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Le colosse de Rode
7/10
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Cinquième génération déjà pour le Rode NT1, et celle-ci promet d'être spectaculaire : le classique de l'entrée de gamme des statiques large membrane devient « digital » ! Une sortie USB et des promesses de performances audionumériques sensationnelles...

Test du Rode NT1 5e génération : Le colosse de Rode

Grande nouveauté pour nous — mais peut-être pas pour vous — on va tester ici pour la première fois un micro numé­rique ! micro faceDans le monde de l’au­dio pro, on se rend bien compte test après test que le numé­rique prend de plus en plus de place, remonte de plus en plus haut dans la chaîne du son, et porte main­te­nant le signal depuis le micro jusqu’aux moni­teurs si on utilise le maté­riel le plus récent.
Il existe depuis quelques années des micros qui assurent la conver­sion audio­nu­mé­rique et envoient donc un signal numé­rique, notam­ment chez Neumann et Shure, deux géants de la micro­pho­nie. On a trouvé au fond de nos tiroirs un modèle précur­seur de chez Samson, qui a presque quinze ans ! En gros, la carte son est inté­grée au micro qui, connecté à un ordi­na­teur, se suffira à lui-même. Une bonne solu­tion pour une instal­la­tion ultra-compacte, portable, et pas chère (dans le cas du Rode ou du Samson, parce qu’évi­dem­ment chez Neumann, c’est une autre affaire).

Kangoo­Rode

Ne vous fiez pas à son O barré façon scan­di­nave, Rode est une marque austra­lienne. Pour nous, jusqu’ici, c’était surtout une marque de micros bon marché ; on en avait eu, il y a bien long­temps, qu’on avait déli­ca­te­ment mis au placard dès qu’on a eu le budget d’ache­ter des modèles plus pres­ti­gieux. Après un petit tour d’ho­ri­zon sur leur offre actuelle, Rode propose toujours des micros peu onéreux dans leurs caté­go­ries, et l’offre est assez clai­re­ment orien­tée vers l’au­dio­vi­suel avec des lava­liers, des micros pour caméra, ou autres « shot­gun ». De façon assez cohé­rente, la firme inves­tit des secteurs inno­vants dans le monde de la micro­pho­nie, comme les micros dédiés au télé­phone portable, les connexions USB ou non filai­re… Assez logique­ment, ce nouveau NT1 intègre donc cette exper­tise et se posi­tionne entre deux univers, d’un côté élec­tro­sta­tique cardioïde de studio, et d’un autre conver­tis­seur audio­nu­mé­rique embarqué et sortie USB. Le Rode NT1, dont on découvre ici la 5e géné­ra­tion, est un modèle que beau­coup d’entre vous connaissent proba­ble­ment comme l’en­trée de gamme des « gros micros » de studio — ou plutôt de home studio dans le cas présent. On entend par là un micro conden­sa­teur, large membrane et cardioïde, dédié à l’en­re­gis­tre­ment de voix ou d’ins­tru­ments acous­tiques. Les versions précé­dentes sont cotées autour de 130 € sur le marché de l’oc­ca­sion, ce modèle s’adresse depuis toujours aux petits budgets. En l’oc­cur­rence, le NT1 5 th gene­ra­tion est en vente autour de 280 €, ce qui est évidem­ment un prix bas pour un micro de cette caté­go­rie, a fortiori inté­grant une conver­sion audio­nu­mé­rique.pack complet

Ce Rode NT1 nouveau est livré avec sa suspen­sion, qui a la parti­cu­la­rité d’in­té­grer le filtre anti-pop. suspension antipop profileLa suspen­sion est très clas­sique dans son design et ses réglages, mais elle présente un deuxième pas de vis, à l’op­posé de celui qui se visse sur le pied, pour fixer une petite tige qui supporte le fameux cercle noir. C’est bien pensé, et cela pourra s’avé­rer très pratique en dépla­ce­ment ou dans un espace de travail exigu. Après quelques mani­pu­la­tions, on se rend compte que la suspen­sion n’est pas idéale — au vu du prix, c’est compré­hen­sible — mais l’an­ti­pop (qui est donc fourni avec !) dessus nous plaît beau­coup. En plus de ça, on a droit à une petite pochette en tissu pour ranger le micro – pas de boîte solide, c’est dommage — un câble XLR et un câble USB C. C’est en quelque sorte un paquet « plug and play » que nous propose Rode.

On enre­gistre !

