 Hz) et « Treble » (+/- 1,5 dB à partir de 7,5 kHz).
À l’arrière, nous avons deux entrées symétriques au format Jack TRS (utilisable en même temps que l’entrée AUX de devant), la sortie permettant de relier les deux enceintes (le câble est fourni et le constructeur précise qu’il ne faut utiliser que ce câble-ci) et enfin le switch de mise sous tension, qu’on aurait bien voulu voir devant. L’amplification est uniquement située dans l’enceinte de gauche, l’utilisateur n’aura besoin donc que d’une seule prise, ce qui peut-être pratique dans certaines situations. Autre chose pratique : l’enceinte de droite dispose d’une petite trappe permettant de ranger les différents câbles lors du transport : une délicate attention de la part de Fender ! À l’intérieur de l’enceinte gauche, Fender a placé quatre amplis classe D : deux de 100 W pour les boomers et deux de 50 W pour les tweeters.
Et vous, vous avez la dope ?
Pour tester ces enceintes, nous les avons placées face à des enceintes ayant une configuration similaire, mais un prix largement supérieur : les Dynaudio BM Compact mkIII, dotées de boomer de 5,7 pouces et coûtant environ 1000 € la paire et qui auront droit très prochainement à test complet. Nous ne nous étonnerons donc pas si les Dynaudio restent supérieures aux Passport Studio, et le fait de les comparer aura pour but de pointer les éventuelles forces et faiblesses des enceintes Fender.
Johnny Cash — Hurt
La guitare et la voix de Cash semblent perdre pas mal de corps lorsque l’on passe des Dynaudio aux Fender. Les Passport sont assez précises, mais l’équilibre du bas du spectre et des médiums nous semble moins bien que les Dynaudio. Aussi, certaines fréquences nasales et agressives ressortent plus sur les enceintes Fender. Sur la voix et les instruments acoustiques, les Dynaudio gardent nettement un avantage au niveau du naturel.
Michael Jackson — Liberian Girl
Sur cette chanson, nous allons nous concentrer en premier sur la voix. Sur les Passport Fender, l’équilibre entre le coffre et la bouche/nez est clairement en la faveur de la bouche et du nez. Aussi, le couple basse/grosse caisse sonne plus creux sur les Passport. Cela est dû à une grosse bosse dans les médiums chez Fender, située à environ 700 Hz, qui liée à des basses moins présentes (environ 150 Hz) donne un équilibre un peu faussé dans toute la moitié basse du spectre. Malgré tout, on note que les Fender se débrouillent bien au niveau du détail dans les hauts médiums et les aigus, tout est là : les réverbes, les nappes de synthé… Côté stéréo, les Passport se débrouillent très bien. C’est clairement dans la moitié basse du spectre que la différence se joue.
Gorillaz – Feel Good
Dans ce morceau qui donne la part belle au bas du spectre, la basse reste beaucoup plus ronde sur les Dynaudio, tout en restant lisible. On garde toujours ce petit boost de présence sur les Fender qui n’est pas forcément désagréable. Elles restent moins équilibrées et globalement moins agréables et naturelles que les Dynaudio, mais elles ont le mérite de ne rien cacher. On remarque tout de même que la dynamique est un peu plus écrasée sur les enceintes Fender.
The Raconteurs – Consoler of the lonely
C’est sur la grosse caisse que les Passport se font remarquer cette fois-ci, avec un côté plus mou et moins sec que les Dynaudio. Ça traine un petit peu et il y a moins de cohésion… Côté guitare, c’est en revanche très bien, les Fender sont à l’aise dans cette portion de fréquences.
Strauss — Ainsi parlait Zarathustra
Sur l’introduction, les Fender peinent à peu plus à retranscrire la profondeur de l’enregistrement. Évidemment les peaux des timbales prennent un peu le dessus sur les résonances. Pour les cuivres et l’espace sonore, c’est en revanche très bien. On remarque que les Dynaudio prennent le dessus passé les 10 kHz.
Pour résumer cette écoute, on peut dire que les Passport se débrouillent bien dans le haut du spectre, avec du détail et une bonne restitution des espaces. Leur seul véritable défaut se situe au niveau des médiums, vers 700 Hz, avec une belle bosse qui fausse un peu l’équilibre dans le bas du spectre. Certains instruments sonnent creux ou mou. Malgré tout, cela ne nous semble pas être complètement rédhibitoire une fois que l’on y est habitué. Il faudra juste faire attention à cette partie du spectre lors du mixage. Rappelons que les enceintes coûtent moins de 500 € la paire, les performances restent donc très raisonnables pour le prix. De plus, le côté transportable des Passport les rendent parfaites comme deuxième paire d’enceintes pour les home-studistes confirmés et pour les ingés son pro : on peut les emporter partout pour enregistrer.
Fender Passport Studio en violet et Dynaudio BM Compact mkIII en orange
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Conclusion
En voilà un concept intéressant : des enceintes de monitoring transportables. Elles sont compactes et légères, s’emboîtent bien et ont pas mal de petits détails pratiques : le potard de volume, les réglages, une entrée AUX et la sortie casque à l’avant. De plus, la cavité située dans l’enceinte de droite permet de ranger ses câbles. Le haut du spectre est plutôt bien équilibré et c’est dans le bas médium qu’il y aurait quelque chose à reprocher avec cette belle bosse. Malgré tout, les Passport restent précises et lisibles et nous semblent être la deuxième paire d’enceintes parfaite pour home-studiste confirmé ou ingé son pro souvent à droite à gauche pour faire des prises de son.