Après toutes ces consi­dé­ra­tions, ce dont on parle ici c’est d’un micro, donc on va déjà tester ce NT1 et le compa­rer, en confi­gu­ra­tion studio clas­sique, donc bran­ché en analo­gique XLR. Il se trouve qu’on a une ancienne édition de ce modèle qui traîne, alors on va évidem­ment la compa­rer à celle-ci, mais il nous faut aussi un micro de réfé­rence qu’on connaît bien pour étalon­ner nos oreilles : on va choi­sir un AKG C414, et on gardera bien en tête qu’il s’agit d’un modèle nette­ment plus cher. On connecte ces diffé­rents micros aux mêmes préam­plis, des Capi VP26 — répliques d’API 2622.trois micros a comparer

Premier test, une simple guitare folk en ryth­mique sur deux accords. Déjà, avec un gain équi­valent au préam­pli, le signal du NT1 5 th est plus fort que ceux du 414 et de notre ancien NT1 ; ce micro est donc parti­cu­liè­re­ment sensible. Une fois qu’on a ajusté nos volumes pour les rendre compa­rables, on fait plusieurs constats : tout d’abord, ce micro a beau­coup de graves ! Autour de 100 Hz, il y a nette­ment plus de niveau qu’avec les deux autres statiques. On connaît bien notre c414 et on sait que ce modèle est assez sensible entre 200 Hz et 400 Hz, comparé à nos autres réfé­rences Neumann, etc. Or, on remarque que le Rode nouveau resti­tue à peu près autant cette bande de fréquence ; le bas du spectre est globa­le­ment très présent ! Autre obser­va­tion inté­res­sante, l’an­cien modèle NT1 fait parti­cu­liè­re­ment ressor­tir des fréquences haut-médiums et un peu au-dessus, ce qui n’est pas le cas de cette nouvelle version. Comparé à son aïeul, le 5 th gene­ra­tion est légè­re­ment plus pauvre entre 2 kHz et 10 kHz, et surtout, il ne présente pas les mêmes pics. Sur ce dernier point, c’est plutôt bien : on entend que le Rode ancien réagit exces­si­ve­ment aux attaques un peu en dessous de 5 kHz, alors que le nouveau est plus doux.

Guitare NT1 5th
00:0000:14
Guitare 414
00:0000:13
Guitare NT1 ancien
00:0000:13
  • Freq Guitare NT1 5th
  • Freq Guitare 414
  • Freq Guitare NT1 ancien

 

Passons au second test, le plat de résis­tance : la voix ! Rode s’adres­sant autant (voir plus ?) aux produc­teurs de podcast ou autres conte­nus audio­vi­suels qu’aux studios de musiques, on fait le choix de tester sur une voix parlée façon radio. Comme pour le test précé­dent, avec le même réglage de préam­pli, on donne un signal le plus simi­laire possible à nos trois micros, en essayant de repro­duire la même distance. À nouveau, il nous faut adap­ter les niveaux après l’en­re­gis­tre­ment : on constate une diffé­rence d’en­vi­ron 3 dB entre le c414 et le NT1 5 th qui est déci­dé­ment le plus sensible des trois. L’écoute de ces enre­gis­tre­ments de voix vient confir­mer notre impres­sion sur les guitares : beau­coup de fréquences graves dans ce nouveau Rode. Dans un contexte de podcast fait maison, ou d’in­ter­view en dehors d’un studio, ça peut être perti­nent. Mais pour enre­gis­trer des voix en studio de musique, ce sera proba­ble­ment un peu trop et ça nous obli­gera régu­liè­re­ment à effec­tuer des correc­tions derrière. La compa­rai­son sur le haut du spectre est moins claire, mais on remarque tout de même que des petits bruits de bouche qui ressortent parti­cu­liè­re­ment dans le Rode millé­sime 2013 ne sont pas aussi audibles dans la version 2023. Disons qu’un peu plus d’ai­gus aurait été appré­ciable, mais on est plutôt satis­faits de ne pas retrou­ver ces pics sur certaines fréquences qu’on entend avec l’an­cien modèle.

Voix NT1 5th
00:0000:08
Voix 414
00:0000:08
Voix NT1 ancien
00:0000:08

Explo­rons encore un peu plus loin, et voyons comment ce NT1 réagit devant une grosse caisse. On utilise souvent des micros de même format en « kick out » donc devant la peau de réso­nance de notre batte­rie Asba. devant la batterieLe modèle qui a notre préfé­rence pour ça, c’est un Neumann U87, alors on va éviter la compa­rai­son, qui ne serait pas très perti­nente. Dans ce rôle-là, la richesse dans le bas du spectre est plutôt bien­ve­nue, et le Rode se défend assez bien. En complé­ment d’un petit Audix ou Shure à l’in­té­rieur de la caisse, on pourra trou­ver un bon duo pour petits budgets, dans ce registre « kick in/kick out ».

Kick out NT1 5th
00:0000:12

 

Talkin’ bout my gene­ra­tion

Il est temps de tester la fonc­tion la plus singu­lière de ce NT1, l’en­re­gis­tre­ment numé­rique direc­te­ment connecté en USB à l’or­di­na­teur. Rode nous four­nit un cable USB C d’une longueur raison­nable, qui devrait nous permettre de connec­ter le micro. Problème, les dino­saures du son que nous sommes, avec notre maté­riel analo-vintage, n’ont pas un seul ordi­na­teur avec un port de ce format… il faut donc commen­cer par trou­ver un adap­ta­teur. On mise ensuite sur une asso­cia­tion avec un ordi­na­teur portable à pomme et un Logic Pro, pour se rappro­cher du contexte plau­sible de cet usage USB. Deuxième problème, il semble que le micro néces­site un OS 10.15 mini­mum, alors que ce vieil ordi­na­teur est resté coincé au 10.12. Qu’im­porte, on essaie quand même : les réglages son dans les préfé­rences de l’or­di­na­teur vont nous servir à sélec­tion­ner le NT1 comme entrée, et à régler son niveau — un gain numé­rique, a priori, le gain analo­gique ne nous est pas acces­sible — on branche un casque et c’est parti. Ça marche très vite, très faci­le­ment et ça sonne bien. micro et sacEn allant dans les confi­gu­ra­tions audio de l’or­di­na­teur, on peut accé­der aux réglages de la défi­ni­tion audio­nu­mé­rique : théo­rique­ment, on pour­rait régler ici la fréquence d’échan­tillon­nage (en kHz) et la réso­lu­tion (en bits), mais avec notre système d’ex­ploi­ta­tion ringard, on n’a accès qu’au premier régla­ge… et en réalité passer en 192 kHz n’est pas gérable pour notre ordi­na­teur, et en 96 kHz on se retrouve avec une latence spec­ta­cu­laire dans Logic Pro. Mora­lité, pour utili­ser cette solu­tion à son poten­tiel maxi­mal, il vous faudra un ordi­na­teur récent et proba­ble­ment un DAW récent — mais les deux vont ensemble géné­ra­le­ment. Le construc­teur nous promet la possi­bi­lité de capter le son en 32 bits virgule flot­tante, ce qui permet­trait d’évi­ter tout clip­ping lors de l’en­re­gis­tre­ment, peu importe le niveau ! Une propo­si­tion plus qu’in­té­res­sante, mais qu’on n’aura donc pas pu tester ici, vous l’au­rez compris… Après quelques recherches, on se rend compte que certains DAW (Logic Pro par exemple !) ne supportent pas cette défi­ni­tion 32 bits virgule flot­tante, et même que certains logi­ciels de podcast ne supportent pas l’Asio qui permet d’uti­li­ser le NT1 en USB. C’est là une des limites de la numé­ri­sa­tion, on se retrouve vite avec des problèmes de compa­ti­bi­lité, et tous les outils ne sont pas utili­sables dans n’im­porte quel envi­ron­ne­ment. On ne va pas bais­ser les bras aussi rapi­de­ment, on essaie cette fois avec un PC : norma­le­ment il ne devrait pas y avoir de problème avec le système d’ex­ploi­ta­tion, Windows 10 que nous utili­sons est compa­tible. Et pour­tant, après des débuts promet­teurs — le micro est rapi­de­ment reconnu, les réglages acces­sibles dans Pro Tools et via le panneau de confi­gu­ra­tion du PC — on est à nouveau en échec : impos­sible d’en­re­gis­trer, et pas d’ex­pli­ca­tion évidente à cette situa­tion, le logi­ciel qui plante et s’éteint tout seul sans crier gare… Est-ce parce que notre ordi­na­teur n’est pas très récent, ou parce que notre Pro Tools date un peu ? Mystè­re… Bien dommage, car en allant un peu plus loin dans la docu­men­ta­tion sur ce fameux enre­gis­tre­ment 32 bits virgule flot­tante, on comprend que cela devrait nous permettre de récu­pé­rer un signal propre même si on a écrêté à l’en­re­gis­tre­ment, juste en bais­sant le trim du fichier audio ! On avait vrai­ment très envie de tester, mais sur les cinq postes de travail acces­sibles ce jour-là dans nos studios, aucun n’avait une combi­nai­son de système d’ex­ploi­ta­tion et logi­ciel audio permet­tant de le faire.

Conclu­sion

Ce nouveau Rode NT1, dans sa gamme de prix, est un micro très correct même s’il présente un petit défaut : il est légè­re­ment trop géné­reux dans le grave. Selon les usages, ce qu’on perçoit nous comme un défaut pour­rait être vu comme un avan­tage, et dans un contexte de home studio ou enre­gis­tre­ment hors studio, c’est un bon outil. Le paquet livré avec est un bonus inté­res­sant, et notam­ment le filtre anti-pop direc­te­ment fixé sur la suspen­sion. Pour l’uti­li­ser avec sa connec­tique USB, et profi­ter plei­ne­ment de ses perfor­mances numé­riques, il faudra veiller à avoir un ordi­na­teur, un système d’ex­ploi­ta­tion et un logi­ciel audio compa­tibles !

7/10
Fabrication (?) : Australie
Points forts
  • Le prix
  • Le pack avec suspension, anti-pop, etc
  • Le haut du spectre plus doux que les anciens NT1
  • Un grave qui peut séduire pour certains usages
Points faibles
  • Pour l'utiliser en numérique, la compatibilité peut poser problème
  • Un grave un peu excessif à notre goût
Auteur de l'article Studios Megaphone

Les Studios Mégaphone, c'est un ensemble de studios de création, enregistrement et production musicale... situé à Aubervilliers juste au nord de Paris. Dimitri et Manuel sont les deux techniciens son et musiciens qui font tourner le studio principal.


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